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tome 1, Chapitre 8 « Round 3 » tome 1, Chapitre 8

Cloche, troisième reprise. En six minutes, c’était simple de cerner ce mur. Les dés sont jetés, ma victoire… j’aimerais dire qu’elle est assurée, mais, face à un tricheur, impossible à dire. Si nous n’avions pas de casque, comment ne pas être sûr qu’il tenterait des coups de tête ou de coudes. Debout, face à face, deux émotions en moi se toisent. Deux tireurs prêts à faire feu. Deux hommes dans les décombres de Stalingrad. L’amour et la colère. Elles sont là ces émotions, l’une, car à mes côtés, il y a une amie et une amante. La seconde, car de l’autre côté du ring, derrière le mur de Berlin. J’aperçois celle qui m’a tout pris. Cette perfection qui cachait une pourriture. Lorsque je suis dans ce carré, je vis, elle m’en a sorti, et lui veux en profiter. Je vais leur rendre à tous les deux ! Rendre fière Elyna et Lars ? À quoi bon ? Je vais le rendre fier, lui…et lui seul !

Il se met en garde et approche par foulée, je l’observe, enchaine les pas chassés pour tourner autour de lui et attends qu’il frappe. Il le fait en venant presque se coller à moi, me rentrant dedans de tout son poids, je suis repoussé contre les cordes. Moins douloureux que la machine à café. Il veut me toucher avec un grand swing, se servir du rebond des cordes pour me frapper avec plus de violence. Malin pour un con. Cependant, malgré mon équilibre perdu, une chose ne peut m’être retirée.

Me penchant excessivement vers l’avant, ma flèche file, surprise, un tir improbable, impossible à bloquer. Remy en plus de me rater, recule, mais trop tard ! Il est à ma distance de frappe, les gauches pleuvent, suivies parfois d’une droite, le forçant à remonter sa garde. Il est perdu, désorienté, impensable pour lui de voir une résistance alors qu’il m’avait esquinté une minute plus tôt. Les deux bras rapatriés pour protéger sa tête, son corps ne l’est plus. Pourtant, derrière ses gants rouges, j’aperçois un sourire… croit-il seulement que je ne m’attendais pas à ça ?

Le mur de Berlin, de nouveau, tente de tricher en m’écrasant le pied. Cette fois, je ne me ferais pas avoir par cette ruse, ma chaussure glisse, forme un arc de cercle, je pivote mon buste, mon bras gauche, tout mon corps en réalité. Son pied passe à côté du mien, et mon poing déforme son estomac et écrase ses côtes. Une fois, deux fois, trois fois, j’arrête de compter lorsqu’il descend sa garde. Là, il tente un uppercut que j’évite en me penchant sur le côté. Puis nouveau coup, évidemment, un crochet au visage. Je rends hommage à Lars, et même à Louise. C’était le coup qu’elle préférait voir. Rémy tangue, mais ce n’est pas assez pour percer le mur ! Alors mon uppercut gauche s’envole, écrase son nez et l’envoie valser au sol.

Silence dans la salle. Le seul autre bruit que ma respiration saccadée ? Le corps lourd de Rémy écrasant le sol, et la course de l’arbitre pour s’assurer de l’état du combattant. Je rejoins le coin neutre, attendant le décompte… qui jamais n’arrive. Le combat est terminé, l’arbitre croise les bras et Lars explose de joie. Rémy est KO, il n’aurait pu se relever, le nez trop embué de sang, impossible pour lui de tenir les deux minutes restantes.

X

« Au retour de la flèche ! trinque Lars une bière à la main.

— Eh, je ne suis pas de retour… c’était juste un entrainement comme ça… mais merci.

Il soupire, ça le démange de me voir revenir sur le ring j’en suis sûr.

— Alors, Elyna t’a envoyé une lettre c’est ça ? demande-t-il.

— Yep. Je sais pas quoi faire.

— Elle a écrit quoi ?

— Qu’elle était désolée, que je n’avais plus à avoir peur d’elle…

— Combien de temps depuis votre séparation ?

— Deux ans.

— Combien de temps depuis que tu n’as pas revu Louise ?

— On s’est revu à une soirée il y a pas longtemps… on n’a pas échangé un mot. La dernière fois c’était quand je lui ai dit que je me remettais avec.

— La gifle ? Je m’en souviens… ça avait fait un de ces bruits. Elyna, je sais ce que ça représente pour toi. Mais c’est du passé. Louise c’est une bonne petite. Je sais que tu as déjà dû t’excuser, mais… va voir quelqu’un d’autre.

— Je vais pas aller voir mon ex, pour…

— Je te dis pas de coucher avec ! grogne Lars. Parle, demande-lui son avis peut-être. Et surtout soit sincère.

— Je sais pas…

— Fais-moi confiance. Louise c’est quelqu’un de bien. Va voir quelqu’un que tu as aimé avant de faire une connerie en recontactant cette fille. »

X

Je trouvais ça stressant la première fois que j’étais dans un ring, les jambes tremblotantes, le sang parcourant chacun de mes membres. Maintenant que je suis devant la porte de mon ex, j’ai l’impression que mon cœur va sortir de ma poitrine pour lui-même aller toquer. Il tambourine à l’intérieur de ma cage thoracique, si fort qu’elle pourrait l’entendre depuis sa douche j’en suis persuadé. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi faire. J’ai hésité à l’appeler pour la prévenir… mais je n’ai pas réussi à composer son numéro.

Je sais une chose, rester devant la porte ne va pas m’aider. Je dois sauter le pas, je dois sauter le pas…bordel j’y arrive pas ! J’y arrive pas ! J’entends des gens descendre de l’escalier. Je me retourne et me colle au mur, prenant la pose la plus naturelle du monde, comme si je venais déjà de toquer. La sueur perlant de tes tempes ne trompe personne Clément.

On se connait depuis longtemps, si longtemps. Le collège, puis le lycée, des amis, puis des amants…puis des inconnus. Elle m’a avoué m’aimait depuis longtemps à la taverne du troll. Nous sommes restés un moment ensemble. J’ai côtoyé Clem pendant…quatre mois peut-être, je suis resté un an avec Louise. Le retour de Elyna l’a brisée, mais par amour…elle m’avait laissé partir. Cet amour se transforma en colère, en sentiment de trahison, lorsque je lui annonçais mon départ du ring. Cette gifle putain, elle est gravée en moi comme le premier baiser D’Elyna.

C’était une amie, peut-être qu’aujourd’hui nous sommes en froid, mais, l’amour passé, l’amitié…enterrée, doit bien encore rester au fond de nos cœurs. L’os de mon index presse la sonnette, la petite musique de Noël qu’elle n’a jamais retiré tonne et j’entends une voix lointaine…venue du passé :

« J’arrive ! Le i est allongé alors qu’elle doit enfiler un jogging. »

La porte s’ouvre.

« Euh…qu’est-ce que tu fais là ?

— Salut Louise. Je… je peux rentrer ? »


Texte publié par Charly, 18 avril 2023 à 13h38
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