— Où… où suis-je ? bredouilla le jeune assassin.
Je m’arrêtai. Sur mon dos, le corps jusqu’à lors inanimé se redressa, je le lâchai à terre. Maraîche tituba quelques instants avant de se reprendre.
— L’Edenté ? Que s’est-il passé ? La taverne ? Les assassins ?
D’un geste du menton, je désignai son bras, que j’avais sommairement bandé avec la manche de sa chemise.
— Tu as été blessé. Plutôt gravement, ça saignait. Tu es tombé dans les pommes, alors je t’ai porté.
— Porté ? Porté où ?
Il regarda autour de lui. C’était un chemin de campagne entouré de prairies où paissaient ci des bovins, là des moutons. Maraîche dut reconnaître le sentier, car il fit un pas en arrière.
— Oh, non. Non, non, non ! Y’a pas moyen, Ed ou Manfred ou ce que tu veux. Gabrielle me tuerait !
— Bon, d’accord, et qu’est-ce que ça peut me faire ? La matinée est déjà bien avancée, j’ai perdu pas mal de temps avec tes histoires, et je dois être de retour avant demain. Avec tu vas me conduire chez Gabrielle Potelle, je n’ai plus le temps pour des gamineries.
— Non ! Je…
— Si tu ne le fais pas je te tuerais. Alors, tu préfères mourir tout de suite ou plus tard ?
— Mais… M-Mais… Tu… Je croyais…
— Crois à ta guise, en attendant suis-moi. Tu as jusqu’à ce qu’on arrive à Epis pour prendre ta décision.
Je repris ma marche. Pendant quelques instants, je n’entendis que le son de mes propres pas sur la terre sèche, puis ceux de Maraîche s’y joignirent. Il lui était aisé de se figurer que j’étais plus fort que lui, car même s’il avait un talent certain, il ne rivalisait pas avec mes nombreuses années d’entraînement et de service à bord du Fer Blanc.
Le trajet se fit sans un mot. J’observais la campagne environnante, profitant de ces paysages familiers à mon esprit. Je n’avais pas besoin de me retourner pour sentir la tension du jeune homme qui me suivait, et gardai l’oreille tendue, surveillant le son de ses pas. Dans cette situation, il n’était pas impossible qu’il tente le tout pour le tout en fuyant au premier bois capable de le couvrir, voir même en plein champ.
Mais il n’e fit rien, et une peu plus de deux heures de marche plus tard, nous vîmes se dresser les premières maisons d’Epis. Alors seulement Maraîche s’arrêta. Je me retournai. Il était affreusement pâle, et sombre.
— Eh bien ? dis-je.
— L’Edenté… Je ne peux pas reparaître devant dame Gabrielle un échec sur la conscience.
Je restai silencieux, à le fixer, attendant la suite. Je savais ce qu’il allait me demander, il n’avait qu’à se décider.
— Je… Je te conduirai à elle si tu m’aides à accomplir ma mission.
Je me tus encore un peu, tandis qu’il me regardait avec angoisse.
— Qui est le client ? demandai-je enfin. La cible ?
Il sembla un peu soulagé.
— Je dois tuer un gros bonnet dans le commerce de Monts-des-Epicéas, un certain Thibault Yorn, et celui qui veut sa peau, c’est un de ses rivaux sur le marché, Paul Manfred de Lorée.
J’haussai les sourcils. Paul ? Tiens donc… Je pouvais aisément tirer parti d’une telle situation. Je souris d’un air rassurant.
— En ce cas, la question est réglée. Monsieur de Lorée est mon frère.
— Ton… ?
Il me fixa d’un air ébahi, puis secoua la tête.
— Je ne vous crois pas, dit-il d’un air plus dur. Monsieur de Lorée est fils unique.
J’eus une exclamation dédaigneuse.
— En plus, ajouta-t-il avec plus de conviction, que ferait le fils d’une si noble famille dans un équipage de corsaires barbares ? Sans vouloir vous offenser, ce n’est pas le genre de navire de l’armée qui vogue en escouade et où règne l’ordre apprécié par ces familles.
J’haussai les épaules.
— Il suffirait de demander à mon frère. Paul a bien des défauts, mais ce n’est pas un menteur. Dame Gabrielle m’en croira, puisque c’est la vérité.
— Et comment comptes-tu la convaincre d’une telle chose ? Elle te tuerait sans doute, et moi avec !
— Peut-être bien. Ou alors, en parraine du crime intelligente, elle réalisera que si je dis vrai tous ses problèmes avec Paul sont réglés, et que si je dis faux elle n’auras qu’à nous livrer tous deux à lui. Or je dis vrai, donc ses problèmes et les tiens sont réglés.
— Je… Ce ne peux être si simple.
