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tome 1, Chapitre 2 tome 1, Chapitre 2

Les Plages de Bronze étaient sans doute le meilleur spot pour les amoureux de la mer. Certes, il y avait des plages tout le long des côtes de Xialanya, c’était souvent des espaces sauvages où il fallait emprunter des chemins tortueux pour y aller.

Aussi c’était un endroit où énormément de personnes aimaient aller. Surtout des humains au vu de ce que Morgan pouvait voir. La Sirénienne voyait tous les jours affluer des visiteurs qui venaient se faire dorer la pilule au soleil. Un comportement que l’Hydro ne comprenait pas vraiment. Après tout, elle appartenait aux Eaux Saphirs.

De ce fait, elle fuyait les Plages de Bronze comme la peste préférant se poser dans des criques plus calmes.

A peine s’était-elle installée, cette fois, qu’un loup gris lui sauta dessus avant de se mettre à lui lécher la figure.

– Lykao ! s’exclama Morgan en le caressant.

– Il est heureux de te revoir, fit une voix dans son dos.

L’Hydro pencha la tête en arrière pour voir une femme elfe aux longs cheveux bruns et portant une tunique violette par-dessus un pantalon noir. Ses longs cheveux bruns étaient retenus en arrière par une tiare en argent avec une améthyste taillée en forme de goutte qui pendait sur son front.

– Salut, Nurya, la salua la Sirénienne.

La Pisteuse lui sourit en bondissant sur un rocher. Même si elle était loin de son terrain de chasse, elle gardait toujours sur elle sa sarbacane et sa dague. Mais elle n’avait pas le visage fermé et sans émotions qu’elle affichait quand elle était en activité.

Nurya s’étira laissant Morgan voir l’élégant papillon qu’elle avait de tatoué sur l’intérieur du poignet. C’était un joli spécimen aux ailes bicolores et dont le bas était long au point de former une traîne. La Dame Lilas si l’Hydro se souvenait bien.

Ce n’était pas un tatouage basé sur sa beauté et son esthétisme mais servant à désigner chaque Pisteur. En effet, chacun avait son propre animal qu’il choisissait pour se désigner. Son amie avait choisi la Dame Lilas en référence à sa méthode de chasse: vive et légère comme le battement d’aile d’un papillon.

– Tout se passe bien à la frontière ? demanda Morgan en caressant la tête de Lykao.

– Depuis que la Compagnie des Onze à conçu l'Observatoire pour surveiller les Nécromanciens, j’ai l’impression que ces pourritures se tiennent tranquilles.

Surtout qu’ils étaient sévèrement affaiblis depuis la Bataille des Nations. Guerre à laquelle Morgan avait participé. Machinalement, elle passa une main sur sa cuisse, effleurant du bout des doigts la grande et profonde cicatrice qu’elle gardait en souvenir des rudes combats qu’elle et le reste de la Compagnie avaient vécus.

– Tant mieux, dit-elle en se forçant à sourire.

Depuis que la Compagnie s’était dissoute pour retourner gouverner ou vivre dans leur patrie respective, Morgan était retourné à une vie paisible loin de toute l’agitation de Xialanya. Mais finalement, ne plus être avec ses amis lui manquait. Nurya venait parfois la voir ainsi que Junïa mais elle n’avait pas de nouvelles du reste des membres.

Il fallait dire que la majorité de la Compagnie des Onze était des dirigeants ou avaient beaucoup de responsabilités car ils occupaient un poste équivalent. Alors quand la paix s’est de nouveau installée à Xialanya, beaucoup avaient dû superviser la reconstruction de leurs territoires.

L’Hydro eut un léger sourire en repensant aux aventures qu’elle avait eu dans les terres de Xialanya. Certes, ce n’était pas rose et souvent dangereux mais cela avait permis de tisser des liens solides entre eux. Des liens que rien ne pourra briser.

– Je suis heureuse que tu sois venue me voir, finit-elle par dire.

Nurya haussa les épaules.

– Je profite que ma mission soit près des Plages de Bronze, c’est tout.

– Ta mission ? répéta Morgan.

– Oui. Confidentiel, continua l’Elfe en voyant la lueur de curiosité dans les yeux de la Sirénienne.

Morgan n’insista pas. Il savait que les Pisteurs obéissaient à des règles strictes et ils avaient l’interdiction de dévoiler des informations à d’autres personnes.

– Au moins, tu voyages, dit-elle. Tu dois voir beaucoup de choses.

Nurya caressa la tête de Lykao.

– Oui, pas mal. Mais qu’est-ce qui t’empêche de voyager ?

