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tome 1, Chapitre 5 « Echos du Passé » tome 1, Chapitre 5

5. Échos du passé

Elle marchait dans la rue, pimpante, se dirigeant vers le lieu du rendez-vous. Son fiancé avait eu une attitude étrange au téléphone. Elle espérait que tout allait bien…

~~~

Une vision fugace venait de m’apparaître pour disparaître aussitôt, comme un flash. Un rêve ? Ou bien des bribes de souvenir ? L'attente devenait insoutenable. Mes pensées dérivèrent encore vers l’inconnu du bus. Était-il, lui aussi, prisonnier du château ? Pourrions nous nous rencontrer de nouveau, par hasard, dans les méandres de ces couloirs interminables ? Le carillon retentit enfin, écourtant mes tergiversations.

Cette fois, je me dirigeai vers la seconde salle accessible. En arrivant devant la porte de cristal, je remarquai les détails finement ciselés représentant des fleurs entourées d’ondulations légères qui se rejoignaient au centre de chaque vantail en un cœur translucide. Un ouvrage magnifique. Cependant, je restai perplexe face à l’absence de poignée. Je m’avançai pour pousser l’un des battants, mais à ma grande surprise ils commencèrent à s’ouvrir d’eux-même dans une symétrie parfaite.

Face à moi, des prairies et des collines s’étendaient à perte de vue, comme dans un rêve. Un ciel pur transparaissait à travers la toiture transparente, diffusant une douce lumière. Pour la première fois dans cette mésaventure, une sensation de bien-être m’envahit.

Je ne croisai personne. Seule une harpe dorée se dressait en haut d’une petite butte, accompagnée d’un tabouret cristallin du même matériaux que la porte. J’avançai vers ce spectacle étincelant sans me poser plus de questions et m’assis sur le joli siège avec précaution. Plus rien n’existait que l’instrument que je pris délicatement en main avant d’entamer une douce mélodie mélancolique.

… sais pas si tu nous entends, mais sache qu’on t’attend avec impatience…

Je m’arrêtai brusquement de jouer. Qui avait parlé ? Était-ce le fruit de mon imagination ?

La clochette qui signalait le moment de me rendre dans « mon trou » résonna. Néanmoins, je restai immobile. Et si je ne faisais pas ce qu’on attendait de moi ? Je décidai de continuer et interprétai un air un peu plus gai. Rien ne vint me perturber.

Néanmoins, le bel azur au dessus de ma tête se métamorphosa petit à petit en noir d’encre. Pas une seule étoile ne brillait dans cette obscurité inquiétante. Malgré tout, j’y voyais comme en plein jour ; une lueur émanait de ma harpe, du sol sous mes pieds, dévoilant un paysage fantomatique.

L’estomac noué, j’hésitais à définir si cela relevait de la féerie ou du cauchemar. Je quittai l’instrument pour errer dans cette plaine déserte aux allures spectrales. Au bout d’une éternité, je réalisai que je tournais en rond : la harpe trônait de nouveau devant moi. Je cherchai des yeux la porte, je ne trouvai que l’infinie étendue fluorescente. Un sentiment d’urgence me prit à la gorge.

Je dois sortir d’ici !

Mon esprit se brouilla.

~~~

Il était tard, elle était partie. Son amour, sa raison d’être. Allait-elle revenir un jour ? Il en doutait. Le sachet était là, sur la table, bien en évidence. Tellement irrésistible…

~~~

Je me réveillais. Ou peut-être pas. Je ne savais plus trop. Tout demeurait noir autour de moi. Avais-je perdu la vue ? Je flottai. Je flottai dans le néant… C’était peut-être ça, la mort ? Je n’avais plus aucun souvenir de rien. Je ne sentais plus rien. Je n’étais plus rien…

Je crus percevoir des voix, au loin, des paroles inaudibles. Des sons de machines, des bips plus ou moins réguliers… Un maelstrom vide de sens.

Puis, peu à peu, je pris conscience du sol froid contre ma joue. J’entrouvris les yeux, aveuglé par le peu de lumière ambiante. Dans un flou artistique, la froide couleur locale se dévoila.

Soudain, tout me revint, percutant mon esprit qui s’éclaircit en même temps que ma vision. Le banc trônait sur ma droite, immense de mon point de vue.

Je me relevai, alerte, sans aucune difficulté, sans aucune douleur. Surprenant ! J’examinai mon corps sous toutes les coutures, à la recherche de blessures, de bleus, mais je ne trouvai rien : aucune trace de ce que venaient de me faire subir les gardes. Je m’étirai sans ressentir aucune douleur. Aucune sensation de faim ou de soif, ni même de fatigue ne m’étreignait. Comment était-ce possible ?

L’homme au visage angélique apparut, de l’autre côté des barreaux.

– Allez, on se remet au boulot. Et cette fois sans histoire.

Dans mon esprit bouillonnait une rage silencieuse. Je m’efforçais de n’afficher qu’une expression résignée. Le mouvement régulier de la pioche m’éreintait, non pas physiquement mais moralement. Je me sentais vidé de ma substance. Était-ce dû à l’horrible expérience que je venais de vivre, ou bien à ces gestes répétitifs ? Le nombre incalculable d'individus dans la même galère que moi me donnait le vertige. Pourquoi aucun d’eux n’avait encore réagi ou opposé la moindre résistance ? Les armes de ces gardes étaient-elles si puissantes que même des milliers d’hommes et de femmes ne pouvaient espérer s’enfuir de cet enfer ?

Non. Ce n’étaient pas la puissance des armes, mais bien le pouvoir de cette Loi du Silence. Impossible d’agir à plusieurs. Voilà à quoi servait cette satanée règle. Je devais absolument trouver un moyen de la contourner.

– Aucun obstacle n’est insurmontable…

J’avais marmonné malgré moi. Pas de chance, mon garde préféré passait dans le coin.

– Silence ! Encore toi ? Ça ne t’a pas suffi ?

– À vrai dire…

– Silence !

Son injonction avait déchiré l’épais manteau du mutisme qui hantait les lieux. Soudain, une voix caverneuse retentit. Je reconnus aussitôt celle de mon geôlier en chef.

– Qui a osé hurler ainsi ?

– P… pa…pa… pardon Monseigneur ! C’est… balbutia le garde qui fut instamment interrompu.

– Silence ! Comment oses-tu ? Tu n’es qu’un simple idiot ! Et tu connais déjà ton châtiment.

– P… p... Pitiééé !

– Emmenez-le !

Les confrères du pauvre malheureux ne se firent pas prier et, tandis que leur collègue hurlait pitoyablement, ils l’emmenèrent sans remords vers son destin funeste. L’homme imposant à la voix ténébreuse se tourna vers moi, comme s' il venait de s’apercevoir de ma présence.

– Encore toi. Tu ne sais décidément pas rester à ta place. Sais-tu seulement ce que va endurer ce misérable par ta faute ?

Pour seule réponse, je me contentai de le fusiller du regard. Un rictus se profila sur le visage du maître des lieux.

– Bien. Apprends à rester à ta place, car ce que tu as subi n’était qu’une infime part de ce que je pourrais te faire subir… Comme tu l’as compris, ici, le silence est d’or, et la parole ne peut apporter à celui qui en use que des ennuis, parfois même des ennuis mortels…

Les yeux toujours rivés sur lui dans une expression méprisante, je ne cillai pas. La cape de l’homme virevolta tandis qu’il tournait les talons avec indifférence.

– Et que je n’entende plus parler de toi ! lança-t-il en s’éloignant à grand pas.


Texte publié par Wildflower8906, 4 mai 2025 à 07h39
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