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tome 1, Chapitre 4 tome 1, Chapitre 4

« T’es vraiment con quand tu t’y met !

— Arrête de dire ça.

— C’est la vérité ! Montre-le-moi putain !

— Non il est pas finis… »

Ce soir c’est difficile, c’est affreux. Ses cris résonnent dans la maison de sa mère, ils s’entendent surement jusqu’à chez moi… le bout de la rue n’est pas si loin. Pourquoi faut-il que l’on se prenne constamment la tête à ce sujet ? Pourquoi ne peut-elle pas juste accepter que l’art, ça prends du temps, et que je n’ai pas envie de lui montrer ?

Notre relation a commencé là-dessus, griffonnant son visage comme celui de n’importe qui d’autre, je me perdais dans ces traits angéliques et cette aura qui émanait d’elle. Comment pouvait-elle dégager autant de choses, de prestance, de beauté, d’assurance, de talent…juste par sa simple présence. A un moment, d’avantage happé, par son cou gracile que par le cours, le professeur me fit une remarque, attirant toute l’attention non plus sur le film diffusé dans l’option, mais sur ma personne. Je me sentais ridicule, humilié et en colère. Bref à part ruminer dans ma barbe inexistante de trois jour je n’ai pas fait grand-chose.

Le soir même, en rentrant chez moi, alors qu’avec les masques, mon style passe partout et, mon pseudonyme Instagram absolument introuvable, elle m’avait envoyé un message. La fébrilité que j’ai ressentit lorsque j’ai ouvert l’application, était, digne de la sorcière qu’elle était. Pourquoi s’intéressait-elle à moi ? Pourquoi recevais-je un message de sa part ?

Tant de question auquel je ne trouvais aucune autre réponse possible que : ‘’Slt comment va ?’’

Tout ça, c’est partit de là. Ces conneries de la dessiner, la première fois où j’ai fait son portrait dans les couloirs, cette ‘’récompense’’ en échange de celui-ci. Elle savait pertinemment le temps que je prendrais à faire le premier croquis, elle avait pris une pose simple mais, il y en avait pour une petite heure. Elle est restée là, sans bouger, docilement… pour une fois. Lorsque pourtant j’eu finis de la dessiner, elle observa longuement le papier cartonné et légèrement bleuté sur lequel j’avais fait son portrait. Ce n’était pas un papier à dessin, plutôt un papier à lettre. Etrangement, je me sentais plus à l’aise là-dessus. Puis, avec un immense sourire, elle me dit qu’elle allait me récompenser. Je m’attendais à un billet honnêtement, lorsqu’elle m’ordonna presque de fermer les yeux, je m’exécutais et…la sonnerie retentit.

Ses lèvres se pressèrent contre les miennes, démarrant notre danse infernal jusqu’au tréfond le plus bas de l’humain. C’était la première fois qu’une fille de mon lycée m’embrassait, une première fois magistrale car, ce baisé fut très succin, si court que je n’eu le temps d’y répondre. Et là voilà, déjà partit alors que les premières personnes sortants des classes professionnels avaient vu, LA fille populaire, avec l’inconnue du lycée.

« Eh ! Oh ! Je te parle.

— Désolé, j’étais perdu dans mes pensées.

— Bon, on reprends.

— Pourquoi tu m’as embrassé ce jour-là ?

— De quoi ? Quand ?

— Le jour où je t’ai dessiné.

— C’était amusant, et puis tu méritais une récompense.

— Amusant ? C’était qu’un jeu ?

— Tu t’attendais à quoi ? Que je dise que je t’aime ?

— …Ouais ?

— Ce n’était pas le cas. J’avais envie de le faire, et ensuite on a accroché et c’est devenue une relation. »

C’est le moment où, si j’étais dans un film, la musique au piano commencerait, la tristesse prendrait le dessus et je fonderais en larme. En fait, je suis persuadé qu’elles perlent déjà au coin de mes yeux, pourtant, tel le personnage de film que je en suis pas, je les retiens et commence à ranger mes affaires. Attrapant chaque crayons et chaque pinceaux qui auraient dû servir à illustrer cette…sorcière ! Mes mains vont aux ralentis, je suis comme un automobiliste aveuglé par les lampadaires au bord d’une route, mes yeux voient flou, et je refuse de les fermer. Ce serait laisser place à un torrent de larme, je ne peux pas, face à elle, je n’ai pas le droit de laisser s’exprimer cette partie de moi.

« Clément.

— J’ai rien à te dire…

— Je t’en veux.

— Pourquoi ?! ma voix déraille

— Parce que je ne pensais pas que ça serait comme ça.

— Bah bravo, bienvenue dans les relations humaine ça se passe pas toujours comme tu l’as prévue.

— Arrête… c’est pas ce que je veux dire.

