Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 3, Chapitre 5 « Chapitre 3 - Miroirs et Fumées » tome 3, Chapitre 5

Missive au juge Bonin

Je suis fou et vous me le cachez ; pourquoi ce manque de confiance à mon égard ? Je lis les journaux, malgré tout ; les prisons ne sont plus autant fermées qu’au temps passé, et j’ai vu qu’on avait reproduit les certificats des docteurs Vallon et Dubuisso, qui m’ont représenté jadis irresponsable.

Suis-je fou ou ne le suis-je pas ? Certes, les tourments, les persécutions m’accablent ; on m’accuse de crimes effroyables, d’avoir assassiné des femmes, moi, dont la vie entière peut attester le culte délicat que j’ai professé pour la femme, cet être d’exquise sensibilité et de grâce parfaite.

Je vous prie, monsieur le juge, et c’est aussi mon droit que je revendique, je veux qu’une commission médicale s’assure du bon équilibre de mon état mental. Je ne suis pas fou, je proteste contre cette machination, je veux me justifier au grand jour. Il serait trop facile après m’avoir accusé sans preuve, sur quelques propos de concierges, sur de fantaisistes écrits de journalistes sans religion, de m’envoyer finir mes jours dans un cabanon.

Henri-Désiré Landru

Que dois-je voir ? Dans leurs yeux-miroirs, j’aperçois la figure d’un fou, un homme au regard hagard entouré par une foule déchue et vaincue. Mais bientôt le reflet se dissout et c’est moi que je vois dans la surface-miroir ; je sens encore ses lèvres sur les miennes. Combien de temps encore ?

À cette question, je ne possède aucune réponse. Seulement, je m’enfonce chaque fois, un peu plus dans les territoires morts. Pourtant je ne puis me résoudre, encore moins depuis qu’elle me l’a confié. Pénitent, j’arpente le chemin. Le sait-elle ? Parfois, je m’interroge. Dans d’autres temps, quand mon regard croise le sien, que ses yeux ne sont plus que deux puits ténébreux d’où jaillissent des larmes amères au goût de fer, je la serre dans mes bras et lui offre un peu de ma chair, en plus de mon imaginaire. Dans le ciel, une à une, les étoiles s’éteignent ; bientôt se lèvera le soleil.

— Alvaro…

La voix de Loki perce à peine les ténèbres qui m’enserrent. Recroquevillée sur ma poitrine, Mathilde s’assoupit tandis qu’elle emporte avec elle les souvenirs d’une nuit fantasmatique, dont bientôt il ne me restera plus que des bribes.

— L’as-tu vu ? me questionne-t-il.

Étouffés, les sons ne sont plus que murmures indistincts, proférés par une obscure créature.

— Qui ?

Est-ce moi qui parle, ou lui ? Lui dont je crois avoir entraperçu la figure. Il y eut lui, et il y eut lui. D’eux, je ne me rappelle que leurs yeux, brillants, incandescents, deux billes d’argent semblables à des fanaux perdus au milieu d’un infernal brouillard. Abattu, Loki n’ajoute rien, malgré l’air réprobateur qu’il porte sur ma personne. Néanmoins, il connaît les raisons qui me lient et m’empêchent de tenir ma promesse ; le dilemme dans lequel je suis enfermé . Entre deux maux, lequel choisir ?

— Alvaro…

Les yeux vides, Loki me fixe tandis que son bec s’ouvre et se ferme comme s’il n’était plus qu’un automate de chair.

— Tic , tac ! Tic, tac ! Alvaro ricane la voix. Le temps file ! Le temps court ! Il ne t’attend pas. Oh, non ! mais il te dévorera.

Oublieux de la colère qui me gagne, je soutiens le regard flamboyant de l’être jaillit du néant.

— Alvaro ! Il nous dévorera !

L’avertissement n’est plus qu’un murmure, un souffle usé par un combat qui n’a que trop duré ; encore une fois le masque se fissure.

— Que feras-tu ? susurre une voix à côté de moi.

— Que deviendras-tu ?

— Quel choix feras-tu ?

Autour de moi, mes doubles me regardent ; les yeux baissés, je contemple ma femme.

— Ai-je seulement le choix ? soupiré-je.

— Tu ne le sais que trop, chuchote une voix d’outre-tombe. Le temps te manque, nous manque ! Va les voir, elles te montreront le chemin. Il n’appartiendra qu’à toi de l’emprunter.

Encore dissimulé par l’obscurité, j’aperçois la silhouette éthérée d’un homme aux épaules voûtées, comme s’il portait sur lui le poids du monde.

— Qu’avez-vous vu, général ?

