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tome 1, Chapitre 12 tome 1, Chapitre 12

*Luna*

- Qu’est-ce qu’elle fait là ?

Yule dévisageait leur nouvelle recrue comme si elle était une extraterrestre. Il était évident qu’il avait du mal à comprendre ce qu’il se passait et cela à juste titre. Luna non plus n’en revenait pas.

- Dis bonjour à ton nouveau sbire. Lança Thomas, en faisant un geste méprisant en direction de Luna.

Lune ne releva pas, la méprise de Thomas envers elle était récurante. Elle préféra parcourir la pièce du regard. Ils étaient descendus au troisième étage. Ce dernier était moins luxueux que le quatrième mais une certaine élégance s’en dégageait malgré tout. Les murs étaient peints en blanc, le parquet était recouvert d’un tapis rouge et entre chaque portes, répartie dans la longueur du mur, des appliques murales éclairaient de petits pots de plantes fleuris.

Elle avait suivi Thomas dans le couloir, jusqu’à la porte la plus au fond. La pièce dans laquelle ils étaient entrés était similaire à celle dans laquelle elle avait rencontré Gilles, à la différence qu’il n’y avait pas autant de fenêtres. Le bureau était également placé face à la porte d’entrée et un canapé en cuir était calé contre le mur de gauche.En rentrant, Luna avait tout de suite reconnu Yule, assis sur le sofa, paperasse à la main.

- Un sbire ?

Yule éclata de rire laissant apparaitre de belles dents blanches, bien alignées. Il était vraiment en tout point magnifique.

- A quoi veux-tu qu’elle me serve ? Elle ne connait rien au monde de mafieux c’est évident en la regardant. Tu devais t’en débarrasser Thomas.

- Ouais je sais. Grommela Thomas. C’est une longue histoire, elle m’a repéré, j’ai dû improviser. Je te raconterai.

Yule dévisagea Thomas, puis Luna. Quelque chose sembla le choquer. Son sourire disparut pour laisser place à un air interrogateur.

- Elle t’a repéré ?

- Je sais… soupira Thomas.

Les deux mafieux parlaient de Luna comme si elle n’était pas là. Elle voulut y remédier en se raclant la gorge, timidement. Yule se tourna vers elle. Elle en profita pour murmurer.

- Je suis sure que je peux vous être utile. Je ne veux juste pas mourir.

Thomas roula des yeux et plaqua une main sur son front.

- Et voilà qu’elle recommence.

Elle savait qu’il était exaspéré par son envie de survivre. Agacée à son tour, elle fronça les sourcils, mais ne dit rien. Thomas s’approcha d’elle, menaçant.

- Je t’assure que tu aurais préféré mourir plutôt que d’intégrer La Maison. Tu as agi comme une idiote.

Piquée, Luna releva la tête et plongea son regard, hésitant, dans celui du mafieux qui souhaitait sa mort à tout prix.

- Mourir ? Alors que je ne le mérite même pas ? Pourquoi vouloir ma mort à ce point ?

- Les ordres sont les ordres. La vie dans un gang est pire que l’enfer. Il ne fallait pas nous suivre cette nuit-là, ça t’aurait bien évité des ennuis.

- Et comment voulais-tu que je le sache ?! Je voulais seulement te rendre ton portefeuille.

Yule sourit en voyant Luna s’agiter. Elle, qui jusqu’alors était restée courtoise, s’agaça et passa au tutoiement. Thomas balaya l’air de rage, il tourna le dos à Luna, en passant une main sur sa nuque.

- Tu t’es jetée dans la gueule du loup ma pauvre fille. Tu ne tiendras pas deux minutes ici.

Plus en confiance, Luna bomba à nouveau le torse afin de se donner un minimum de convenance. Avec un air faussement déterminé, elle clama :

- Eh bien vous allez devoir m’apprendre à m’adapter à votre monde. Hors de question de mourir pour une chose pareille. Dites-moi tout, comment doit-on réagir dans un monde comme le vôtre ? Quels sont les mots justes ? Que ne doit-on pas dire pour ne pas se prendre de balle dans la tête ? A qui …

Thomas ne la laissa pas finir, il se retourna en moins d’une seconde et plaqua sa main sur la bouche de la jeune femme, le regard noir. Ses yeux brulaient d’une rage difficilement contenue. Si Luna avait eu un semblant d’assurance quelques secondes plus tôt, tout cela parti en fumée en moins de temps qu’un battement de cils. Il serra son emprise autour de ses joues roses. Il avait de la poigne, ça ne faisait aucun doute. Sa main était bouillante. Il articula:

- Tu vas la fermer maintenant. Les gens comme toi m’insupportent vraiment. Tu te penses dans un livre ou un jeu vidéo ? Tu penses qu’avec un peu d’entrainement tu vas devenir un monstre dans notre domaine ? Réveille-toi ma vieille, on est dans la vraie vie ici. Tu veux savoir ce qu’il faut faire pour survivre ? Tais-toi, courbe la tête, encaisse les coups. Je ne veux pas t’entendre pleurnicher, vomir ou grincer des dents. Si l’on te bat, tu serres la mâchoire en silence. Si l’on t’insulte tu baisses les yeux. Si on te méprise, tu ravales ta fierté. Compris ?

