Il avait tenté de lui expliquer, de lui prouver que ce truc n’avait plus d’importance pour lui, qu’elle était la seule qui comptait, qu’il avait été piégé… Mais elle avait pleuré, elle ne le croyait pas, elle disait qu’il mentait, qu’il était comme tous les autres. Puis elle avait fait ses bagages et elle était partie malgré ses protestations et justifications incessantes, le laissant seul avec sa pire ennemie…
Je m’étais laissé traîner par les sbires de l’ignoble tyran. Je n’avais plus ni l’énergie, ni la possibilité de me battre pour éviter ce jugement. Ce ne serait pas un vrai procès ; je partais à l’abattoir pour l’exemple. Me laissant porter dans le méandre des couloirs de l’immense château glacé, je ne pus réprimer un sourire en pensant au nombre de gardes qui avaient été déployés rien que pour un pauvre bougre comme moi.
– Qu’est-ce qui te fait sourire ? Avance abruti ! réprimanda le colosse à ma droite.
Il m’asséna de concert un coup de son arme électrique qui me projeta à terre. Immédiatement, une voix impérieuse répliqua :
– Silence, sot.
Il fit un geste sec et le géant, après une maladroite révérence, se retira en arrière, laissant la place à un homme du même gabarit. Le nouveau venu me releva sans ménagement. L’hôte des lieux se remit à l’avant de la troupe qui continua d’avancer. Affaibli, j’accusais le coup.
Lorsque mon ennemi ouvrit une porte, je remarquai au fond du couloir une pieuvre géante qui lançait ses tentacules vers moi, comme une invitation, même si elle ne me faisait pas face. Durant un bref instant, j’eus l’impression de croiser un regard familier en observant l’animal de marbre.
On me poussa dans la salle bondée de gardes et de spectateurs. Malgré le monde entassé, on n’entendait pas un son, pas un murmure. Un frisson me parcourut. Le chef des lieux s’installa dans un somptueux fauteuil qui trônait au milieu de l’estrade où on me jeta avec d’autres compagnons d’infortune. La porte s’était refermée, le silence restait de plomb. Je fuis les regards apitoyés ou bien réprobateurs voire haineux de l’assistance.
– Je déclare ce procès ouvert ! clama le juge improvisé.
Sur un simple signe de sa part, tout le monde se leva de concert.
– Les hommes qui sont ici sont accusés d’avoir enfreint les lois de ce monde. Tout d’abord la loi d’Or : celle du Silence, mais aussi, et surtout, la loi de l’Ordre.
Il marqua une pause pour amplifier son effet théâtral. Peut-être qu’ils auraient pu nous énoncer ces règles, en premier lieu.
– En enfreignant ces lois, ils ont bouleversé l’ordre des choses et en ont fait pâtir des innocents.
Un murmure commença à parcourir la salle, vite éteint par les menaces. Le chef des lieux n’en tint même pas compte et poursuivit :
– C’est pour cela qu’ils doivent être punis.
– Objection ! osa une voix.
En un éclair, le juge et bourreau brandit son bâton et transperça le malheureux qui avait osé ouvrir la bouche sans autre forme de procès. Une clameur et des cris retentirent dans la salle. L’homme avait disparu, se désagrégeant sans un bruit.
C’est alors qu’une statue derrière l’estrade s’ébranla. C’était elle. Je la reconnus immédiatement. Tel un ange, elle apparaissait pour m’offrir une échappatoire au beau milieu de ce chaos. La foule agitée improvisait une diversion. Ma sauveuse me fit un signe de la main et, sans hésiter, je me ruai vers elle ainsi que mon camarade le plus proche. Malheureusement, ce dernier fut intercepté par l’hôte des lieux et terrassé à son tour. La statue pivota juste avant qu’il ne nous atteignît.
– Viens, vite ! me pressa-t-elle en me tirant par le bras.
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