Daliah enfila ses gants d’un air résolu : elle allait faire cette mission, elle en était sûre. Ce n’était pas en restant enfermée à la forteresse qu’elle pourrait se former pour son avenir. Elle attacha sa veste avec une ceinture grise et noua ses cheveux violets avec un ruban. Elle sortit de sa chambre, le tissu flottant derrière elle. La demi-heure était presque écoulée.
Les Maîtres leur avaient conseillé de réfléchir seuls à la possibilité de faire une mission. Cette décision devait être personnelle et ne pas être influencée par leurs camarades. Mais Daliah pouvait déjà dire que deux autres apprentis allaient venir.
Premièrement, Abyss serait forcément présent. Il n’allait pas se débiner, ayant besoin de bouger et de mesurer l’étendue de ses progrès en matière de maîtrise des Arcanes. Et le second serait sans aucun doute Trent. Mais lui, c’était probablement son ego qui allait décider pour lui.
Mais concernant Kessy et Priam, c’était moins sûr. Tous les deux étaient moins expérimentés en combat, mais doués de meilleures connaissances sur les coutumes locales. Cependant, il était tout à fait possible qu’ils refusent de venir pour leur sécurité, et c’était une décision compréhensible.
L’heure était venue pour le départ et Daliah quitta le bâtiment pour rejoindre le point de rendez-vous.
Elle était la première à rejoindre les Maîtres, qui discutaient ensemble, Lumenor lui adressa un petit sourire en la voyant. Abyss et Trent furent les suivants, se jetant mutuellement un regard noir, et proférant des menaces l’un envers l’autre à voix basse. Ils attendirent quelques minutes supplémentaires, au cas où les deux derniers seraient légèrement en retard.
— Vous n’avez pas vu Kessy et Priam ? interrogea Lumenor après un long moment de silence.
— Non… répondit Daliah en soupirant.
— Moi non plus, compléta son ami.
— Nous devrions y aller, lança Vallys avec impatience, le voyage va être long et on ferait mieux de ne pas tarder.
— Tu as raison. On y va, les jeunes !
— Attendez ! Ils arrivent !
La jeune fille se retourna d’un coup en entendant Abyss lancer son avertissement. Les deux retardataires arrivaient en courant, essoufflés. Ils portaient le même uniforme que leurs camarades, et semblaient assez motivés pour cette aventure.
— Désolé pour le retard, s’excusa Priam en respirant profondément pour reprendre son souffle. Je ne retrouvais plus ma botte et j’ai demandé de l’aide à Kessy.
— Qu’est-ce qui t’a motivé à venir ? interrogea Daliah à la blonde, tandis qu’elle la rejoignait, tout sourire.
— Je suis débarrassé de Stante le temps de la mission ! s’enthousiasma l’intéressé en lui sautant au cou comme une gamine surexcitée. Tu ne croyais quand même pas que j’allais passer à côté d’une telle occasion ! Et puis c’est la première mission que je peux faire avec toiiii !
— Fitz, veuillez vous tenir un peu, la rabroua Vallys d’un ton assassin. Je vous rappelle que nous ne partons pas en vacances !
— Comme si ça pouvait être des vacances avec Sieur Rabat-Joie, rétorqua Daliah à mi-voix, bien qu’il soit presque certain que le professeur l’ait entendue.
— Maîtres, comment irons-nous là-bas ? demanda Priam alors que le petit groupe s’éloignait de la forteresse. Si nous faisons le chemin à pied, nous en aurons pour des semaines ! On ne pourrait pas utiliser un Arcane de téléportation ?
— Ha, répliqua froidement l’adulte aux cheveux noirs d’un air méprisant, comme si c’était si simple ! Vous semblez avoir oublié que premièrement, ce genre d’Arcanes mettent en danger les voyageurs à chaque utilisation. La moindre erreur et nous retrouverions des morceaux de votre corps aux quatre coins du pays.
— Eurk ! commenta Abyss avec un frisson de dégoût.
— Et deuxièmement, plus il y a de voyageurs, plus il demande d’énergie. Mais nous aurons besoin de toute nos forces une fois arrivés. Nous allons faire le trajet nous même, mais hors de question de marcher !
Ils s’éloignèrent sur le petit sentier, jusqu’à arriver à un croisement avec une petite route souvent utilisée par les fermiers et les commerçants pour éviter le Bois de la Lamentation. Et plusieurs personnes les attendaient sur place. Mais ce qui attirait l’attention, c’était la présence d’énormes bêtes à côté d’eux. Cinq gigantesques quadrupèdes qui mesuraient facilement un mètre quatre-vingt au garrot étaient assises au sol, leur langue pendant de leur gueule remplie de crocs. Une fourrure dense recouvrait leur corps de plus de trois mètres de long, et leurs pattes présentaient des griffes d’une taille plus que respectable. Une longue queue touffue balayait le sol, faisant s’envoler les brindilles et les feuilles.
