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tome 1, Chapitre 3 tome 1, Chapitre 3

*Anaidéia*

- Putain c’était chaud ! S’esclaffa Lili une fois sur la route. Je le pensais pas aussi rapide le salop !

Les yeux rivés sur la route et sans sourciller, Anaidéia l’avertit posément :

- Fais plus attention la prochaine fois. Si tu te fais prendre, je ne viendrai pas te chercher.

Lili leva un sourcil, afficha un sourire en coin et fit mine d’être vexée. Elle regarda la conductrice en penchant la tête.

- Menteuse. Je suis ton meilleur atout, comment tu ferais sans moi ? Je fais tout le sale boulot.

Toujours concentrée sur sa conduite, la jeune femme ne prit pas la peine de lui répondre. Habituée aux silences d’Anaidéia, Lili haussa les épaules et se contenta de sourire en secouant la tête. La soirée avait été fatigante. Les deux jeunes femmes s’étaient dépêchées de se retrouver à la nuit tombée pour rechercher Delart qui avait disparu. C’était Jude, leur troisième acolyte qui avait accès à toutes les caméras de la ville, qui les avait prévenues. En fin de journée, il avait vu une voiture noire, aux vitres teintées s’arrêter près de l’homme politique alors qu’il sortait de la mairie. Il avait été trainé de force à l’intérieur du SUV. La dernière caméra ayant filmé la voiture était celle en sortie de ville. Anaidéia savait qu’un hangar abandonné était plus loin. Elle avait déjà des doutes quant au niveau « d’abandon » du vieux bâtiment et son instinct l’avait poussé à aller vérifier. Elle ne s’était pas trompée.

Les deux jeunes femmes étaient passées devant le hangar et avaient continué leur chemin sans ralentir pour ne pas alerter les hommes de main qui gardaient l’entrée. Elles avaient décidé de s’arrêter en bord de route, plus loin. Lili avait insisté pour y aller seule « pour un maximum de fun » avait-elle clamé. Le sort de Delart lui importait peu, Anaidéia avait donc attendu au pick up, adossée sur la porte, clé sur le contact, prête à partir le plus vite possible. Elle avait bien fait d’être sur ses gardes puisque Lili était revenue poursuivie par l’un des membres de La Maison. Était-ce un homme de main de Marcus ? Dans le noir, avec seulement les phares allumés en guise d’éclairage, la jeune femme n’avait pas réussi à bien le discerner. Elle avait néanmoins repéré qu’il était musclé au vu de l’épaisseur de ses biceps et rapide, il n’avait pas eu de difficultés à rattraper Lili cependant il avait le souffle court en arrivant, Anadéia en déduit que son endurance pêchait peut-être. Elle n’avait pas pris le temps d’observer plus longuement la scène, elles devaient vite partir avant que les autres n’arrivent.

Les arbres défilaient à toute vitesse au-dehors, certains insectes s’éclataient contre le pare-brise, aveuglés par la lumière des phares. Les deux femmes s’éloignaient rapidement du hangar abandonné, pour se rapprocher de la ville.

En repensant à ce qu’il venait de se passer Anaidéia serra les mains sur son volant, agacée. Lili, Jude et elle avaient vu juste. Delart allait tout balancer. Il était un politicien connu de la ville alors lorsqu’Anaidéia avait su qu’il serait présent à l’inauguration de l’hôtel de La Maison, le nouvel investissement de ce chien de Clifford, elle avait demandé à Lili d’aller le séduire afin qu’il obtienne quelques infos sur ses ennemis. Cet idiot, facilement manipulable, avait évidemment dit oui, il ne pensait qu’avec sa queue. Mais il ne lui avait été d’aulne utilité. Il avait vite été repéré et kidnappé par Marcus, l’un des exécuteurs du gang mafieux.

- As-tu pu voir le numéro de Marcus ? Demanda-t-elle à sa voisine, qui était en train de jouer avec une mèche de ses cheveux bruns tressés.

Les exécuteurs étaient les meilleurs hommes du chef de Clifford. Suite à de nombreuses recherches, Anaidéia et ses acolytes avaient découvert qu’ils étaient quatre et que l’un d’entre eux s’appelait Marcus. Ils savaient également que leur rang au sein des exécuteurs était représenté par un tatouage. Le numéro I étant le plus fort.

