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tome 1, Chapitre 11 « Crise d’adolescents » tome 1, Chapitre 11

La matinée se déroula dans un calme tendu. Daliah discuta encore un long moment avec Kessy, profitant de son repos. Son amie la conseilla longuement sur ce qu’elle pourrait dire à Abyss pour les réconcilier, tant et si bien qu’au repas de midi, elle était prête à parler calmement avec lui.

— Comment ça, il n’est pas là ? s’exclama-t-elle lorsqu’elle entra dans la grande à salle à manger.

— On a un peu parlé ensemble, expliqua Priam, qui venait de lui annoncer la nouvelle. Mais là, il m’a dit qu’il avait envie de se défouler sans penser à rien d’autre.

— Typique des mecs, soupira Kessy à côté de lui. Ils fuient les problèmes au lieu de les régler.

— Eh, je suis là, je te signale ! rétorqua le garçon aux cheveux auburn. Si tu veux trouver Abyss, il est dans la salle d’entraînement. Mais il est sûrement avec Vallys.

— QUOI ? s’écria l’apprentie avec dégoût. Mais je vais finir par croire que la Grande Conseillère avait raison quand elle disait que Vallys aime bien Abyss. Bon, je vais aller voir ça.

Elle s’apprêta à partir avant de faire demi-tour brusquement. Elle prit deux sandwichs sur un plateau et repartit en direction de l’aile gauche, suivie par Priam et Kessy qui voulaient voir si leurs efforts pour les réconcilier portaient leurs fruits.

Ils marchèrent dans le couloir, Daliah en tête, tandis que les deux comploteurs murmuraient entre eux pour se tenir mutuellement au courant de ce qu’il s’était passé pendant la matinée. À l’approche de la salle d’entraînement, le bruit du grattement des semelles sur la terre battue se faisait entendre, tout comme celui d’une respiration accélérée. La jeune fille passa la tête par la porte, tout comme ses deux amis.

Vallys était bien là, tout comme Abyss. Mais si le premier ne semblait même pas essoufflé, le second était couvert de sueur et était presque en train d’agoniser sur le sol. Dans un dernier effort, il se releva, un nouvel Arcane brillant à son poignet. Mais le Maître posa sa main sur son front et l’empêcha d’approcher avec un rictus amusé.

— Nous nous arrêtons là pour aujourd’hui, déclara-t-il avec amusement. Vous êtes censé être en repos, tout de même…

— Vous êtes sûr qu’on ne pourrait pas continuer un peu ? haleta Abyss d’un air déçu, alors qu’il semblait sur le point de s’endormir.

— En voulant bien faire, vous finirez par faire pire que mieux. Si vraiment vous tenez à encore vous entraîner, participez à la séance de Maître Lumenor de cet après-midi.

— Pourrons-nous reprendre demain, dans ce cas ? insista l’adolescent en essuyant son front de sa main.

— Si vous voulez, soupira Vallys en roulant des yeux.

— Merci pour aujourd’hui, Maître, sourit Abyss en s’inclinant devant lui.

L’adulte haussa un sourcil, peu habitué à le voir aussi poli, mais s’inclina en retour pour remercier son élève d’avoir suivi sa leçon. Il s’éloigna ensuite, enfouissant ses mains dans les poches de sa veste noire. Il passa à côté de Daliah et de ses amis sans même les regarder.

La jeune fille fut sur le point de s’approcher de son camarade pour lui parler, quand d’autres élèves arrivèrent pour la leçon de Maître Lumenor. Ce dernier se présenta une minute plus tard. Daliah se tourna vers Kessy, ne sachant pas si elle devait tout de même aller discuter avec Abyss ou attendre la fin de l’entraînement. En réponse, son amie leva le pouce en l’air pour aller l’encourager à y aller.

— Bien, votre attention à tous, je vous prie ! lança l’Arcaniste à l’adresse de ses élèves, l’interrompant dans sa lancée. Il me semble que votre groupe a bien progressé. Je pense qu’il est temps de vous apprendre une nouvelle technique qui vous sera sans doute très utile.

Daliah, qui avait en général beaucoup d’attention pour les cours de son professeur préféré, n’était cette fois pas aussi concentrée sur ses paroles. Elle jeta un coup d’œil à Abyss, à quelques mètres de là. Mais il ne semblait pas aussi perturbé qu’elle, bien qu’il soit plus fatigué que de coutume.

— Comme vous le savez tous, étant donné combien de fois Maître Vallys vous l’a répété, les Arcanes sont, dit-on, le reflet de l’âme humaine. Ils sont influencés par vos émotions, et jusque là, votre entraînement consistait à pouvoir vous battre en gardant votre calme. Cependant, s’il y a bien une chose qui est certaine, c’est que vos mains et vos doigts sont très importants pour la maîtrise des Arcanes.

— On le sait déjà, ça, grommela Kessy d’un air ennuyé.

