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tome 1, Chapitre 1 tome 1, Chapitre 1

*Luna*

*Bip bip - Bip bip - …*

Luna ouvrit les yeux avec difficulté. Quelle heure était-il ? Dans la pénombre de sa petite chambre, elle attrapa son téléphone portable retentissant et constata l’horaire. 7h. Elle laissa retomber sa tête dans l’oreiller en soupirant. Elle s’était couchée tard, trop tard, la veille et le courage de se lever lui manquait cruellement.

Elle se retourna dans le lit, sur le dos, et observa le plafond quelques instants. Ses yeux s’étaient habitués au noir, elle discernait à présent les fissures dans le coin au-dessus de sa tête. Son logement ne payait pas de mine mais convenait à une personne seule comme elle.

- Quelques travaux et cet appart serait charmant. Pensa-t-elle à haute voix.

Elle n’était cependant pas propriétaire, cela n’était pas de son ressort.

Elle soupira à nouveau et se décida à s’assoir sur le bord de son lit. Ses cheveux noirs ébouriffés, lui tombèrent sur les yeux, elle éloigna les mèches de ses yeux bouffis et se dirigea vers la salle de bain. Elle cligna des yeux en allumant la lumière puis commença à se préparer. Luna avait sa routine matinale ; d’abord une bonne douche pour finir de se réveiller, puis sa crème de jour, un peu de mascara, elle aimait accentuer son regard sombre et elle finissait par une touche de blush afin de lui donner un peu plus de vie.

Encore en peignoir, elle se dirigea vers sa penderie dont elle ouvrit la porte gauche. Elle posa ses mains sur ses hanches et réfléchit à sa tenue. Elle sortit un jean bleu foncé, taille haute, basique et le posa sur son lit. Elle s’arrêta un instant à nouveau, fit une mou et remis le jean en place. Trop simple. Elle prit un autre pantalon, large, en lin et un débardeur blanc. Elle les enfila rapidement puis s’occupa de ses longs cheveux. Elle les brossa délicatement puis les attacha en queue de cheval haute. Elle ne les laissait que très rarement détachés, cela la gênait plus qu’autre chose. Luna vérifia l’heure sur son téléphone : 7h40, elle devait partir dans 30 minutes et n’avait toujours pas préparé son petit déjeuner. Elle sourit, elle ne s’en faisait pas, elle finissait toujours pas être à l’heure. Elle accéléra tout de même le mouvement prépara son bol de céréales, son fruit et s’assit sur le canapé en allumant la télé. Il n’y avait jamais grand chose d’intéressant le matin, elle laissa donc la chaine qui passait un programme de téléachat et finit son bol en 15 minutes.

Après s’être brossée les dents, elle enfila tous ses bijoux : boucles d’oreilles, bagues, bracelets, colliers puis mit ses baskets blanches, prit son sac et sortit de son appartement. Le soleil rayonnait déjà dans le ciel. Cela allait être une belle journée d’été.

Après 15 minutes de trajet, elle arriva sur le parking de l’école d’art de sa ville. La jeune femme y donnait des cours de dessin. Elle se gara, sortie de sa voiture puis se dirigea vers la salle des professeurs qui se trouvait non loin de son stationnement. Elle fut à peine rentrée dans la salle, qu’une voix féminine, aigüe, retentit au fond de la pièce :

- Salut Luna ! Comment s’est passé ton week-end ?

Luna tourna la tête en direction de sa collègue. Une petite tête blonde, les cheveux courts, lui faisait de grands signes de la main. Son large sourire laissait apparaitre ses dents blanches et une petite fossette sur sa joue droite. Luna afficha un sourire chaleureux, en réponse au sien, et bifurqua dans sa direction. Il lui restait plusieurs minutes avant son premier cours, discuter un peu avant de se mettre au travail ne faisait pas de mal. Les deux jeunes femmes se retrouvèrent près de la machine à café.

- Salut Cassiopée ! Ça a été merci ! Je n’ai rien fait de spécial, j’en ai profité pour faire un bon coup de ménage dans l’appart’ ! Et toi ? Tu avais une soirée samedi soir non ? Comment ça s’est passé ?