Mais la présence a disparu, englouti par les ténèbres. Sans doute est-il déjà trop tard. Hélas, il m’est impossible de franchir le seuil sans sombrer dans les abysses. Je n’ai que trop attendu et la marque s’est étendue. Cependant, je ne me résoudrai pas à lui accorder une fausseté et libérer le monstre qui sommeille en elle. Par la fenêtre, j’aperçois le soleil qui s’élève…

Enfin le jour, pourtant je ne me réjouis pas, car à la fin il n’est qu’une promesse de ténèbres. Mathilde est dans notre lit et moi à mon bureau. Dans ma main, la plume tremble. Combien de temps se sont-ils écoulés ? Combien de mois, de semaines, d’années, de jour ? Dans le dédale de Chronos, je me suis perdu.

Dix jours. Dix jours seulement, nous sommes le 7 mars 1922 ; comme il me paraît lointain.

Dans le reflet de la fenêtre, je l’aperçois encore une fois ; toujours la même scène, le même rituel, le même homme, la même femme… Le ciel est d’encre et le vent fouette leurs visages obscurcis. Leurs lèvres bougent, mais aucun son ne sort de leurs bouches. Lorsqu’ils se regardent, ce n’est que pour contempler leurs regards vides et inexpressifs. Un verre de liqueur à la main, ils échangent un flot de paroles muettes. Soudain, une bourrasque emporte la femme ; l’homme demeure ; entre ses doigts, le verre vole en éclat. Témoin muet, il observe la scène ; le visage froid, vide d’âme et d’émotions, sinon la minuscule larme, presque invisible, qui perle au coin de son œil droit. Pourquoi ne me nargue-t-il pas ? Pourquoi ne me moque-t-il pas ? Achronos, quel est ton secret ?

Dans la pâleur du levant, je contemple mon reflet d’un air triste ; mon teint pâlit chaque jour un peu plus. Loki s’épuise, Ercus aussi.

Trouve-le !

Bien sûr ! Tout semble soudain si simple, si facile, le franchissement d’un seuil, se glisser dans le fleuve, pour un voyage sans retour. Entre mes doigts, la plume lâche prise et tombe sur la surface boisée avec un bruit métallique. Dans ma poitrine, je n’entends plus le son de mon palpitant. Suis-je encore mort ? Suis-je déjà vivant ? Le veut-il seulement ? En fait, que désire-t-il ? Il s’est retourné, la figure enfouie dans les ombres comme pour dissimuler à la face du monde son chagrin. Dans les airs, la femme n’est plus qu’un minuscule point blanc qu’occultera bientôt le jour naissant. Je détourne le regard. Je ne souhaite plus voir, plus savoir. Mais l’innocence est-elle pour autant une récompense ? Les mots s’enchaînent les uns aux autres en d’improbables questions sans réponses.

— Tu es déjà levé ?

Je sursaute ; je ne l’ai pas entendu descendre les marches de l’escalier. Malencontreux, mon poignet a renversé mon encrier et en a répandu le contenu sur les feuilles étalées. Présage, miracle, la tache a épargné la première phrase, en forme de sinistre épitaphe.

À la fin, le jour n’est qu’une promesse de ténèbres.

Derrière moi, le jour se lève, nimbé de rose et de mauve, couleur d’un matin fauve, écrin pour un seigneur dont l’œil sanglant s’élève dans le firmament. Un parfum de glycine et de capucine m’enveloppe, en même temps que ses bras. Mon cœur partagé veut la repousser, mais je m’y refuse. Sur le mur, son ombre s’étire, mais ce n’est pas la sienne.

— Bonjour, Alvaro.

Les yeux tournés vers elle, j’esquisse un sourire que j’espère sincère.

— Quelle heure est-il ? murmuré-je, d’un ton innocent.

— Enfin ! Il est à peine sept heures et nous sommes dimanche. Viens donc te recoucher !, s’exclame-t-elle, une main dans mes cheveux.

— Tu me manques, ajoute-t-elle d’une voix pétrie d’angoisse, comme en proie à un cauchemar.

En cet instant, mon cœur se fige. J’ignore qui me parle, elle… Ou bien elle dont la présence me procure tant de peines. Ma tête contre sa poitrine, je retiens les larmes qui me montent aux yeux. Que ne puis-je la guérir, tout du moins la soulager ! Hélas, je n’ose nommer le mal qui la ronge ; non plus que je ne désire m’introduire dans ses rêves. Un faible sourire éclaire mon visage ; les mots résonnent dans ma tête tandis qu’elle m’arrache à mes rêveries. Tout me semble si lourd d’un coup, mon corps me paraît de plomb et mes articulations gémissent. Sur la surface vernie du bureau, je crois apercevoir sa figure.

— Monsieur Estrango.

Assis dans un vieux fauteuil élimé, je fixe l’homme qui me fait face. Quel âge peut-il avoir ? Le mien il y a plusieurs années ? Le mien, dans plusieurs années ? Sur son front courent des rides d’expression tandis que ses joues et son menton sont mangés par une barbe poivre et sel. Des poches noires sous les yeux trahissent les longues nuits passées à veiller des malades ou des patients au vague à l’âme. Sur le crâne, une légère tonsure se donne à voir. Les lèvres pincées, je le sens inquiet, comme ses paupières se plissent. Debout, il se tourne vers la fenêtre inondée par un soleil au zénith.