— La capacité que vous avez à les manipuler vient de l’énergie que vous pouvez faire circuler en vous, poursuivit Lumenor sans faire attention à son commentaire qu’il avait parfaitement entendu. Mais si vous savez utiliser vos Arcanes, vous ne dosez pas la quantité d’énergie qui est en vous. Trop d’énergie créera des Arcanes très puissants, mais vous videra vite de votre force, et pas assez ne vous permettra pas de vous battre efficacement. Ni trop ni trop peu, c’est cela qu’il vous faut. Vous allez vous entraîner en duo, et essayez de parer et d’attaquer avec la bonne quantité d’énergie. Au travail !

Dès que le groupe commença à se disperser, Daliah s’approcha d’Abyss pour lui parler. Mais ce dernier sembla sentir sa présence et se tourna vers elle. Et l’adolescente se figea immédiatement, ses iris azur étant plongés dans un regard glacial. Toujours cette fureur et cette condescendance…

— Je vais lui parler, murmura Priam en passant à côté d’elle. Heh ! Abyss, attends-moi !

— Viens, on bosse ensemble ! proposa Kessy en lui prenant le bras pour l’éloigner un peu.

L’adolescente se laissa traîner quelques secondes et se décida à rester avec son amie, tandis que les deux garçons faisaient équipe de leur côté. L’entraînement fut particulièrement long et la concentration n’était pas au rendez-vous. Daliah était incapable de rester tranquille quelques secondes, et ses Arcanes n’étaient pas très stables.

— Daliaaaaaaah !

L’apprentie poussa un soupir d’exaspération, avant de tourner la tête vers la personne qui l’appelait. Trent lui adressa un sourire narquois en se penchant vers elle.

— C’est moi, ou toi et ton pote, vous êtes plus si copains que ça ? ricana-t-il. Tu as enfin remarqué que ce taré est pas bien dans sa tête ! Je suis teeellement fier de toi, petite beauté !

— Trent… Ferme ta putain de gueule ! rétorqua Kessy avec fureur, bien que ce soit plus un avertissement qu’une menace.

— Eh, la naine, je ne te parle pas à toi, rétorqua le brun avec dédain.

— Attends, laisse-moi clarifier, marmonna l’adolescente aux cheveux violets.

Elle s’approcha du jeune homme, avant d’attraper son col pour le forcer à se baisser à sa hauteur.

— Je ne te savais pas si entreprenante, se moqua Trent avec un sourire fourbe.

En guise de réponse, elle le prit par les épaules pour le tirer d’un coup vers le bas. Le visage du garçon se heurta à son genou avec force. Au moment même où il se redressait pour s’éloigner de Daliah, celle-ci serra le poing et le lui envoya en plein visage. Un petit crac réjouissant lui indiqua qu’elle venait probablement de lui casser le nez. Elle acheva son assaut par un puissant coup de pied dans l’estomac qui l’envoya à terre en lui faisant cracher sa salive.

— Daliah ! Arrête !

Maître Lumenor arriva pour arrêter le combat un peu trop tard. Tout ce qui restait était une adolescente qui s’apprêtait déjà à lui piétiner le visage, et un Trent Luxford étalé sur le sol, le visage en sang, gémissant de douleur.

— Qu’est-ce que tu as fait ? s’étrangla le blond, à deux doigts de l’infarctus. J’ai parlé d’entraînement, pas de duel !

— Je me suis entraînée, rétorqua la jeune fille. J’ai même pas utilisé un Arcane sur lui. Énergie rentabilisée !

Elle fit demi-tour pour sortir, regrettant d’être entrée dans cette salle alors qu’elle aurait pu rester dans sa chambre toute l’après-midi.

— Daliah, reste ici ! ordonna Lumenor d’un ton ferme.

L’intéressée ralentit une seconde, avant de reprendre sa route. Elle était trop furieuse pour penser à la sanction qui l’attendrait sûrement dès qu’un Maître lui mettrait la main dessus. Elle traversa tous les couloirs pour retourner à sa chambre. Elle avait un besoin urgent de calme et de solitude, de souffler seule.

Dès que l’apprentie fut devant la chambre 22, elle ouvrit la porte, la referma immédiatement à clé et se laissa retomber sur son lit. La froideur d’Abyss à son égard la blessait, son regard lui transperçait le cœur. Si elle avait envie de se réconcilier avec lui, cela ne semblait pas être son cas. Et si Trent commençait à s’y mettre, elle n’allait pas tarder à hurler de rage.

Mais soudainement, seulement deux minutes après qu’elle soit entrée dans sa chambre, quelqu’un toqua à sa porte.

— Pas maintenant, Kessy, j’ai envie d’être seule… marmonna-t-elle avant d’enfouir sa tête dans son oreiller.

Elle n’eut pas de réponse, mais après quelques secondes, elle entendit un déclic, annonçant que sa porte venait d’être déverrouillée.

Ça, ce n’est pas Kessy !

Daliah se retourna d’un coup pour regarder qui faisait irruption sans sa permission, s’attendant à voir un Maître Lumenor particulièrement contrarié, mais la silhouette qui se dressait dans l’encadrement de sa porte était bien plus petite, avec un Arcane doré au poignet.

