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tome 1, Chapitre 11 tome 1, Chapitre 11

*Luna*

Luna regardait ses pieds. Elle s’accrochait à sa robe blanche si fort que ses mains en étaient devenues moites. Elle ne s’était pas démontée face à Thomas. Elle se trouvait maintenant dans le hall de l’immeuble servant de quartier général du gang. « J’ai réussi à survivre un peu plus longtemps » se dit-elle. Le jeune homme l’avait emmenée dans son repaire de mafieux. L’idée de l’enregistrement téléphonique avait fonctionné. Lorsqu’elle l’avait menacé d’envoyer leur conversation à la police, il avait paru désabusé, puis son air nonchalant était réapparu. Il avait haussé les épaules avant de ranger son couteau et de l’amener directement à leur quartier général. L’immeuble était immense mais il ne sortait pas spécialement du lot et se fondait parfaitement dans la masse des autres bâtiments de la zone industrielle.

Luna suivait Thomas en silence, il n’avait pas décoché un mot depuis sa menace. Plus ils s’étaient rapprochés du QG plus Thomas avait semblé hors de lui. Luna avait remarqué à quel point ses phalanges étaient devenues blanches tellement il serrait son volant fort. Elle ne doutait pas que, s’il s’était écouté, il aurait tout explosé autour de lui. Il lui aurait même très certainement planté son couteau à l’instant où elle aurait sorti un son de sa bouche. Luna était donc restée silencieuse. Elle tentait de respirer le moins fort possible, recroquevillée dans la voiture.

L’ascenseur sonna, ils montèrent à l’intérieur et Thomas appuya sur le bouton rond affichant un 4 noir. La montée parue durer une éternité et la petite musique d’attente diffusée dans la cabine n’arrangeait rien. Lorsqu’ils arrivèrent enfin au quatrième étage et que les portes s’ouvrirent, Thomas la poussa sans ménagement dans le couloir luxueux. Alors qu’ils avançaient vers une grande porte en bois foncé, leurs pas étaient étouffés sur la moquette d’un bleu sombre. Thomas toqua à la porte, se présenta et une voix rocailleuse résonna:

- Entrez.

L’exécuteur ouvrit et les deux jeunes gens s’engouffrèrent dans la pièce, encore plus impressionnante que le couloir. Luna cligna des yeux en entrant. Le soleil éclairait toute la salle au travers de grandes fenêtres placées le long de tout le pan de mur face à elle. Assit à un bureau en bois massif, sombre, un homme d’un certain âge les regarda rentrer. Ses sourcils se levèrent dans un premier temps, il ne s’attendait vraisemblablement pas à recevoir la jeune femme. Puis un sourire chaleureux étira ses lèvres, il n’atteignit cependant pas ses yeux.

- Thomas, qui nous ramènes-tu ? Je serais heureux de m’entretenir avec une aussi ravissante créature mais le temps me manque comme tu t’en doutes. De quoi s’agit-il ?

En opposition avec son air amical, son ton était froid et autoritaire. Luna se crispa. Etait-il le patron ici ? Son sourire était le même que celui qu’affichait Thomas en permanence. Luna comprit immédiatement qu’elle ne devait surtout pas faire mauvaise impression. Elle devait, lui aussi, le convaincre de la laisser travailler pour eux. Thomas prit la parole, il semblait toujours autant agacé.

- Je nous ai trouvé une nouvelle recrue.

L’homme en costard fronça les sourcils. Il croisa les bras avant de lancer, plus dur :

- Ce n’était pas ce que je t’avais demandé.

- Je sais, mais j’ai décelé en elle un potentiel intéressant.

Luna ne put s’empêcher de lever subitement la tête et dévisager Thomas, interloquée.

- Qu’est-ce que… Commença-t-elle à murmurer mais Thomas reprit immédiatement la parole.

- Elle est intelligente et discrète. Ajouté au fait qu’elle a une envie de vivre particulièrement coriace, je pense qu’elle ferait une bonne taupe. Elle semble prête à tout pour survivre, je pense que ce genre de personne peut toujours nous être utile.

Il modifiait complètement la réalité. Et Luna ne comprenait pas pourquoi. Il n’avait rien décelé chez elle, elle l’avait simplement menacé. L’homme en face n’était lui non plus clairement pas convaincu. Il pencha la tête sur le côté et observa Thomas puis Luna à tour de rôle. Cette dernière ne se savait plus où se mettre. Elle joua avec les plis de sa robe en attendant que l’un d’eux reprenne la parole. Le rire explosif et rauque de l’homme en costard la sortit de ses pensées. Il semblait presque se mettre à pleurer de rire.

- Depuis quand tu recrutes toi ?

Il s’arrêta de rire dans la seconde. Son sourire disparut. Il regarda Thomas d’un air menaçant.

- Pour qui est-ce que tu te prends ? Je t’avais demandé de la tuer, pas de la ramener avec toi comme un animal abandonné. On n’est pas un refuge ici.

L’homme se leva. Debout il était encore plus impressionnant. Son costard vert sombre, parfaitement taillé lui donnait un air de grand chef d’entreprise. Il posa sa main sur le bureau en le contournant pour se rapprocher de ses deux visiteurs impromptus. Luna remarqua une épaisse montre enroulée à son poignet, « Elle a l’air de couter très chère » se dit-elle impressionnée. Tout était prétexte pour ne pas regarder l’homme charismatique dans les yeux. Elle sentit Thomas se raidir à ses côtés.