— Je ne vous cacherais pas plus longtemps mon impuissance devant le cas de votre épouse, cependant que je doute que vous vous en étonniez. Au fond, n’est-ce pas ce que vous désiriez entendre, à la manière d’un dormeur qui se rassurerait que son cauchemar n’était qu’un mauvais rêve passager et qu’il n’a pas véritablement vécu la terreur ?

Silencieux, il fixe un instant mon reflet dans la fenêtre.

— Aucune médecine organique ne lui sera d’aucun secours et toutes les thérapeutiques de ces charlatans de la Salpêtrière n’y changeront rien.

Presque surpris, je hausse un sourcil.

— Alvaro !

Le ton est sentencieux, presque dur.

— Pardon, docteur Bleuler, mais je vous ignorai aussi vindicatif à leur égard.

Fugitif, je crois voir son regard s’obscurcir, comme un voile noir tomberait sur une toile et l’obombrerait. La mine sévère, il m’observe.

— Alvaro… Mathilde souffre d’un mal dont l’origine m’échappe, cependant que vous semblez désirer taire certains faits. Elle développe des symptômes que j’ai moi-même décrits, il y a de cela plusieurs années, chez des patients souffrants de démence précoce. Néanmoins, elle me donne l’impression d’en épouser les formes ; elle me rappelle le génie de la lampe : je te donnerai à voir ce que tu désires, non ce que je suis.

Les yeux tournés vers elle, je me morfonds, car chaque nuit s’éveille les ténèbres enfouies et le masque tombe. Sous les feuilles, j’aperçois la minuscule carte. Dessus ne figure qu’une adresse, celle d’un établissement dans lequel je n’aurai, pour rien au monde, fréquenté : Le Chabanais.

Nimbée d’obscurité, je la contemple. Ainsi voilée, je ne saurai soupçonner la nature double de son être. De noir est devenu mon âme, d’écarlate s’est teinte la sienne ; marquée par le néant chacune à leur manière. Derrière elle, je crois deviner l’ombre ironique d’un trépassé. Maigre et décharné, tête sur un cou d’oiseau, sa sombre figure balaie la pénombre peuplée par les reflets éthérés de ses victimes disparues. Ses mains sur mon visage, je les embrasse tandis que je retiens les larmes qui montent en moi.

— Viens, mon amour, me glisse-t-elle au creux de l’oreille.

La voix est de velours, l’intention est là, aimante, adroite, et je la suis, perdu dans une nuit qui jamais ne finit. Dans le miroir, j’aperçois mes doubles qui s’en vont. Un à un, ils se retournent, l’air sombre, puis disparaissent avaler par les ténèbres traîtresses ; dans ma poitrine, mon cœur manque un battement et ma jambe trébuche. Mathilde me regarde, surprise. Je lui souris. Une crampe, seulement une crampe. Je la rassure. Est-elle seulement dupe ? Je la suis. Dans l’escalier, j’entends le bois frémir, gémir sous les coups de boutoir de nos pas ; le jour pénètre à peine l’obscurité des lieux. En haut, perché sur le pommeau de la rampe, Loki nous attend ; spectateur muet du pacte qui nous lie. Sa main se resserre sur la mienne ; je tremble à l’idée qu’elle ne découvre le mal qui la ronge.

— J’ai froid, Alvaro. Si froid… murmure-t-elle à l’adresse de la noirceur. Viens me réchauffer, s’il te plaît.

Ses mots glissent sur ma chair comme autant de lames qui me lacéreraient. Qui me parle ? Elle ou son reflet dans les ténèbres ? Dans la fenêtre, j’aperçois son visage, apeuré et mélancolique ; du bout des doigts, je caresse les courbes de son visage et retiens la larme qui s’échappe. Soudain, la nuit est de nouveau là, le temps s’affole et les horloges deviennent folles, cependant que de sa chrysalide émerge la créature divine. Penchée sur ma personne, elle ouvre la bouche et me murmure quelques mots. Hélas d’entre ces lèvres, ce ne sont ni des sons ni des mots qui jaillissent, mais un cri strident qui m’assourdit tandis qu’elle s’évanouit et avec elle me trouble vision.

— Alvaro ? Tu sembles tout chose, souffle Mathilde le regard levé vers moi.

Chose ? Je le suis entre les mains de mon épouse et de son ombre. En échange, j’esquisse un sourire que j’espère sincère.

— Ce n’est rien ! Seulement, un léger étourdissement, la rassuré-je.

Par la fenêtre, j’aperçois de nouveau le soleil qui se lève ; promesse d’un jour éphémère. En haut des marches, Mathilde m’attend ; sa main d’albâtre posée sur la rampe de l’escalier, un sourire dessiné sur les lèvres. Ma vue se brouille ; dans ma poitrine, mon cœur étouffe sous le poids de ses propres ténèbres. Mon corps alourdi de la culpabilité qui le ronge, je me meus sans grâce, posant un pied après l’autre sur les marches.

