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tome 1, Chapitre 13 « Escale au domaine zora » tome 1, Chapitre 13

Trois jours s'étaient écoulés depuis l'attaque qui avait ébranlé la citadelle et ses résidents. Trois journées successives durant lesquelles chacun œuvrait à réparer les dégâts causés par les agents du Crépuscule. Les morts avaient été enterrés et les blessés, soignés. Certaines maisons, partiellement détruites, se faisaient lentement réparer par des ouvriers et des architectes. Tout le monde aidait la capitale d'Hyrule à se remettre sur pied : Link, Epon, Iria, Gray, les membres de la Résistance et même la plupart des citoyens. La vie tranquille revenait doucement dans cette cité, au soulagement de Zelda qui s'en voulait tout de même de ne pas avoir pu empêcher une telle catastrophe.

La souveraine avait ensuite convoqué Link, Epon et la Résistance dans son palais. Une nouvelle piste pour découvrir l'origine de l'apparition de tous ces monstres se présentait à eux. Cette piste, c'était Envy. Il n'y avait aucun doute : ce démon était forcément lié à ce phénomène, d'une manière ou d'une autre. Surtout qu'il avait mentionné son maître qui résiderait dans un manoir abandonné perdu au milieu des massifs des Pics-blancs.

Ce dernier détail inquiétait Link, qui craignait pour la vie du couple de yétis occupant également dans cette demeure. Est-ce que les deux se portaient bien ? Est-ce que le supérieur d'Envy les avait épargnés ? Ou au contraire, les avait-il... Non ! Link préféra ne pas songer à cette éventualité. Yéti et Matornia ne pouvaient pas disparaître de cette manière ! Le blond en vert refusait d'y croire ! Epon avait remarqué l'inquiétude dans ses yeux, mais s'était gardée de lui faire une quelconque remarque pour le moment.

Zelda avait donc confié des taches à tout le monde. Telma et Jehd se chargeaient de veiller sur la citadelle et la sécurité des villageois avec l'aide de plusieurs troupes de soldats royaux. De leur côté, Ash, Moï et Lafrel inspecteraient le désert Gérudo, et plus précisément la tour du Jugement. Le sommet de cette dernière renfermait autrefois le miroir des ombres, artefact permettant de relier le royaume d'Hyrule à celui du Crépuscule. Néanmoins, ce miroir avait été brisé par Midona, la princesse de ce dernier monde. Bien que Jehd avait exposé son hypothèse au sujet d'une personne capable de transformer des Hyruliens en agents du Crépuscule, Zelda ne voulait pas exclure la possibilité qu'une brèche, non loin du feu miroir, pouvait être présente et à l'origine de ce fléau.

Quant à Link, Epon, Gray et Iria, ils avaient pour mission de se rendre dans la région des Pics Blancs, à la rencontre du fameux maître d'Envy. C'était la tache la plus dangereuse et la plus difficile à accomplir. Mais après avoir vu les prouesses dont ils étaient capables, Zelda savait qu'ils étaient les mieux placés pour revenir de ce voyage en vie, même si le trajet risquait d'être long et pénible.

D'ailleurs, pour rendre leurs déplacements plus aisés au sein du royaume, la suzeraine avait fait préparer deux destriers pour Epon et Gray. Une jument blanche pour la première, un cheval noir pour le second. Ces montures les attendaient dans une écurie non loin de la porte ouest. Les quatre jeunes gens prirent alors le temps de se préparer pour ce prochain voyage qui les attendait. Link et Iria étaient déjà sortis de la ville pour faire venir une jument au pelage brun et à la crinière blanche, à l'aide d'un sifflet en forme de fer-à-cheval. Il s'agissait d'Epona, la monture personnelle du héros.

De son côté, Epon était la première à atteindre l'écurie où l'attendait sa jument. La demi-zora contempla cette dernière en souriant tendrement. Ce n'était pas la première qu'elle allait endosser un cheval. Après tout, son père lui avait appris à en diriger un lorsqu'elle était enfant. Mais jamais on ne lui avait confié un destrier pour une durée indéterminée. Cette jument allait être sa compagne de voyage pour un moment.

Doucement, elle caressa son pelage neige. Elle s'était attendue à voir l'animal renâcler de peur à sa vue. Mais celui-ci appréciait visiblement ce geste affectif à son égard.