— Bah va s’y dis ce que tu veux dire, merde ma voix part vraiment dans les aigues.

— Je t’en veux parce qu’après t’avoir embrassé j’ai commencée à me poser des questions. Je savais pas quoi faire, je pensais pas que tu allais autant me…me…

— Te ?

— Me chambouler ça te va ?! »

Arrêter la cigarette, c’est dur, des amis s’y sont cassé les dents. La nicotine ; la sensation d’être détendue, tout ça parce que l’on comble un manque qui ne se serait jamais créé si l’on n’avait pas commencé un jour. C’est rageant de voir ses amis, dans le mal, vouloir, mais ne pas arriver. Ce soir, je veux arrêter, mais je n’y arrive pas.

La sensation glacée de sa bouche contre la mienne, du sang quittant mon cerveau pour se diriger vers mon entrejambe. Quand je suis avec elle, je réfléchis moins, je suis plus à l’aise. Putain j’arrive pas à lâcher son corps. Ses cheveux entre mes doigts m’emprisonnent par leurs odeur, enfermés dans une cage de senteur, mon nez est, comme d’habitude, obnubilé par ces huiles et ces savons. Cette bouche n’est pas seule, voilà le lasso qui m’emprisonne d’autant plus. Je ne suis, à l’instant présent, rien d’autre qu’un animal sauvage qu’elle dresse à coup de langue. Sa main dominante, comme tout le reste de sa personne d’ailleurs, se glisse sous mon pull. Les frissons qui me parcourent sont l’ultime preuve qu’elle a un contrôle totale sur moi. Ma peau réponds à ses appels et mon sang, à ses caresses. Ma seconde main, jalouse de celle dans ses cheveux, se pose là où elle peut. Et l’endroit où elle peut se poser n’est autre que le nid douillet qu’elle porte au torse. Cette poitrine, hante mes nuits quand elle est loin de moi, habite mes rêves quand elle est proche, et me fait rêver chaque fois qu’elle est là. Comment y résister ? Toutes les réflexions plus mauvaises les unes que les autres disparaissent, la colère face à ses mots, laisse place au désir. Désir de la regarder, de l’avoir contre moi, de la posséder. Pourquoi, à chaque fois, j’en ai tant envie ? Pourquoi est-ce que ces désirs prennent le dessus sur ma colère ? Je lui en veux pour tout ! Pour ces réflexions, pour ce qu’elle vient de dire ! J’ai envie de lui rendre, et ceux, non pas en lui faisant l’amour… J’aimerais la repousser et arrêter tout ça, pourquoi je n’y arrive pas ?

Est-ce ça que ressentent mes amis fumeurs ? Cette envie de se gifler pour ce que l’on fait, ce dégout envers soi-même. Passer l’euphorie du baisé, je m’en rends compte, je la hais.

C’est en réunissant mes maigres forces, aspirées par cette succube, que ma main posée sur son sein finit par desserrer son étreinte et la pousser. Nos langues, plus tôt entremêlées, se séparent brutalement, reliées par un fil. J’aimerais que ce soit celui du destin, que par ce geste, nos chemins enfin se séparent, mais tout ce qu’il y a entre nous deux, c’est un peu de bave. Coulant le long de nos lèvres, descendant jusqu’à nos mentons et tombant à la place des larmes que je me refuse toujours de laisser couler. Les yeux braqués sur cette sorcière, je n'arrive pas à les retenir, comme si la gravité était trop forte, comme s’ils étaient, face à elle, forcés d’éviter de croiser le regard de cette méduse. Je sais pertinemment que face à ses prunelles, je perdrais pied. Impossible, impossible, comment puis-je être si faible face à elle ?

« À quoi tu joues ? tonne sa voix, plus forte que d’habitude.

— J’veux pas.

— Oh ? Tu ne veux pas de moi ?

— Ce n’est pas ça…

— Alors c’est quoi ?

— Je ne veux plus de ça. »

Coup de tonnerre, explosion, grand bruit, sans crier gare. Vlan, boum, crac. Tout un monde s’écroule et à part le mot : Bordel. Rien ne me vient pour décrire ce qui est en train de se passer. Elle recule, comme si je venais de lui mettre un coup dans la mâchoire. Je ne suis pas le seul à perdre l’équilibre. Adossé contre le mur, je suis bien aidé, je l’avoue.

« C’est quoi la connerie ? Tu rigoles j’espère ? Sa voix monte dans les graves, comme mille coups de feu dirigés vers moi.

— Non. Je, je ne veux plus de tout ça. J’en ai marre de me disputer avec toi pour un oui ou pour un non. Je veux pas juste qu’on baise et pouf, l’histoire est réglée.

— Pourtant t’étais content là, je le sentais. T’avais envie, qu’est-ce qui te prend de me repousser comme ça ?!

