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tome 1, Chapitre 6 « Rébellion » tome 1, Chapitre 6

6. Rébellion

Il l’attendait, les mains dans les poches. Elle lui sourit, mais il ne lui rendit pas son sourire. Quelque chose clochait, maintenant c’était certain… Il était l’homme de sa vie, elle en était sûre. Elle portait son enfant et ils avaient décidé de se marier. Alors qu’est-ce qui pouvait mal tourner ?

~~~

Allongée dans l’herbe verte, j’avisais le ciel qui avait retrouvé sa clarté, contrairement à mon esprit. Je parvins enfin à m’asseoir. Des larmes coulaient sur mes joues. Que s’était-il passé ? Prise de vertige, je restai un moment immobile.

Dès que je m’en sentis la force, je m’enfuis sans un regard en arrière. Je déambulai au hasard dans les couloirs bleutés. Cette errance me poussa loin entre les murs du château : au cœur du secteur interdit.

Devant moi trônait une porte massive, au bout d’un interminable corridor dépourvu d'ouvertures. Je scrutai les environs, aux abois. Seul un silence profond m’accompagnait. Alors, prise d’une intuition, je m’approchai de cette lourde porte, malgré ma crainte qu’elle ne s’ouvrît à la volée. Une lumière blanche filtrait sous le seuil. Dévorée par la curiosité, je collai mon oreille contre l’épais panneau de bois ouvragé. Des voix indistinctes me parvinrent. Je m’abaissai pour saisir la conversation.

– … n’est pas le premier et ne sera pas le dernier en ce monde, même s’ils sont très rares.

– Certes, mais comme les autres, nous le punirons sévèrement…

– Je ne suis pas vraiment d’accord. Peut-être serait-il temps de réformer notre système, vous ne croyez pas ?

Trois timbres vaguement familiers. Deux hommes et une femme. Un silence gêné suivit la contestation prononcée par cette dernière.

– Vous savez bien, très chère, que ce sont les règles que nous avons instaurées ensemble et que nous les appliquons depuis des siècles maintenant.

– Justement, nous les avons instaurées, donc nous pouvons toujours les améliorer, contra-t-elle.

– Et pourquoi donc ? Pourquoi ce soudain revirement ? Jusque-là nous avons traité tous les cas ainsi !

– Parce que ces cas sont de plus en plus nombreux, et vous en êtes aussi conscients que moi ! N’est-ce pas, Guide ?

Alors que les questions de l’homme traduisaient un certain agacement, la femme avait opté pour la recherche d’un soutien. Le troisième individu répondit d’un ton neutre.

– Oui, c’est vrai, même si cela reste une rare minorité.

Cette voix… C’était celle du joyeux guide qui nous avait accompagnés jusqu’au château !

– Mais vous savez aussi bien que moi que lorsque cela se produit les pertes sont lourdes, Esprit !

La sévérité de l’homme qui avait emmené, entre autre, mon charmant compagnon de voyage me glaça les os. La troisième était-elle la dame si singulière qui avait accueilli mon groupe ? Un nouveau silence pesant s’éternisa suite à cette dure réplique.

Soudain, je pris conscience que je n’avais aucun endroit où me replier. L’envie incontrôlable d’écouter la suite m’empêcha toutefois de réagir.

– On ne peut faire autrement, il nous faut des exemples pour que ça s’arrête, reprit le plus autoritaire. Non, je ne vois pas d’autre solution. Nous devons prendre les devants avant que la situation ne dégénère. Le procès aura lieu demain soir et la condamnation sera aussi rude que toutes les précédentes.

Cette fois-ci, aucune objection ne troubla la réunion.

– Bon… Séance levée, déclara la voix profonde et emplie de lassitude du Guide.

Des bruits de pas. La panique m’envahit. Je me mis à courir dans l’immense couloir. Une porte sortie de nulle part se matérialisa sur ma droite et je m’y engouffrai sans hésiter.

~~~

Elle l’avait prévenu. « Il faut que tu choisisses. Soit tu arrêtes cette cochonnerie, soit je m’en vais. C’est elle ou moi. » Ses paroles exactes résonnaient encore dans son esprit. Son choix avait été facile. Malheureusement, il était pris à la gorge. C’était allé trop loin. Comment faire ? Il avait bien une idée, mais avant qu’il ne puisse entreprendre quoi que ce fût, le pire était déjà arrivé…

~~~

– Oh eh ! On s’réveille là ! C’est l’heure, alors bouge toi !

Je rêvais de mettre mon poing dans la figure à ce malotrus, mais je m’abstins. Ce n’était pas encore le moment des incartades. Tout ce temps à tuer dans ma minuscule cellule m’avait amené à entrevoir enfin une solution. Faire passer un message silencieux, avec le peu de moyens à ma disposition. Je ne croyais pas pouvoir être blessé après ce que j’avais subi. À ma grande surprise, j’y étais parvenu du premier coup en me mordant la lèvre inférieure. Puis, j’avais déchiré un morceau de mon jean pour écrire un message.

Sans rechigner, je me mis au travail. Dès que l’occasion se présenta, je me tournai prestement et laissai tomber la missive aux pieds de mon voisin. Pourvu que ça fonctionne !

J’observai discrètement la réaction de mon camarade d’infortune. Après un instant, il ramassa furtivement le pan de tissu. J’espérai un effet papillon, cet infime mouvement qui entraînerait une gigantesque tempête que même la Loi du Silence ne pourrait endiguer. Je ne pus m’empêcher de sourire en imaginant l’expression dépitée de cet immonde personnage qui nous retenait prisonniers.

Lorsque le sifflet signant la fin de notre labeur retentit, une clameur se répandit dans toute la carrière. Ça a marché ! En un rien de temps, ce fut la débandade. Des hommes et des femmes criaient et frappaient, esquivant les coups violents des armes incandescentes. Je souris en m’élançant dans la bataille. Grâce à moi, nous allions être libérés du joug de l’oppresseur.

Cependant, un élément imprévu entra en jeu. Un globe luminescent apparut, nous maintenant tous prisonniers en son sein. Les combats faisaient rage, les piocheurs plus nombreux mais les sentinelles usant d’armes bien plus puissantes. Le doute s’insinua en moi. S’il n’y avait plus de fuite possible, comment trouver la motivation pour continuer à se battre ? Voyant mes alliés perdre leur volonté en découvrant ce mur qui paraissait infranchissable, je m’époumonai :

– Continuez ! On peut y arriver ! On abattra cette barrière !

Quelques échos me répondirent et les affrontements reprirent de plus belle. Néanmoins, les gardes aussi réagirent à cet appel puissant :

– Attrapez-le ! C’est lui le meneur !

Trois d’entre eux se dirigèrent vers moi. J’avais beau être agile, je ne pourrais esquiver leurs tirs conjoints. Fuyant désespérément, je tentai de trouver une issue à la funeste tournure que prenait la situation. Au passage, je remarquai qu’aucun cadavre ne jonchait le sol, juste quelques combattants à terre, aucune trace de sang. J’avais pourtant bien réussi à faire couler le mien. Avec horreur, je vis un homme disparaître sous mes yeux. Sous le choc, je trébuchai contre le mur de lumière… et le traversai.

Sonné, je ne me repris pas à temps. Les sentinelles m’encerclaient, prêtes à tirer. Mon effet papillon s’était métamorphosé en un lamentable effet domino : je m’étais écroulé, et je les avais tous emportés dans ma chute, alors même que cette prison dorée n’était qu’un leurre…


Texte publié par Wildflower8906, 11 mai 2025 à 08h07
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