- Héhé figure toi que oui. Je l’ai observé un moment en train de tabasser ce bon vieux Delart. Son tatouage était sur son poignet, pas très discret, à l’image de son possesseur.

- Alors ? Quel numéro ?

Lili explosa de rire et tapa ses mains sur ses genoux. Elle écarquilla ses yeux d’un bleu intense qui brillaient encore d’adrénaline.

- Le quatre !! Ce bouffon joue les durs à cuire alors qu’il est le moins fort des exécuteurs !! Il n’est bon qu’à tabasser un gars sans défense hahaha !

Son sourire s’élargit, elle porta l’ongle de son pouce à sa bouche et murmura :

- Il me tarde de lui mettre la raclée de sa vie.

Anaidéia ne put s’empêcher de sourire discrètement à son tour. Bien que Lili lui semblait quelque peu dérangée elle partageait son engouement. Après tout, elle ne vivait plus que pour se venger. Elle avait tout perdu par leur faute; sa famille, son sourire sincère, son âme pure et innocente.

Alors elle allait les réduire à néant. Les faire souffrir. Son objectif premier était de retrouver le meurtrier qui avait anéanti sa famille, il y a quatre ans de cela. Pour lui faire payer au centuple ce qu’il avait fait. Mais elle savait qu’il avait agi sous les ordres de quelqu’un et que tout était un immense sac de noeuds menant à Clifford. Son sourire se dissipa aussi vite qu’il était apparu, elle appuya sur l’accélérateur pour laisser ses sombres pensées derrière elle.

Les deux jeunes femmes arrivèrent en ville, une vingtaine de minutes plus tard. Anaidéia gara le pick up dans le parking souterrain d’un immeuble en plein centre-ville. Elles se dirigèrent au 3ème étage. Anaidéia toqua trois fois à la porte de l’appartement 32. Deux coups, trois secondes, un coup. Quelques secondes supplémentaires s’écoulèrent puis un clic se fit entendre et la porte s’ouvrit.

Les deux femmes entrèrent dans l’appartement. Ce dernier ne servait pas vraiment de lieu d’habitation mais plutôt de lieu de rassemblement pour Lili, Jude et Anaidéia.

Jude était déjà retourné s’assoir à son poste, face à une multitude d’écrans de surveillance, tous indiquant une zone différente de la ville. L’appartement de Jude était rudimentaire. Par la force des choses, et surtout parce que Jude n’aimait pas sortir de chez lui, ils en avaient fait leur lieu de réunion, leur base. Un canapé en cuir, abimé, se trouvait à l’opposé de la pièce, en face d’une petite table basse en bois brut où était posée une tasse de café sale tandis qu’une deuxième était en train d’accueillir une nouvelle dose dans la pièce voisine.

Lili ne prit pas la peine d’essuyer ses chaussures et se précipita à sa poursuite en braillant.

- JUDE !! Tu devineras jamais !!

Elle jeta ses bras autour du cou du jeune homme brun assis dos à elle. Sans se retourner Jude replaça ses lunettes qui avaient glissé sur son nez suite à l’accolade brutale de Lili. Il lui répondit d’un ton qui se voulait blasé :

- Laisse-moi deviner. Tu as tué quelqu’un ?

- Oui… T’es pas drôle, tu pourrais faire semblant de réfléchir au moins…

- Tu veux tuer des gens tous les jours espèces de psychopathe, ce n’est pas difficile de deviner ce qui te rend heureuse comme ça.

