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Un sentiment d’impuissance envahit Feng alors qu’elle fixait l’écran en attendant la sentence que Shi Shu-Fang allait prononcer.

— Dragon est une grande équipe qui aura toujours mon soutien, peu importe ce qui arrive.

— Que faites-vous de la situation actuelle ?

— Je suis une personne publique, avec de nombreux fans que je chéris chaque seconde. Je sais les répercussions que mes paroles peuvent avoir. La vérité peut différer de ce que les images montrent : Sun Guiying nous l’a prouvé. Quant au jeune joueur de Dragon, c’est aux autorités compétentes de statuer.

Feng ferma les yeux et ses muscles se détendirent : son organisation n’avait plus à craindre une embuscade, la protection de la Triade Huo était maintenue.

— Tout est fini ? demanda Ming d’une voix faible, trahissant sa culpabilité.

— Le sort de Dragon ne devrait plus être en danger.

— Et pour Warren ?

— La Fédération statuera demain. Je ferai mon maximum pour l’aider, le rassura Feng.

— Si seulement j’avais été plus attentif…, se lamenta-t-il en se prenant la tête entre les mains.

En tant que capitaine, Ming était responsable de ses membres : il devait veiller sur eux et éviter que de tels incidents ne surviennent. Feng comprenait ce qui le rongeait : elle-même avait mis du temps à accepter qu’on ne pouvait pas tout contrôler ni anticiper.

Elle se leva de son siège pour contourner son bureau et aller s’asseoir auprès de lui, mais la porte s’ouvrit sur son premier fidèle : Vitali.

— Xen… Liu Feng, se corrigea-t-il en croisant le regard noir de sa marraine. Le PDG Zhang Heng vous attend.

Elle acquiesça, puis s’approcha de Ming et posa sa main sur son épaule pour le réconforter.

— N’oublie pas la devise de Dragon, lui rappela-t-elle.

— Tu seras à jamais un Dragon tant que le feu en toi brûlera ! répéta-t-il.

Ils échangèrent un léger sourire avant que Feng suive Vitali dans le hall où le PDG l’attendait.

— Êtes-vous prête ? demanda-t-il.

— Allons-y.

Ils sortirent, immédiatement assaillis par une foule de journalistes tendant leurs micros. Les agents de sécurité forcèrent un passage jusqu’à la voiture, bousculant les plus insistants.

Feng s’installa à l’arrière, le cœur battant sous la pression, tandis que Zhang Heng fermait la portière d’un geste sec.

Le véhicule s’éloigna rapidement du QG, laissant derrière lui le tumulte étouffé par les vitres teintées.

À leur arrivée devant le bâtiment de la conférence de presse, une tension nouvelle s'empara d’elle. Yuan Ruogang, la présidente de la compagnie détentrice de Dragon, les attendait au sommet des marches, droite et impassible.

Feng et Zhang Heng s'inclinèrent profondément, conscients de la gravité du moment, puis la suivirent à l’intérieur, laissant derrière eux la nuit agitée.

Ils traversèrent le hall jusqu’à une double porte ouverte par des gardes et pénétrèrent dans la salle de conférence, remplie de journalistes des plus grandes compagnies.

La présidente monta sur l’estrade avec une prestance naturelle et s’adressa à l’assemblée.

— Bonjour à tous. Je suis Yuan Ruogang, présidente de la société Dragon. Merci d’avoir répondu présent, commença-t-elle en prenant le temps de regarder chaque auditeur. Hier soir, Warren Fisher, membre de l’équipe Dragon, et Sun Guiying, membre de l’équipe EDG, ont eu une forte altercation. Nous sommes tous reconnaissant que Sun Guiying aille bien, et remercions EDG pour leur professionnalisme. Je vais maintenant laisser la parole au PDG Zhang Heng.

Elle se recula, laissant la place au PDG.

— Suite à la vidéo qui a circulé, la manageuse de Dragon, Liu Feng, et moi-même avons dû prendre une décision dans l’urgence : nous avons décidé de placer le QG de Dragon en quarantaine, le temps que la situation soit éclaircie. Pour l’heure, aucune décision concernant Warren Fisher n’a été prise : la Fédération statuera prochainement. Nous vous tiendrons informés. Merci à tous.

Il se retira, et la présidente revint sur le devant de la scène pour répondre aux questions, tandis que Zhang Heng fit signe à Feng de le suivre.

— La Fédération nous recevra demain à neuf heures, l'informa-t-il. Nous ne pouvons rien faire de plus pour le moment. Rentrez vous reposer, je vais attendre la présidente.

— Bien, PDG Zhang Heng.

Feng s’inclina et partit sans se retourner.

À peine montée dans la voiture, elle reçut un message sur son téléphone.

— Où allons-nous ? demanda Vitali.

— À l’atelier.

Il acquiesça et démarra.

À l’approche du garage de Xue Yi, il s’assura qu’aucun véhicule suspect ne les suivait avant de se garer. Ils descendirent et rejoignirent le sous-sol.

— Il y a du nouveau, annonça Feng aux membres regroupés autour de la table. Shi Shu-Fang m’a envoyé un message : une entrevue est prévue demain avec le chef de la Triade Huo.

— À quelle heure ? demanda Sacha.

— Je n’ai pas de précision.

— Tu ne penses pas que c’est un piège ? interrogea Vitali.

— Non. Il n’aurait pas pris la parole en public si c’était le cas.

— Xenia, comment allons-nous procéder ? demanda Arkadi.

Deux options s'offraient à elle : y aller seule ou accompagnée.

— Tu ne peux pas y aller seule, intervint Vitali.

— Pourquoi ne pas tous y aller ? proposa Sacha.

— Ils pourraient mal le percevoir, répondit Feng, songeuse.

Face à eux, une Triade avec ses propres codes et une autre culture : un mot ou un geste de travers pouvait signer leur perte. Elle devait agir avec prudence.

— Vitali et Arkadi, vous m’accompagnerez, décida-t-elle.

— Bien, répondirent-ils à l’unisson.

— Sacha et Valia, vous resterez ici. Gardez un œil sur les autres organisations.

— À vos ordres !

— Comment nous équipons-nous ? demanda Arkadi.

— Vous connaissez les règles : jamais sans son couteau.

Il acquiesça. Feng se leva, prête à retourner au QG de Dragon.

Elle aurait préféré passer la soirée avec ses fidèles, mais son rôle de manageuse l’exigeait.

— Xenia ? l’interpella Vitali.

— Reste ici. Ils n’oseront pas attaquer.

Il acquiesça sans discuter.

— Arkadi ?

— Oui ?

— Maintiens le rendez-vous de ce soir et préviens-moi dès réception de la marchandise.

Il répondit d’un signe de tête.

Feng quitta son repaire et reprit son autre vie, celle qu’elle avait bâtie de toutes pièces.