— Je te l’ai dit, je veux pas, je peux pas. Je t’aime merde, je t’aime tellement que j’ai pas envie qu’on laisse tout ça pourrir. »

Mes mots de nouveau semblent la troubler, car elle recule davantage, se tenant à la boule de son lit pour ne pas tomber. C’est, c’est quoi cette sensation ? Pourquoi j’ai l’impression de faire quelque chose de mal ? Mes mots on de plus en plus de mal à sortir, est-ce que…est-ce que je suis en train de faire ce que je crois ?

« Je veux que l’on se pose et qu’on discute, abats ma voix sur le ring, plus aucune peur dans celle-ci.

— Arrête ! On a toujours fait selon mes règles !

Elle est dans les cordes.

— Plus aujourd’hui. Je vais pas te prendre et oublier. Si tu m’aimes, tu peux faire cet effort non ?

Elle est dans le coin.

— Tu crois que je t’aime ? Des garçons comme toi je peux en avoir des tas !

— … »

Elle vient de me mettre un coup illégal.

Mon corps se plie, j’aimerais que ce soit à cause d’un coup, mais c’est juste pour ramasser ma trousse, que je fourre dans mon sac. Putain ! j’ai senti mon critérium péter sous ma main… c’est quoi cette sensation ? Pourquoi j’ai autant envie de frapper le sol, d’écraser mon poing contre le mur ? Je suis pas un putain de perso cliché de roman d’amour. Roi déchu de son trône, autrefois conquérant, poignardé dans le dos par sa reine. J’ai perdu la partie. Impossible de me relever, incapable de la regarder. Lorsqu’enfin mes jambes supportent de nouveau mon poids, je comprends que le combat est terminé. L’arbitre a compté jusqu’à dix, elle a gagné par KO.

« Je te quitte Elyna.

— T’as pas besoin de le dire, je pensais avoir été clair.

— Je suis là si jamais tu as besoin de quelque chose…

— Barre-toi. »

Le bout de la rue n’est pas si loin, pourtant il me semble à des milliers de kilomètres lorsque sa mère referme la porte derrière moi. Elle m’a adressé un regard, les cris étaient trop sincères pour ne pas être entendus, j’imagine. Elle s’est excusée, m’a dit que sa fille allait revenir. C’est gentil.

Finalement, pas après pas, elles peuvent enfin s’exprimer. Putain elles en ont mis du temps à couler ces larmes. Tous les mots, toutes les réflexions, toutes les caresses… c’est fini ? Mon dernier baiser avec elle, c’était ça là ? Nos derniers mots…c’était… mes pensées se bousculent, tous les bons et les mauvais souvenirs ne forment plus qu’une masse, je l’imagine, toujours face à moi. Je veux lui dire que je lui en veux, et en même temps que je l’aime. Que je veux son corps, et que j’aimerais la laisser partir. Je la déteste !

Les jappements de mon chien ne me ramènent même pas à la réalité. Je lui adresse un regard succinct, passant une main dans ses poils, toi au moins elle t’a toujours bien aimé. Et me voilà à pleurer en caressant mon chien. Merde.

Dans ma chambre, je n’arrive juste plus à respirer, les pleurs sont si violents que l’air vient à manquer. Je fais tant de bruits que ma mère toque et me demande si tout va bien. Le seul son à sortir de ma bouche est un grognement mêlé de morve et de larmes. Puis un cri. Pourquoi ? Pourquoi moi ! Pourquoi m’a-t-elle choisi ?! Pourquoi faire tout ça ? Finalement, un ultime coup de marteau vient enfoncer le dernier clou de mon crucifiement. Mon téléphone, vibre, fait tout un bordel. Oh, ce n’est pas une pluie de message, encore moins un appel de ma voisine et…ex-petite amie, non. L’alarme, la musique et les vibrations annonçant qu’il est l’heure pour elle de prendre son médicament retentissent. J’ai l’impression de me réveiller d’un cauchemar…mais ce n'est que le début.

‘’Le train TER numéro 886522 entre en gare de Pamiers, son terminus. La SNCF vous remercie et espère que vous avez passé un bon trajet’’.

La voix robotique de cette femme me dérange plus qu’autre chose lorsque j’enfile de nouveau mes écouteurs pour laisser courir dans mes oreilles un vieux son de rap français. C’est comme la cloche pour le chien de Pavlov, un réflexe. Quand j’écoute ça, j’ai envie d’aller boxer. Je m’y suis mis plus sérieusement après ma rupture. Laquelle de toute Clément ?

J’avais mon petit talent au lycée, puis, après cette ultime dispute avec Elyna, j’avais tellement de frustration en moi…j’ai tout remis dans les sacs de frappes. Cela fait tellement longtemps que je n’y suis pas retourné… Je me demande comment mon coach va réagir.


Texte publié par Charly, 30 mars 2023 à 09h30
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