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tome 1, Chapitre 2 « Interrogations » tome 1, Chapitre 2

Depuis quand était-il là, aucune idée, il avait l’impression que le temps filait sans que personne ne s’en rende vraiment compte. Dans les premiers temps, il avait accompagné Faldok et Guildrek dans leurs occupations. En fait d’occupations, il s’était très vite rendu compte que ses hôtes passaient leur temps à récolter une moisissure peu ragoûtante, qu’ils utilisaient pour confectionner leur brouet. Plusieurs fois, il les avait interrogés sur la présence d’autres résidents et à chaque fois il obtenait la même réponse : Ardok avait été incapable de lui répondre et devenait curieusement de plus en plus taciturne. Quant à Guildrek, qui avait été jusqu’à présent le plus prolixe, il se murait dans le silence comme si quelque chose lui faisait peur ou l’effrayait. Seul Faldok se souvenait que par le passé d’autres comme lui était apparu comme ça dans l’une ou l’une des pièces du château. L’homme, surpris d’apprendre qu’ils étaient dans un tel lieu, avait insisté auprès de Faldok. Mais celui ne savait pas pourquoi il avait dit cela. Ses grands yeux noirs et vides reflétaient l’ignorance et l’épouvante. L’homme lui fit alors part de son désir d’explorer le château. Ce fut comme si Faldok venait d’être plongé dans un chaudron d’eau bouillante. La pauvre créature s’était mise à gesticuler dans tous les sens et à siffler furieusement.

L’homme avait alors appelé Guildrek, Ardok ne répondant pas à ses sollicitations, pour l’aider à le maîtriser. Ils l’avaient, après l’avoir neutralisé, allongé dans la pièce qui lui servait de refuge entre deux tas de détritus et d’autres objets en tout genre. Sa pièce reflétait un dénuement encore plus grand que celui d’Ardok. Il n’y avait ni meuble, ni artifice d’aucune sorte qui puissent cacher la nudité des lieux et les murs lépreux. Le sol était en terre battue et les champignons se multipliaient dans les coins où l’humidité suintait. Seule la cheminée donnait un semblant de clarté et de chaleur. Le feu brûlait avec vigueur dans l’âtre, mais la chaleur diffusait peu, à l’instar de la lumière. L’homme s’en fit la réflexion et voulut en toucher deux mots à Guildrek, qui cherchait un chiffon, mais se retint sachant par avance que ce serait inutile.

Une fois Faldork endormi, Guildrek coula un regard interrogateur vers l’homme, puis se saisit du carton à dessin, qu’il emportait avec lui et griffonna quelque chose. Il la tendit à l’homme qui s’en saisit, un seul mot, en fait un symbole était dessiné sur le carton :

D’après ce qu’il en voyait le symbole ressemblait au labyrinthe des cathédrales, des cercles concentriques emboîtés les uns dans les autres, mais un détail le chiffonnait l’entrée se trouvait en son centre et non l’inverse, que cela signifiait-il.

– Qu’entends-tu par là Guildrek ? interrogea l’homme

Guildrek reprit le dessin et désigna la pièce où il se trouvait. L’homme l’observait faire ses arabesques sans vraiment en saisir le sens. Guildrek ramassa alors plusieurs morceaux de charbon qui traînait sur le rebord de la cheminée. Il les disposa par terre, puis désigna de nouveau la pièce et ses occupants. Ensuite il pointa l’une des pierres noires et lui-même et fit de même avec l’homme et Faldork. Finalement il ramassa les morceaux et les donna à l’homme avec le dessin.

– Guildrek, ces fragments de charbon sont Ardok, Faldork, moi et toi, n’est-ce pas ! s’exclama-t-il.

Il ajouta aussitôt :

– Ce sont aussi vos refuges ?

Guildrek balançait sa tête d’avant en arrière.

– Et nous sommes pris dedans, poursuivit-il, en lui montrant l’illustration.

Guildrek continuait ses mouvements de balancier, mais quelque chose avait changé. L’homme n’aurait su dire, mais il lui semblait que son allure se faisait plus saccadée, alternant lenteur et célérité. L’atmosphère entourant Guildrek semblait se fluidifier et s’épaissir à la fois. L’homme fixait toujours Guildrek mais il semblait se dissoudre dans l’éther et bientôt ce ne fut plus qu’un ectoplasme sans guère de substance.

L’homme n’aurait su dire ce qu’il venait de se passer, cependant il était à présent seul dans une pièce nue similaire à celle où il s’était réveillé la première fois.


Texte publié par Diogene, 25 novembre 2014 à 19h21
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