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tome 1, Chapitre 8 « Gardes du corps » tome 1, Chapitre 8

— Désolé de vous déranger, mais j’ai besoin que Daliah et Abyss viennent avec moi tout de suite.

Maître Aceol, le professeur qui était en charge des leçons d’histoire, regarda Lumenor avec une certaine surprise et une légère désapprobation. Il secoua sa chevelure noire et courte. Il n’aimait pas spécialement qu’on vienne lui prendre ses élèves pour ses cours si importants. Surtout Abyss qui était d’une nullité folle dans sa matière. Mais sentant qu’il n’avait pas le choix, il se tourna vers les deux adolescents concernés. Daliah avait relevé la tête en entendant son nom, somnolant à moitié depuis plus d’une demi-heure à cause de la torpeur du début d’après-midi, et son ami, assis à côté de Priam, tournait son crayon entre ses doigts, l’air de mortellement s’ennuyer. L’arrivée d’un moyen de fuir cette classe ravit largement les deux apprentis, qui se levèrent de leur chaise.

— Prenez toutes vos affaires, on en a pour un moment, conseilla Maître Lumenor.

Le regard que lui lança son collègue était rempli de reproche, mais il n’aurait pas la sottise d’intervenir. Les adolescents rassemblèrent leurs carnets, les fourrèrent dans leur sacoche pour quitter rapidement la salle.

— Navré de vous avoir interrompu, conclut le blond en refermant la porte derrière eux.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda la jeune fille avec curiosité. Il y a un problème ?

— Non, mais nous avons une première mission pour vous ! répondit l’Arcaniste avec un sourire avant de s’éloigner dans le couloir, leur faisant signe de le suivre. La personne qui a fait cette requête est dans le bureau de la Grande Conseillère. C’est elle qui attribue les missions. Rassurez-vous, la tâche qu’on vous confie est assez simple.

Les deux amis se regardèrent un instant. Cela faisait des jours qu’ils essayaient de savoir quel serait leur premier travail en tant que futur Arcaniste. Daliah avait déjà eu l’occasion de faire quelques petites courses pour des gens de la région, rien de très important ou de gratifiant, mais comme aimait le dire Maître Lumenor, les petits gestes comptent.

Ils montèrent jusqu’au quatrième étage, où se trouvaient presque tous les bureaux des professeurs. Les lieux étaient très calmes, mais l’apprentie finit par entendre des murmures de voix derrière une porte. Une petite plaquette en métal était accrochée à celle-ci, indiquant son occupante : Grande Conseillère.

L’adulte frappa à la porte, et ayant reçu un « Entrez » en guise d’invitation. Il tourna la poignée et laissa les deux plus jeunes entrer en premier. La jeune femme aux cheveux blancs était installée sur un siège matelassé, et adressa un sourire de bienvenue aux élèves. En face d’elle se trouvait un jeune homme qui n’avait sans doute pas plus de dix-sept ou dix-huit ans. Il avait une chevelure noire et légèrement ondulée, et des yeux gris perçants. À ses pieds se trouvait un sac à bandoulière qui semblait plutôt bien rempli, ce qui n’était pas rare avec les voyageurs. Les deux apprentis s’inclinèrent devant l’Arcaniste.

— Bonjour mes enfants ! salua la Conseillère avec gentillesse. Je vous présente le jeune monsieur Sawyer. Et voici Daliah et Abyss, deux très bons élèves de la forteresse.

— Enchanté, répondit l’inconnu en leur adressant un simple hochement de tête. Ils me semblent un peu jeunes, mais ma demande ne nécessite pas la présence de gens très expérimentés.

Daliah sentit son camarade se crisper à côté de lui. Depuis sa rencontre avec Trent, il ne supportait pas vraiment qu’on se base sur sa taille ou son âge pour juger de ses capacités. Bien sûr, la jeune fille le comprenait parfaitement, mais elle savait d’expérience que c’était souvent le cas.

— Que pouvons-nous faire pour vous aider, monsieur ? demanda-t-elle en faisant de son mieux pour user de toute sa politesse.

