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La Lune me persuade de me venger.

Un soir.

Ce soir, le temps m'échappe sans apparence, les mots ricanent sur mes lèvres. Je ne m'habite plus et mes sens s'inaniment.

Rencontre, d'un gros moustique, nommé "Cousin" que je sauve d'un monstre entoilé, et qui se repose sur ma jambe, me préférant à la gueule de la vilaine bête. Je lui tends une main puis l'autre et il y reste, comme s'il souhaitait encore mon aide. En trois fois je lui retire de l'une de ses pattes, un long bout de cordage qui lui pèse comme une ancre. Pour finir, je lui maintiens sa fine patte, et coupe le dernier bout de toile d'araignée, au raz de celle-ci, avec une paire de ciseaux, puis je rends à la nuit ce fragile ailé.

"Je rembourse" l'araignée avec un petit morceau de bouffe à chat, et une mouche "décédée" suspendue au lustre. Je la devine en rage pour ce repas loupé, et la pitance à la mouche vide que je lui concède. Elle m'en veut... Je m'en fiche, depuis quelques temps elle m'agace. Et puis la mort du gros moustique était trop distillée, alors je n'ai pas résisté à la tentative de le sauver.

Puis je m'emporte dans un envol mécanique et "amoureux", comme une terre qui tremble... J'en reviens abattu, et libéré de l'acte d'agir contre soi… Je m'en remets, le temps est là qui me fait signe de m'occuper de moi… J'ai envie de musique et de coquillages… Je voudrais les regarder un peu, les écouter peut-être, car ils sont ce qui reste après le passage du temps, et me fascinent...

Sous les étoiles.

Limaces je vous aime. Chaque nuit je pars en quête de vous. Vous êtes toutes folles de mes pétunias, œillets d'Indes, et vous bousillez tout ce que je m'efforce de faire pousser!

Et pourtant je vous admire, vous et tous ceux de votre sorte. Vous êtes si calmes, si dociles, aucune rébellion ne vous agite, la soumission semble votre règle. Du sec, et vous dormez sous les pierres, un peu d'eau et vous partez en conquête. Bien sûr, vous choisissez mes massifs pour vous rassasier.

Alors toutes les nuits, je me livre au "sport" qu'est celui de votre ramassage. Je vous attrape comme un met chinois et, du bout de mes baguettes, je vous dépose au fond d'un pot de fleur, et vous fais traverser la route, vers une autre contrée à découvrir, ou dévaster.

Vous m'avez toujours au sentiment... Pour vous éviter cette agonie organisée autour de granulés bleutés, qui vous font espérer une mort qui ne vient pas, j'essaye de vous convaincre autrement d'aller brouter ailleurs.

La peau de banane est très appréciée par vous et vos sœurs, ainsi que les fruits trop mûrs. Alors je vous les offre et lorsque vous êtes attablées, je vous attrape...

Limaces noire, marron, orange, et même salamandres, loches et escargots espiègles, je crois que vous êtes les êtres les plus "cools" qui soient. C'est pour ça que je ne vous en veux pas trop, bien que vous dévastiez tout en gentillesse mes plantations.

Ne comptez surtout pas cette année, que je vous assaisonne votre table, car vous m'avez déjà fait le coup, d'inviter toutes vos amies à bâfrer dans mes fleurs, que je vous avais saupoudrées de poivre blanc ! Vous aviez aimé, et transformé votre festin en famine, ne laissant de mes fleurs, que les racines.

Alors cette fois, je transforme le resto en bistrot ! Vous n'avez qu'à suivre vos copines, elles vont toutes se taper une bière...

A la lueur de ma torche, je vous trouve toutes vous pintant la gueule, jusqu'à tomber la tête la première dans la soucoupe que j’avais posée là, et vous vous y noyez. J'espère toujours arriver avant votre grand saut dans ce breuvage mortel.

Parfois j'arrive tout juste, et c'est fou comme votre noyade est tragique, car vous n'avez ni bras ni jambes pour tenter la moindre brasse.