— Est-ce que je peux entrer ? demanda Abyss avec un ton beaucoup plus calme qu’au matin.

— Tu l’as déjà fait, il me semble, rétorqua sa camarade avec véhémence.

Le garçon à la chevelure bleue sembla prendre sa réponse pour une approbation, et referma la porte derrière lui. Il resta quelques secondes immobile et silencieux, avant de soupirer.

— Kessy a expliqué ce qu’il s’est passé avec Trent. Maître Lumenor a décidé de ne pas te sanctionner.

— Ravie de l’apprendre, si tu as rien d’autre à dire, casse-toi.

L’adolescent ne bougea pas d’un poil, comme s’il hésitait à parler. Daliah tourna la tête vers lui, attendant qu’il daigne s’en aller.

— J’ai encore quelque chose à te dire : je suis désolé, lâcha-t-il finalement.

— Quoi ?

— Je suis désolé, répéta-t-il d’un air gêné. Je me suis comporté comme un connard avec toi, et j’ai pas été très sympa… Je sais que tu veux seulement m’aider, et plutôt que de t’envoyer sur les roses, j’aurais dû te remercier de me soutenir.

— Et ? insista Daliah en se détendant légèrement.

— Et… j’ai été vache de te reprocher d’avoir été dans le Bois de la Lamentation, alors qu’en y allant, tu m’as sauvé…

Ils se regardèrent quelques secondes dans les yeux, et toute la colère semblait s’être évaporée. Ils retrouvaient chacun l’ami qu’ils voulaient voir.

— Je m’excuse, moi aussi, soupira l’apprentie. Ça doit déjà te mettre une sacrée pression d’avoir Nivalith aux trousses, j’avais pas besoin de te stresser encore plus. Et puis, je sais que tu t’inquiètes pour ma sécurité, ce qui prouve que tu ne prends pas tout à la légère.

— Et ? sourit Abyss avec amusement.

— Et… mais je t’ai pas fait d’autre reproche !

— D’après Priam, tu m’as traité de con, lança le garçon avec malice.

— C’te balance, je vous jure, grommela Daliah en roulant des yeux, se levant de son lit. Ça veut dire que tu veux bien de moi pour les missions ?

— Avec grand plaisir, ma chère, répondit son ami en lui faisant la révérence.

Les deux adolescents se rapprochèrent, sans se lâcher du regard. Leurs iris brillaient d’une sympathie retrouvée, d’une complicité qu’ils savaient plus forte. La jeune fille glissa ses bras autour du cou de son camarade, et ce dernier passa les siens dans son dos. Ils s’étreignirent doucement, savourant cet instant de calme et de tranquillité.

 

— Theo ! Theo, ne t’éloigne pas trop !

Le gamin de six ans avait lâché la main de sa mère en voyant une ombre sur un rocher. Le petit coin de paradis montagnard était un plaisir à découvrir en promenade. Le petit bois qu’ils traversaient était parsemé de ruisseaux et de rivières, offrant une diversité sans pareil à cette région de Ravière. Le petit garçon était certain d’avoir vu un chat, et laissant sa mère derrière lui, s’était mis à sa poursuite. La jeune femme, qui attendait son deuxième enfant, ne pouvait pas se permettre de marcher aussi vite que son bambin courait.

Theo, arrivé au bord d’un des cours d’eau, sauta sur les grosses pierres pour ne pas mouiller ses souliers, voyant déjà le matou s’éloigner devant lui. Ses cheveux bruns volaient au vent alors qu’il le poursuivait, et ses yeux gris étaient illuminés de bonheur.

Le félin passa derrière une petite colline, et le gamin continua de courir après. Il voyait sa fourrure noire disparaître au loin. Il courut plus vite encore pour le rattraper, et au moment où il pouvait enfin l’atteindre, il trébucha sur une pierre.

Theo tomba de tout son long sur le sol, et son visage se frotta à la pelouse. La légère douleur dans ses mains et ses genoux lui firent monter les larmes aux yeux. Mais l’envie se dissipa rapidement, lorsqu’il vit le chat à quelques centimètres de lui. Il releva la tête pour le regarder, avant de tendre la main pour le caresser.

Mais ses petits doigts potelés traversèrent un écran de fumée. Ce fut à cet instant qu’il remarqua également les bottes à quelques mètres de lui. Theo se releva, mais ne put même pas regarder la personne qui se trouvait face à lui. Une main se plaqua sur sa bouche et son nez, et un curieux brouillard s’en dégagea.

Le garçon tenta dans un premier temps de se libérer, puis essaya d’appeler sa mère à l’aide. Sa dernière tentative fut de mordre le doigt de l’agresseur de toutes ses forces. Mais celui-ci ne bougea même pas, et Theo finit par s’évanouir à terre.

L’assaillant le prit sur son épaule, et s’éloigna avec l’enfant, le chat de fumée noire bondissant entre ses jambes.


Texte publié par Elysio Anemo, 15 mai 2025 à 17h00
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