« On va bien s'entendre, à mon avis ! » affirma la princesse en tournant ses yeux vers une silhouette qui s'approchait de sa position. Elle s'était attendue à Gray, mais afficha une mine légèrement dépitée en reconnaissant la chevelure violette et le sourire espiègle d'Alvaro.

« Sainte Nayru, il est vraiment collant quand il s'y met ! » pensa la bleue avec exaspération alors que le jeune homme la saluait de la main en continuant de s'approcher.

« Yo ~ ! » fit-il mélodieusement. Mais en le voyant, la jument d'Epon eut un léger mouvement de recul accompagné de quelques renâclements agités.

« Ah. Visiblement, je lui fais peur ! » constata Alvaro en stoppant sa marche et en reculant de quelques pas pour éviter de faire paniquer la monture.

« Bonjour Alvaro, le salua Epon en souriant, remerciant intérieurement le cheval de le faire se tenir à distance. Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

— Oh, rien de spécial. Pour tout te dire, je ne pensais pas te croiser ici. Je croyais que tu avais déjà quitté la capitale avec tes compagnons.

— Link et Iria ont déjà quitté la ville. J'attends Gray avant d'en faire de même. Ce n'est qu'une question de minutes avant notre départ.

— Dans ce cas, j'ai bien fait de vagabonder jusqu'ici. Je peux te dire au revoir avant que tu ne partes. »

L'hybride ignorait si elle devait apprécier cette attention à son adresse, ou si elle devait être exaspérée du fait qu'il ne manquait pas une occasion de flirter avec elle. En parlant de flirt, la jeune femme vit le violet lui tendre trois fleurs de couleurs différentes. L'une d'entre elle avait des pétales rouges. Ceux de la seconde étaient jaunes. Enfin, la dernière était d'un bleu clair rappelant celui du ciel.

« Sérieusement ? questionna Epon, surprise d'un tel cadeau.

— Plus sérieux que jamais, répondit Alvaro en lui offrant un clin d'œil charmeur. En vérité, chaque fleur a une signification. Les offrir à une personne qu'on apprécie, c'est comme lui souhaiter une multitude de choses positives.

— Okay... ? fit la bleue en s'approchant de lui sans rien saisir pour l'instant. Et quelles significations ont ces fleurs, exactement ? »

Le sourire de son interlocuteur s'agrandit tandis qu'il se lançait dans une brève explication. La fleur aux pétales jaune représentait l'optimisme. Chose dont Epon avait besoin pour son futur voyage, selon le jeune homme. Celle avec les pétales bleus était un symbole de détermination et de confiance en soi. Deux qualités que la jeune fille semblait posséder. Alvaro trouvait donc qu'elle lui correspondait à merveille. Enfin, la fleur rouge était synonyme d'amour. Le violet espérait que la demi-zora ressente un tel sentiment un jour. À son égard, si possible.

« Moi qui trouvais Gray trop franc, je crois que tu bats tous les records ! commenta Epon en croisant les bras, un sourire nerveux aux lèvres. T'as peur de rien, en fait ! Je sais pas si je dois te trouver audacieux ou idiot.

— Je prends tout ceci comme un compliment, Votre Altesse ! » déclara joyeusement l'autre avant de lui faire une révérence tout en lui tendant à nouveau le petit bouquet. La demi-zora soupira discrètement. Si elle s'écoutait, elle se contenterait de le laisser en plan, d'endosser sa jument, et de partir en lui faisant un bref signe de la main en guise de salutation. Mais ignorer une personne de la sorte, même si celle-ci en faisait trop, serait vraiment mal élevé de sa part.

Plus par politesse que par enthousiasme de recevoir un tel présent, Epon saisit les végétaux pour les ranger avec la fleur aux pétales blanches qu'Alvaro lui avait déjà offerte, il y a trois jours. Le violet fut d'ailleurs surpris de voir cette fleur toujours aussi épanouie.

« J'ai fait en sorte de l'hydrater tout en l'exposant à la lumière, afin qu'elle ne fane pas trop rapidement, expliqua la bleue. Je la mettrai dans un vase avec les autres, une fois rentrée chez moi. »

En voyant qu'elle entretenait la plante malgré tout, le violet ne put s'empêcher de sourire en positionnant ses mains sur ses hanches. Il semblait ravi de voir la jeune fille utiliser quelques astuces pour conserver cette fleur le plus longtemps que possible.