— Trêve de bavardages inutiles. Où est Gabrielle Potelle ?
Il se mordit la lèvre, hésitant. Je tapotai la garde du sabre qui pendait à mon baudrier, le fixant avec insistance. Il soupira.
— Soit… Dame Gabrielle vit dans une maison dans la campagne, un peu au Sud du village.
— Eh bien voilà. Je t’en prie, ouvre donc la marche. Il s’avança tête haute, mais son regard tremblait. Il ne se retourna pas cependant alors qu’il marchait sur le sentier. Il nous fit contourner le village largement par le Sud. Nous traversâmes un bois, et juste à l’orée de ce dernier, une maison se dressait, les murs couverts de lierre, le jardin riche en herbes et en fleurs, la cheminée crachant son nuage gris dans l’air presque chaud du printemps. Maraîche se figea entre deux arbres.
— Elle est là, dit-il. Je suis là. Je ne peux plus reculer, à présent.
Je le dépassai et m’avançai dans le soleil qui inondait le jardin. Derrière les fenêtres, je crus voir un mouvement. N’oyant pas le jeune homme me suivre, je lui fis sans me retourner un signe de la main. L’herbe haute frémit en un doux bruissement lorsqu’il s’avança à pas lent. Je m’arrêtai devant la porte de bois. Il fit de même, sur mes talons. Je lui jetai un coup d’œil. Il avait la tête basse, ses mains tremblaient. Je levai le poing et frappai trois fois. La porte s’ouvrit en grinçant sur une jeune fille, seize ans tout au plus, qui sourit d’un air innocent.
— Monsieur ? demanda-t-elle, ses yeux pétillants de jeunesse.
— Je cherche dame Gabrielle Potelle, dis-je sans entrer dans son jeu.
La demoiselle perdit l’éclat de son sourire. Son regard se posa sur Maraîche, avant de revenir sur moi. Elle s’écarta du passage et ouvrit le battant en grand. J’entrai sans un mot dans une cuisine, aussi banale que dans n’importe quelle chaumière : table, chaises, cheminée, plan de travail, une porte donnant sur une autre pièce. Le feu était allumé, il y cuisait je ne sais quoi dans un petit chaudron.
Du coin de l’œil, j’assistai à un échange silencieux entre la jeune fille et Maraîche, celui-ci secouant la tête avec dépit, elle haussant les sourcils avant de s’en aller. Avec un soupire, le jeune homme s’affala sur la table, tête dans les mains, ses cheveux sombres de crasse dégoulinant autour de son visage.
— Que redoutes-tu ? demandai-je, debout près de la cheminé.
Il se tut quelques instants, préparant sa réponse, mais cela n’empêcha pas sa voix de trembler :
— Je te l’ai dit. Elle me punira pour avoir échoué. J’ai déjà vu mes camarades subir pire que la mort.
— Et moi je t’ai dit que tu n’avais rien à craindre. Paul n’en n’aura pas après elle.
— Et alors ? protesta-t-il en se tournant furieusement de mon côté. Ce n’est pas parce qu’au final je ne lui attire pas d’ennuis qu’elle sera indulgente envers mon échec.
— Sais-tu si elle a de la famille ?
Il eut une exclamation dédaigneuse.
— Comment le saurais-je ? T’as déjà entendu parler d’un parrain du crime qui déballe sa vie ? Cette femme, c’est à se demander si elle a seulement père et mère.
— Hm. Hâte de la rencontrer.
Il gémit et se prit à nouveau la tête dans les mains. Je restai silencieux, observant à nouveau la petite pièce. La porte s’ouvrit alors, et la jeune fille revint. Elle tint le battant ouvert alors qu’entrait derrière elle une femme d’une trentaine d’année. Je remarquai d’abord son air hautain, puis les pantalons qu’elle portait, surmontés d’une chemise ample. Une manière de se vêtir qui ne correspondait guère aux airs fiers qu’elle se donnait.
— Maraîche, dit-elle.
Je sentis les traits de mon visage tressauter. Son ton était tranchant, sa voix un peu trop grave pour son sexe, brûlante de froideur.
L’interpelé se leva.
— Dame Gabrielle, dit-il les yeux baissés.
— Suis Cam.
Il leva les yeux vers la jeune fille, fit quelques pas en avant. Je le retins en posant ma main sur son épaule.
— Un instant, madame, dis-je. Que va-t-il advenir de ce garçon ?
Elle posa un regard incendiaire sur moi.
— Tout dépendra de la personne qu’il a osé amener ici.
Nous échangeâmes nos regards un instants, puis je retirai ma main. Maraîche s’empressa de rejoindre la jeune Cam, puis tous deux disparurent, refermant le bâtant derrière eux. Dame Gabrielle s’approcha.
— Que venez-vous faire ici ?
