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*Luna*

Luna n’aimait pas le rictus qu’affichait Thomas en permanence. Pas une seule fois il n’avait été sincère au cours de la discussion. Elle savait pertinemment qu’il n’avait pas grand-chose à faire des deux jeunes femmes, il n’était là que pas pure politesse, pour accepter le cadeau de remerciement de Cassiopée. Cette dernière semblait d’ailleurs complètement tombée sous le charme de l’autre beau jeune homme, Yule. Elle ne le quittait pas des yeux et buvait ses paroles qu’il sortait. Luna pouvait comprendre, il avait effectivement un physique très appréciable, une stature de dieu grec, des cheveux bruns attachés en chignon faussement décoiffé, son regard était calme, sage. Il n’était cependant pas le seul à dégager quelque chose de charismatique ce soir et Cassiopée l’avait elle aussi ressenti puisqu’elle regardait également Thomas avec admiration.

Le groupe des quatre brutes parti, la détresse que sa collègue avait ressentie ne semblait n’être plus qu’un mauvais souvenir. Manifestement elle était résiliente nota Luna.

Après une courte discussion et surtout un bon monologue de Cassiopée, les deux hommes burent rapidement leur pinte, s’excusèrent et partirent après leur avoir souhaité une bonne fin de soirée. Dès qu’ils ne furent plus à porter d’oreilles, Cassiopée s’empressa de commenter la soirée.

- Si forts et si beaux en même temps. Comment est-ce que c’est possible ? Oh non je ne leur ai même pas demandé leur numéro de téléphone !

- Ils avaient l’air un peu…détachés .. non ?

- Ça les rend encore plus sexy. Ricana Cassiopée. Enfin dans tous les cas, ils nous ont clairement sauvés. Personne ici ne s’est bougé le cul à part eux. On peut leur en être reconnaissantes car je n’ose pas imaginer dans quel état nous aurions fini cette soirée.

- Le hasard fait bien les choses. Ironisa-t-elle. C’est le frère de mon élève qui est venu à notre rescousse.

Cassiopée approuva en portant son verre à ses lèvres.

- Qu’est-ce que tu fabriques ? Demanda-t-elle à Luna lorsque celle-ci se pencha sous la table.

- Je crois qu’ils ont oublié quelque chose.

Luna montra à sa collègue ce qu’elle venait de ramasser. Il s’agissait d’un petit portefeuille en cuir, rectangulaire.

- Vite ! Ils ne sont peut-être encore pas très loin ! Il faut leur rendre !

La professeure brune se leva en vitesse et sortit du bar. Elle regarda autour d’elle à la recherche des deux hommes. Ils n’étaient partis que depuis quelques minutes, ils étaient peut-être encore dans le coin. Elle s’éloigna un peu du bar mais les rues étaient vides autour du bâtiment.

- Loupé. Soupira-t-elle.

Cependant lorsqu’elle se dirigea vers l’entrée du bar elle entendit un sorte de grognement au loin. Elle tourna la tête dans la direction du bruit, un deuxième râle retenti. Cela provenait de deux rues plus loin. Elle attendit un moment, tendit l’oreille puis entendit des voix chuchoter. Intriguée, elle se dirigea alors discrètement vers la ruelle sombre.

C’est quand bifurqua qu’elle se retrouva nez à nez avec une scène terrible. Quatre hommes étaient à genoux, face contre terre. La ruelle en elle-même n’était pas éclairée mais les lampadaires présents dans la rue principale suffisaient pour discerner ce qui se passait. Dans la pénombre, Luna reconnut les gorilles qui les avaient agressées plus tôt. Leurs visages étaient en sang, ils gémissaient tous de douleur et suppliaient pour pouvoir partir. Figée, Luna plissa les yeux pour mieux observer les personnes concernées. Elle identifia le chignon de l’homme qui les avait aidées quelques minutes auparavant : Yule. Un pied sur la tête du plus costaud des brutes. Celui que Cassiopée avait arrosé de son Martini. Ce dernier avait du sang qui lui coulait du nez, mélangé à de la morve. Il serrait les mâchoires si fort que ses gencives saignaient également. Luna ne bougea pas, elle n’était pas cachée mais elle ne put s’empêcher de contempler le spectacle. Yule n’était pas seul, trois autres hommes qu’elle ne reconnaissait pas étaient autour de lui, en train de donner des coups aux autres, en rigolant. Luna avait l’impression qu’ils jouaient simplement au foot, que les hommes à terre n’étaient autres que des ballons.

