Dans une usine désaffectée au sud du district de Xuhui, Feng se fondit dans la foule compacte, encerclant une zone de combat éclairée seulement par des flammes vacillantes dans des barils rouillés.
— À qui le tour ? lança une femme en tendant au vainqueur une épaisse liasse de billets.
Le cœur battant, Feng fendit la masse humaine, paya sa participation. À ses côtés, un colosse posa sa mise d’un geste brusque.
— Préparez-vous !
Feng ôta sa casquette, son masque, sa veste, dévoilant le couteau et la manchette où luisait son tatouage. Autour d’elle, plusieurs reculaient, instinctivement. La mafia Phénix, désormais alliée à la Triade Huo, était devenue une force que personne n’osait sous-estimer.
Elle entra dans le cercle. Chaque pas résonnait sourdement dans sa poitrine. Elle échauffa ses chevilles, ses poignets, ses épaules, son regard verrouillé sur son adversaire. Rien d’autre ne devait exister. Rien que l’ennemi. Et pourtant… au fond de ses tripes, une angoisse rôdait. Un couteau dans l’ombre n’était jamais exclu.
— Allez-y ! ordonna la femme.
Le combat débuta.
Ils se tournèrent autour, félin contre taureau. L’homme était massif, trop sûr de lui.
Feng scruta ses appuis, la tension dans ses jambes, la colère dans ses yeux. Un mouvement, une faille : elle s’élança et frappa au flanc. Il encaissa et riposta d’un crochet brutal. Elle esquiva de justesse, fine et rapide.
Chaque geste lui rappelait les enseignements gravés dans sa chair par la mafia russe : la force brute ne vainquait pas l’intelligence du corps. Mais la stratégie épuisait ses forces. Son souffle devint plus court. Et, dans une ouverture, le poing de l’homme la cueillit à la mâchoire.
La douleur explosa dans son crâne. Le goût métallique envahit sa bouche. Vacillante, elle sentit ses jambes plier. Un rire gras lui vrilla les tympans. Elle cracha du sang, s’essuya d’un revers de manche. Quelque chose se brisa en elle.
Elle leva les yeux et, dans ce regard fou de l’homme, elle vit l’arrogance. La haine. Et elle sourit. Lentement. Férocement.
Elle s’approcha, chaque pas résonnant comme une promesse. L’ombre de la marraine surgissait d’elle, palpable, étouffante. Son adversaire pâlit.
Elle frappa, précise, chirurgicale, visant les points les plus douloureux : plexus, tempes, genoux. Chaque impact nourrissait son euphorie brutale. Chaque giclée de sang renforçait sa rage glacée.
Un dernier coup et l’homme s'effondra dans un nuage de poussière.
Le silence tomba. Dans l’air chargé de sueur et de fer, Feng sentit les regards : peur, fascination… et une soif de sang qui montait.
Elle ne s’attarda pas. Elle prit ses 8000 yuans, remit ses affaires et quitta cet enfer survolté sans un regard en arrière.
De retour au QG de Dragon, elle franchit la porte sans un bruit. Le bâtiment baignait dans l'obscurité. Seul le cliquetis lointain d'un clavier résonnait depuis la salle de gaming.
Elle grimpa silencieusement vers la cuisine, mais croisa du regard Xie Tao, installé sur un coussin, son ordinateur sur les genoux. Son cœur manqua un battement. Retenant son souffle, elle se détourna, ramassa une banane et une poche de glace dans le congélateur. La fraîcheur mordit sa mâchoire tuméfiée.
— Feng ? murmura Tao en approchant.
Elle baissa la tête, ajustant sa casquette pour cacher la vérité.
— Tout va bien ? demanda-t-il doucement.
— Oui… juste fatiguée. Je vais dormir, répondit-elle d’une voix rauque.
Tao la laissa partir, respectueux de son besoin de silence.
Mais un autre la suivit du regard.
Ming sortit de la salle de gaming, son visage crispé d’inquiétude.
— Feng ?
— Tu n’es pas encore couché ? dit-elle sans lever les yeux.
— Où étais-tu ? Tu ne répondais pas.
Elle resserra sa prise sur la banane qu’elle tenait encore, ses doigts blanchis par la tension.
— J’avais des affaires à régler, lâcha-t-elle.
— Quelles affaires ? tenta-t-il, son ton se voulant calme.
Elle ferma les yeux un instant.
— Tu fais ton travail, je fais le mien, répliqua-t-elle sèchement.
La méfiance s’installa dans le regard de Ming.
Il la connaissait. Il savait que ce ton, ce masque froid, n’étaient que la pointe de l’iceberg.
— Que se passe-t-il ? insista-t-il, la voix tremblante.
Feng soupira et lui tourna le dos. Elle n’avait ni l’envie ni l’énergie pour parler. Quand il tenta de la retenir, elle posa la main sur le manche de son couteau dissimulé dans son dos.
Ce fut plus fort qu’elle.
Ming recula, blessé par son geste. Mais il ne la lâcha pas du regard. Il ôta sa casquette et, dans la pénombre, découvrit enfin les ecchymoses, le sang séché.
— Qui t’a fait ça ? demanda-t-il d’une voix rauque.
— Personne.
— Feng… tu n’as pas besoin de te battre seule…
Elle leva les yeux, une seconde seulement, et dans ce regard brûlaient mille guerres silencieuses.
— Occupe-toi de tes affaires, trancha-t-elle, avant de récupérer sa casquette et de disparaître à l’étage, laissant derrière elle un silence plus lourd que le plomb.
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