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tome 1, Chapitre 4 « Maia » tome 1, Chapitre 4

Le village dans lequel vivait Maia n’était pas très grand, il comptait tout au plus deux cents âmes. Il était composé en majeure partie de petite cabane construite avec les officiels de l’état français, autant dire que chaque construction était inégale, un toit trop large, des murs trop proches ou trop petit, des planches de bois fragile ou des toitures trouées. Rien de tout cela n’était une erreur de parcours, c’était voulu par ces hommes qui refusaient que ces choses vivent décemment, pour eux, « Un monstre sa vie dans une grotte ou dehors avec les autres bêtes, pas sous un toit. » Au fur à et mesure les habitants s’étaient débrouillé avec les moyens du bord pour consolider les nombreux défauts. C’est au centre du village, la ou un petit carrefour s’était organisé autour d’un puit qu’Avelle déposa Maia, autour d’eux une bonne poignée de villageois s’adonnait à nettoyer l’endroit, la fin d’après-midi était proche et l’heure du repas avec tout le monde s’approchait, ces pauvres gens avaient peu de nourriture à manger mais beaucoup de rire à se transmettre.

Quelques personnes s’arrêtèrent dans leur course pour venir aux nouvelles et découvrir l’état des deux comparses, le plus grand de la troupe, Erick dont l’apparence bestiale se rapprochait de l’ours prit la parole au dépend des autres, « Que s’est-il passé ?! », « Une chose dans les bois… Encore plus dangereuse que celle de la dernière fois. On a failli tous y passer aujourd’hui. » expliqua Avelle, « Comment ça ?! Est-elle morte ?! » Il finissait à peine sa phrase qu’il renchérit sur une autre, son inquiétude était bien visible, « Mon fils est encore là-bas avec son groupe, je dois aller le chercher ! », « Surtout pas ! » le coupa une jeune femme du nom de Iana, elle avait des cheveux d’ors et de longues oreilles pointu, « Tu risques toi aussi de te faire attraper par quelque chose d’encore pire. Regarde dans quel état ils sont alors qu’ils étaient quatre. Toi tu es tout seul et tu ne sais que battre le fer. Ne me regarde pas comme ça, tu sais que j’ai raison et que pour l’instant tu ne peux rien y faire. » Erick ne dit rien mais son bras qui tenait encore son marteau se contractait de plus en plus, il regarda autour de lui, cherchant à travers les arbres qui l’entouraient le moindre signe de son fils et du groupe qui l’accompagnait. Bredouille il repartit les yeux brillants frappé de manière trop irrégulière le matériau qui se trouvait posé sur son enclume. Avelle et Iana voulurent emmener les deux blessés au minuscule hôpital de fortune mais Harold refusa, son mal de crâne ne lui faisait pas tant mal que ça et il était pressé de retrouver sa femme et ses enfants, alors seul Maia s’y rendit. Le trio s’arrêta devant la porte d’une habitation excentré du centre, Avelle frappa à la porte dont la petite poignée se situait à ras du sol. Lentement elle s’ouvrit jusqu’à ce qu’une toute petite femme en sorte, « Bonjour Tina, je crois que nous allons avoir besoin de toi aujourd’hui. » Tina regarda la jeune chasseuse avec de grand yeux, « Ma pauvre fille ! Entrez donc, allez n’ailliez pas peur. Posez-la sur le lit, doucement n’allez pas l’abimer encore plus qu’elle ne l’est. Personne d’autre n’est blessé ? », « Harold mais il ne veut pas venir. », « Il fait encore sa tête de cochon et bas tant pis pour lui. Vous pouvez y aller, je m’occupe d’elle. Alors, montre-moi ça. » Tina monta sur le lit et marcha tout autour de Maia, elle s’arrêta plusieurs fois sur les endroits qui la faisaient le plus souffrir, la tête, l’épaule et les cotes gauches, « Hmmm, je vois, plusieurs fêlures, deux grosses bosses sur le crâne, je vais juste regarder ton épaule, elle est toute violette. Tu as du prendre de sacré coup, heureusement que tu es solide… Et que je suis là. Reste allongé je vais chercher quelque chose pour toi. »

Bien qu’elle soit minuscule Tina n’en restait pas moins très débrouillarde, elle avait su adapter le monde qui l’entourait à son physique, tout était fait pour lui faciliter la tâche ; des petits échelles disposées un peu partout pour lui permettre d’accéder aux hauteurs, des cordes pour l’aider à donner un effet de levier aux objets lourds, des petits ponts qui reliaient des meubles entre eux. Sur une grande table elle disposa des fleurs de couleurs vives, rouge, bleue et jaune qu’elle mit dans un pilon afin de les broyer. La mixture alla directement dans un petit bol avec de l’eau qui se teinta. « Voilà j’ai fini. Attrape le bol, je te le fais glisser par la petite rampe. Attention, 3, 2, 1, je te l’envoie. », « Merci… Il a une drôle d’odeur ton truc, qu’est-ce que s’est ? », « Ho une nouvelle décoction. C’est censé soigner les coups et le corps en même temps. », « Censé ? », « Oui, c’est la première fois que je la fais mais je suis pratiquement sur enfin je dirais même que je suis totalement sûr de ses effets. », « Comment peux-tu… Ah, la voix. Cela a recommencé ? » « Oui. Tout m’est encore plus claire maintenant. J’ai l’impression que je commence à comprendre parfaitement les nouvelles espèces de plantes, je les entends m’appeler, me dire de les cueillir ou de les laisser se développer… Je suis un peu folle je crois. », « Non, tu n’es pas la première à qui cela arrive ici et tu ne seras pas la dernière. En plus la voix que tu entends à raison, je vais déjà mieux, regarde. » Maia se leva du lit mais elle se rallongea aussitôt, sa tête tournait trop pour qu’elle reste stable, « Je crois que tu vas devoir attendre encore un peu. » lui dit Tina en rigolant, « En attendant, je vais pouvoir te présenter toutes mes dernières trouvailles en potion, certaines devraient particulièrement te plaire… »