— Combien ?

— Combien ? répète-t-il.

Ses yeux pâles me dévisagent. Un rayon de soleil s’est glissé dans la pièce et éclaire son visage, soudain cireux.

— Deux, peut-être trois… laisse-t-il s’échapper d’entre ses lèvres décharnées.

— Ans ?

La bouche pincée, il secoue la tête ; il n’ose plus parler comme si le poids des mots était devenu tout à coup trop lourd.

— Alvaro…

Mathilde m’enserre de ses bras délicats, mais je n’ose lui rendre cette étreinte que je devine fatale au bout du chemin. Sa tête posée sur ma poitrine, je caresse la chevelure ébène d’une créature que je sais ne plus être humaine. Comme il suffirait de peu ; elle est si fragile. De la pénombre surgissent mes ombres en procession. Les yeux vides, elles marchent en silence, sans un regard pour les protagonistes que nous sommes.

— Allez-vous en ! murmuré-je d’une voix étouffée par les sanglots. Allez-vous en ! Je ne serai pas son bourreau !

— Mois !

Sa réponse me glace. Cependant, pourquoi ? Je contemple ma main, elle est pâle, presque décharnée ; je ne suis plus que l’ombre de moi-même.

— Bien sûr, soufflé-je.

Entre mes doigts, la carte passe et repasse.

— Qui dois-je demander ? lancé-je à la dérobée.

Le docteur Bleuler me fixe de ses yeux gris ; il me semble remarquer la trace d’une bague à son auriculaire droit.

— Personne ! Vous passerez seulement la à la préposée à l’accueil.

Le ton est froid, presque glacial, mais ce n’est qu’un masque pour mieux dissimuler l’inquiétude qui l’étreint.

— Ah ?

— Que me dissimulez-vous, docteur ? murmuré-je en moi-même.

Il sait que je sais ; nous savons que nous savons. À quel jeu jouons-nous ?

Le soleil élève ses rayons ; midi sonnera bientôt. Midi, minuit, une bien curieuse alchimie.

Muettes, elles se retirent. Au fond de leurs orbites vides, je devine la nuit. D’un index accusateur, elles me désignent. Autour de son cou, mes doigts se referment ; peu, si peu, il me suffirait de peu. Sous la peau, je sens les flots du fluide vital, ensuite je serai là, figé entre ciel et terre, oublieux de toute misère. Mais la corde est absente, nul pistolet ne repose sur ma tempe. Soudain, entre mes bras, Mathilde se fait lâche et le chiffon imbibé de chloroforme tombe sur le sol avec un bruit mou. Dans la pénombre, les ombres s’effacent à mon passage tandis que je transporte mon épouse dans notre chambre nuptiale. Spectre grimaçant, je la couche sur un lit aux allures de gisant.

— Froid ! Si froid, marmonne-t-elle dans son demi-sommeil, alors que je rabats sur son corps une couverture épaisse en laine d’Écosse.

— Es-tu prêt ? murmure une voix derrière moi.

Debout, face à la fenêtre, les mains croisées dans le dos, il scrute son reflet ou du moins m’en donne-t-il l’impression.

— Pourquoi cet établissement, docteur ? l’interrogé-je.

— Éprouveriez-vous quelques gênes, mon cher ?

J’ignore si je rougis, mais je crains de ne m’être trahi si j’ai pu en juger par l’imperceptible mouvement de ses lèvres.

— Allons ! Ne me faites pas croire que l’idée ne vous a jamais effleuré !

Comme je demeure muet, il esquisse un brusque mouvement de tête, mais se ravise.

— Ah ? Sans doute est-ce mieux ainsi. Dommage ! Il est parfois des choses que tout homme se doit de goûter dans sa vie. Enfin, excusez-moi pour cette malheureuse digression, Alvaro. Je n’ai pas répondu à votre question. Ma foi, la chose est fort simple : un secret n’est jamais mieux gardé que par ceux qui sont censés le découvrir, surtout quand il ignore qu’il est sous leur nez.

Je ne peux retenir un sourire.

— Que diriez-vous d’une promenade dans les jardins, Alvaro ? Le fond de l’air est encore frais, mais le soleil haut. Nous aurons tout le loisir de deviser des choses du monde.

Je relis encore une fois l’adresse qui figure sur l’en-tête du carton : 12, rue Chabanais. En dessous, gravé et rehaussé d’une fine dorure, le visage aguicheur d’une jeune femme aux yeux trop pâles.

— Je ne sais pas.

— J’insiste.

La bouche en cœur, le docteur Bleuler me pose une main amicale sur l’épaule ; sa prise est ferme comme une invite que l’on ne saurait refuser.

— Vous me paraissez bien pâle. Un peu d’air frais vous fera le plus grand bien, d’autant plus que toutes les glycines sont en fleurs ; un spectacle rare qu’il serait fort dommage de manquer, ajoute-t-il.