Pour le plus grand soulagement de Luna, qui n’aimait guère que l’on parle d’elle, la conversation dévia sur le week-end de sa collègue, « une folie » répétait-elle. Cassiopée avait le même âge que Luna, 27 ans, elle aimait sortir faire la tournée des bars et « profiter pleinement de sa jeunesse » comme elle aimait le dire. Elle ne cessait d’implorer Luna pour qu’elles sortent toutes les deux en ville boire un verre, mais Luna refusait sans cesse, prétextant que les bars et les soirées n’étaient pas son truc.

Lorsque l’heure du premier cours arriva, les deux collègues se saluèrent puis se dirigèrent vers leurs salles respectives.

Luna aimait donner cours, la grande majorité de ses élèves étaient motivés à étudier et il était agréable de travailler avec eux. Elle traversa un couloir au carrelage gris et aux murs beiges puis rentra dans la salle de classe. Les tables étaient mises les unes en face des autres, 4 par 4, afin de créer de plus grands plans de travail. Aujourd’hui elle avait décidé de les faire travailler sur du dessin d’observation. Elle déposa au centre de chaque groupe de table un panier de fruits ou de légumes. « Dix minutes pour dessiner cela devrait suffire » se dit-elle. Elle entendit des bruits de pas et des discussions animées se rapprocher et les premières élèves entrèrent en rigolant. Elle reconnut ses étudiantes préférées.

- Bonjour Luna ! Tu as passé un bon week-end ? Lui demanda tout sourire Zélie, une jeune fille aux cheveux châtains, légèrement ondulés soigneusement attachés en queue de cheval et maintenus par un beau ruban bleu pâle. Elle était accompagnée, comme toujours, de ses deux amies, Victoire et Eline.

Luna avait autorisé ses élèves à la tutoyer. A 20 ans, il lui semblait qu’ils étaient assez grands et matures pour pouvoir discuter avec leurs professeurs d’égal à égal. Les trois jeunes filles étaient devenues, malgré elle, ses élèves favorites. En effet, elles restaient souvent après le cours pour poser plus de questions techniques sur le dessin cependant la discussion finissait souvent par dériver sur autre chose.

Luna leur renvoya chaleureusement leur sourire et répondit la même chose qu’elle avait précédemment raconté à Cassiopée. Comme à leurs habitudes, les quatre filles finirent par discuter de choses sans intérêt en attendant que le reste de la classe arrive et s’installe.

La matinée se déroula sans encombre. Il était maintenant l’heure de déjeuner, Luna rangea ses affaires en vitesse et rejoignit sa collègue à leur cantine. Elle prit le temps d’échanger quelques banalités avec le personnel du self : comment ils allaient, si leur week-end s’était bien passé, s’ils n’avaient pas eu trop chaud… Une fois servie, elle remercia ses interlocuteurs puis se dirigea dans l’immense pièce où de nombreuses tables étaient réparties. Les élèves et les enseignants mangeaient dans une pièce commune, Luna eut donc quelques difficultés à trouver Cassiopée dans la foule. Elle l’aperçut au loin agitant vivement la main, le même grand sourire affiché sur le visage. En s’approchant, la jeune professeure remarqua que quelqu’un était assis en face de sa collègue, cheveux blonds rasés avec une très légère repousse, de larges épaules, elle reconnut alors Mike. Il s’agissait d’un autre de ses collègues avec qui elle s’entendait bien. Lorsqu’elle arriva à leur niveau, ce dernier se décala pour lui laisser une place et tapota la chaise de sa main en la raillant les yeux pétillants.

- C’est à cette heure-là que tu arrives ? Je croyais que tu n’étais jamais en retard ?

Mike avait l’habitude de taquiner Luna. Elle étouffa un petit rire, prit le temps de s’assoir avant de fermer les yeux, lever les sourcils et d’affirmer, sûre d’elle :

- Je ne suis JAMAIS en retard mon cher Mike. Elle regarda l’heure sur son téléphone. C’est vous qui êtes en avance.

