Feng était de retour au QG de Dragon pour informer les joueurs des détails de leur départ pour la Russie.
— Un avion privé ? s’exclama l’un d’eux, les yeux écarquillés.
Ming fixa sa manageuse avec une méfiance grandissante. Dragon avait toujours voyagé en vols commerciaux, faute de moyens.
— Pourquoi ne prenons-nous pas un vol international, cette fois ? demanda-t-il, ses sourcils froncés.
Feng inspira lentement, profondément, cherchant à harmoniser son rythme cardiaque. Ici, elle n’était pas la marraine crainte de tous, seulement leur manageuse. Il lui fallait composer avec leur méfiance. Elle afficha un sourire contrôlé.
Avant qu’elle ne puisse répondre, le PDG Zhang Heng prit la parole :
— L’avion appartient à la famille de l’idol Shi Shu-Fang.
— Pourquoi nous prêtent-ils leur avion ? lança un autre joueur, perplexe.
— Shu-Fang nous accompagne en Russie, répondit Feng d’une voix neutre.
La mâchoire de Ming se crispa.
— Je croyais que tu ne voulais pas de lui comme représentant de Dragon, lança-t-il avec un mépris à peine voilé.
— C’est toujours le cas, répondit Feng, sèche, en remontant inconsciemment la manchette sur son bras gauche.
— Alors pourquoi nous accompagne-t-il ? Il n’a pas un groupe ? Des obligations ?
Sa voix monta, trahissant une colère sourde qu’il ne maîtrisait plus. Depuis toujours, Ming avait du mal avec Shu-Fang. À ses yeux, cet homme n'était qu'un enfant gâté, capricieux et instable. Le voir rôder autour de Feng lui était insupportable. Il ne comprenait pas ce qu’elle pouvait lui trouver. N’ouvrait-elle pas les yeux ? Ne voyait-elle pas qu’il la ferait souffrir ?
Le PDG intervint, d'une voix calme mais ferme :
— L’agence de 4to1 leur a accordé des vacances.
— Alors pourquoi vient-il avec nous, s’il n’a rien à faire avec Dragon ? insista Ming, la voix vibrante de fureur.
— Il a des affaires personnelles en Russie. Lorsqu’il a su que nous partions à la même période, il a proposé son avion, expliqua Zhang Heng, son ton se durcissant.
— Des raisons personnelles... répéta Ming en fixant intensément Feng.
Feng soutint son regard sans faillir.
— Si vous n’avez plus de questions, la réunion est terminée, déclara-t-elle.
Les joueurs commencèrent à ranger leurs affaires. Avant qu’ils ne quittent la pièce, Feng ajouta d'une voix ferme :
— Peu importe vos ressentiments personnels. Ils restent ici. Vous devez être concentrés sur votre objectif. Je ne tolérerai aucune erreur, aucun débordement. Est-ce bien clair ?
Elle planta son regard dans celui de Ming, qui finit par acquiescer, à contrecœur.
— Oui, répondirent-ils en chœur.
Lorsque les joueurs sortirent, le PDG se tourna vers Feng et l'entraîneur Xie Tao :
— Que se passe-t-il avec Ming ?
— Je ne sais pas, répondit Xie Tao, un peu inquiet. Il allait bien jusqu’à maintenant. Peut-être que le stress monte... Je vais garder un œil sur lui.
— Liu Feng, ajouta le PDG, reste-t-il encore des points à régler ?
— Non. Tout est prêt, j’ai fait le point avec Shi Shu-Fang.
— Parfait. Je vous souhaite un bon vol et bonne chance pour la compétition, conclut-il.
Feng monta au deuxième étage et regagna sa chambre pour préparer ses affaires essentielles : documents, argent liquide, et son arme dissimulée derrière la grille d’aération.
Son cœur battait plus fort. Elle savait que ce retour en Russie n’aurait rien d’anodin. Son père, implacable, n’avait jamais pardonné sa trahison. Il n’aurait aucune limite pour l’atteindre.
Elle caressait l’espoir d’une vie nouvelle en Chine… mais pour cela, elle devait d’abord solder ses comptes.
Elle s’arrêta devant son miroir, retira lentement sa manchette et observa son tatouage.
Autour de son poignet, des chaînes de fer s’enroulaient, remontant le long de son avant-bras. Elles symbolisaient son appartenance à la mafia russe : un lien indélébile.
À hauteur du coude, les chaînes se rejoignaient en une bande noire sur laquelle on avait gravé la devise des siens : « Par la lame nous vivons, par la lame nous mourrons. »
Plus haut, une autre bande marquait son statut de marraine.
Mais Feng n’était plus seulement cela.
Elle avait ajouté de nouvelles chaînes, montant jusqu’à son épaule, qui s’estompaient au niveau de son cœur.
Là, un magnifique Phénix, déployant ses ailes aux couleurs flamboyantes d’orange, de jaune et de rouge, semblait prêt à s’envoler hors de sa chair. Un symbole puissant de renaissance et de liberté, aussi éclatant que douloureux.
Ce tatouage, elle en était fière. Il racontait tout : son passé, son combat, son futur.
Un besoin irrépressible d’action la saisit. Rester enfermée ici l’étouffait.
Elle quitta précipitamment le QG par la porte arrière et fonça vers l’usine désaffectée du sud du district Xuhui, repère de matchs clandestins.
À peine arrivée, elle alla vers l’organisatrice, lui tendit une liasse de billets, puis s’échauffa en frappant l’air avec rage.
Quand son nom fut appelé, elle pénétra dans le cercle, ses muscles bandés, prête.
Son adversaire était légèrement plus grand, terriblement musclé. Feng l’évalua en une seconde : impossible de rivaliser en force. Elle miserait tout sur sa rapidité et son endurance.
Dès le départ, il fondit sur elle et lui asséna un violent coup dans l’abdomen. Le choc la plia en deux, lui coupant le souffle. Elle serra les dents, luttant pour se redresser.
Son regard s’affûta.
Elle esquiva plusieurs attaques avec agilité, accélérant le rythme, visant ses points vitaux : tempe, menton, plexus solaire.
Un coup au plexus fit chanceler son adversaire. Il recula, suffocant. Feng en profita, enchaîna les frappes...
Mais alors qu’elle armait son poing pour frapper sa mâchoire, elle aperçut la lame.
Pas assez vite.
Le couteau s’enfonça dans son flanc. Un grognement rauque s’échappa de ses lèvres.
La douleur était vive, mais elle la transforma en rage pure.
Ses yeux brillèrent d’une lueur sauvage.
Rassemblant ses dernières forces, elle balança son poing dans la mâchoire de l’homme. Il lâcha l’arme et s’effondra, inconscient.
Feng arracha le couteau de son corps et pressa sa main contre la plaie pour stopper l’hémorragie.
Autour d’elle, la foule exultait, indifférente au sang.
Elle récupéra son gain d’une démarche vacillante, puis s’éloigna dans la nuit, le goût métallique de la douleur sur la langue et une résolution brûlante dans le cœur.
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