Je vous trouve pathétiques, elle, toi et lui. Le lapin, le serpent et le coyote. Elle, parce qu’elle cherche l’attention de façon pathologique, comme si c’était la seule manière de se sentir vivre. Elle vit à travers le regard des autres. Cela relève probablement d’une réelle pathologie, d’ailleurs. Lui, l’imbécile heureux, il a encore une excuse, celle de l’ignorance. Il n’a jamais mis les pieds là-dedans et il ne sait pas les dangers qu’il encoure. Je le plains sincèrement d’être tombé sur elle. Mais toi, toi tu n’as aucune excuse. Tu as vécu, tu sais. Et tu t’y lances à corps perdu, tu sais ce que tu risques ; tu ne la battras pas à ce jeu. Je le sais parce que je suis une femme et que les femmes sont toujours gagnantes. Crois moi, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Une fois qu’elle aura eu raison du lapin, tu essaieras de l’attaquer. Même si tu la blesses mortellement, son venin aura commencé à courir dans tes veines sans que tu t’en rendes compte. Tu seras raide mort bien assez vite.
Je suis probablement, à ma manière, aussi pathétique que toi. Mais mon incapacité à ressentir me protège, ou m’enferme. Toujours est-il que je trouve ma position plus souhaitable que les vôtres. Je suis un rapace qui vous observe vous courir après, vous qui ignorez le précipice vers lequel vous foncez : vous tomberez bientôt, et je pourrai me repaître de vos restes. Je ne suis ni le prédateur, ni la proie : je ne m’essouffle pas pour manger ni ne cours pour ma vie. J’attends votre chute patiemment, un œil fermé. J’ai été à votre place, à tous les trois : d’abord victime innocente, puis victime consentante, enfin prédateur. Toutes mes émotions qui me clouaient au sol ont été étouffées, mes chaînes, brisées. Trop fatiguée pour courir, je me suis envolée sur cette branche pour pouvoir assister au spectacle de la déchéance humaine, c’est ma récompense pour des années de douleur. Mais tu m’as troublée, c’est vrai, assez pour que je pense à descendre de mon perchoir afin de t’observer de plus près. Tu as simplement éveillé un intérêt curieux en moi, quelque chose de physique, pas de sentiments, ça je ne peux pas. Pour cela, il faudrait que j’ai un cœur à briser… mais je n’ai plus rien à briser. À vrai dire, je ne pensais pas que tu étais le coyote : je pensais que tu étais un vautour, comme moi… trop intelligent pour te faire avoir.

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