« Tu possèdes un cœur pur, Epon. D'ailleurs, ces pétales blancs symbolisent la pureté. J'ai bien fait de te donner cette fleur-là en premier. »

La bleue cligna des yeux à plusieurs reprises, se retenant de pouffer de rire. Dans le fond, elle trouvait cette affirmation plutôt niaise en plus de ne pas être totalement vraie. Décidément, cet homme n'hésitait pas à déployer tous les moyens pour la charmer !

« J'espère que je ne vous dérange pas. » retentit la voix de Gray alors que celui-ci se dirigeait vers eux. Alvaro le salua pendant que la demi-zora remerciait silencieusement l'argenté d'avoir interrompu cet instant qui devenait assez gênant pour elle.

« Prête à partir ? demanda l'élu de Din à celle de Nayru.

— Depuis quelques minutes. Je n'attendais plus que toi ! »

Gray s'approcha alors de son cheval au pelage noir qui patientait non loin de la jument d'Epon. Il la caressa brièvement avant de l'endosser avec douceur. Visiblement, l'argenté savait s'y prendre avec les destriers. Au moins, ni Epon ni lui n'avaient à apprendre quoi que ce soit dans le domaine de l'équitation.

La princesse des zora monta à son tour sur le dos de sa monture et s'adressa une nouvelle fois à Alvaro :

« Nous devons y aller. Informe Telma et les autres que nous les contacterons dès que nous aurons du nouveau au sujet de toute cette affaire.

— Compte sur moi, ma belle ! De mon côté, je vais également essayer de mener ma petite enquête. Ce n'est pas dit que je trouve grand-chose, mais j'ai bien envie de contribuer un peu à votre mission spéciale. En tout cas, j'espère que nos routes se recroiseront bientôt. D'ici là, faites bonne route ! »

Une fois les au revoir dits, Epon et Gray dirigèrent leurs chevaux de telle sorte à quitter l'écurie, sous les yeux du violet qui les regardait s'éloigner avec un sourire un tantinet malicieux.

« Ce mec a vraiment flashé sur toi, ma parole ! commenta l'argenté alors que le duo se dirigeait vers la porte occidentale pour rejoindre Link et Iria. Depuis qu'on le connaît, il n'a d'yeux que pour toi.

— Je ne peux pas dire que ce soit réciproque pour l'instant, surtout que je le connais à peine, avoua la bleue en haussant les épaules. Après, il est plutôt sympa, bien qu'original ! S'il n'était pas aussi excentrique et entreprenant, je l'apprécierais encore plus. »

Ce fut sur cette petite discussion que le duo quitta la citadelle d'Hyrule. Une fois la grande porte franchie, il se retrouva dans les plaines de Lanelle, là où les attendait les deux Toaliens. Iria se trouvait assise derrière Link. Le groupe réuni était à présent prêt à partir en direction du domaine Zora, au nord. S'ils désiraient se rendre aux Massifs des Pics Blancs, ils devaient passer par ce village aquatique.

Cela réjouissait la demi-zora qui était contente de retourner chez elle après ces journées d'absence. Tandis que le groupe avançait à une allure moyenne à travers l'étendu plane et herbeuse, l'élue de Nayru n'hésita pas à partager sa joie de faire découvrir son lieu de vie à ses compagnons :

« Vous verrez ! Le domaine zora est vraiment super !

— J'y suis déjà venu et je confirme : ce village est magnifique ! approuva Link en souriant.

— C'est vrai que tu m'en avais parlé, Link, se rappela Iria. Ta description de ce lieu m'avait vraiment donné envie de le voir de mes propres yeux.

— Eh bien maintenant tu en auras l'occasion, petite ! affirma Gray avec un léger sourire taquin alors qu'Iria l'observait d'un air furieux, n'aimant pas du tout ce surnom qu'il lui avait attribué.

— Tu es déjà venu au domaine, toi ? » demanda Epon à l'élu de Din. Le concerné resta silencieux quelques secondes avant de lui répondre, sans perdre son sourire.