— Juste vous poser quelques questions.
— Imprudent.
— Au contraire. J’ai appris que vous aviez quelque démêlé avec mon frère ?
— Et vous êtes ?
— De Lorée.
— Ah. Je vois.
— Mon frère vous a confier un travail, votre jeune assassin a échoué, et il pourrait se retourner contre vous, je me trompe ?
— Il ne peut rien contre moi.
— Il a pourtant envoyé des hommes à la poursuite de Maraîche. C’est un noble, avec un important empire financier. Vous aurez du mal à vous débarrasser de lui. Or, en tant que son frère, je peux régler le problème. Je ne doute pas que vous soyez assez créative pour vous en tirer par vos propres moyens, mais cela ferait une grosse perte de temps pour ne pas répondre à quelques questions et éviter une alliance qui pourrait vous être bénéfique.
— Une alliance, rien que ça. Vous en faites des caisses pour me convaincre, il me semble. Suis-je si importante que cela à vos yeux ?
— J’ai simplement apprit les bonnes manières avec un bon professeur. Dites-moi… Votre nom, Potelle. Est-ce le vrai ?
Elle haussa un sourcil.
— Est-ce là ce que vous voulez savoir en dédommagement de l’échec de mon garçon ?
— En partie.
— Non. Potelle n’est qu’un nom d’emprunt. Celui de mon maître.
— Oh. Vous avez eu un maître d’arme. Vous pratiquez le combat à main nues des contrés d’Yzân ?
Elle eut une exclamation moqueuse.
— Maraîche a eu la langue bien pendue.
— Ce n’est pas lui qui me l’a dit. Votre maître… était une maîtresse, non ?
Elle fronça les sourcils.
— Comment pouvez-vous savoir…
— Joséphine Potelle.
— C’est exact.
Je fis une petite révérence.
— Permettez-moi de me présenter à nouveau. Je suis Rose de Lorée, sœur travestie de Paul Manfred Philipe de Lorée, ancien élève de votre maîtresse sous le pseudonyme de Manfred Lorée.
Son expression se figea quelques instants, puis elle se reprit.
— C’est vous, donc…
— Ah, j’avais raison de croire que Joséphine ne resterait pas muette à mon sujet.
— Elle vous appréciait beaucoup. Mais je croyais que vous étiez en prison ?
— J’en suis sorti tôt, contre service dans la marine impériale. Du fait des talents acquis auprès de notre mentor, j’ai pu accéder au privilège de naviguer sur le Fer Blanc.
— Et d’oublier notre chère Joséphine.
— Si je l’avais oubliée, je ne serais pas venu vous voir. Il n’a pas été aisé d’obtenir l’autorisation de mon capitaine. D’autant que votre garçon a fait des sienne pour me conduire à vous. Vous le terrifiez.
— Et il a raison. Toujours est-il, Monsieur de Lorée, que vous avez mon amitié et mon respect. Si tel est votre bon plaisir, Maraîche ne sera pas puni trop sévèrement. Rien d’irréversible, pour le moins.
— Je vous en remercie. Il faudra faire attention à son bras, il a eu des petits ennuis avec les assassins de mon frère.
— Comme il vous plaira. Mais ne vous attendez pas à ce qu’il en soit quitte pour un peu de frayeur.
— Comment le punirez-vous ?
— Je ne sais pas encore. Mais ça fera mal, et ce sera humiliant. J’ai des nouveaux à… instruire.
— Je vois.
— Vous voulez mangez quelque chose ? demanda-t-elle en se dirigeant vers la marmite.
— Volontiers, répondis-je.
Je n’avais pas mangé au matin avant de partir, et apparemment j’allais avoir encore bien des choses à faire. Ce qui m’inquiétait, en revanche, c’était le contenu de la marmite. Avec quoi pouvait-elle bien nourrir ces jeunes gens ?
— Asseyez-vous, dit-elle en désignant la table.
Je m’assis sur une chaise. Elle retira la marmite du feu, ouvrit le couvercle en se protégeant les mains dans un chiffon, et remua une louche qui était à l’intérieur.
— Ça a l’air bien cuit, dit-elle.
Elle prit une écuelle sur le plan de travail à côté, remua encore quelques instants, et ressortit la louche remplie de morceaux de viandes bouillie. Elle replongea encore une fois l’ustensile et ajouta des légumes, parmi lesquels des carottes, des pommes de terres, du poireau. Elle reposa la louche, referma la marmite sans la remettre sur le feu, prit une cuillère en bois dans un tiroir et me tendit le tout.
— Camélia est une très bonne cuisinière, dit-elle. Et elle est un excellent assassin.
Je me souvins qu’elle avait appelé la jeune fille de tout à l’heure Cam. Etait-ce elle ? j’interrogeai Gabrielle.
