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‘’Je suis en place, t’es où ?’’

Message lu : 16h 47.

« Juste là, susurre une voix à mon oreille. »

Sursaut et accolade. Ce boulet m’avait manqué. Martin et moi, on se voit de temps à autres. Une fois par trimestre je pense. Merde, c’est fou de se dire qu’avant on se voyait tous les jours de toutes les semaines. Dire qu’à une époque encore plus éloignés on se faisait une guéguerre stupides. On se prenait la tête dés que possible sur n’importe quel sujet, on adorait dans le fond se battre. Heureusement ça n’est jamais arrivé, je crois qu’il m’aurait pété le nez. Enfin, je me défends, je me battais très souvent, mais lui c’est une autre histoire. Bref, il me fait sursauter et nous nous enlaçons un long moment, Putain je suis heureux de le voir.

La taverne du troll. Ça aussi ça fait un bail. La dernière fois que j’y suis allé, étais-je encore…non, Elyna et moi on s’est séparé le trois décembre d’il y a deux ans, donc c’était avec Louise ? Mais oui ! C’est là où totalement bourré elle m’a avoué ses sentiment ! Alors ça fait plus de trois ans que je ne suis pas revenu ici.

« Salut les jeunes, qu’est-ce que vous prenez ?

—Bile de gobelin ! réponds Martin

—Morve de troll pour moi.

—T’es sérieux ? Tu prends toujours ça ? C’est dégelasse.

—Gros, c’est de la ‘’Morve de TROLL’’ ça arrache la gueule et là j’en ai besoin. »

Morve de Troll, bile de Gobelin, Tabaskouille. Les noms de ces mélanges étranges d’alcool de colorant alimentaire et de sirops sucré n’ont jamais quitté ma mémoire. Découverte par hasard, ce bar est devenue notre refuge avec mes amis du cinéma. Pamiers c’est bien mais c’est petit. Ici, on entrait dans un monde nouveau, un monde impossible à saccager, c’est ici où eux et moi nous avons le plus refait le monde ! Et où j’ai pris mes cuites les plus immémorable. Bordel, je suis venu ici après mon retour de Singapour et ma rupture, j’ai tellement bu de Tabaskouille qu’en plus de vomir, j’ai réussi à me brûler avec le Tabasco contenue dedans.

« Alors le mariage ?

—Un petit nuage ! T’as pas idée comme c’est incroyable. Yasmina et moi on est bien.

—Content de l’entendre. Et le bébé ?

—C’est compliqué. Enfin tu vois, on essaye, on essaye mais, la situation, le stress…

—Ouais je comprends. T’as pensé à l’enlèvement ça irait plus vite non ?

—Trop cher, et puis j’ai envie que mon enfant nous ressemble à elle et moi.

—La bile de gobelin et la morve de troll pour ces messieurs, annonce le serveur en posant les verres sur table. »

Martin et moi trinquons, la verrerie faite main du bar à déjà cédée plus d’une fois lors de nos joutes barbare d’alcoolique. Une fois, lui et moi avons tenté d’enchainé le plus vite possible tous les alcools originaux de la taverne. Ce soir là j’ai vraiment vu des gobelins et des elfes tant je suis allé vite. Je l’ai écrasé à notre petit jeu ! Lorsque j’ai bu la liqueur de dieu, le cocktail le plus violent de la carte, il m’a applaudit puis a trinqué, éclatant les choppes de bois qui allaient avec l’hydromel maison. Je crois que c’est là que nous avons ajouté, ‘’Viking’’, sur nos fiches de personnage de la taverne, et que l’on a été banni pendant un mois.

« Putain ! C’est toujours aussi bon ! grogne-t-il.

—Tu l’as dit, ça arrache toujours autant !

—Avant que l’on s’en mettent une, tu voulais me parler de quoi ?

—Feur.

—Toi j’vais te niquer ! dit-il en riant. Allez dis-moi ! »

Allez, ça va être compliqué, mais ça fait longtemps. Lui en parler c’était compliqué, il a toujours eu une vision très arrêté sur Elyna, mais ça devrait aller, depuis le temps, lui, moi, elle, nous avons tous changé. Comment pourrait-il détester quelqu’un qu’il ne connait plus et qui m’a envoyé une lettre d’excuse.

« Elyna m’a envoyé une lettre…

—Elle veut quoi cette pute ? »

Bon, je m'attendais à quelque chose comme ça.

Fallait s'y attendre avec lui, c'est toujours compliqué. En fait, avec toutes les femmes et Martin c'est toujours compliqué. Chaque femme que je lui ai fait rencontrer n'était pas aussi bien que la sienne. Clem, est la meilleure amie de sa femme et lorsque je sort avec, le voilà qui s'en plaint. Pareil avec Louise qui pourtant était une amie commune. Elyna avant ça, c'était la pire de toute ! Pire qu'un Tabaskouille mal dosé, pire qu'une écharde dans le pied, pire que tout, une hérétique à sa morale parfois pire que le plus vieux des Vaticanais.

« Parle pas comme ça d'elle.

—Mec, c'est ce qu'elle est. Réponds Martin.

—Non, elle n'était peut-être pas toujours cool avec moi mais...

—Mais ?

—Mais elle a changé.

—Tu disais déjà ça la dernière fois. Quand elle est revenue, après votre rupture à la fin du lycée, t'as fait quoi ?