— Je dois ramener quelque chose qui a beaucoup de valeur aux yeux de mon père, expliqua Sawyer sans entrer dans les détails. Je suis censé retrouver un de ses collaborateurs dans un petit village à une quinzaine de kilomètres d’ici. Cependant, étant donné la nature de ce que je dois rapporter, je ne me sens pas très à l’aise à l’idée de voyager seul jusque là. La route que je vais emprunter n’est pas spécialement dangereuse, mais on n’est jamais à l’abri d’un incident, n’est-ce pas ?

— En effet, approuva l’adolescente. Mon ami et moi, nous nous ferons un plaisir de vous accompagner jusque là. Pas vrai, Abyss ?

Elle lui mit un discret coup de coude dans les côtes pour le faire réagir. Après quelques secondes, l’adolescent répondit un maigre « ouais, un plaisir… ». Comme offensé, Sawyer le fixa dans le blanc des yeux quelques secondes. Et bientôt, ce fut un silence tendu qui s’imposa, alors que les deux garçons se toisaient avec froideur.

— Daliah, Abyss, je vous propose d’aller chercher un peu à manger en cuisine et de prendre une gourde bien remplie avec vous, intervint Maître Lumenor d’un air gêné. Vous en aurez pour six heures aller-retour, vous ne serez de retour que dans la soirée. Tu connais la procédure…

— D’accord, approuva la jeune fille aux cheveux violets avant de s’incliner à nouveau devant la Conseillère, rapidement imitée par son camarade.

Elle repartit vers la porte, la manche du t-shirt d’Abyss étroitement serrée entre ses doigts pour qu’il cesse de menacer le client du regard.

— Au fait, Maître, reprit l’apprenti en s’arrêtant net, pourrais-je vous demander de signaler mon départ à Maître Vallys ? Nous… étions censés nous retrouver dans l’après-midi pour corriger un de mes mouvements et je ne veux pas qu’il croie que je le fuis.

— Je le lui dirai, ne t’en fais pas, le rassura Lumenor. Soyez dans quinze minutes devant l’entrée de la forteresse.

Les deux adolescents sortirent du bureau en refermant la porte, et ils partirent en direction de leurs chambres en courant à moitié.

— C’est quoi, la procédure dont il parlait ? demanda immédiatement Abyss alors qu’ils tournaient à l’angle du couloir pour retourner à l’aile droite.

— Changement de tenue, expliqua rapidement son amie. On a des tenues spéciales noires pour les sorties en dehors de la forteresse. Si on porte les vêtements qu’on a maintenant, les bandits sauront qu’on est des apprentis et qu’on est des proies faciles. Ça reviendrait à coller une cible dans le dos de la personne qui nous fait une requête. En plus, il faut avouer… j’adore ces tenues !

— Génial, peut-être qu’avec ça, l’autre con nous prendra un peu plus au sérieux…

— À moi de te poser une question, reprit Daliah en sautant quelques marches de l’escalier pour descendre au troisième étage. Pourquoi tu étais comme ça avec le client ? Tu as de la chance qu’il n’ait pas retiré sa demande, ça peut franchement foutre en l’air la réputation de la forteresse. C’est parce qu’il nous sous-estime ?

— C’est plus personnel que ça, marmonna Abyss. Son regard ne me plaît pas. Mais ne t’en fais pas, je survivrai à trois heures de marche avec lui.

Arrivés chacun devant leur chambre, ils se séparèrent après que Daliah lui ait dit quels vêtements il devait prendre. Elle récupéra sa propre tenue dans son armoire, jeta sur son lit les habits qu’elle portait et enfila les autres. Une chemise noire, un pantalon gris un peu large qu’elle rentra dans des bottes noires décorées de quelques dorures, et pour finir, une veste longue sans manches qui tombait jusqu’à mi-mollet, refermée par une ceinture grise.

Ça m’a bien manqué, ces fringues…

Cela faisait plusieurs mois qu’elle n’avait plus eu la possibilité de les porter. La sensation du tissu léger sur sa peau lui procura un frisson de nostalgie. Sur le tissu de son bras, son prénom était écrit en lettres d’or.

Après une bonne demi-minute à s’admirer devant son miroir, Daliah se décida à sortir de sa chambre, attrapant une paire de gants gris au passage. Abyss l’attendait déjà dans le couloir, habillé pareillement, à l’exception qu’il avait pris des mitaines noires en tissu fin.

