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Pour les orphelins de l’Ancrage, la magie de Noël n’était qu’une légende racontée aux enfants pour qu’ils restent sages. La vie les avait oubliés dans un fossé, une forêt ou tout autre lieu délabré et abandonné.

Depuis des années, durant cette soirée semblable à toutes les autres, ils n’espéraient rien de plus que d’habitude. Ils avaient essayé, ô combien, avaient-ils demandé une famille, des jouets, de nouveaux lits, mais la déception au matin devenait leur seule récompense.

Les plus jeunes l’avaient pleuré, quand les plus anciens l’avaient oublié.

Cependant, Lys, ne pouvait s’y refuser. Avachie sur le rebord de la fenêtre, ses yeux scrutaient le ciel à la recherche d’une flamme, chaude et réconfortante pour chasser le froid terne de la petite chambre. Son estomac gargouilla, lui tirant une grimace, mais la fillette faisait de son mieux pour rester concentrée.

Alors qu’elle commençait à piquer du nez, un léger courant d’air se glissa à ses côtés, laissant dans sa traînée une odeur d’orange, de cannelle et de pain grillé. Les sens en éveil, elle suivit ce parfum à travers les étages de la bâtisse abîmée.

D’autres enfants se mélangèrent à elle la suivant à travers les dédales de couloirs longs et sinistres.

Dans la cuisine, des plats reposaient sur les tables. Les yeux des orphelins s’écarquillèrent et, durant un instant, ils n’osèrent bouger de peur de voir disparaître ce festin. Mais Lys en était convaincue : le vent portait des secrets.

Des secrets qui devaient le rester et porter avec lui l’espoir.