- Faites demi-tour et rentrez, Luna.

Elle sursauta et se tourna vers la personne qui se trouvait à ses côtés. Thomas. Il se tenait adossé dans l’ombre d’un mur haut de bien deux mètres. Luna discernait à peine les yeux du jeune homme. Sa voix était calme, posée mais froide comme la glace. Il ne semblait ni paniqué, ni agacé par la présence de Luna.

- Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Chuchota-t-elle.

- Rien qui ne vous regarde. Partez maintenant si vous ne voulez pas d’ennui.

Luna resta sur place, elle regarda à nouveau la scène de violence, les yeux écarquillés. Son regard croisa celui d’un des hommes roués de coups, à terre. Il lui cria :

- Appelle les flics !!

En un instant, tous les regards se tournèrent vers elle. Le monde sembla s’arrêter. Elle ne bougea pas pour autant, craignant que le moindre de ses gestes ne provoque une tempête.

- Merde. Pesta Thomas.

Il se décolla du mur et la poussa hors de la rue, le regard plus sévère cette fois.

- Dégage de là, putain.

D’autres voix retentirent plus loin derrière lui.

- C’est qui elle ?

- Merde, elle nous a vus ? On doit pas laisser de témoin, Clifford va nous faire la peau s’il apprend qu’on était encore mêlé à une stupide bagarre de quartier.

- Venez on la chope avant qu’elle aille tout balancer aux flics.

Luna se ressaisit et recula aussitôt de plusieurs pas. Elle ne devait pas se faire prendre. Surtout pas. Elle fit demi-tour, eu juste le temps d’entendre la voix de Thomas :

- Tranquille les gars, je m’occupe d’elle.

Puis elle partit en courant vers le bar. Heureusement pour elle, ses chevilles supportaient bien sa course en talons.

Elle rentra en trombe dans le bâtiment mais se retint de courir pour arriver à hauteur de sa collègue, en train de se remettre du rouge à lèvres en se regardant dans le reflet de son téléphone. En la voyant arrivée depuis l’entrée du bar, elle la regarda interloquée.

- T’étais pas aux toilettes ?

- Il faut partir Cassiopée.

Luna n’attendit pas la réponse de sa collègue, elle posa le portefeuille sur la table, prit ses affaires et se dirigea à nouveau vers la sortie. Cassiopée la rejoignit cinq minutes plus tard avec une mine inquiète.

- Qu’est-ce qu’il se passe Luna ? Tu me fais peur ?

- Je … Luna se ravisa, elle ne voulait pas mettre sa collègue en danger. Je suis malade à crever, il faut que je rentre.

Cassiopée eut un soupir de soulagement, elle posa une main réconfortante sur l’épaule de sa collègue.

- J’ai cru que tu avais vu un fantôme, tu m’as fait peur. Mais je comprends, viens je te dépose chez toi.

Cassiopée s’installa au volant de sa voiture et Luna côté passager. Lorsque la voiture démarra et quitta le parking, Luna regarda par la fenêtre et cru apercevoir une silhouette masculine la regarder partir, les mains dans les poches de sa veste.

Lorsque Luna rentra chez elle, elle jeta son sac sur le canapé, pris son téléphone et composa un numéro de téléphone.

- Allô ? J’ai vu quelque chose…