En effet, Morgan n’était pas une sirène et avait des jambes pour se déplacer. Mais quelque chose la retenait dans les Eaux Saphirs. Une sorte de promesse faite à Viviane qui était de surveiller les Plages de Bronze. Même si en vérité, c’était son peuple qui lui avait dit qu’il garderait un œil sur les côtes.

– Je ne peux pas. Il faut surveiller ce qui se passe sur nos terres.

Nurya hocha la tête avant de sortir un carnet de sa poche. Elle l’ouvrit sur une page représentant un chat, assis sur un mur, regardant quelques libellules devant une lune formant un croissant lumineux. Malgré qu’elle ait abandonné la maison familiale depuis plusieurs années pour devenir Pisteuse, elle avait gardé un grand amour pour le dessin. Ce qui lui rappelait qu’elle devait immortaliser un lion volcanique au corps doré formant des flammes quand elle en aura l’occasion.

Elle saisit un crayon et se mit à esquisser un brouillon représentant Lykao jouant avec un crabe. Aussitôt quelques rimes lui viennent à l’esprit.

– Avec sa carapace dure

Qu’il soit sur le sable ou dans l’eau salée

Le crabe est sûr

De ne pas être attaqué

Mais quand la mer montera

Emporté par les vagues

Le crustacé ira

Dormir dans les algues

– Laisse-moi deviner: Akiu ? sourit Morgan.

Akiu était un bon ami de Nurya. Lui aussi était un Pisteur. Qui avait un certain amour pour la poésie. Des sortes de poèmes centrés sur la nature et récemment, il avait décidé de faire quelques vers sur le crabe.

– En effet. Ce n’est pas son meilleur.

– J’ai l’impression, que vous, les Pisteurs, avaient des centres d'intérêts qu’on ne penserait pas retrouver chez vous.

– C’est possible. Nous sommes une sorte de première ligne contre les Nécromanciens donc on doit trouver de quoi décompresser.

Comme pour approuver, Lykao éternua. Il avait fini de jouer le crabe et jouait dans les vagues. Son comportement amusa Morgan qui créa un loup à partir d’eau pour qu’il puisse jouer avec.

Une image lui venue alors. Celle d’hommes portant de grands chapeaux en bambou et qui remontait les rivières sur des embarcations. Des vêtements amples et colorés. Des bijoux finement ouvragés et des hommes d'un calme et d'une délicatesse incroyables. Souvent, ils avaient des fruits ronds et oranges de la taille d'une noix qu'ils jetaient dans l'eau pour les Faes aquatiques. Du moins, c’était ce que lui avait raconté les Naïades. Elle aimerait beaucoup voir ça de ses propres yeux, un jour. Cependant, elle ne voulait pas faillir à sa promesse.

Elle allait ouvrir la bouche quand elle vit un rat blanc passer près d'elle. Un animal qu'elle avait pris l'habitude de voir depuis longtemps. Et qui était porteur d'une visite qui la réjouissait à chaque fois.

– Tiens, tu es revenu, Yunio ? s'étonna Nurya en regardant par-dessus l'épaule de Morgan.

La nouvelle venue se contenta de lui adresser un sourire avant de s'installer près de Morgan. Celle-ci fut contente de retrouver un autre membre de la Compagnie des Onze. La Zwon était sans doute l'un des membres avec lequel la Sirénienne s'entendait le plus. Notamment parce qu'elles avaient un caractère similaire et aussi parce que Yunio était une Pisteuse et voyageait beaucoup. Cela lui permettait de retrouver les autres membres de la Compagnie et d'avoir de leurs nouvelles. Puis de les transmettre aux autres. Au fil du temps, la ratte était devenue en quelque sorte la messagère de la Compagnie. Et puis, elle avait beaucoup de choses à raconter à chaque fois.

– Heureuse de voir que vous vous portez bien, fit Yunio en étirant ses membres. Je reviens du Sable d'Or où j'ai aidé Omys dans la protection d'un convoi. On a trouvé un crâne humain géant qui paraissait entièrement fait de sable, c'était impressionnant.

– Il va bien, d'ailleurs ? demanda Morgan.

La ratte haussa les épaules.

– Il ne parle pas beaucoup de lui, tu sais. Il voudrait regagner sa tribu mais malgré ses exploits, j'ai bien peur que la cheffe refuse. Les Orcs sont très à cheval sur leurs traditions et règles, reprit-elle en soupirant.

– En effet, acquiesça Nurya. Pour avoir passé quelques jours avec une tribu dans les Plaines Émeraude, je ne peux que le confirmer. D’ailleurs, je me souviens avoir séjourné dans un palais quand j’étais en mission là-bas. Il me semble que c’était Houliu de mémoire. De ma fenêtre, je pouvais voir le désert de nuit et c’était plutôt beau. Surtout avec la myriade de particules lumineuses et la lune en arrière-plan.