- Bon ok, t’as pas tort mais j’ai fait même mieux ! Ecoute ça…

Alors que Lili racontait fièrement comment elle avait découvert le numéro de Marcus et comment elle avait visé le front de Delart au meilleur timing possible pour donner un « effet dramatique à la scène », Anaidéia enleva son long manteau noir, sa casquette et son masque pour les déposer sur le portemanteau à l’entrée avant d’avancer dans le salon. Elle alla se placer en face de l’immense panneau en liège près du canapé. Plusieurs photos et documents y étaient accrochés, tous en rapport avec La Maison. Elle prit un stylo posé sur la table basse à côté et dessina un IV sur la photo de Marcus. Il s’agissait donc du numéro IV… Elle prit la petite note qui était épinglée à côté de la photo, dessus étaient notées toutes les informations qu’ils avaient pu récolter et qui décrivaient l’exécuteur :

Brutal, Violent,

Ancien militaire

Famille : parents morts, fils unique

Point faible :

La jeune femme rajouta « Numéro IV» à la suite de la liste. Si Anaidéia voulait faire tomber le gang, Marcus était donc aux premières loges pour mourir. Il leur fallait maintenant un plan d’action pour s’occuper de lui. Peut-être pourraient-ils lui soutirer le plus d’informations possible avant de s’en débarrasser ? Le coeur d’Anaidéia battait fort dans sa poitrine. D’excitation. Les choses allaient enfin avancer. Cela faisait trois ans qu’Anaidéia mettait doucement en place sa vengeance. Partie de rien, elle avait mis 6 mois avant de pouvoir s’alimenter correctement, 6 mois de plus pour sortir de son mutisme et de sa torpeur. Elle s’était juré de se venger, c’est ce qui lui avait permis de tenir jusqu’ici. Elle avait ensuite fait la rencontre de Jude puis Lili les mois suivants.

Son acolyte aux tresses brunes la sortit de ses pensées. Assise sur le vieux canapé, les jambes croisées, les bras par-dessus le dossier, elle lança :

- Je pense que celui qui m’a suivi fait partie des exécuteurs si tu veux mon avis. Il est arrivé peu après nous, il est rentré dans le hangar tranquille, donnait des ordres aux types. Même Marcus semblait l’écouter, il s’est écarté pour le laisser parler à Delart sans rien dire. Etonnant venant de la bête.

- Si tu as raison alors cela nous donne une autre piste à suivre. S’il s’avère être bel et bien un exécuteur il nous mènera sûrement, lui aussi, vers Clifford.

Jude se retourna en passant un bras par-dessus le dossier de sa chaise.

- Je me charge de faire des recherches sur ce type. Je dois pouvoir trouver des trucs sur lui en faisant le lien avec Marcus.

Le jeune homme se tourna à nouveau vers ses ordinateurs, il commença à pianoter rapidement sur son clavier. Anaidéia se rapprocha de lui et lui demanda :

- Tu as pu trouver des infos supplémentaires sur la nuit du 25 décembre ?

Jude secoua la tête, il n’y avait aucune trace de l’événement. Evoquer cette date tendit Anaidéia, qui sera les mâchoires. Bien que quatre ans étaient passés depuis cette nuit d’horreur, où elle avait retrouvé sa famille dans une mare de sang, les souvenirs étaient encore très précis dans son esprit. Ce spectacle horrifique revenait la hanter toutes les nuits depuis. Sa mère, les yeux révulsés, affalée sur la table, sa soeur et son beau-frère étalés par terre, au-dessus du corps de leur enfant, qu’ils avaient essayé de protéger en vain. L’enfant avait été tué d’une balle dans la tête. Si Anaidéia parvenait avec difficulté à se retenir de vomir, elle du tout de même poser une main sur sa bouche en se rappelant son père attaché à une chaise, une oreille coupée, posée sur son genou, figé par la mort son visage avait gardé une expression d’effroi et de douleur intense. Son tee-shirt avait été déchiré et une multitude d’entailles avaient été faites pour former le mot « traitre ». Ce jour-là, Anaidéia était tombée dans les pommes à l’instant où la police était arrivée sur les lieux. Lorsqu’elle s’était réveillée, le lendemain elle était à l’hôpital. Anaidéia n’avait que 23 ans à l’époque. Depuis lors, elle s’était jurée de découvrir ce qu’il s’était passé cette nuit-là. Qu’avait donc pu faire son père pour que toute sa famille ait à subir un tel massacre. A force de patience et de persévérance elle avait trouvé quelques pistes notamment liées au gang La Maison, il semblerait que son père trempait dans de sales affaires. Cette nuit du 25 décembre avait à jamais changé Anaidéia.


Texte publié par Lunare-my, 8 mars 2024 à 09h29
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