Le brasier allumé dans les yeux de Thomas ravisa Luna de lui tenir tête. Elle eut du mal à hocher la tête. Même si leur première rencontre à l’école ne lui avait pas laissé une bonne impression, elle préférait malgré tout le jeune homme polit faussement amical que l’homme furieux auquel elle faisait face.

Il relâcha son emprise laissant des marques rouges sur la peau de Luna puis il s’installa à son bureau.

La jeune professeure resta immobile un instant, les yeux rivés au sol. Elle finit par se frotter les joues endolories. Yule se rapprocha et posa une main qui se voulait réconfortante sur son épaule. Elle leva les yeux dans sa direction, hésitante. Il lui murmura, chaleureusement :

- Ta vie va devenir compliquée à partir de maintenant. Sois forte.

Yule semblait plus sage et bienveillant mais elle se rappelait parfaitement son pied posé sur la tête d’une des brutes bien amochées du bar. Même s’il ne le montrait pas, il était du même acabit que Thomas. « Se faire discrète » se dit-elle. Elle savait le faire. Pour survivre, tout ce qu’il fallait faire était restée discrète, ne pas faire de vagues, exécuter les ordres qu’ils allaient lui donner.

Yule la poussa gentiment vers le canapé et l’incita à s’assoir. Le jeune homme au chignon lui afficha un dernier sourire avant de se tourner vers Thomas, qui avait déjà le nez plongé dans des documents, le visage plus grave.

- On a eu des nouvelles de l’explosion à l’entrepôt. La mémoire du gars retrouvé à moitié mort s’est éclairci. Il se souvient maintenant du visage de la fille à qui il a eu affaire. On a fait des recherches et on a finalement réussi à trouver son identité.

Luna tendit l’oreille. Il lui fallait tout comprendre au plus vite en posant le moins de questions possible.

- On sait qui c’est ? Demanda Thomas en relevant le nez de ses papiers.

- Elle s’appelle Lili. Elle est connue des services de police pour vol, escroquerie et elle aurait planté un mec dans une bagarre de rue qui aurait mal tourné.

- Avec un historique pareil, je ne serais pas étonné qu’elle fasse partie d’un gang ennemi. Continuez vos recherches et trouvez là. Ramenez la vivante. Elle n’agit pas seule. Il y a une autre femme.

Le téléphone de Yule résonna dans la pièce, il s’excusa auprès de Thomas, jeta un regard en direction Luna, toujours assise, droite comme un i, il lui fit un clin d’oeil furtif puis quitta la pièce en décrochant.

Luna resta immobile, seule avec Thomas, toujours plongé dans ses papiers. Elle l’observa en silence. Il n’était plus aussi énervé qu’auparavant, elle nota cependant ses épaules raides et figées. Etait-il toujours aussi tendu ? Lorsqu’ils s’étaient rencontrés pour la première fois, elle avait décelé une méfiance chez le frère de son étudiante, elle savait maintenant d’où cela venait.

Une bonne heure passa en silence, Thomas était toujours en train de signer et lire de la paperasse et Luna ne s’était pas relâchée d’une semelle. Son dos lui faisait maintenant un mal de chien. Mais elle ne bougeait pas, elle savait qu’elle ne devait pas faire de faux mouvements. La nuit commençait à tomber. Luna voulait partir. Le bruit de la chaise de bureau résonna et la sortit de ses pensées. Son regard croisa les yeux marron de Thomas qui la dévisageait, condescendant. Sans lui adresser un mot il lui fit un signe de tête, lui indiquant de se lever. Ce qu’elle fit immédiatement.

Il tira un tiroir et en sortit une arme à feu luisante, qu’il plaça à l’arrière de son pantalon. Il enfila sa veste kaki et se dirigea vers la sortie. Lorsque Luna vint se placer à côté de lui, il lui indiqua, glacial:

- Ne marche pas à mes côtés, marche derrière. Mais restes assez proches pour entendre ce que j’ai à dire lorsque je parle.

Sans un mot, Luna envisagea la distance suffisante puis vint se placer derrière lui, à moins d’un mètre. « Ne pas faire de vagues » se répétait Luna, vexée. Le jeune homme ouvrit la porte et s’engagea dans le couloir.

