J’aime bien les fausses pistes, sauf quand je fais du ski !

J’aime bien les fausses pistes, celles qui vous emmènent dans les chemins de traverse, qui vous font espérer pour mieux vous décevoir, qui prônent la clarté vous plongeant dans le noir.

Elles se déguisent en évidences, en logique implacable, sont les premières à vous faire des avances, s’excusent d’être en retard, vous attirent dans un traquenard.

Elles sautent aux yeux, on ne voit qu’elles, défilant, aguicheuses, sous leurs jolies ombrelles. Quelquefois tonitruantes, impérieuses, elles sont là, elles s’en vantent. Il faut -on doit- les prendre en compte disent-elles, elles sont la clé du mystère, le centre de la terre, le Graal du St Père ! Et puis quoi encore !

J’aime bien les fausses pistes, surtout quand elles insistent, qu’elles crient, qu’elles supplient, qu’elles murmurent que toute autre idée finira contre un mur, point de salut sans elles, même si on est un dur.

J’aime bien les fausses pistes, leur mauvaise foi pathétique, leur modestie perfide, leur ambition de vous faire tourner en bourrique.

Je les aime bien car plus que toutes autres, elles savent bien qu’elles ne durent qu’un temps, que leurs jours sont d’avance comptés, qu’elles ne font illusion que le temps d’y penser. En pesant le pour de ces pauvres tares ignares aux circonvolutions inextricables, on compatit à leur désir de vie. On se surprend même à prolonger, pour le plaisir, l’ambiguïté de leur légitimité, à rendre plus acceptable leur déclin inexorable.

J’aime bien les fausses pistes : je sais qu’après leur fin commence le difficile.