- Haha touché. Mais puisque tu es la dernière arrivée tu nous dois une frite.

A ces mots, il tendit sa fourchette en direction de l’assiette de Luna. Cette dernière rigola en rapprochant son plateau d’elle tandis que Cassiopée tapa la main de son collègue pour lui indiquer de laisser tomber.

- Depuis quand c’est une course l’heure du déjeuner ? Contente toi déjà de finir ton assiette avant d’aller voler celle des autres, espèces de gros morfal.

Le « morfal » en question haussa les épaules et se mit à picorer son assiette. La discussion tourna vite sur les ragots de l’école, sujet favori de ses deux collègues : qui avait trop bu en soirée, qui sortait avec qui, qui avait trompé qui et autres futilités de ce genre. Bien que Luna n’en avait que faire, elle faisait toujours semblant de s’intéresser à ce genre de sujet, cela lui permettait de s’intégrer plus facilement, tant que les conversations ne tournaient pas autour d’elle tout lui allait.

Le reste de la journée se déroula tranquillement : la pause du midi fut vite terminée, les cours de l’après-midi reprirent dans la chaleur estivale. A 17h, Luna termina son dernier cours de dessin, elle rangea ses affaires en attendant que ses élèves sortent puis s’en alla à son tour.

Sur la route du retour, elle s’arrêta au parc près de chez elle. Régulièrement, elle aimait se poser sur un des vieux bancs en bois du jardin pour sortir son carnet à croquis et continuer sa journée en gribouillant quelques moments de vie observés. Elle ferma les yeux pour profiter de la brise légère et rafraichissante apportée par les arbres sous lesquels elle s’était installée. Elle resta ainsi quelques minutes, appréciant le calme temporaire dans son esprit. Aujourd’hui, elle se concentra sur un couple de personnes âgées se tenant la main et rigolant, semblant encore amoureuses comme au premier jour.

Elle prit ses écouteurs, les installa dans ses oreilles puis ouvrit son petit carnet noir sur une page vierge et commença à tracer les premiers traits. La dame avait des cheveux bouclés courts tandis que son mari était dégarni sur le dessus du crâne, tous deux grisonnants. Leurs rides étaient bien apparentes au vu des sourires qu’ils affichaient. Luna nota que la petite dame mettait toujours sa main devant sa bouche pour cacher son rire, son mari, quant à lui, remontait régulièrement ses lunettes qui glissaient sans cesse de son nez, pourtant imposant.

Elle s’arrêta un moment de dessiner pour seulement observer le monde autour d’elle. Des bambins jouaient sur le toboggan et dans le bac à sable non loin d’elle, sous les yeux avisés de leurs parents. Une moue, presque imperceptible, se forma sur son visage, Luna se reprit aussitôt, jeta un coup d’oeil autour d’elle comme pour vérifier que personne ne l’avait surpris à grimacer. Elle toussota pour se redonner de la contenance. Un léger courant d’air la fit frissonner, elle remarqua alors que le soleil n’allait pas tarder à se coucher. Il fallait qu’elle soit rentrée avant la nuit, elle rangea donc en vitesse son carnet dans son tote bag, se leva et se dirigea vers sa voiture.

Le soleil était maintenant quasiment couché. Elle grimpa les marches de son appartement deux à deux, passa les clés dans la serrure et ouvrit la porte. Elle la referma derrière elle, déposa ses clés dans un petit pot de fleur prévu à cet effet. Elle ne prit pas le temps d’allumer la lumière et détacha ses cheveux dans l’obscurité, ces derniers tombèrent lourdement sur ses épaules. Elle jeta son sac sur le canapé mais il retomba de l’autre côté, déversant la moitié de ses affaires par terre.

- Merde, fait chier, râla-t-elle.

Elle ne prit pas le soin de ramasser, se dirigea dans sa chambre, retira ses vêtements, les jeta sur son lit puis ouvrit la porte droite de sa penderie.


Texte publié par Lunare-my, 8 mars 2024 à 09h19
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