Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 27 tome 1, Chapitre 27

Cette nuit-là, au cœur de Shanghai, des voitures blindées franchirent les portes du repaire de la Triade Huo. Des silhouettes sombres descendirent en silence et se faufilèrent jusqu’au Hall du Feu Ardent. Dans la pièce Rouge, baignée de pénombres et de tensions, ils se réunirent pour planifier une attaque d’envergure.

À chaque extrémité de la grande table centrale, le Tak Khunn de la Triade Huo, Shi Yue-Yan, qu’on appelait l’Ancien, faisait face à Liu Feng. À ses côtés se tenaient son fils Shi Shen et sa belle-fille Shi Wan. Shu-Fang se trouvait entre son père et Sacha, faisant face à Valia. Près de Feng, Vitali et Arkadi échangeaient des regards lourds de sens.

— Commençons, déclara Shi Yue-Yan en désignant les tablettes tactiles posées devant chacun.

— La Triade 14K est l’organisation criminelle la plus puissante actuellement, annonça Shi Shen. Elle est basée à Hong Kong et compte environ trente-cinq mille membres, répartis en factions dans le monde entier.

— Et à Shanghai ? demanda Valia.

— Nos estimations parlent d’un millier d’hommes.

Vitali se tourna lentement vers Feng, l’air grave. Une ombre passa dans son regard.

— Tu es certaine de cette décision ? demanda-t-il en russe. Ils sont beaucoup plus nombreux… Ce serait un massacre. Et la Triade Huo… peut-on vraiment leur faire confiance ?

Un silence s’installa. Feng tourna la tête vers lui, lentement. Son regard s’ancra au sien, froid et tranchant.

— Tu oses remettre en doute mes choix ?

Feng, tendue depuis le début de la réunion, sentit sa patience céder. Ce n’était pas le moment pour des doutes.

— Non. Je… je m’inquiète, répondit Vitali, pris de court, mais ne baissant pas les yeux.

— Ce n’est pas la première fois que tu me défies, dit-elle d’un ton glacial. Jusqu’à présent, j’ai été clémente. Mais continue sur cette voie… et je n’aurai plus le luxe de l’être. Est-ce bien compris ?

Vitali serra les mâchoires, puis inclina légèrement la tête.

— Oui, marraine.

— Tu es libre de ne pas participer à l’assaut. Mais si c’est ta décision… ne reviens jamais vers moi.

La déclaration frappa comme un couperet. Arkadi, silencieux, observa la scène avec une tension nouvelle. Feng garda les yeux sur Vitali quelques secondes encore, s’assurant qu’il avait saisi toute la gravité de ses mots. Il inclina finalement la tête, les yeux rivés sur la table.

Shi Yue-Yan, silencieux depuis le début, observait Feng avec intérêt. Cette femme était un roc. Prête à faire tomber un empire, prête à briser les siens si nécessaire. Il tourna son regard vers son petit-fils, Shu-Fang, et sourit en caressant sa barbe : ces deux-là mèneraient la Triade Huo bien plus loin qu’il ne l’avait jamais fait.

— Une fois par mois, reprit Shi Shen, la moitié de leurs effectifs part pour une livraison. La prochaine est prévue dans trois jours. C’est notre seule fenêtre.

— On restera en sous-nombre, marmonna Arkadi.

— Ce ne sera pas un problème, intervint Shu-Fang. La Triade Huo a plusieurs bases à Shanghai. On aura des renforts.

— Comment procédons-nous ? demanda Valia.

Sacha sortit un petit boîtier de sa poche et le posa sur la table. Il appuya sur un bouton et une maquette 3D du bâtiment s’éleva.

— Deux entrées, expliqua-t-il. L’une au nord, l’autre au sud. Le bureau du chef est au dernier étage, le quatrième. On peut y accéder par le toit, depuis l’immeuble voisin. Il y a des caméras partout : escaliers, couloirs, pièces. Sans compter celles de la ville.

— On devra attaquer de nuit, indiqua Feng. Sacha, tu pourras pirater leur système de surveillance ?

— Si c’est du haut niveau, j’aurai besoin d’un peu de temps.

— Il faudra faire vite et bien, glissa Vitali d’un ton plus calme. Pour éviter que les effectifs de la livraison reviennent à temps.

— Aucune arme à feu, prévint Shi Wan. Si l’on veut éviter d’attirer l’attention de la police, il faut limiter les preuves et les liens entre nos organisations.

— Trois groupes, annonça Shi Shen. Shu-Fang et Feng, vous irez par les hauteurs avec vos hommes jusqu’au bureau du chef. Arkadi, tu prendras l’entrée sud. Vitali viendra avec moi, côté nord.

Feng acquiesça. Malgré la tension, elle savait que Vitali ne faillirait pas en mission. Mais il faudrait le surveiller.

— Valia, Sacha, vous resterez en soutien, prêts à couvrir nos arrières, ajouta-t-elle.

— Aucun survivant, déclara Shu-Fang d’un ton posé.

Ses mots furent accueillis par des sourires carnassiers. Le sang allait couler. Mais c’était une justice que chacun attendait depuis trop longtemps.

— Rendez-vous ici dans trois jours, conclut Shi Shen. On finalisera le plan avant de passer à l’action.

Ils se levèrent, s’inclinèrent respectueusement, puis regagnèrent le parking. Feng allait monter dans l’un des véhicules quand Shu-Fang l’interpella :

— Tu rentres à l’atelier ?

— Non. Je vais à l’hôpital.

Il cacha sa déception derrière un léger sourire.

— Alors je ne te retiens pas.

Il s’éloigna. Elle le suivit du regard, le cœur serré sans comprendre pourquoi. Vitali la rejoignit discrètement.

— Vas-y, murmura-t-il. Va avec lui. Nous, on veillera sur Yeva.

Il espérait lui prouver qu’elle pouvait encore lui faire confiance, malgré son écart de conduite.

— Je…

— Tu penses à tout le monde, sauf à toi. Tu as droit à une soirée pour respirer. Pour vivre. Vas-y, Feng.

— Il a raison, approuva Sacha. Tu le mérites.

— Et on t’appelle au moindre changement, promit Valia avec un sourire tendre.

Feng inspira, les mots suspendus. Un simple “merci”, presque chuchoté, s’échappa. Ses yeux brillaient.

Elle referma la portière, laissa les voitures s’éloigner, puis courut.

— Shu-Fang !

Il se retourna, surpris.

— Tu ne vas plus à l’hôpital ?

— Mes hommes s’en chargent.

— Pourquoi ce revirement ?

Il voulait l’entendre dire les mots. Ceux qui comptaient.

— Je veux passer la soirée avec toi, répondit-elle, un peu hésitante, les joues colorées.

Un sourire éclatant éclaira son visage. Il lui prit la main, avec une douceur rare, et l’entraîna vers le parking.

— Où allons-nous ? demanda-t-elle en montant à ses côtés.

— Surprise, répondit-il, les yeux pleins d’éclats.


Texte publié par Aihle S. Baye, 7 juillet 2024 à 10h29
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 27 tome 1, Chapitre 27
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
3116 histoires publiées
1366 membres inscrits
Notre membre le plus récent est chloe
LeConteur.fr 2013-2025 © Tous droits réservés