« On peut dire ça, oui. Mais le peu de fois où j'y suis venu, je ne suis pas resté très longtemps.

— Alors comment ça se fait qu'on ne se soit jamais croisés, auparavant ? »

Epon venait de poser une excellente question et tous étaient curieux d'en connaître la réponse. Le plus âgé du groupe marqua un temps de silence, comme s'il réfléchissait à sa formulation. Mais il finit par river ses yeux vers l'horizon s'étendant devant eux.

« Est-ce vraiment important d'avoir une réponse à cette question ? demanda-t-il, provoquant l'étonnement de la bleue. Et puis j'ai beau avoir déjà mis les pieds au village des zoras, je n'ai jamais visité sa salle du trône. Ni même une quelconque autre salle ! Il est tout à fait possible de venir dans ce village sans te voir. La preuve : Link ne t'avait pas rencontrée lorsqu'il s'est rendu là-bas, six mois auparavant. »

Epon observa Gray sans rien dire. Même si l'homme en noir avait raison sur certains points, elle savait qu'il venait de lui mentir à son sujet. Sinon, comment aurait-il su pour son nom et son statut ? L'argenté semblait lui cacher quelque chose. Mais quoi ? Et surtout, pourquoi ?

« Je suis sûre que tout ça doit être beau à voir, s'enthousiasma Iria de son côté, tirant l'hybride de ses pensées. J'ai vraiment hâte d'y être et de rencontrer le peuple zora, ainsi que leur souveraine. Dis Epon, tu penses qu'on aura le droit de voir la reine de ton peuple ?

— Pourquoi vous n'en auriez pas le droit ? la questionna la concernée en souriant. Ma mère est plutôt accueillante avec les races étrangères au domaine. Elle sera ravie de faire votre connaissance.

— En parlant de parenté, intervint Link en tournant sa tête vers la demi-zora. J'ignorais qu'une zora et un humain pouvaient avoir un enfant ensemble.

— Tu es loin d'être le premier à le penser, affirma Epon. Ça fait toujours drôle aux personnes qui apprennent, pour mon hybridité. Certains diront qu'un tel phénomène est extraordinaire et tient du miracle mais pour d'autres, une telle progéniture n'est pas forcément bien vue. »

Les trois autres s'échangèrent un regard surpris à l'entente de la dernière partie de sa réplique.

« Comment ça, pas forcément bien vue ? » l'interrogea l'homme en vert. Mais ce fut un silence de la part d'Epon qui lui répondit. La jeune hybride serrait ses poings sur les rênes de sa monture, la tête baissée et l'air mélancolique.

« Epon ? s'inquiéta Iria.

— Désolée, s'excusa celle-ci, maussade. C'est juste que... Pour tout vous dire... j'ai été victime de discrimination durant mon enfance. Que ce soit de la part des humains ou des zoras. Surtout de la part de certains zoras, en fait. Une partie de mon peuple me considère comme une bâtarde indigne d'être leur princesse. 

— Juste parce que tu es hybride ? » demanda la Toalienne qui refusait d'y croire. Malheureusement, Epon hocha affirmativement la tête. C'était un fait : certains membres de son peuple ne parvenaient pas à tolérer son métissage singulier. Et du côté des humains, plusieurs d'entre eux évitaient de l'approcher ou de lui parler. Soit parce qu'ils trouvaient sa chevelure bleue étrange, soit parce qu'ils savaient pour son hybridité et qu'ils préféraient se tenir à l'écart pour une quelconque raison. Méfiance, rejet, dégoût... C'était globalement ce que la plupart des gens qu'elle croisaient ressentaient vis-à-vis d'elle. Epon n'avait d'ailleurs jamais eu de véritables amis proches humains lorsqu'elle était plus jeune. Gray, Link et Iria étaient les premiers et les seuls amis de race humaine ou hylienne qu'elle ait connu en dix-huit années d'existence.

« J'imaginais les gens plus ouverts d'esprit que ça, confia Link en détournant sa mine peu réjouie. Je ne comprends vraiment pas pourquoi une telle hostilité de leur part envers toi. Surtout que tu ne leur as rien fait de mal !