— Voici les chiens-loups fournis par le conseil de Ravière, lança un homme que Daliah reconnut comme le roux qui était venu plus tôt dans la journée à la forteresse. Nous vous les confions.
Le sous-entendu était très perceptible, même pour les adolescents, comme un « vous avez intérêt à les ramener entiers ».
— Merci bien, répondit Vallys avec un fond de mépris, le fixant d’un air revêche. C’est la moindre des choses que de nous fournir un moyen de nous déplacer, du matériel et des vivres.
De nouveau, l’allusion était limpide et exprimait un « ferme-la, on est en train de faire votre travail ».
Le roux le fixa avec défi, avant de faire signe à ses hommes de lâcher les bêtes pour retourner à la ville au plus vite. Pendant leur bref échange, les apprentis n’avaient pas lâché les chiens-loups du regard. Daliah les fixait avec une certaine fascination : elle en avait déjà entendu parler, mais jamais encore elle n’en avait vu. À côté d’elle, Kessy ne semblait pas aussi enthousiaste, et regardait les bestioles avec un certain dégoût. Rien de surprenant pour son amie, qui savait qu’elle rêvait d’avoir un chat et que les canidés n’étaient vraiment pas sa tasse de thé. Priam semblait quant à lui partagé entre l’intérêt et une certaine crainte au vu des défenses généreuses que les animaux avaient reçues. Trent avait l’air plutôt réticent à les approcher, et comme à son habitude, il faisait la tête.
Mais le plus admiratif de tous était sans nul doute Abyss. Daliah n’avait jamais vu ses yeux pétiller autant de bonheur. Il les fixait comme si c’était la plus belle chose qu’il ait jamais observée !
Les chiens-loups portaient des harnais sur leur poitrail qui passait autour de leurs épaules. Chacun avait une selle sur le dos, et trois d’entre eux portaient déjà un paquetage. D’après ce que Vallys avait dit, ce n’était pas le matériel ni la nourriture venant de la forteresse, mais bien celle fournie par le gouvernement.
— Bon, il nous faut deux duos parmi vous cinq, lança Maître Lumenor d’un air pensif. Une préférence ?
Immédiatement, Kessy attrapa le bras de Daliah d’un air possessif comme pour ne pas la lâcher, tandis que Priam passait son bras autour de l’épaule d’Abyss avec un sourire complice. Trent croisa les bras en roulant des yeux, en toisant les plus jeunes d’un air fatigué.
— Parfait, alors vous monterez un chien-loup en duo, sourit le blond. Trent, tu monteras seul.
D’un coup, le jeune homme avait l’air un peu moins fier, en regardant la bête féroce devant lui. À l’inverse, le garçon aux cheveux bleus était tout simplement ravi et s’approcha d’un des canidés avec enthousiasme. Il passa sa main sur la fourrure dense et noire, les yeux brillants de joie.
— Il est trop mignoooon !! s’extasia-t-il en entourant sa patte de ses bras.
Surpris, le chien-loup leva sa patte, et l’adolescent y resta collé. Même en la secouant légèrement, il fut bien incapable de s’en débarrasser.
— En selle, tout le monde ! On s’active !
— Toi d’abord, Daliah, marmonna Kessy en se réfugiant derrière elle.
L’intéressée leva les yeux au ciel avant de s’approcher prudemment de l’animal. Ce dernier avait un pelage brun clair, couleur crème, et deux yeux bleus intelligents. Docilement, il s’allongea sur le sol pour leur permettre de monter plus facilement.
Prudemment, la jeune fille se rapprocha de la selle, prête à bondir en arrière au moindre geste brusque. Elle avait déjà eu l’occasion de monter des chevaux dans la ferme de son père, mais certainement pas des bestioles d’un mètre quatre-vingt au garrot. Elle posa une main sur le pommeau de la selle qui semblait être pour deux, sous le regard paisible du chien-loup qui ne bronchait pas.
Daliah finit par prendre son courage à deux mains, et grimpa sur la selle, passant sa jambe de l’autre côté. Le canidé restait toujours de marbre, ce qui la rassura un peu. Heureusement, c’était assez confortable, mais il fallait encore voir ce que cela donnerait une fois l’animal en mouvement. Ses pieds trouvèrent naturellement les étriers.
— Viens, Kessy, tu risques rien, lança-t-elle à son amie qui restait immobile, la fixant avec admiration.
— Je déteste cette mission ! marmonna la blonde en secouant la tête, avant de se décider à approcher.