—Je me suis remis avec, on était bien et au total ça a duré longtemps.

—Longtemps ? C'était genre, six mois puis la deuxième fois, un an.

—Huit mois et un an et demi... »

Il est de mauvaise foi, la première relation c'était différent. On était jeune lycéen ça ne compte pas. On n'avait même pas dix-sept ans et je sortais pour la première fois avec quelqu'un. C'était qui plus est LA fille populaire du lycée. Celle qui avait du répondant, du mordant, que personne ne pouvait approcher à part les autres créatures de ce genre. La plus belle, peut-être pas celle avec les meilleures notes, mais celle qui avait trouvé l'équilibre, que personne ne voyait réviser mais qui pourtant assurait à chaque fois. La seule fille du lycée qui venait de loin, qui partait en vacances à des milliers de kilomètres. Celle qui parlait une autre langue ''exotique''. De l'extérieur elle était incroyable parfaite ouais. Puis elle m'a approché et notre relation a commencé sur un baisé volé...

« Eh ! Oh, je te parle ! tu m'écoutes ? me rappelle Martin.

—Ouais... désolé tu disais quoi ?

—Fait voir la lettre. »

Sortant la lettre, délicatement entreposé dans mon sac, écrasé entre une pièce de théâtre moderne et un roman sur un père faisant une prise d'otage dans un hôtel miteux, je lui tends le papier toujours très parfumé. Tellement parfumé qu'il toussote en l'attrapant. Il se permet une réflexion, tentant un brin d'humour sur le fait qu'elle a certainement dû vider la bouteille, petit contre son camp de mon ami dont le t-shirt noir laisse apparaitre des traces de déodorant. Lui répondre serait donner le bâton pour une énième confrontation avec lui, alors je laisse apparaitre un sourire qu'il prend certainement comme une approbation vu celui, narquois, qui s'affiche sur son visage.

Il explore le papier assez longuement, peut-être moins que moi mais, il y passe un certain moment. Cela m'étonne, mais, il semble presque respecter ce qui est écrit sur le papier légèrement bleuté. Puis, après avoir lu une fois, peut-être deux, les mots de mon ex, il la replie soigneusement me regarde et explose d'un rire gras qu'il a l'air d'avoir contenue durant un long moment.

« Oh ! Je suis mort ! Comment t'as pu y croire un instant ?

—La lettre est sincère...

—Mais non, il explose à nouveau de rire puis reprends. Mais non ! C'est pas possible, tu vas me faire croire qu'elle t'aurait traité comme elle t'as traité et que, par magie elle deviens gentille ?

—Ouais...

—Elle veut que tu la baise. Tu lui manque parce que tu étais... parce que tu es un gars bien. Elle a dû se faire larguer et cherche un gars assez naïf pour venir s'occuper d'elle explique mon ami.

—Elle était pas comme ça. Elle avait qui elle voulait quand elle voulait, pourquoi ça aurait changé alors qu'elle habite dans un autre pays et bosse dans une bonne boite.

—Elle taff dans quoi ?

—J'ai jamais trop compris, de la télécommunication en gros, elle était chef de projet et allait monter encore plus. Mais elle touchais genre, deux fois plus que moi.

—Et c'était toujours toi qui allait la voir ?

—Ouais.

—Un billet d'avion pour Singapour ça coute combien déjà ?

—...Cher, surtout quand t'es étudiant.

—T'as répondu à la question. Elle veut que tu fasses encore ça pour elle, c'est un test, t'es au-dessus de ça non ? »

Parfois, le destin à un drôle d'humour. Le mari qui rentre à l'appartement quand l'amant est dans le placard, le devoir à rendre dont on nous rappelle l'existence la veille. L'alarme pour le médicament de son ex qui se déclenche pile à la fin de cette phrase.

Elyna avait une sale maladie, quelque chose de dégénératif, un truc rare qui n'était pas soignable. Elle en parlait assez peu mais, c'était très dur pour elle. C'était un rituel, tous les jours je lui envoyait un petit message pour lui rappeler de prendre son médicament. Je n'ai jamais osé couper cette alarme, lorsque j'étais en relation avec une autre fille, je la mettais en silencieuse mais elle était toujours là, pour me rassurer et me dire qu'elle prenait son médicament même sans que je lui dise.

« T'es sérieux ? Tu ne l'as toujours pas retiré ?!

—Non. Je n'en vois pas l'intérêt.

—L'autre conasse a toujours une emprise sur toi à cause de cette alarme.

—L'appelle pas comme ça !

—C'est le mot ! C'était une conasse avec toi, avec nous.

—Arrête ! Elle n'a pas toujours été cool, mais c'est quelqu'un de bien !

—C'était une cona... »

Le verre que j'avais dans les mains, vole au travers de la taverne et s'écrase contre un mur, se brisant en un trop grand nombre de morceau pour être compté. Je ne sais pas ce qui me prends mais, je sers le poing gauche dans ma poche. Mes yeux voient flou, si je reste, Martin et moi on va enfin sauter le pas de la bagarre. Aujourd'hui cependant je pense que je lui péterais le nez. J'attrape donc la lettre et la fourre dans mon sac avant de me lever.

« Les gens changent Martin, on peut avoir de l'espoir. j'en avais pour toi, mais t'es encore pire qu'au lycée. Salut l'ami. »


Texte publié par Charly, 28 mars 2023 à 12h33
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