— Oui, c’est bien cela. Elle fait partie des plus âgés encore ici, elle est responsable des plus jeunes.
— Hm.
Je pris une cuillérée, mélangeant viande et carotte. C’était excellent. Du bœuf, à en juger par le gout. J’en repris, silencieux.
Gabrielle s’assit en face de moi.
— Je ne les torture pas par plaisir : il faut bien ça pour qu’ils obéissent et respectent les aînés.
J’eus une exclamation railleuse.
— Vous vous trompez sur toute la ligne.
Je pris une autre bouchée. Gabrielle me fixait, semblant tendue.
— La douleur ne sert pas à les mater, poursuivis-je. C’est pour les endurcir, qu’ils cessent de reculer devant elle à l’avenir. C’est ainsi que l’on fait les meilleurs assassins.
Du coin de l’œil, je la vis se détendre.
— Et vous aimer leur faire mal.
— Comment pouvez-vous affirmer une chose pareille ?! dit-elle, redevenant crispée.
Au-dessus de ma cuillère, je la regardai. Je la reposai lentement et me redressai sur ma chaise.
— J’ai déjà vu la torture depuis que j’ai été arrêté. J’ai déjà torturé moi-même depuis que je suis dans l’armée impériale. Je ne ressentais rien face à ces spectacles, je ne ressentais rien en enfonçant le fer tranchant, pointu ou brûlant dans la chair. Les cris des victimes ne me touchaient pas. J’étais fermé et froid comme une statue de glace.
Je sentis un éclat fou briller dans mes yeux.
— Mais après… une fois la besogne finie, une fois de retour au calme, c’est là qu’elle surgit : la satisfaction. Le plaisir d’être le plus fort, à présent. Les cris, le sang, les larmes, les supplications, en somme la faiblesse de ces hommes font la jubilation m’envahir. Être le plus puissant. Avoir leur vie entre mes mains. Oui, j’aime ça. J’aime torturer, il en résulte un grand plaisir.
— Et qu’est-ce… Qu’est-ce vous croire que moi, je…
— Vous êtes comme moi. Je ne sais pas si vous avez déjà été la plus faible, mais vous aimez être la plus forte.
Nous restâmes quelques instants silencieux, à nous regarder les yeux dans les yeux.
— C’est vrai, dit-elle au bout d’un moment. J’aime ça. Mais je n’en abuse pas et sais être indulgente.
— Sans doute.
Je repris mon repas. Après quelques minutes de pesant silence, Gabrielle demanda :
— J’aimerais tout de même que vous m’éclairiez sur un point… Comment comptez-vous régler le problème avec votre frère ? Il me semblait que vous ne vous entendiez guère bien… n’est-ce pas lui qui vous a fait jeter en prison ? Vos intentions étaient-elles toutes factices pour vous octroyer mes bonnes grâces ?
Je mâchai longuement un morceau de viande.
— Non, dis-je après avoir dégluti. Je règlerai ce problème avec mon frère.
— Comment ?
— Il y a neuf ans je n’ai pas pu le faire. Il a gagné, j’ai été emprisonné à la capitale. Mais cette fois…
Je regardai le vide, imaginant le visage railleur de Paul le jour où j’ai été emmené par les forces de l’ordre.
— …cette fois, je le tuerai !
Pendant un court instant, Gabrielle disparut à mes yeux. Seule restait l’image de mon frère, perdant son sourire, ma lame dans le cœur, la terreur dans le regard.
— J’aimerais savoir, dit Gabrielle, me faisant revenir à la réalité, comment vous vous êtes retrouvé à la botte de l’empereur.
— Je ne sais pas si c’est vraiment le bon moment… Je dois être de retour avant le matin au Fer Blanc, et même si la résidence de Lorée n’est pas loin…
— Mes enfants vous aiderons, ce sera l’affaire d’une heure ou deux.
Je la considérai quelques instants, puis jetai un coup d’œil dehors, comme pour vérifier que le soleil n’avançait pas plus vite qu’il ne devrait. Mais il était toujours à son midi, aussi accédai-je à la requête de Gabrielle.
— Permets-moi d’ignorer ce passage, me dit l’Edenté, qui n’a rien à voir avec la quête de la Fièvre des océans.
— Oh non, protestai-je. Je suis curieuse aussi de savoir comment ton frère t’a envoyé dans les geôles de la capitale, et comment tu t’es retrouvé à bord du Fer Blanc.
Je devais bien l’admettre, j’étais captivée par l’histoire.
— Et puis, renchéris-je, qu’avons-nous d’autre à faire ici ?
Il posa un regard sur nos chaînes.
— Soit, dit-il avec un hochement de tête. Voici donc ce que je répondis à Gabrielle…
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