En mon cœur sourde une douleur que rien n’apaise. Combien de temps cela durera-t-il encore ? De ma poche, je retire le flacon. À l’intérieur, une liqueur aux reflets argentés s’agite avec frénésie. Depuis combien de temps n’en ai-je point absorbé ? Et quel effet cela aurait-il à présent ? La terreur me retient. D’entre mes doigts, la fiole s’échappe ; personne ne la rattrapera.

— Alvaro !

Le ton de sa voix me surprend presque tant il semble soudain pesé, comme si chaque mot était devenu un boulet de plomb.

Sous les frondaisons d’une glycine chargée de monumentales grappes florales, le docteur Bleuler me tourne le dos. Je devine sa figure de nouveau penchée en direction de la fenêtre de son bureau. Pourquoi ? Sa main dextre plonge dans l’intérieur de sa veste et en ressort porteuse d’un cigare qu’il allume sans attendre.

— Comment va ton cœur ?

Je sursaute ; la voix n’est plus la même, je crains de la reconnaître. Dans ma poitrine, le palpitant se glace et le souvenir d’une main noire plongée dans le poitrail ressurgit. Au-dessus de ma tête, la brise agite les calices graciles, tandis que se répand leur parfum apaisant. Avec lenteur, je le vois qui se retourne et je découvre le visage d’un homme rongé par la culpabilité, ravagé par le vice, mais qui n’aurait jamais vieilli. Derrière ce masque d’épouvante, j’en devine un autre, bien plus terrible encore que je n’ose affronter plus longtemps.

Agenouillé sur le plancher, la main posée sur une canne en bois d’ébène, j’en devine la mine sévère ; un instant il me tance du regard, puis se relève, la précieuse fiole entre les doigts. Je ne le reconnais pas ; je ne le connais tout simplement pas. Sur son visage, un loup de soie noir dissimule ses traits ; je ne découvre que ses yeux ardents eux-mêmes à l’abri derrière une paire de verres bleutés.

— Pas ici ! Pas maintenant ! me chuchote-t-il à travers les ténèbres.

— Pour…

Mais je n’achève pas ma phrase, car il a posé son index sur mes lèvres, tandis que d’un geste il désigne l’obscurité. L’obscurité, ou bien la forme gisante dans le lit, entourée par ses deux gardiens ?

— Alvaro ? Alvaro ?

Des lumières papillonnent dans mes yeux, mes oreilles bourdonnent tandis que ma tête résonne comme une cloche.

— Vous m’entendez, Alvaro ?

Au travers de mes paupières, je devine la silhouette et les traits familiers du Docteur Bleuler, le front souligné par des rides inquiètes.

— Je crois, marmonné-je, les restes d’une douleur fulgurante dans la poitrine et la mâchoire.

— Combien ai-je de doigts ?

Dans mes yeux, des étoiles dansent et brouillent ma vision.

— Trois…

— … Alvaro.

Ces paroles ; de nouveau je les entends, échappées d’un gouffre sans fond. Derrière la douleur, je devine la couleur. L’homme se redresse, toujours appuyé sur sa canne dont je ne fais qu’entrevoir le pommeau. Du regard, il balaie la chambre ; je crois apercevoir une larme au coin de son œil alors qu’il se détourne de la forme couchée sur les draps. Silencieux, il m’examine puis hoche la tête, un pli soucieux se dessine sur son front.

— Les routes sont infinies et chaque choix que l’homme fait l’ampute ; la nature est ainsi faite, murmure-t-il dans un souffle. Lequel feras-tu, Alvaro ? Me suivras-tu ou fuiras-tu ?

Derrière ses verres, ses prunelles se consument d’un feu glacial tandis que convergent vers sa personne mes doubles obscurs.

— Où iras-tu ?

— Quelle route emprunteras-tu ?

— Qui choisiras-tu ?

Leurs voix monocordes bourdonnent à mes oreilles tandis qu’un à un ils disparaissent. En face de moi, son regard est celui d’un homme inquiet, en proie à la tristesse et à la détresse.

— Combien ?

Sa voix, elle semble comme contrefaite, comme venue d’un lointain passé, à moins que ce ne fût le futur.

— … ois, Alvaro.

Le docteur Bleuler est là, à mon chevet. Je suis étendu sur un lit frais ; les draps sentent l’encaustique et l’éther. À sa figure, je devine la nature du mal qui m’affecte ; dans sa main il tient avec précaution une minuscule fiole emplie d’un liquide incolore et épais.

— Qu’est-ce que c’est ? balbutié-je tandis que je pointe un index en direction de sa main.

Mais il demeure silencieux, les lèvres pincées comme pour marquer sa désapprobation ou sa résignation.

— Un remède et un poison, Alvaro, murmure-t-il, les yeux dans le vague.