Elle devait bien admettre que cet uniforme lui allait sacrément bien, et lui donnait même un air très professionnel. Avec un peu de chance, Sawyer les prendrait moins pour des gamins immatures avec cette prestance-là.

— Bon, on fonce en cuisine, puis on va à l’entrée de la forteresse ! lança Daliah en repartant à la course vers les étages inférieurs.

— Et dire qu’on va rater la soupe de ce soir… soupira Abyss avec un air faussement déprimé.

— Tu parles du jus de chou immonde ? Eurk, c’est pas plus mal !

Son camarade laissa échapper un ricanement amusé, tandis qu’ils descendaient au sous-sol pour rejoindre les cuisines de la forteresse. Étant donné le nombre d’habitants dans le bâtiment, il n’était pas surprenant que la pièce soit juste énorme. La bonne douzaine de cuisiniers s’attelait à préparer la collation de l’après-midi. Une délicieuse odeur de pâtisserie remplissait la pièce, et Daliah saliva immédiatement en sentant le gâteau et la crème pâtissière.

— Bonjour gamine ! De nouveau de corvée ?

Un homme s’avança vers le duo, plutôt grand et massif. Mais son crâne dégarni le rendait plutôt sympathique et son visage était accueillant. Un tablier était noué autour de sa taille, et il tenait un plateau couvert de cookies sortis du four.

— Bonjour Mark ! salua l’adolescente avec un sourire. Nan, j’ai rien fait pour une fois.

— Oooh, je vois, toi et ton petit copain, vous partez en mission…

— Ce n’est pas mon petit copain ! répliqua immédiatement Daliah, se retenant de lui foutre un coup de pied dans le tibia. On est amis, c’est tout…

Le cuisinier rigola en lui faisant une tape sur l’épaule, avant de déposer son plateau sur le plan de travail.

— Jo’, tu me gères ça ? demanda-t-il à une jeune femme un peu plus loin. Bon, j’imagine que vous avez besoin d’un peu de provisions, les jeunes. Vous partez combien de temps ?

— Six heures, répondit l’apprentie. Donc on a besoin de quoi tenir jusqu’à vingt-et-une heures. On a aussi besoin de gourdes remplies.

— J’vous prépare ça…

Mark slaloma habilement entre ses aides pour récupérer deux besaces en tissus. Il les remplit de sandwichs et de quelques gâteaux et biscuits avant de remplir deux gourdes. Il les tendit aux deux adolescents, qui accrochèrent leur réserve d’eau à leur ceinture et passèrent les sacs autour de leurs épaules.

— Avec ça, vous ne mourrez pas de faim, leur annonça-t-il avec bonne humeur avant de se pencher vers eux pour ajouter en murmurant, j’ai aussi mis un peu de chocolat, mais ça reste entre nous !

— Merci, Mark !

— À plus, les jeunes !

Daliah et Abyss reprirent leur course effrénée pour rejoindre l’entrée de la forteresse. Ils traversèrent rapidement le parc pour arriver à destination avant le temps imparti. Maître Lumenor et Sawyer les attendaient déjà sur place. Le ciel était clair et dégagé, le voyage n’en serait pas trop pénible.

— Ah, vous voilà ! lança l’Arcaniste avant de tendre un papier à la jeune fille. Ici, vous avez la carte avec l’itinéraire que vous allez suivre. Daliah, tu as plus d’expérience dans les missions, je compte sur toi pour te montrer responsable !

— Ne vous en faites pas, Maître, sourit l’adolescente aux cheveux violets.

— Et toi Abyss… ne cause pas de problèmes…

— C’est quoi, cette différence de traitement ? s’exclama l’intéressé en ouvrant la bouche d’un air vexé.

— Pouvons-nous y aller à présent ? s’impatienta Sawyer en s’éloignant en direction de la campagne.

Lumenor leur ébouriffa gentiment les cheveux avant de leur faire signe de suivre leur client qui partait sans eux. Daliah et Abyss le rattrapèrent rapidement alors qu’ils marchaient silencieusement sur le sentier. L’apprentie déplia le plan qui devait les guider. Et en un coup d’œil, elle réalisa quelque chose qui la mit immédiatement mal à l’aise.

— Vous comptez passer par le bois de la Lamentation ?! s’étrangla-t-elle en fixant le trait rouge qui passait au milieu d’un amas d’arbres dessinés.

— Pourquoi me le demandez-vous ? Cela vous pose-t-il un problème ? répliqua le jeune homme avec froideur.

— Eh bien, vous connaissez sans doute les rumeurs de ce qu’il s’y passe, non ?

— Écoutez, je suis loin de ma maison depuis trop longtemps, je veux rentrer au plus vite. Et ce ne sont pas de simples légendes de bonne femme qui me feront peur. Mais si cela vous effraye, je peux toujours demander à des gens plus qualifiés de m’accompagner !

Daliah remarqua bien évidemment son ton ouvertement provocateur et son sourire moqueur. Pourtant, son audace était plutôt rare dans le coin : presque personne ne voulait mettre un pied dans cette forêt à cause de tout ce que les voyageurs qui l’avaient traversé en disaient. Mais avant même qu’elle ne trouve quelque chose à répondre, ce fut Abyss qui prit la parole.

— Si on dit ça, c’est pour vous, répliqua-t-il d’un air désinvolte. Après tout, nous avons été bien entraînés, nous…

L’effet fut immédiatement celui qu’il attendait : le client cessa instantanément de sourire, et son visage se crispa sous l’agacement, mais il n’ajouta rien.

— Ne t’en fais pas, ajouta l’adolescent à voix basse à son amie, on veille l’un sur l’autre, tout ira bien…

Daliah se sentit stupide : elle était censée être responsable, et un simple bois l’effrayait. Bon, un bois dans lequel elle avait trouvé un gamin suspendu par des racines et où un taré avait essayé de l’étrangler, mais un bois quand même…

Sawyer entra en premier dans la forêt, suivi par ses deux gardes du corps. Comme la première fois qu’elle y était allée, tout était très — trop — calme. Et le fait qu’aucun des voyageurs ne parlait n’aidait en rien à perturber le silence. Elle s’attendait à tout instant à entendre une voix lui murmurer à l’oreille, ou à voir une ombre surgir sur le chemin. Les minutes passaient, et plus ils avançaient, plus la tension était palpable. Daliah supposait que non loin de leur position se trouvait l’entrée de la caverne. Abyss ne semblait pas très à l’aise non plus. Sans doute qu’imaginer qu’il était sous le sol sur lequel il marchait en ce moment même ne le faisait pas se sentir très bien. Au final, c’était bien leur client qui paraissait le plus insensible à ce calme plat. Et si le jeune garçon n’avait pas aimé son regard, c’était plutôt son attitude qui gênait. Elle avait déjà dû accompagner un commerçant du coin qui devait aller vendre ses épices dans un village à deux heures de marche. Et le pauvre homme s’était presque caché derrière elle tout le trajet, terrifié par le moindre craquement de branche ou le plus petit bruissement dans les buissons.

Mais il émanait de Sawyer une détermination presque effrayante et inébranlable.

À la sortie du bois de la Lamentation, ce fut un soulagement et un relâchement pour les deux apprentis. Daliah consulta sa carte : ils avaient un long bout de marche sur une route de commerce en terre battue qui allait vers l’est, puis ils traversaient une grande forêt, ensuite quelques champs de fermiers, avant d’arriver dans le village.

Vivement qu’on y soit.

— Abyss, je peux te demander un truc ? interrogea la jeune fille en calant une mèche de cheveux violets que le vent avait dégagée derrière son oreille.

— Ouais, répondit l’adolescent en prenant une gorgée d’eau.

— Ça te dérange si on contourne le Bois de la Lamentation au retour ?

— Non, tant qu’on rentre à l’heure prévue. Les Maîtres risquent de s’inquiéter si on ne revient pas à temps. Au pire, on courra un peu.

— Ça marche !

La suite du trajet fut relativement calme. Les deux apprentis parlaient de tout et de rien, suivant simplement Sawyer qui restait muet comme une tombe, les mains dans les poches de sa veste. Vers seize heures, ils prirent les gâteaux donnés par Mark pour faire taire leurs estomacs qui commençaient à protester. Mais au grand malheur de Daliah, elle remarqua que le temps changeait lentement. Le ciel bleu se faisait plus rare à cause des nuages de plus en plus compacts et de plus en plus sombres qui s’amoncelaient. Une couche épaisse et grise semblait provenir du sud et s’approchait d’eux petit à petit.

