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tome 1, Chapitre 4 « La vie de château » tome 1, Chapitre 4

4. La vie de château

La femme aux yeux bridés s’arrêtait quelquefois pour commenter, m’offrant une courte visite guidée. La grande majorité du château était interdite d’accès. Ma curiosité n’en était que plus attisée.

– Voilà, je vous ai tout montré. Mon nom est Sun. Si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas à m’appeler. Autre chose, il est obligatoire de rester dans sa chambre après que le carillon a sonné trois fois, et ce jusqu’à ce qu’il sonne à nouveau.

Sa longue tresse s’envola alors qu’elle tournait les talons, ne me laissant que le temps de bafouiller un inaudible merci. Je me souvins vaguement d’avoir entendu le tintinnabulement d’une clochette avant l’arrivée de Sun. Avec l’espoir de rencontrer des personnes plus enclines à me répondre, je choisis de me rendre dans l’une des seules pièces autorisées.

L’immense et luxueux salon de style 19ème m’impressionna lorsque j’y entrai. Des lustres somptueux de cristal émanait une lumière chaude et réconfortante. Une cheminée de marbre, des tables basses richement décorées, des fauteuils et des canapés rembourrés au bois doré et des tapisseries colorées aux motifs stylisés attirèrent tour à tour mon regard. Quelques individus lisaient ou méditaient, d’autres discutaient ou jouaient aux cartes dans une ambiance feutrée. Une voix chevrotante interrompit ma contemplation.

– Bonjour, vous êtes nouvelle, par ici ?

Une dame très âgée venait de m’adresser la parole. Ses yeux brillaient d’un éclat malicieux.

– Bonjour, madame. Oui, en effet, je viens d’arriver.

– Prenez donc place, chère demoiselle, il n’en manque pas ici ! Nous pourrions discuter un peu, ainsi.

– Pourquoi pas…

M’asseyant sur un fauteuil confortable face à mon aînée, je saisis ma chance d’en apprendre plus. Je fus surprise de trouver le service à thé posé sur la table basse vide, comme un écho à la troublante sensation que tout ceci était factice. Ni elle ni moi n’avions prononcé de nouvelles paroles. Combien de minutes s’écoulèrent ainsi, dans ce silence malaisant ? Ma compagne de dînette finit par lancer une pique d’un humour indécemment incongru.

– Peut-être souhaitez-vous vous joindre à moi pour prendre une tasse de thé ?

Et elle éclata d’un rire sénile. N’y tenant plus, je me levai si violemment que les tasses roulèrent au sol et se brisèrent en mille morceaux, puis m’éloignai à vive allure vers l’immense porte de sortie. La vieille continuait de rire alors que j’en franchissais le seuil, courant vers ce que j’avais baptisé « mon trou ». Son ricanement narquois me poursuivit, de plus en plus lointain à mesure que je m’enfuyais…

~~~

Je commençai à extraire la roche à coups de pelle et de pioche enragés. Quand je finis enfin par calmer mes nerfs, j’attendis d’être assez proche de l’un de mes compagnons de besogne. Lorsque l’occasion se présenta, je tentai de nouer une conversation.

– Pssst…

Aucune réaction. Était-il sourd ?

– PSSSST…

Toujours aucune réponse. Je laissai échapper ma frustration :

– ‘sont tous aphones ici ou quoi ?

– Eh, toi là bas ! Qu’est-ce que tu marmonnes ? rugit immédiatement le garde.

Je me tournai tranquillement vers mon interlocuteur.

– J’essayais juste de…

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que le gardien me lança son éclair. Cette fois-ci, je me tenais prêt. J’esquivai habilement avant de narguer mon geôlier :

– Franchement, monsieur, vous êtes d’une rudesse…

L’homme resta un instant hébété face à mon air narquois, puis finit par bafouiller :

– Tais… Tais-toi ! Le silence doit être respecté !

– Que se passe-t-il ici ? tonna soudain une voix derrière lui.

Le guide froid et sec qui m’avait mené dans cet enfer venait d’apparaître de nulle part, son timbre imposant déchirant le silence.

– Il… Il a brisé la loi du silence Monseigneur…

– Vraiment ? Vous savez ce qu’il vous reste à faire alors…

– Bien, Monseigneur.

Intimidé, le subalterne avait presque murmuré ses réponses. Quant au maître des lieux, il avait persiflé son ordre avant de se retourner sans même me jeter un regard. Je lui criai alors qu’il s’éloignait :

– Qu’est-ce que ça veut dire ?

– Tu es allé trop loin ! me coupa son exécutant. La sentence a été prononcée !

Après cette réplique acerbe, mon geôlier s’avança, rejoint rapidement par l’un de ses collègues. Les chaînes qui entravaient mes mouvements ne me permirent pas d’éviter leurs coups conjoints. Englouti par la souffrance, je sombrai.


Texte publié par Wildflower8906, 27 avril 2025 à 07h49
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