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– Dis donc Alvaro. Combien de fois devrons-nous, nous, rendre au Louvre ?

– Pourquoi cela ? Je te pensais friand d’art et piqué de curiosité.

– Bien sûr ! Bien sûr ! Mais depuis deux mois, que nous nous rendons seulement là, je commence à m’ennuyer. Ne pourrait-on pas aller au Palais de la Découverte ou dans les parcs du Montparnasse.

– Et tu voudrais que madame de Saintonge garde le visage de Méduse ou la Liberté guidant le peuple, le visage de Louis XIV.

– Et pourquoi pas? Allons, ne penses-tu pas en avoir déjà fait assez ?

Je regarde défilé le paysage par la fenêtre du fiacre, puis je lance soudain au cocher :

– Au Jardin des Plantes, mon brave !

– Comme vous voudrez, m’sieur.

Aussitôt la voiture s’est détournée de sa route initiale, vers les quais de Seine. Je ne pense pas que madame Bourgueuil m’en tiendra longtemps rigueur. Elle sait que je suis le seul à pouvoir parler à toutes ces œuvres et à les convaincre de reprendre leur place d’origine. Pourtant, j’en connais qui ne sont pas mécontentes de leur sort ou de celui de certaines.

– À quoi penses-tu ?

– Je me rappelle ce que m’a dit le tricheur à l’as de carreau de Latour, quand il a échangé sa place avec le jeune homme de la Balançoire de Fragonard. Jamais, il n’avait eu aussi belle vue.

– Mais quel coquin fais-tu !

Fin