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tome 1, Chapitre 10 tome 1, Chapitre 10

Je me revois, loin, à cette époque révolue où elle n’avait pas encore tout piétiner. Où l’amour n’avait pas totalement pris place en mon être. L’instant lointain où, seuls, lui et moi, nous pouvions vivre heureux, sans qu’aucun mal ne soit fait à l’autre.

Je me souviens de l’option cinéma. De ces rires avec Romain et Martin, tout au long de leurs énièmes disputes sur la religion, les robots et sur : ‘’Pourquoi c’est être un nazi que de mettre du sucre dans son café.’’ Celle-là m’avait fait mourir de rire au point d’en recracher le mien, surtout lorsque Clément avait commencé à forcer l’accent allemand en prenant son café vanille. C’était avant qu’il n’arrête d’en boire aux machines. Qu’ils étaient beaux lorsqu’ils attendaient avec moi, il parlait toujours pour ne pas laisser de moments un peu trop gênants à son gout. Il n’aimait pas tant être accompagné, pourtant, quand j’étais avec lui, sa voix m’emportait constamment. Parfois il se fermait, en particulier quand Romain et Martin se chamaillaient jusque devant les machines. Si l’un avait pu avoir un orgasme devant un problème de math, l’autre banderait, rien qu’à l’idée de gagner un débat. Ces deux-là étaient incorrigibles, et moi au milieu de tout ça, je me sentais à ma place !

J’étais avec des amis, je me voilais la face par rapport à Clément, je l’observais, souriais bêtement, riait comme une conne à toutes ses farces. Je crevais d’envie de le voir en dehors du lycée, autre part qu’en ville. J’en avais marre du fast food d’à côté, marre de la petite boulangerie où l’on prenait une part de flan, marre du cinéma où on passait nos fins de soirée pour se donner l’impression de travailler notre option. Je voulais aller chez lui. Je voulais être avec lui, rien qu’avec lui, lui et personne d’autre ! Nos amis étaient cool, je les adore, évidemment que je les aime… mais je voulais Clément, seul à seul. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais cette envie si brulante au fond de moi, une chose était cependant certaine : je ne devais pas en parler à mes amies.

« Cécile ? Dis, j’ai besoin d’un conseil…

— Dis-moi sœurette ?

M’a-t-elle dit en entrant dans ma chambre. Je n’ai jamais été très proche de ma grande sœur, mais, ce soir-là, j’avais besoin d’elle, de ses conseils… ‘’d’adulte’’ pour une fois qu’elle était à la maison !

— Tu te moques pas hein ?

— Promis, aller balance !

— Tu te souviens de Clément ?

— Le petit avec le carnet à dessin ? Il m’avait dessiné à ton anniversaire, ouais !

— Quand je le vois, je me sens bizarre. J’ai envie d’être toute seule avec lui, j’arrête pas de le regarder, je connais ses habitudes par cœur.

— Oh c’est trop mignon ! Ma petite Louise est namoureuse !

— Mais non ! C’est pas ça l’amour ? Enfin, j’ai envie d’être toute seule avec lui, et, quand je lui demande si la boxe, ça se passe bien et qu’il m’envoie une photo, ouais j’avoue que…

— Il est beau ?

— Incroyable ! Attends… »

C’est à ce moment précis que j’aurais dû me rendre compte de l’évidence, mais il m’aura fallu quelques minutes supplémentaires pour cela. Le temps d’attraper mon téléphone, de remonter rapidement notre conversation, et de piocher une des quelques photos d’après ‘’Sparring’’ comme il appelait cela. Apparut sur l’écran mon ‘’namoureux’’ comme aimait le dire ma sœur. Un casque couvrant son visage, il portait déjà le short qui recevrait ma broderie. Torse nu, ses abdos et, tout son corps en réalité, étaient tendus et rouge par endroit. On voyait Lars derrière, une frite de piscine à la main prêt à frapper Clément pour lui rappeler qu’il devait rester concentré.

«Ah oui… laissa-t-elle échapper.

— T’as vu ? Et encore, je l’ai déjà vu une fois en vidéo, il frappait le sac sans s’arrêter, c’était impressionnant, j’étais toute…brrr ! Je ne sais même pas comment l’expliquer ! Attends ? C’est ça être amoureuse ?

— Ouais.

— J’ai jamais eu de petit copain moi, je fais comment pour lui dire ?

— Propose-lui de venir à la maison, annonce-t-elle innocemment.

— Mais tu es folle ?! Je ne peux pas faire ça ! C’est trop dur ! Il va me demander pourquoi, puis va se moquer de moi !

— Propose lui, et demande-lui au passage si son coach est célib.

— Quoi ? Pourquoi ?!

— Mais aide ta sœur bon sang ! Demande-lui c’est tout ! Allez, bonne nuit ! s’égosilla-t-elle en partant, hilare de mes expressions faciales. »

Je lui proposais le lendemain de venir chez moi ce week-end. Il répondit par l’affirmative sans même me poser de question.

Un premier rendez-vous, c’est toujours particulier. Encore plus lorsqu’un des deux ne pense pas qu’il s’agit d’un rencard. Quand il m’a raconté ça par la suite, j’eus envie de le gifler. Cette journée, je l’avais vécue comme une première fois à tout ! Premier moment seulement tous les deux, premier instant à rire sans personne pour commenter, première fois qu’il voyait ma chambre…et qu’il fouillât chaque étagère. Première fois que nous étions si proches. Je découvrais un autre pan de lui, Clément s’amusait à me montrer ce qu’il avait appris à la boxe, les crochets, les directs, je n’arrivais pas à voir sa gauche partir. Cela m’amusait lorsque je lui demandais d’attraper quelque chose et que sa réponse était un jab filant à toute vitesse.

Quelque temps avant de devoir partir, il attrapa mon téléphone pour m’embêter, évidemment, quand il réussit à le déverrouiller, il tomba sur la photo torse nu d’après boxe. Rouge de honte, je tentais de récupérer ce qu’il m’avait volé, totalement prise aux dépourvues par le rapport de force impossible à inverser, je fus obligée de monter sur mon ami pour jouer de mon poids. Un poids moyen contre un poids mouche. C’était comme une scène dans ces comédies romantiques que je dévorais déjà à l’époque. Nous étions proche, collés, ses mains sur mon corps pour m’empêcher de trop approcher, les miennes sur le sien…plus pour profiter. Finalement il lâcha mon téléphone, tous deux essoufflé, il ne me restait plus qu’une chose à faire.

Je me revois, hésitante, me demandant s’il était temps de l’embrasser ou s’il me repousserait. Si je devais lui demander ou juste me lancer. J’étais toujours sur lui après tout, et nous nous regardions depuis un moment, ses yeux marron rayonnaient d’un si bel éclat. J’avais envie de les préserver, de passer ma vie à les observer… Je ne l’ai pas embrassé. Je suis tombé sur lui, lui ai fait un câlin en riant. Je ne sais pas pourquoi, je voulais juste le regarder, le garder plus longtemps pour moi…j’avais peur. Perdre l’homme que l’on aime c’est effrayant, mais si celui-ci est, par-dessus le marché, notre meilleur ami. Le choix devient cornélien, et je n’ai rien de Bérénice ou de Katniss. Ni le courage de faire un choix…ni celui de perdre celui que j’aime secrètement.

Quelques jours plus tard, Elyna l’embrassait et me volait ce que j’espérais faire.


Texte publié par Charly, 20 mai 2023 à 21h48
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