— Sans doute cela vous sauvera-t-il, sans doute cela vous tuera aussi, reprend-il, le visage tourné en direction d’un massif de rosiers.

Je le sens qui me glisse dans la paume la minuscule fiole.

— Pas plus d’une goutte à la fois et seulement lorsque vous la douleur reviendra.

Intrigué, je l’ouvre, mais aucune odeur ne s’en dégage, sinon un léger parfum de camphre. Avec précaution, je penche le flacon, mais il m’arrête.

— Le produit est stabilisé, cependant il n’en demeure pas moins extrêmement dangereux.

— De la nitroglycérine, n’est-ce pas. J’ignorai qu’elle entrait désormais dans notre pharmacopée.

— En effet… Si nous ignorons tout de son mode d’action exacte, nous ne pouvons que nous féliciter de ses effets spectaculaires pour des gens comme vous, me rétorque-t-il, un index pointé vers ma poitrine.

Muet, je soutiens son regard, son regard qui sans cesse s’échappe.

— T’y es-tu rendu ?

Un frisson glacé me parcourt l’échine, comme mes yeux glissent vers la forme allongée dans le lit. Ercus, Loki, ils ne sont plus que de vulgaires pantomimes à qui un démon auraient insufflé la vie.

— Oui, soufflé-je.

Au creux de mon estomac, je sens la nausée s’installe. D’abord lent mouvement de balancier, puis vagues scélérates et écarlates.

— En es-tu certain, Alvaro ?

Navré, Loki me couve du regard. Assis à la terrasse d’une brasserie je contemple la façade de l’établissement ; un immeuble austère percé de quelques larges fenêtres. C’est seulement à peine si je remarque les allers et surtout les venues de personnages, tous plus vêtus des habits les plus luxueux et les plus riches. J’eus pris par précaution ma paire de lunettes éthériques, présent d’un ami cher dont je m’interroge désormais sur les secrets. Néanmoins la chose est inutile, car je ressens sa présence ou du moins son écho ; je m’attends presque à le voir surgir du bout de la rue et entrer dans cet établissement. Mais il est mort ; sa tête n’a-t-elle point chu sous l’effet du couperet. Sa tête sans doute, sa tête…

« Ah monsieur le Président ! Vous qui parlez avec tant d’élégance de ma tête, comme je regrette de n’en avoir qu’une à vous offrir. »

Sa tête, mais non son ombre, cette chose dissimulée dans l’outre-monde.

— Hélas, Loki, soupiré-je.

— Et le docteur Bleuler est un chenapan de la plus belle eau, ajouté-je à mi-voix, tandis qu’un serveur en livré s’approche de ma table.

— Qu’est-ce que monsieur prendra ?

— Une eau de Perrier, je vous prie.

— Respire, Alvaro !

Sa voix est ferme sans paraître autoritaire, mais la nausée bloque mon diaphragme et me plie. Depuis ma gorge, s’échappent de douloureuses et fétides éructations. Soudain, un verre apparaît sous mes yeux.

— Bois ! m’ordonne-t-il sans animosité.

L’eau est fraîche, malgré un arrière-goût dont je n’arrive pas à identifier la nature.

— De la psilocybine. J’en ai ajouté à ta boisson. Rassure-toi, tu n’en ressentiras aucun malaise et tu ne seras victime d’aucune hallucination, la dose est bien trop faible, me lance-t-il comme je fronce les sourcils, soudain soupçonneux. Mais cela chassera la migraine qui point.

Indécis, je contemple le verre que m’apporte le garçon en livrée ; il me semble apercevoir derrière lui une ombre familière, mais ce n’est là que le reflet d’un attelage dans la fenêtre qui s’éloigne, emportant avec lui ses secrets. Il est mort. Un matin de février, j’ai vu sa tête chavirer, puis choir. Pourtant, il se tenait là ; un trou dans la réalité. Lui aussi contemplait la scène, détaché, presque amusé. Les choses devaient en finir ainsi puisqu’il était incompris des hommes et ils l’auront puni parce qu’ils auront eu peur de lui. Indifférent, il regardait les aides démonter la veuve, tandis que des officiers emportaient son cadavre et sa tête couchés dans son panier en osier, puis s’en alla.

— Alvaro ?

Surpris, je sursaute presque, rattrapé par le chaos et les cris des vendeurs de rue. Le serveur a disparu le verre trône sur la table, nu, esseulé. Le long de la paroi, les bulles se détachent et remontent à la surface. Parfois, elles s’accrochent, mais à la fin toutes éclatent, comme cette sphère noire qui s’échappe et explose, ouvrant une faille sur un autre au-delà.

— Oui ?