Elle grimaça en parlant des Orcs comme si elle se rappelait de mauvais souvenirs. Des souvenirs certainement très lointains mais tenaces. Même si les Orcs et les Elfes étaient en paix depuis plusieurs siècles et étaient même parvenu à tisser des liens amicaux, il y avait encore une certaine répulsion mutuelle malgré de gros efforts des deux côtés. Certainement dû à une culture très différente.

Une différence culturelle que Morgan avait observé de maintes fois. Les us et coutumes de chacun dans la Compagnie étaient divers et si il y avait des choses qui se rapprochaient, beaucoup étaient différentes. Notamment au niveau des langues et des fêtes. Mais cette différence lui plaisait. Elle nourrissait d’ailleurs sa curiosité envers les autres peuples. Curiosité que les uns et autres avaient assouvie en lui montrant des éléments de leur culture. Comme Junïa qui lui avait montré les Arbrignons sorte de champignon dont le pied ressemblait à un tronc et qu’ils mesuraient plusieurs mètres de haut, ou encore Fenryl qui avait exécuté une Danse des Vents avec Thanya. Ou encore quand Uvolin marmonnait dans sa barbe en langue naine.

Des souvenirs qui étaient chers à son cœur et dont elle se rappelait avec joie mais aussi mélancolie. Des moments que la Sirénienne voudrait revivre encore et encore dans une boucle infinie. Des réminiscences qu'elle n'échangerait pour rien au monde.

– Et tu as des nouvelles des autres ? voulu savoir l'Hydro.

– Je n'ai pas encore vu tout le monde. J'ai croisé Fenryl à Selawar quand j'étais venu voir Viviane. Il était en train de l'aider à reboucher les souterrains de la ville. Toujours aussi bienveillant envers elle. Et Viviane a l'air en bonne santé. Très occupée, cependant. Pour Uvolin, il est reparti dans les Montagnes Opales après avoir fait son commerce un peu partout. J'ai pu aussi croiser Damien. Notre Vampire est encore et toujours un croque-mort. Koleen continue à être médecin itinérant et Junïa fait son petit bout de chemin je ne sais où. Je crois qu'elle allait vers la Vallée d'Améthyste la dernière fois que je l'ai croisée. Et Iryn garde un œil sur le Forêt de Jade.

– Toujours pas de nouvelles de Thanya ?

– Non. Après, je ne vais jamais aux Pics d'Argent. Trop de Wyvern à mon goût. C'est vraiment des sales bêtes. Je préfère encore les Dragons Aériens des Montagnes Opales. Au moins, tu peux discuter avec eux.

Yunio fronça le museau. Pour avoir dû combattre une Wyvern lors de l'ascension des Pics d'Argent quand la Compagnie sillonne Xialanya, elle en gardait une profonde aversion. Surtout de leur queue pourvu d'un dard aussi gros qu'un fer de lance. Leur souffle glaciale et empoisonné n'était pas mal non plus.

– Je n’ai pas vu de Célestins depuis très longtemps, avoua Nurya. Viviane a demandé aux chefs de ne plus nous envoyer aux Pics d’Argent. Elle a porté un message aux Célestins pour qu’ils assurent la surveillance. Notamment à cause des Wyverns.

Ce qui n’était pas plus mal. Morgan se souvenait encore du froid intense qui régnait aux Pics d’Argent. Notamment durant Violet qui était la saison la plus glaciale. Un frisson la secoua au souvenir des neiges éternelles.

– Je voudrais que l’on se reforme, dit la Sirénienne. C’était bien quand on était tous les onze.

Même si le contexte de leur amitié était très sombre et que la Compagnie a bien failli disparaître dans la Guerre des Nations.

– Ce serait plutôt sympa de vous revoir tous ensemble, sourit Nurya. Cela serait aussi un message pour les Nécromanciens restants.

– Une sorte de “on est encore là, n’est-ce pas ? devina Yonia en se relevant. Ma foi, pourquoi pas. Je vais envoyer un oiseau à Viviane pour lui proposer d’organiser un événement à Selawar pour que l’on se retrouve tous là-bas.

La Compagnie à nouveau réunie ? C’était un symbole fort que de voir les héros de la Guerre des Nations ensemble. Et savoir qu’elle allait être au centre de tout ça était juste grisant pour Morgan. Même si ce n'était qu'une journée, ses amis seront à ses côtés. Est-ce qu'ils pourront tous venir ? Vont-ils bien ?

L'Hydro sourit alors qu'elle regardait l'horizon. Pour peu, elle voudrait pouvoir revenir au temps où la Compagnie se créait et arpenter les routes avec eux.


Texte publié par GreenFlower, 18 mars 2023 à 21h14
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