- Ecoute Gilles, on a perdu cinquante hommes d’un coup, on est en plein état d’urgence sans aucune piste. Elle a dit qu’elle ferait tout ce que nous voudrions. Je me suis dit que cela pouvait être une bonne occasion.

Le fameux Gilles s’était rapproché de l’entrée. Il se tenait maintenant droit, menaçant, face à Luna et Thomas. Alors que la jeune femme ne pouvait détacher son regard du sol, Thomas se tenait également très droit. Aucun des deux ne semblait vouloir plier face à l’autre. Ils menaient une guerre silencieuse.

- Si tu réfléchis elle pourrait faire une bonne espionne. Personne ne se douterait que ça…

Il fait une pause, jette un coup d’oeil à Luna et la désigne de la main, avant de continuer:

- Qu’une pauvre fille, terrorisée par le moindre geste brusque, travaille pour nous.

« Pauvre fille » ? Luna ravala sa fierté. Force était de constater que c’était effectivement l’image qu’elle renvoyait à l’heure actuelle. Lorsqu’elle sentit un objet froid sur son front, elle releva la tête doucement et elle réalisa la situation dans laquelle elle se trouvait. Gilles la dévisageait impassible, une arme à feu dans la main, il tenait la jeune femme à bout portant. Le coeur de Luna manqua un battement avant de se mettre à battre à toute allure. Cependant elle ne tremblait pas, elle prit une grande inspiration et maintint son regard dans celui de l’homme en face d’elle. « Il s’agit d’un test » se dit-elle. Elle devait prouver qu’elle pouvait travailler pour eux. Alors elle rangea une partie de la jeune femme fragile et terrorisée dans un coin de son cerveau et laissa place à une part d’elle plus affirmée. Elle se redressa.

- Il a raison. Je sais être discrète. Personne ne se doutera que je fais partie d’un gang.

Elle empoigna le canon d’une main, sans quitter Gilles des yeux, et commença à le soulever pour l’éloigner de son front. L’homme parut surpris. Il ne s’attendait pas à cette réaction de la part de la jeune fille, c’était évident. Thomas non plus puisqu’il émit un hoquet de surprise.

- Je refuse de mourir.

Mais cet instant de confiance ne fut que de courte durée puisque Gilles retira d’un geste vif le bout de l’arme des mains de Luna et lui assena un violent coup avec la crosse dans la tempe. Luna s’écroula au sol, sonnée. Le sang battait dans sa tempe. Sa vision s’était troublée l’espace d’un instant. Elle se retint cependant de gémir et ne laissa aucune larme couler. Malgré la douleur, elle savait que cet instant était décisif pour sa survie. Elle se frotta la zone douloureuse et se remit difficilement sur ses pieds. Gilles la regarda faire, il la testait toujours. Lorsqu’elle fut à nouveau debout, elle souffla pour essayer d’évacuer la douleur qui continuait à se diffuser dans son crâne. Un instant passa. Personne n’émit un mot. Puis, lorsque Gilles jugea que cela en était assez, il rangea son arme en riant à nouveau.

- Je dois avouer que je suis agréablement surpris. Tu as l’oeil Thomas, je dois bien l’avouer. Qui aurait cru que le petit chiot abandonné puisse encaisser un coup pareil ? Effectivement tu ne sembles représenter aucune menace lorsque l’on te regarde, mais tu ne fuis pas en chialant face à une arme non plus. Étonnamment tu pourrais nous être utile oui.

Luna ne se relâcha pas tout de suite. Elle n’était pas encore sure d’avoir passé le test dans son intégralité. Elle resta immobile lorsque l’homme qui venait de lui assener un coup se rapprocha d’elle et posa une main large et calleuse sur les épaules de Luna.

- Une jeune fille si pure et si frêle… Si tu as fait ton choix… alors bienvenu chez nous. La soif de vivre peut nous emmener à faire d’étranges choses n’est-ce-pas ?

Il eut un rire léger. Puis il se tourna vers Thomas, qui n’avait pas bougé et qui regardait la scène, circonspect. Son ton se fit plus dur lorsque Gilles s’adressa à lui.

- Bien Thomas, puisque c’est toi qui l’a recrutée, elle entre dans ton équipe pour le moment. Le temps qu’elle s’endurcisse un peu. Mais pas trop … j’ai une petite idée de l’équipe dans laquelle l’envoyer, je dois juste avoir avec le principal concerné. En attendant, tu seras responsable de ses actes. Si elle échoue, cela sera considéré comme ton échec et tu seras puni en conséquence.

Gilles tourna son regard menaçant dans la direction de la jeune fille en robe, un frisson la parcouru aussitôt.

- Quant à toi mon petit agneau. Si tu décides de nous trahir, de quelque manière que ce soit, nous te couperons la langue, nous t’arracherons les ongles et nous te crèverons les yeux avant de te laisser en pâture aux cochons, qui se régaleront de ton corps. Est-ce clair ?

Luna réprima un nouveau tremblement. Elle regarda à nouveau ses pieds, tout son courage disparut, elle hocha la tête timidement n’osant prononcer un mot. Puis elle et Thomas furent congédiés.

Dans l’ascenseur, Thomas soupira d’agacement. S’il était énervé avant de venir, il l’était encore plus maintenant. Luna discerna du mépris dans ses yeux marron lorsqu’enfin il lui adressa la parole.

- Je ne sais pas ce que tu as cherché à prouver mais crois-moi que tu n’as pas conscience de ce que tu viens de faire. Tu regretteras de ne pas avoir choisi la mort dans quelque temps.

Luna avala sa salive, à nouveau elle hocha la tête en silence.


Texte publié par Lunare-my, 26 mars 2024 à 04h59
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