Loki me regarde, ou du moins m’en donne-t-il l’impression, car suis-je encore moi-même. Est-ce moi qui suis assis à cette table, en face d’un établissement de charme, à la recherche d’une chose dont je semble tout ignorer tout ? Je crois me saisir de ma boisson, mais ma main passe au travers ; je ne suis qu’un écho. Devant moi, un autre le prend et le porte à ses lèvres. Pourtant, je sens la fraîcheur de l’eau, le pétillement des bulles qui éclatent sur la langue, le frétillement de l’estomac à son contact. Oui, je ressens tout cela et je n’en suis pas ; je ne suis pas. Les sensations flottent à la lisière de mon esprit ; je le vois, il me tourne le dos. Mais est-ce lui ou bien un autre ? Personne ne me le soufflera.

— Non ! Personne.

A-t-il lu dans mes pensées ? Je m’étonne.

— Peut-être.

Sa voix résonne à la manière d’un écho, à moins que ce ne soit un effet de la boisson qu’il m’a ordonné d’avaler. La migraine a disparu et Mathilde dort d’un profond sommeil. Soudain serein et apaisé, je me saisis de la main qu’il me tend ; elle est étrangement froide, mais non de la manière que serait celle d’un mort. Un sourire singulier semble se dessiner sur son visage, malgré le voile noir qui le recouvre.

— Ou pas, ajoute-il d’un ton énigmatique.

Je le vois, son regard me transperce et me glace, indifférent à ma présence ; une femme l’accompagne, élégante et racée. Je les aperçois qui s’éloignent, étranger à la foule qui les entoure. Portés par le flot, ils disparaissent bientôt ; seules leurs ombres s’accrochent encore.

— Alvaro ?

De nouveau, la voix jaillit et je sursaute. Un oiseau étrange me dévisage. Ma main se détache, je ne suis plus là pour la commander, et s’en vient le rassurer ; il est un familier.

— Oui ?

La voix est monocorde, celle d’un homme d’âge presque mûr. Je suis là et au-delà à la fois. Je me vois agir. Suis-je devenu mon propre marionnettiste ?

— Non, Alvaro ! Tu es seulement prisonnier de l’écho du présent, me souffle quelqu’un. Ce que tu vis s’est déjà produit, mais ne s’est pas encore accompli. Le temps balbutie, Alvaro.

— Que cela signifie-t-il ? demandé-je incrédule.

— Rien et tout à la fois, me rétorque-t-il.

Automate, je lui rends le verre qu’il m’a offert. Derrière ses bésicles, je devine les sentiments qui l’agitent. Il me connaît, je le connais, encore plus intimement que pourraient l’être deux frères qui n’auraient pour eux aucun secret.

— Il ne m’appartient de t’en donner la réponse, je ne puis que te montrer le seuil ; il ne tient qu’à toi de le franchir.

Derrière lui, les ombres s’agitent. Les miennes ? Les siennes ? Elles se confondent et l’oiseau au regard indéchiffrable, de nouveau, m’observe, m’obsède.

Je glisse quelques piécettes dans la soucoupe ; le prix de ma boisson et un pourboire honnête. Sur le rebord de la table, Loki se dandine comme si de rien n’était. Je suis à nouveau moi, à nouveau là ; mes doigts s’amusent avec la carte sur laquelle une main maladroite à griffonner un nom : Danae ; amante de Zeus et mère du héros Persée. Une brise légère se lève et manque de peu de me l’arracher. Alors que je la ramasse, mes yeux se posent sur la porte en chêne du numéro douze de la rue Chabanais ; elle se referme sur un couple avenant, haut de forme et queue de pie pour lui, zibeline et hermine pour elle. Soudain, elle se retourne et nos regards se croisent ses lèvres s’étirent en un sourire plein de sous-entendus, pendant que son compagnon me lance une œillade pour le moins suggestive, tandis que le panneau glisse sur lui-même.

— Danae, murmuré-je entre mes dents.

— Tu as dit quelque chose ? me lance Loki, fort occupé à picorer les miettes qui traînent sur la table.

— Peut-être, soufflé-je.

De l’autre côté, la porte s’est refermée.

— Alors Alvaro, quelle est ta décision ?

Sa voix grave résonne dans la pénombre à la manière des flammes qui illuminent le fond de ses yeux. Mon regard se coule en direction de la couche ; des ombres dansent sur le mur.

— Que se passera-t-il ensuite ? chuchoté-je, de peur de réveiller la créature assoupie.

— Ensuite…

Les mots meurent sur ses lèvres ; je les devine qui tremblent.

— Ensuite… le temps se lysera et tu sauras… ou tu te perdras.

Au fond de ses prunelles, le feu couve toujours, farouche. Qu’ont-ils vu ? De nouveau, un sourire se dessine sous la feutrine.

— Je ne te répondrai pas, Alvaro ; tel n’est point mon devoir, me susurre-t-il au creux de l’oreille.

Une porte s’est refermée. Mais laquelle ? Au numéro douze, un couple entre ; je crois surprendre l’œillade complice de l’homme.