La nuit revêtait maintenant le ciel de sa cape noire, les étoiles au loin brillaient comme des phares dans une mer agitée. Maia traversait le village pour rejoindre son habitat, elle avait quitté Tina quelques minutes plutôt lui adressant ses remercîments et lui promettant de venir la revoir bientôt. Il y avait un peu de cohue autour d’elle car il était de coutume que chaque soir les villageois se retrouvent. De grand feux de joie avait été allumé un peu partout autour de la place centrale, au centre des tables d’une longueur d’au moins une dizaine de mètre siégeaient, elles étaient habillées de couvert, d’assiette et de verre. La jeune chasseuse proposa son aide à qui avait besoin mais tous la rejetaient, pas question qu’elle aggrave ses blessures, « Si tu voyais ton visage ma belle, tu comprendrais ! A faire fuir les esprits et tout le tintouin moi je te le dis. » beugla la vielle Catarina tout en s’enroulant dans une couette pour protéger ses écailles du froid. Maia prit quand même le soins d’allumer d’autre feu avant de retourner chez elle, elle vit à sa fenêtre qu’une faible lumière se baladait chez elle, son frère était de retour. Hedelin était proscris dans un coin sombre du logement, le pauvre garçon redoutait tout ce qui pouvait fortement l’éclairer comme le soleil et ses rayons, pour lui et sa peau s’était une véritable torture qui pouvait le mener à la mort, « Ma sœur, enfin, te voilà ! » dit il se dirigeant vers elle tout en prenant soin de se décaler des bougies posé sur la table centrale, « On m’a dit que tu avais été blessé, Avelle m’a prévenu de ce qu’il s’est passé. Tiens prend le tabouret, assis toi ne reste pas debout. Tu veux de l’aide, prend ma main. », « Merci, mais ne t’inquiète pas, Tina s’est occupée de moi, elle m’a donné tout ce qu’il fallait. Je ne suis pas totalement remise mais je vais déjà mieux. », « Si tu te voyais tu dirais le contraire » dit il en mimant avec ses mains un visage gonflé, « Peut-être mais moi au moins je ne ressemble pas à un cadavre avec ma peau blanche et mes cheveux gris ! », « Ho ! » fit il faussement vexé, « Blessé mais pas assez pour arrêter de se moquer de son petit frère. » Des rires venaient de dehors, le repas allait bientôt commencer, « Je te rapporterais quelque chose » promis Maia en regardant par la fenêtre, « Je ne m’inquiète pas pour ça, tu l’as toujours fait. Aujourd’hui n’est pas une exception. Enfin je crois… »

Hedelin fixait Maia de ses yeux brillants, ses jambes tremblaient, « Pose la question que tu as à poser », « Le monstre, enfin la chose qui s’en est pris à vous, donne-moi plus de détail sur elle. » La jeune femme lui décrivit le tout avec précision, « Est-ce que vous l’avez laissé sur place ? Tu crois que tu pourrais la retrouver ? », « Non je ne t’emmènerais pas la voir. Tu n’as pas besoin de faire cette tête d’outrée, je t’entends déjà me dire, « Tu ne sais pas ce que j’allais dire, tu n’es pas dans ma tête » Oui c’est vrai mais je te connais par cœur. » Hedelin leva les bras en l’air, comme s’il se demandait pourquoi lui infligeait on cela puis il se tourna, montrant son dos à sa sœur. C’était un comportement récurant, sa timidité l’empêchait de parler correctement quand cela le touchait personnellement, « Tu sais, quand je suis au champ ou même ici je pense. Je ne m’arrête jamais de penser, soit sur ce qui nous entoure, sur pourquoi nous sommes là à trimer pour essayer de survivre plutôt que de partir et voir le monde. Ça m’arrive de plus en plus souvent surtout quand je vois les humains débarquer et prendre toutes nos récoltes parce que soi-disant il y a des centaines d’années nos ancêtres ont détruit ce pays et que pour payer cette dette nous devons leur obéir au doigt et à l’œil. Si tout a été détruit c’est pour une bonne raison, j’en suis sur et certain et j’en ai la preuve. Je la vois avec mes yeux, cette énergie sous terre qui se répand, elle était encore loin il y a un mois mais maintenant elle est la tout proche, je la vois… » Il voulut continuer mais un son de cloche lui coupa la parole, l’heure du repas avait sonné, « Je crois que l’on t’appel. Nous en reparlerons plus tard, pas ce soir en tout cas, tu dois profiter et te reposer. » conclut-il en s’enfonçant dans la pénombre du logis.


Texte publié par Doktissimo, 8 mai 2024 à 13h32
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