Daliah lui tendit la main pour l’aider à monter, et sa camarade s’installa avec un malaise évident. Mais à peine fut-elle assise que le chien-loup se relevait sur ses pattes. Paniquée, Kessy attrapa la taille de son amie en lâchant un cri de peur. La hauteur à laquelle elles étaient hissées était plutôt impressionnante, mais l’adolescente aux cheveux violets sentait de petits frissons d’impatience courir le long de sa colonne vertébrale. À côté d’elles, la monture d’Abyss et Priam se relevait aussi, avant de s’ébrouer d’un coup, surprenant ses passagers. Mais si le garçon aux cheveux auburn ne semblait pas rassuré, son compagnon était toujours aussi émerveillé.
— Tout va bien, Daliah ? interrogea Maître Lumenor en s’approchant avec son chien-loup. Pas trop désorientée ?
— J’ai connu pire avec certains chevaux de mon père, répondit l’apprentie. Il n’y a pas de rênes ?
— Tu as de quoi le diriger près du pommeau de la selle normalement. C’est comme en équitation, tu devrais t’en sortir. De toute façon, ne vous en faites pas trop, ils suivront naturellement l’alpha, que monte Maître Vallys.
Comme c’est surprenant, pensa Daliah avec un soupir intérieur.
— Luxford, arrêtez de lambiner, lança le concerné en fixant l’adolescent avec impatience.
Malgré son air fier, Trent ne semblait pas du tout à l’aise sur le dos du chien-loup, et lorsque ce dernier se releva, il fut même à deux doigts de tomber. Son sourire moqueur avait définitivement disparu de son visage, apparemment trop concentré à essayer de ne pas se casser la figure.
— Je pense qu’on peut y aller, déclara Lumenor à son collègue. On les laisse s’échauffer un peu et on fonce.
Vallys hocha la tête en signe d’approbation, et sa monture commença à marcher le long d’un chemin qui partait vers l’est. D’instinct, les autres chiens-loups le suivirent tranquillement. Ils marchèrent quelques minutes en silence jusqu’à arriver à proximité du Bois de la Lamentation qui se trouvait sur leur droite. À partir de là, ils commencèrent à accélérer doucement. Daliah sentit le vent dans ses cheveux, et la prise de Kessy autour de sa taille se faire plus serrée.
La meute courait à une allure modérée, sans doute pour être plus endurante, mais leur vitesse ne dépassait pas celle des chevaux au grand trot.
Heureusement pour les voyageurs, la température était idéale, et le vent frais de la course était plutôt agréable. Daliah pouvait sentir les muscles du chien-loup se contracter et se détendre au rythme de ses déplacements. C’était plus souple que le trot d’un cheval, et demandait certainement moins d’efforts de la part du cavalier.
Vallys alternait la course avec un peu de marche pour laisser leurs montures se reposer un peu. Le début de cette aventure était plutôt silencieux. Personne ne parlait beaucoup, les apprentis regardant le paysage qui défilait sous leurs yeux.
Ils parcoururent plusieurs dizaines de kilomètres pendant plusieurs heures. Ils ne firent qu’une seule pause, le temps de faire boire les chiens-loups et de se détendre un peu eux-mêmes. Ils reprirent la route jusqu’à la tombée du jour, au moment où ils traversaient une forêt. Ce fut leur dernier arrêt de la journée.
— Nous allons installer un campement ici, décréta Vallys en arrêtant sa monture sur une petite clairière. La nuit tombe et nous devrions monter les tentes.
— Ça marche, déclara son collègue avec hochement de tête, alors que sa monture s’allongeait au sol pour lui permettre de descendre, tout comme les autres. Les enfants, mon paquetage contient les toiles de tente, des cordages et des tapis de sol. Je vous laisse vous en occuper.
— Mais dessellez les chiens-loups avant tout, ajouta le second professeur.
Retirer le matériel n’était pas aussi simple qu’on aurait pu le penser, et Daliah y consacra une bonne vingtaine de minutes, avec Priam, tandis que les trois autres installaient une corde entre deux arbres pour pouvoir tendre une toile imperméable par-dessus. Sur ce temps-là, Maître Vallys était en charge de préparer un feu, et son collègue préparait le repas pour tous. Les chiens-loups, une fois libres, rôdèrent autour de leur campement, chassant les petites proies des environs.
À l’approche de vingt heures, trois tentes étaient debout, avec couvertures et petits oreillers pour tout le monde. Le feu allumé laissait échapper un nuage de fumée, et une délicieuse odeur de viande grillée et de pommes de terre braisées se faisait sentir. Ils prirent le repas tous ensemble en silence, seulement perturbé par les couinements de deux chiens-loups qui semblaient jouer.
— Pour la répartition dans les tentes, lança Lumenor après un long moment de calme, nous en avons parlé avec Maître Vallys. Nous deux dormirons ensemble, Kessy et Daliah dans une autre, Abyss, Priam et Trent, vous pouvez vous partager la plus grande.
Les jeunes filles pouffèrent de rire en regardant les garçons. Les deux amis faisaient une grimace en fixant le troisième colocataire. Une chose était certaine : la nuit dans la tente des apprentis s’annonçait très très mouvementée !
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