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tome 1, Chapitre 25 tome 1, Chapitre 25

Shu-Fang avait conduit aussi vite que la circulation le lui avait permis. Devant l’hôpital, des médecins attendaient avec un brancard. À peine la portière fut-elle ouverte qu’ils prirent Yeva en charge, leur efficacité trahissant l’urgence de la situation.

— Vous êtes ses parents ? demanda la secrétaire d’un ton pressé.

Feng ne prit même pas la peine de la corriger. Elle suivit du regard sa fille emmenée vers la salle de soin, les mâchoires serrées, le ventre noué. Puis elle rejoignit le bureau de la secrétaire, remplit mécaniquement les formulaires, et alla s’asseoir près de Shu-Fang. Le silence entre eux était pesant, saturé d’angoisse.

Enfin, un homme en blouse blanche s’approcha.

— Bonjour, je suis le docteur Sun Jie, se présenta-t-il.

— Comment va Yeva ? demanda Feng, sans préambule.

— Elle n’est plus en danger, les rassura-t-il. Elle se repose. Votre réactivité l’a sauvée. L’entaille à ses poignets était très nette, très précise…

Feng sentit son souffle lui manquer, mais elle se contenta d’acquiescer.

— Pouvons-nous la voir ? intervint Shu-Fang.

— Suivez-moi.

Ils le suivirent jusqu’à une chambre, mais il les arrêta avant qu’ils n’entrent.

— Si vous avez besoin d’aide ou de conseils, sachez que notre service de soutien psychologique est disponible. Une psychologue et une assistante sociale peuvent vous accompagner.

— La situation est sous contrôle, coupa Feng, glaciale.

— Votre fille pourrait refaire une tentative. Il faut agir dès maintenant.

— Vous pensez mieux connaître ma fille que moi ?

— Bien sûr que non… mais vous étiez très jeune en devenant mère, ça n’a pas dû être facile…

— Je vous demande pardon ? cracha-t-elle, en replaçant lentement la manchette qui cachait son tatouage. Un geste lent, maîtrisé, mais porteur d’une menace silencieuse.

— Nous sommes en mesure de vous aider. Il n’est pas trop tard pour confier votre fille à des professionnels qui prendront soin d’elle.

Le regard de Feng s’assombrit. Shu-Fang vit sa main glisser dans son dos, là où elle dissimulait toujours un couteau. Il ne fit rien. Elle n’irait pas jusqu’à tuer un homme en public, pas devant témoins ni caméras. Mais il savait aussi que si elle avait été seule avec ce médecin, elle aurait peut-être laissé sa colère parler autrement.

Finalement, elle se contint. Elle replaça lentement la lame, puis offrit au docteur un sourire faux, mais parfaitement exécuté.

— Merci de votre sollicitude. Je m’assurerai que ma fille reçoive les meilleurs soins.

— Me voilà rassuré. Je vais vous laisser. Bon courage.

Il s’inclina et s’éloigna, ignorant la lueur assassine toujours présente dans les yeux de Feng. Une fois seule, elle expira longuement, cherchant à refouler la tempête qui grondait en elle.

Elle entra enfin dans la chambre, suivie de Shu-Fang. Yeva était réveillée. À l’instant où Feng croisa son regard, elle sut. Edmée.

Elle s’approcha lentement, sans gestes brusques.

— N’aie pas peur. Je suis là. Nous sommes toutes là. Tu n’es pas seule, murmura-t-elle avec douceur.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux.

— Je comprends ce que tu ressens. Cette douleur qui ronge… ce vide que rien ne comble. Tu penses que mourir est la seule issue. Je le sais. Je suis passée par là, moi aussi.

Elle posa une main tremblante sur celle de sa fille.

— Mais je te le promets… un jour, cette agonie cessera. Ce sera un souvenir lointain, comme un cauchemar qu’on finit par oublier.

Edmée la fixa encore un instant, puis se redressa lentement et posa sa tête contre l’épaule de Feng. Elle pleura en silence, comme une enfant abandonnée. Puis, doucement, elle se détendit… et quelque chose changea.

Yeva s’écarta d’elle et baissa les yeux vers ses poignets bandés.

— Excuse-moi, Xenia. Je n’ai pas été assez attentive, murmura Ruby, sa voix plus grave, plus adulte.

— Ne t’en fais pas. Edmée ira mieux, bientôt.

Ruby hocha la tête, mais son regard restait chargé d’inquiétude. Elle n’y croyait qu’à moitié.

— Merci, souffla-t-elle en regardant Feng, puis Shu-Fang.

— Jiějiě ! Feng ! s’écrièrent soudain les garçons de l’équipe Dragon en déboulant dans la chambre comme une vague.

— Comment avez-vous su ? demanda Feng, surprise de les voir ici.

— Tout le monde en parle, répondit Lenny en lui montrant un article sur son téléphone. C’est déjà partout.

— Les journalistes sont massés devant l’entrée, ajouta Ming d’un ton grave.

Feng jura en russe et se tourna vers Shu-Fang, qui s’était éloigné pour passer un appel.

— La Triade est informée, lui dit-il en revenant. Ils posteront des hommes à chaque entrée, et devant la chambre.

— Il faut surveiller aussi ce qui se passe en Russie.

Il hocha la tête.

— Shu-Fang ? fit Yeva, dans un souffle timide et enfantin.

Il s’approcha aussitôt.

— Comment te sens-tu ?

— Fatiguée…

— Alors repose-toi.

— J’ai peur…

Il lui caressa doucement la tête.

— Tu te souviens de ce que je t’ai dit sur la peur ?

Elle acquiesça lentement, les larmes aux yeux.

— Même quand le danger est réel… la peur reste un choix.

— C’est ça. Maintenant respire, comme à l’entraînement. Inspire… et relâche.

Yeva s’exécuta, puis, dans un geste soudain, passa ses bras autour de son cou. Il la serra contre lui avec une tendresse infinie.

Ming les observait, les mâchoires contractées.

— Depuis quand elle est aussi proche de lui ? demanda-t-il avec froideur.

— En quoi ça te regarde ? répliqua Feng.

Il s’approcha, tendu, inquiet.

— Tu dois te méfier de lui. Ce type va finir par t’entraîner dans des histoires… des trucs illégaux. Je t’en supplie, Feng. Réfléchis.

Elle eut un petit rire, sans joie.

— Ce mec est dangereux. Ouvre les yeux ! s’exclama-t-il, posant ses mains sur ses épaules.

Elle se figea.

— Ôte immédiatement tes mains de moi.

— Tu dois arrêter de le fréquenter ! Il n’est pas fait pour toi !

— Je ne le répéterai qu’une seule fois, Ming : ôte. Tes. Mains.

Sa main s’était déjà posée sur le manche de son couteau. Les autres membres de Dragon observaient la scène sans oser intervenir. Shu-Fang, lui, restait à ses côtés, prêt à agir s’il la voyait basculer.

Finalement, Ming relâcha sa prise, recula, penaud.

— Agis encore une fois comme ça, et tu découvriras une facette de moi que tu ne soupçonnes même pas, le prévint Feng d’une voix glacée.

Il déglutit, blêmit, et quitta la chambre sans demander son reste. L’entraîneur Xie Tao s’excusa brièvement, puis emmena le reste de l’équipe.

Un silence lourd s’abattit. Shu-Fang le rompit.

— Il devient un problème.

— Je sais, répondit-elle. Mais rassure-toi… je ne serai plus là encore longtemps.


Texte publié par Aihle S. Baye, 6 juillet 2024 à 12h48
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