— Qu’est-ce qui vous retient ainsi, monsieur le détective ? semble me souffler une voix. Je jurerai qu’elle fut sienne, si je ne le voyais point disparaître derrière le battant. Dans la rue, les habitués déambulent comme si de rien n’était ; les couples, les fiacres, les personnes esseulées, tout fait partie du même décorum, comme une pièce qui sans cesse se rejouerait, avec ses rites, ses rythmes, ses signes. Un instant, je contemple mon verre vide et les pièces jetées à la diable dans la coupelle ; tout paraît soudain si irréel ; intemporel. Je crois que si je me levais tout s’arrêterait. En effet, le mystère est devenu le maître ; les lèvres bougent, mais aucun son ne sort, des disputes éclatent, des verres volent en éclat et, dans le ciel, le soleil est de couleur vermeille.

— Oh ! Vous savez je n’existe plus ; ma tête a chu un matin par temps clair. Ne demeurent que les échos.

Silencieux, je soutiens son regard, ses yeux si puissants, si séduisants. Nonchalant, il observe la façade innocente du numéro douze, puis se détourne.

— Mais, ce n’est pas moi que vous êtes venu chercher. Oh non ! Surtout pas. Ce serait une méprise fort regrettable que de penser les choses ainsi. Au fond, je me pose la question. Que suis-je ?

Son regard dérive, comme absent, puis s’en revient ; un sourire étrange dessiné sur les lèvres.

— Oui que suis-je, sinon une expérience ? Pas la première, non plus la dernière. Une bien belle expérience, tout de même.

Son visage se tourne vers la bâtisse.

— Et eux… Que cherchent-ils ? Que veulent-ils ? Sans doute ce que tous les hommes de puissance ont désiré auparavant ; la connaissance.

Il hausse les épaules, semblablement indifférent. Un fiacre s’arrête avec brutalité devant la porte et un élégant en descend avec précipitation puis s’engouffre par la porte entrebâillée.

— Mais lui ? Lui, c’est une énigme, un mystère ; le dernier mot.

Autour de nous, le temps semble reprendre sa course ; il hésite, il hoquette, comme un souffle qu’il ne trouverait pas. L’écho devient double, sa substance s’écoule, s’écroule ; il n’est plus qu’une impression floue dans le tissu de la réalité délitée, remplacée par une autre vision.

Je soutiens le regard de cet être qui me fait face. Est-il de chair et de sang ou bien de miroirs et de fumées ? Derrière ses lunettes aux verres fumés se déploient les visions d’une chimère devenue rêve.

— Tu t’interroges ; la curiosité té dévore. Que suis-je, moi ? Pourtant, tu auras deviné sans peine. La vérité est-elle si inconcevable que tu la refuses. Allons ! Je n’en croirais pas un mot.

Miroirs et fumée ; j’observe mon reflet dans ses yeux de verre.

— Je vous en prie, monsieur. Après vous, je ne saurai vous brûler la politesse.

Exquis, la voix onctueuse, le portier s’efface derrière le battant et m’invite à le suivre.

— Welcome to the Chabanais, monsieur ! Monsieur est nouveau, je suppose ? C’est la première fois que je vous rencontre.

— En effet, murmuré-je, impressionné malgré moi par la beauté et le raffinement des lieux.

Derrière moi, la porte se ferme, l’homme a disparu, avalé par les ténèbres environnantes. Plongé dans une semi-obscurité, je découvre un tronc sculpté dans une colonne de pierre qui soutient la voûte d’une grotte artificielle. Au fond, un panneau en bois de chêne, incrusté de ferrures en forme de sphinges, nous contemple. Au-dessus, un panneau se balance en silence. Décoré d’angelots et de satires, il nous souhaite la bienvenue, dans la langue de Shakespeare. À droite, un escalier de marbre blanc se hisse vers les hauteurs mystérieuses, d’où jaillissent des conversations audacieuses entrecoupées de rires. Soudain une ombre surgit et m’interpelle :

— Si monsieur veut bien se donner la peine de me suivre, murmure un métis à la voix profonde et grave. Je crois que vous venez ici pour la première fois ; je ne vous ai encore jamais vu.

Habillé d’un impeccable costume queue de pie, il me semble apercevoir des plis soucieux au sommet de son front.

— Est-ce que nous nous n’aurions point quelque commune connaissance ? soufflé-je à son attention, comme le panneau de bois s’ouvre et laisse le passage à un homme dont les traits laissent paraître la chair satisfaite.

— Je ne crois pas, monsieur. Nous n’avons pas le plaisir de vous compter parmi nos connaissances, non plus que votre corbeau. Croyez bien que je le regrette.

L’homme s’est avancé et son visage n’est plus obombré par la pénombre. Son loup a disparu, mais non ses yeux toujours dissimulés derrière ses verres fumés.

— Alors, Alvaro ?


Texte publié par Diogene, 12 juillet 2019 à 14h11
© tous droits réservés.
«
»
tome 3, Chapitre 5 « Chapitre 3 - Miroirs et Fumées » tome 3, Chapitre 5
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2624 histoires publiées
1172 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Yedelvorah
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés