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tome 1, Chapitre 5 tome 1, Chapitre 5

Valia fit apparaître sur les écrans le casier judiciaire de Sun Guiying, ainsi qu’une photo de son torse, où l’on distinguait, à l’emplacement de son cœur, le tatouage marquant son appartenance à la Triade Huo. Un silence pesant s’abattit sur le poste de sécurité. Tous imaginaient déjà une guerre ouverte entre la mafia Phénix et la Triade Huo. Dans leur esprit s’imposait l’image de véhicules blindés remplis d’hommes armés venus les décimer, ne laissant d’eux qu’un murmure lointain, destiné à s’éteindre.

— Valia, commença Feng pour briser l’angoisse ambiante, surveille les réseaux. Au moindre commentaire suspect, tu me préviens.

— J’ai déjà repéré deux hashtags en tendance. Et j’en suis à mon troisième café, ajouta-t-elle en pianotant sans lever les yeux. Je vous préviens, si ça vire au quatrième, j’hacke Weibo rien que pour le sport.

Un sourire discret passa sur le visage de Sacha, assis à côté d’elle. Même en plein chaos, Valia savait détendre la ligne de front.

— Arkadi, tu maintiens le rendez-vous de ce soir. Nous verrons comment évolue la situation. Si j’estime que c’est trop risqué, tu annuleras.

— Bien, répondit-il sans broncher, en vérifiant le chargeur de son arme.

Sacha, toujours installé devant ses écrans, lança sans lever les yeux :

— Fais gaffe, Arkadi. Avec ta tronche de déménageur, ils vont te prendre pour l'armoire à vendre.

Vitali étouffa un rire discret, tandis qu'Arkadi leva un sourcil, faussement vexé.

— Je préfère être l'armoire que l'ampoule grillée qui te sert de cerveau, répliqua Arkadi.

Feng esquissa un sourire malgré la tension. Même en pleine crise, l’humour un peu acerbe de Sacha et le calme d’Arkadi parvenaient à détendre l’atmosphère.

— Va te changer, dit-elle à Vitali, son premier fidèle. Tu m’accompagnes.

Il hocha la tête et quitta le poste de sécurité.

— Arkadi, sors-lui un QSZ-92.

— Bien.

Arkadi se leva, ouvrit une armoire métallique dissimulée derrière un vieux poster, et en sortit l'arme, vérifiant d’un geste sûr la culasse.

— Toujours aussi pointilleux, Arkadi, lança Valia sans détourner les yeux de son écran, sirotant son café d’un air distrait.

— Plutôt ça que de faire exploser l'arme en pleine mission, rétorqua Arkadi, sans se départir de son sérieux.

Valia leva les yeux au ciel.

— Une seule fois, et ça y est, on m’en parle encore. Je te signale que c’était un prototype.

— Un prototype qui aurait pu nous réduire en poussière, grogna Arkadi.

Vitali esquissa un sourire discret en revenant vêtu d’un costume noir impeccable et d’une chemise blanche. Tandis que Feng, imperturbable, vérifiait son couteau.

— Si vous avez fini de vous chamailler, on y va, dit-elle en ajustant sa manchette.

— Il serait peut-être plus prudent qu’Arkadi vienne aussi, suggéra Vitali en prenant l’arme que ce dernier lui tendait.

— Non, répondit Feng. Cela passerait pour un signe de faiblesse.

— Attendez ! lança Sacha en surgissant. Il leur tendit une oreillette à chacun.

Ils les placèrent et testèrent leur bon fonctionnement, puis remontèrent à la surface. À bord d’une berline noire blindée, ils prirent la route.

— Quels sont les ordres une fois sur place ? demanda Vitali.

— La sécurité du bâtiment a sûrement été renforcée. Tu te feras passer pour un employé venu en renfort. Si tu repères une menace, tu me préviens. N’interviens pas.

— Tu penses que des organisations vont profiter de la situation ?

— C’est possible. Et je préfère rester prudente. La protection de la famille Shi pourrait ne plus tenir.

Vitali garda le silence et continua de rouler vers le QG de Dragon, envahi par une horde de journalistes.

— Une dernière chose, dit Feng alors qu’ils s’engageaient dans le parking souterrain : dès que nous sortons de cette voiture, je ne veux plus entendre un seul mot de russe.

— Compris.

Ils entrèrent discrètement par la porte de service. Vitali se posta à l’entrée pour prêter main-forte aux agents de sécurité débordés par la presse. Feng, elle, rejoignit le hall, où les joueurs et l’entraîneur attendaient dans l’espace salon.

Elle surprit Leong Shui en train de parler à Warren.

— On aurait pu t’aider, putain… Pourquoi t’as rien dit ?

Ils se figèrent en voyant leur manageuse approcher.

— Tout le monde dans la salle de réunion ! ordonna Feng, coupant court à toute discussion.

Devant leur immobilité, elle haussa le ton, sa voix claquant comme un ordre militaire :

— TOUT DE SUITE !

Les joueurs sursautèrent et se précipitèrent sans protester.

Feng s’attarda sur chacun des joueurs assis autour de la table, puis arrêta son regard sur le plus jeune : Warren.

— As-tu conscience de ce que tu viens de faire ?

Un silence de mort lui répondit. Tous retenaient leur souffle.

— C’est à toi que je parle, Warren ! REGARDE-MOI ! s’écria-t-elle en abattant sa main sur la table.

— Jiějiě, je… je suis désolé…

— Voilà qui arrange tout ! ironisa-t-elle.

— Jiějiě… je suis sincèrement désolé…

— Te rends-tu seulement compte des conséquences ?

— Oui, je sais…

— Non ! Tu ne sais pas ! Tu as encore une fois agi sans réfléchir !

— Feng, calme-toi, intervint Ming, le capitaine, en posant une main sur son bras.

Elle inspira profondément, s’appuya sur la table, puis se redressa avec calme.

— Vous devez tous comprendre que vos actes ont des répercussions, sur vous, mais surtout sur l’équipe. Je vais limiter les dégâts, autant que possible, mais les conséquences pourraient être désastreuses.

Et pas seulement pour l’équipe.

Un silence s’installa. Chacun comprit que ce moment marquait peut-être la fin d’une époque.

— En tant que manageuse, je prends les décisions. À compter de maintenant, le centre est en quarantaine.

Elle échangea un regard avec le PDG, qui valida d’un signe de tête.

— Une quarantaine ? répéta Lenny.

— Personne ne quitte le bâtiment sans mon autorisation. Aucune exception. Laissez-moi gérer.

— Je peux compiler les commentaires pour évaluer l’impact de l’affaire. Si on contrôle la communication, on peut éviter que ça parte en vrille, proposa Lenny.

— Laissez-moi gérer.

Tsao Wu, les bras croisés, resta droit comme un pilier au milieu de la pièce.

— Que faisons-nous en attendant ? demanda-t-il calmement.

— On continue à s’entraîner et à affiner nos stratégies, répondit Yung Ming avec assurance.

— Allons-y, conclut le PDG, en hochant la tête d’un geste ferme.

Les joueurs quittèrent la salle, mais Feng retint Warren.

Le jeune Allemand de vingt-deux ans, d’ordinaire si sûr de lui, semblait anéanti. Il se rassit, tête basse.

— Pourquoi l’as-tu battu à ce point ?

Il prit sa tête entre ses mains, incapable de répondre immédiatement. Il avait cru, naïvement, que la scène resterait secrète.

— Il faut que je sache, insista Feng.

— Ma petite-amie… Ce porc la tripotait… Il allait la violer ! s’emporta-t-il. Je ne pouvais pas rester là !

— Il y a d’autres façons d’agir, Warren. Je comprends. Mais tu as mis Dragon en danger.

— Je n’ai pas réfléchi…

Son accent allemand ressortait sous l’effet de la peur.

— Quelles seront les conséquences ? demanda-t-il.

— Je ne sais pas. Dans le meilleur des cas, tu seras suspendu pour le reste de la compétition. Peut-être même pour la saison.

— Et dans le pire ?

Feng soupira. Il connaissait déjà la réponse.

— L’équipe sera exclue. Votre réputation brisée. Et la structure pourrait être dissoute.

Un poids s’abattit sur lui, écrasant ce qui restait de fierté en lui. Même son sourire légendaire avait disparu. Le Warren que tous connaissaient venait de s’effondrer.

Feng devait agir vite. Pour lui. Pour Dragon. Et pour le Phénix. Mais elle savait déjà qu’il y aurait des pertes.


Texte publié par Aihle S. Baye, 1er juin 2024 à 11h18
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