Alors comme je déteste cela, je vous pose des ponts en pierre pour que vous vous y accrochiez, le temps d'une ultime gorgée, et que vous rentriez cuver, sous une de vos pierres jusqu'à demain...

Demain donc, avec la lune ou pas, je vous retrouverai là toujours plus audacieuses. Dans ma quête de vous, je rencontrerai sûrement, loches amoureuses, vers de terre lubriques, grenouilles assises et patientes, orvets majestueux, tritons hagards et papillons à moteur à la recherche de nectar, et peut-être, mais ce n'est pas sûr, mon pote le gros bourgogne, qui lui seul a un rond de serviette en mon jardin. Je vous sauverai si je le peux, et vous ferai traverser la route, sous les étoiles qui sont bienveillantes, à l'égard du passeur de limaces, que je suis, qui aime ses fleurs, tout autant que ces petits êtres sans malice...

Un jour seulement.

Et si j'abandonnais tout, pour être un jour, un peu plus animal... Si soudain oiseau, je découvrais le monde vu du ciel, les hommes et leurs colères me sembleraient bien petits.

Le chant laminant d'une écrevisse mourante, sonnerait pour eux, le temps proche de leur dernier destin. Moi je m'étirerais, sur un talus devenu chat, je baillerais un grand coup. Et, après quelques postures savantes, me redonnant mon élégance, d'un coup de griffe, j'expédierais tous ces mendiants d'éternité, dans des trous à rats remplis de pièges à souris, et les forcerais à goûter au fromage...

Loup, à la patte brisée, je pleurerais ma dernière liberté, et leur offrirais mes crocs pour qu'ils s'entre-dévorent.

Cheval, crachant l'acier de mes mords, je les enverrais sans armes dans une arène monumentale, dire bonjours à mes amis taureaux. Parés de tutus, ils y feraient quelques rondes coquettes, et puis se trancheraient les couilles et les oreilles. Ils seraient enfin sourds, et n'entendraient pas leurs propres cris. Je les plaindrais bien sûrs, comme leurs anciennes victimes, mais les récompenserais du titre de "Dieux", se sacrifiant dignement pour moi et la foule cornue, des amants de mes vaches laitières...

Hérisson, je les parerais d'une écorce d'épines et les assoupirais sur une route à la tiédeur rassurante, jusqu'au passage de la rédemptrice roue…

Chevreau, pour mon baptême, à la fête de la sainte "Chèvre", ils me sacrifieraient l'une de leurs filles vierges, l'égorgeant et me livrant sa peau. Je m'en ferais un chapeau, peut-être même des gants pour mes sabots, et je cabriolerais pour les en remercier...

Immaculée, parée de mon costume d'oie, je les rendrais cannibales et les gaverais d'eux-mêmes, pour que bientôt ils prennent la forme d'une boîte luxueuse, parée d'une jolie étiquette, que j'accompagnerais d'un bon vin. Ce sera la fête, je les dégusterais...

Éléphant, j'arracherais leurs dents pour les semer derrière moi, et retrouver ainsi mon chemin. Quant à leurs ongles, les pillerais d'une patte pour en faire de l'engrais. Le reste inutile, le laisserais aux vautours, comme nouveau plat du jour...

Bête à bon dieu agacée, je leur péterais dessus, à la première demande, sur le temps de dimanche...

Chauve-souris de supérette, avec mon ami mulot, nous chiperions dans les rayons réfrigérés, la farine et le grain, mais aussi pour y goûter, du pâté d'intello, du civet de mécano, de l'andouillette de roublard, une paella d'autrichiens devenue bouffe à chien, un sorbet de soldats tombé de l'Himalaya, quelques brochettes de cuisses d'écolières, parfumées aux herbes de clairières, et bien que peu emballés, nous essaierions aussi les fameux prépuces de prophètes à la sauce guerrière, et la friture de juges sur un lit de "salade" agrémentée de petites questions...

Nos courses seraient finies... Enfin jusqu'à demain, à l'heure de nos prochaines emplettes !


Texte publié par Ecirtap Namdot, 6 janvier 2025 à 19h07
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