Elle était si belle, ma princesse blonde, aussi belle que sa douleur. Le monde l'avait rongé de l'intérieur, mais avait prit un soin particulier à lui offrir une apparence divine.
Les gens, les jeunes surtout, aiment se prendre pour des fous : ils pensent qu'en changeant leurs humeurs en fonction de ce qu'ils veulent, ils égalent le Joker ou tout autre personnage reconnu pour son côte psychologique abîmé.
Ces gens là n'y comprennent rien.
"Ta copine est folle !" osent t'il annoncer, alors que cette dernière ne faisait que rechercher de l'attention, et ce avec succès. Les spectateurs associent un léger écart acceptable socialement comme de la folie.
La vérité en est tout autre.
Un jour, alors que nos corps s'étaient associés pour ne faire plus qu'un, nous profitions de notre état second, offert par l'effort performé , et du bonheur procuré par nos hormones. Ma belle Chloé s'était levée, nue, au beau millieu d'une conversation, banale mais si agréable dans ces moments là, pour se rendre à la fenêtre. Elle n'avait pas cessé de me parler, avec son joli sourire, alors qu'elle mettait un pied sur le cadre dans le mur.
Je la regardai , tout en lui parlant, mettre le second pied et attraper le bord de sa main gauche. Puis elle se retourna vers moi, se laissant tomber légèrement pour attraper le dessus de la fenêtre. Toujours avec son magnifique sourire, elle me demanda :
"Dis moi mon amour, est-ce que tu m'aimes ?"
Nombre de personnes aurait déjà cédé à la panique face a cette scène surréaliste, et aurait imploré leur moitié de se mettre a l'abri du danger, comme s'il s'agissait d'un élément extérieur. Ce n'était pas un test, que certaines délurées auraient osé mettre en place pour assurer un certain contrôle sur leur "partenaire". C'etait une preuve d'amour, et un engagement fort. Il n'y avait pas de plus beau moyen pour s'avouer à l'autre :
"Sans toi, ma vie n'a aucun sens".
Bien sûr que j'avais peur, j'étais effrayé même. Mais ce n'était rien par rapport au bonheur d'avoir enfin pu trouver cette personne, qui avait osé se révéler pleinement à moi, et pour rien au monde je n'aurait laissé passer une occasion pareille. Alors, tout aussi dévêtu qu'elle, je suis sorti du lit pour la rejoindre et attraper non pas le haut de la fenêtre, mais la poignée, plus basse encore. Et d'un grand sourire que je ne pouvais contrôler, je lui dis :
"C'est la dernière fois que tu tentes de quitter ce monde sans moi."
Nous avions passé le reste de la journée au lit, à exprimer notre passion envers l'autre.
Je n'ai jamais rencontré quelqu'un vivre autant qu'elle.
Les derniers instants de sa vie étaient à la hauteur de sa personne. Sa maladie avait été si forte et imprévisible qu'aucun médecin ne voulait plus s'y frotter. Dans ses crises et ses dissociations, il ne s'agissait plus de ma princesse. Elle partait ailleurs, pour un temps indéterminé, avant de revenir quelques fois, parfois anxieuse, d'autres fois perdue. Plus d'une fois, son corps m'avait griffé, frappé, insulté, etc...
Je n'avais l'occasion de profiter de ma Chloé que lorsque son état était stable, ce que ne permettait absolument pas les traitements, mais le repos seul n'était pas suffisant non plus.
La dernière fois que je l'ai vue, elle était calme, mais je pouvais sentir un trouble l'inquiéter. Elle m'a regardé, inquiète.
"Je n'ai pas été moi même ces derniers temps, non ? Lorsque j'ai regardé le calendrier, j'ai tout de suite su que les jours ont passés sans que je ne m'en rende compte. J'ai compris, sans même regardé le bouquet de fleurs, que tu était passé me voir plus d'une fois et que j'ai du mal te traiter. Tu es la plus belle chose que la vie ait osé m'offrir, le reste j'ai dû le lui arracher moi même. Me voilà démente en retour. Malgré tous les malheurs et la violence de la vie, tu as toujours été là pour moi et j'ai adoré ces moments passés ensemble. Je sais que lorsque je serai partie pour de bon, tu souffrira. Sûrement plus que moi, car tu es un homme bon. Sache que je serai toujours là pour toi. Je ne serais ni au paradis, ni en enfer, mais dans toutes les personnes que la vie n'ose pas aimer, qu'elle bat chaque jour et humilie jusqu'au dernier moment. En ces personnes, je t'appellerai à venir me rejoindre, et tu verras en cet appel un moyen de m'aimer encore. Car moi, je t'aimerai toujours, aussi fort que maintenant."
Plus jamais elle n'a daigné rejoindre son corps après ce jour, mais il s'était calmé. Les colères avaient progressivement disparues, laissant place à ce qui semblait être un nouveau né, un enfant curieux et souriant. Comme si, en acceptant de laisser la vie gagner sur elle, Chloé avait pû offrir sa place à un être bloqué, comme en attente d'une place pour vivre. Une sorte de procédure spéciale.
La vie est belle, sans aucun doute. Mais Chloé avait une humilité divine. Si je supporte ma vie, c'est uniquement pour être sûr de me souvenir d'elle. J'ai toujours juré de ne pas parier sur l'amour, alors je ne m'hasarderais pas à perdre la vie pour un renouveau hypothétique.
Elle n'avait pas menti : je la croise dans toutes les personnes brisées par la vie, et je l'entend qui m'appelle pour la rejoindre. Son visage, son corps, son odeur et son amour infini me reviennent à chaque fois et disparaissent au fur et à mesure que la personne en question se rétabli et retrouve foi en elle-même.
A tout jamais, je chercherai ma Chloé.
Les autres , aussi fort que je vous aime et m'inquiète pour vous, vous avez un don pour m'emmerder.
Je vous vois, terrés dans vos peurs, derrière un groupe, dissimulés par une fausse image, protégés par des idées. Vous, vous n'avez rien compris à la vie. Vous n'osez pas envoyer balader les "valeurs" qui vous cadrent.
Combien de fois je vous ai dis de chanter lorsque vous entendez une musique ? De danser lorsque le monde autour de vous semble triste ?
Je vous ai confié une mission, et vous devriez la prendre à coeur parceque si vous êtes-là, mes enfants, aussi vieux que vous êtes, c'est parce que Chloé m'appelle en vous. Vous êtes les brisés dont elle m'a raconté la douleur. Alors vous devez suivre mes instructions : allez chercher les battus et racontez-leur que la vie est belle, qu'ils sont aussi beaux que les étoiles dans le ciel. Mais que pour le voir, ils doivent vous suivre dans ce que les autres osent insulter de folie.
Souriez aussi fort que votre malheur vous le permet, tendez votre main si elle ne serre pas celle d'un autre, et courrez jusqu'à appercevoir la couleur de l'espoir.
Que vous vous battez ou non, la douleur sera là. Même intensité, même fréquence. Alors arrachez-lui le bonheur qu'elle garde jalousement, histoire de subir avec le sourire et sans regrets les traces qu'elle vous infligera, sans répis, jusqu'à votre dernier souffle de souffrance.
Et rendez-moi mes gâteaux. J'avais pris la barquette aux marrons pour moi.
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