- Je n’ai pas le temps de t’expliquer qui est qui, pour le moment tout ce que tu dois savoir c’est qu’on travaille tous pour Cifford. Il est le boss du gang dans lequel tu viens t’engager : La Maison. Il n’y a pas vraiment de raison pour que tu le croises un jour mais si ce jour vient, tu le reconnaitras immédiatement.

Bien que Thomas ne pût la voir, Luna acquiesça en silence. Elle se demanda à quoi pouvait ressembler le patron d’un gang mafieux. Elle l’imagina titanesque, acariâtre, des traits disgracieux et un regard lubrique. Thomas continua.

- J’ai un rendez-vous avec la femme du chef de police, tu vas m’accompagner. En revanche, je ne veux pas t’entendre.

Ils arrivèrent à la porte de l’ascenseur. Luna savait que la mafia était de mèche avec une partie corrompue de la police. Mais les époux et épouses étaient donc aussi concernés. Est-ce que la femme du chef de police était dans la même situation qu’elle ? Avait-elle eu le couteau sous la gorge et, dans la panique, avait-elle proposé ses services ? Quelle stupide idée… L’instinct de survie nous pousse certaines fois à faire absolument n’importe quoi. L’ascenseur retentit et ouvrit ses portes sur un homme en costard, la vingtaine d’années, qui s’inclina et s’écarta en voyant Thomas entrer. « Il est vraiment quelqu’un d’important ici » songea Luna.

L’homme bien habillé s’adressa respectueusement à Thomas.

- Les corps ont été éliminés en tout discrétion Monsieur.

- Très bien.

Les muscles de Luna se crispèrent. De qui parlaient-ils ? De qui venaient-ils de se débarrasser ? Luna n’en sut pas plus, le reste de la descente se fit en silence..

Luna et son nouvel employeur arrivèrent devant une entrée d’hôtel luxueuse. Il s’agissait du nouvel hôtel ouvert il y a peu en ville, la soirée d’inauguration avait fait grand bruit puisque de nombreuses personnes fortunées s’y étaient retrouvées.

Le hall était immense, un énorme lustre qui devait coûter une fortune pendait du plafond. Le plan de l’accueil était en marbre noir dont les stries paraissaient composées d’or. Le carrelage au sol était également noir, si propre que Luna pouvait y voir son reflet. D’énormes canapés en daim marron étaient disposés autour d’une petite table en bois brut. Il semblait d’ailleurs à Luna que la petite table basse était faite du même matériau que le bureau de Gilles.

Thomas rentra sans difficulté dans l’hôtel, il n’eut pas à se présenter à l’accueil. Au vu des regards discrets que lui portaient les deux femmes à l’accueil, elles savaient qui il était. Elle suivit le jeune homme vers le restaurant de l’hôtel puis vers une pièce qui semblait être une salle privatisée pour tout ce qui concernait d’importants meetings.

Dans la pièce, une femme d’âge mure était déjà attablée. Bien que tout aussi luxueuse que le hall, la pièce soit moins imposante, beaucoup plus petite, plus intimiste. En voyant Thomas arriver, la femme eut un grand sourire. Elle se leva et tendit sa main, le temps y avait laissé quelques fines traces. Ses ongles étaient manucurés. Elle était parfaitement apprêtée, un tailleur Chanel rose pale composé de gros boutons dorés. Elle portait un col roulé blanc, assez moulant pour laisser percevoir sa généreuse poitrine. La jupe, lui arrivant mi-cuisse, laissait paraitre de magnifiques jambes élancées Ses cheveux bruns, dont aucune mèche blanche n’apparaissaient, étaient tirés en arrière dans un chignon serré.

Thomas lui saisit la main en lui rendant son sourire. « Encore son faux sourire d’hypocrite» pensa Luna. Thomas s’assit en face de son interlocutrice. Il n’y avait que deux chaises à cette table. Aucun autre invité n’était prévu. Luna décida de rester en retrait près de la porte puisqu’elle souhaitait se faire discrète. Il s’agissait de la femme du chef de police, elle craignait qu’être vu avec un mafieux ne lui apporte des ennuis. Mais la femme la remarqua très vite et son regard bleu océan la dévisagea de la tête aux pieds. Elle afficha un sourire en coin et ses yeux se mirent à pétiller puis elle se concentra à nouveau sur Thomas. Luna se retint de soupirer de soulagement.

- Tu nous as ramené une petite friandise Darling ? Murmura-t-elle d’une voix langoureuse.

Luna sera la mâchoire, dégoutée et gênée. Parlait-elle d’elle ?


Texte publié par Lunare-my, 28 mars 2024 à 10h13
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