— On ne traînera pas pour rentrer, annonça la jeune fille. Sinon on risque de se prendre un orage en pleine face.

— Si on veut l’éviter, il ne faudra pas qu’on traîne au retour. Et même en se dépêchant, pas sûr qu’on arrive à rentrer au sec, maronna Abyss alors qu’un souffle de vent agitait sa veste.

Les orages de la région pouvaient parfois être diluviens, et Daliah n’avait pas la moindre intention de rester dehors pour en avoir le cœur net.

Après une heure et demie à marcher sur la grande route, ils arrivaient enfin à la seconde forêt de leur périple. Le ciel était désormais bien couvert, le soleil peinait à traverser l’épaisseur de nuages. Et les sapins très denses atténuaient encore plus le peu de lumière qui les atteignait, laissant un endroit plutôt sombre et assez lugubre.

C’est comme si le soleil était parti se coucher deux heures trop tôt…

À l’approche de dix-sept heures, ils s’enfonçaient toujours plus dans la forêt, marchant en silence sur le sol couvert d’aiguilles. Mais comme si ce n’était pas encore assez sinistre, un léger brouillard tomba petit à petit. Plus le petit groupe progressait, plus il devenait épais et remonta bientôt jusqu’aux genoux. Abyss manqua plusieurs fois de se casser la figure sur une racine qu’il n’avait pas vue.

— J’espère qu’on est bientôt arrivé, soupira l’adolescent en lâchant un bâillement, je commence à fatiguer…

— Pareil, souffla Daliah, sentant une certaine torpeur la gagner depuis de longues minutes. Dès qu’on a amené Sawyer au village, on court un peu pour se réveiller…

Même le client semblait marcher moins vite qu’au début, et la mention de son nom ne le faisait même pas réagir.

— Je sais pas pourquoi je suis crevé comme ça, continua Abyss d’une voix de plus en plus lasse. Peut-être le cours d’histoire de tout à l’heure qui a aspiré mon énergie…

— Aucune idée… mais normalement, je suis pas dans cet état pour quelques heures de marche…

Une branche craqua derrière eux, et Daliah se retourna d’un coup. Ce n’était pas si anodin, mais c’était un des rares bruits qu’elle avait entendus depuis un bon moment. Et elle constata quelque chose d’étrange.

Le brouillard derrière eux se dissipait lentement, laissant à nouveau voir le sol et les racines. Comme si la brume était un grand cercle, et qu’ils en étaient le centre.

— Ce n’est pas… normal… murmura-t-elle. On dirait presque que c’est…

— Artificiel.

Daliah redressa la tête et croisa le regard métallique de Sawyer qui venait de terminer sa phrase. Il s’était arrêté lui aussi, et les fixait tous deux d’un air glacial, presque menaçant. Son attitude était encore plus inquiétante qu’avant. Il n’avait rien d’un jeune homme qui souhaitait rentrer chez lui, il ressemblait davantage à un prédateur traquant une proie.

Il sortit lentement sa main de sa poche, et un frisson désagréable remonta du bas de sa colonne vertébrale jusqu’à la nuque de Daliah. Un Arcane ambré entourait son poignet, et illuminait le bas de son visage.

— Désolé, déclara Sawyer sans le moindre remords dans la voix.

— Espèce de…

Abyss semblait sur le point de se jeter sur lui, quand un nuage de brouillard l’enveloppa quelques secondes. Il se dissipa rapidement, et l’apprenti vacilla en arrière, comme assommé. Son amie se précipita vers lui pour le rattraper, sous son poids, elle se laissa tomber à genoux. D’une main, elle traça rapidement un Arcane qui s’enroula autour de son poignet, alors qu’un voile bleu les entourait.

Sawyer ne semblait même pas vouloir l’attaquer, comme s’il attendait quelque chose. Et Daliahcomprit rapidement pourquoi il ne faisait rien. Ses forces diminuaient trop vite, elle sentait la somnolence la gagner malgré le stress qui faisait bouillir son sang dans ses veines.

Son Arcane scintilla un instant, avant de disparaître. Ses paupières se fermèrent, et elle tomba dans l’inconscience.


Texte publié par Elysio Anemo, 15 mai 2025 à 16h23
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