— J'avoue que c'est n'importe quoi, pour le coup. » enrichit Iria, plus révoltée qu'attristée par une telle révélation. Pour elle, la demi-zora n'avait pas choisi d'être hybride. Elle ne méritait pas cette solitude et cette souffrance causées par tous ces préjugés.

Gray, lui, n'avait rien dit jusque-là. Mais il partageait les avis de Link et Iria à ce sujet. D'ailleurs, face à l'amertume qu'Epon ressentait en ressassant tous ces désagréables moments vécus, il rapprocha sa monture de la sienne. Il posa ensuite sa main sur l'épaule de la jeune fille en lui adressant un sourire réconfortant.

« C'est du passé tout ça, maintenant. Tu ne devrais plus penser à ça. Tu ne devrais même pas te préoccuper des gens qui pensent une telle chose de toi juste parce que tu es différente d'eux.

— Je suis d'accord avec Gray, approuva Link en souriant à son tour. Ne laisse pas ces mauvais souvenirs te démoraliser. Personnellement, avoir une telle hybridité, je trouve ça classe ! Je t'envie un peu, à vrai dire. »

Face à un tel compliment et surtout en voyant ses amis essayer de lui remonter le moral, Epon les observa longuement avant de leur offrir un tendre sourire.

« C'est gentil. Merci les gars. »

En voyant son visage s'illuminer enfin, les trois autres s'échangèrent à regard satisfait, contents d'avoir ravivé la joie qui l'avait délaissée quelques minutes plus tôt.

Une demi-heure plus tard, les quatre amis arrivèrent devant une caverne creusée dans une falaise tout au nord de Lanelle. C'était l'accès menant directement au domaine Zora. Le groupe s'estimait chanceux d'être arrivé jusqu'ici sans avoir croisé de monstre sur leur chemin. Mais il savait que les choses allaient rapidement changer, une fois les massifs des Pics-Blancs atteints.

« Laissons nos chevaux ici, proposa Epon en descendant du sien. Je demanderai à certains zoras de venir s'occuper d'eux pendant notre périple au sein des massifs. »

Link, Iria et Gray l'imitèrent alors. De toute manière, ces animaux ne pouvaient pas aller plus loin. Aucun animal terrestre n'était autorisé à entrer au domaine. Et quand bien même ils en avaient le droit, jamais ils ne pourraient atteindre l'entrée de la grotte menant à la région de Pics-Blancs.

« On fera en sorte de ne pas être trop long. » assura Link à sa jument Epona en caressant avec douceur son pelage. Puis, il s'éloigna d'elle et pénétra dans la caverne, suivi de près par Epon, Iria et Gray. Ce corridor rocheux et humide était éclairé par quelques torches accrochées sur la paroi de façon symétrique. Bien que spacieux, il n'était pas excessivement long. Il ne fallut que quelques minutes au groupe avant de poser leurs pieds au domaine zora.

Comme à son habitude, ce village aquatique était d'une beauté qui ferait pâlir de jalousie les autres localités d'Hyrule. Nombreuses étaient les chutes d'eau s'écoulant depuis les hautes falaises pour se jeter dans le grand lac du village. Plusieurs zoras s'amusaient d'ailleurs à nager au fond de ce grand bassin. Le plus impressionnant à voir était la gigantesque cascade naissant depuis la salle du trône. Celle-ci, avec le reste du palais royal zora, était perchée sur la plus haute falaise du domaine. En somme, ce village n'était pas spécialement immense, mais il se faisait suffisamment vaste et enchanteur pour émerveiller Link, Iria et Gray.

« C'est... Wouah ! » s'exclama la Toalienne après s'être avancée de quelques pas pour regarder de plus près. Elle était la seule parmi eux à n'être jamais venue dans ce lieu. De ce fait, elle était la plus impressionnée du groupe par un tel paysage. Cependant, Link et Gray semblaient tout aussi époustouflés par la beauté de l'endroit.

« C'est bien ce que je disais tout à l'heure : le domaine zora est magnifique. » affirma joyeusement Link. Gray, de son côté, n'avait rien ajouté. Partageant le même avis que le blond, il observait le village d'Epon avec un tendre sourire aux lèvres. Quant à l'hybride, elle était heureuse de voir que son lieu de vie plaisait à ses compagnons. Elle s'apprêta à leur demander de la suivre, quand une voix masculine et familière l'interpella :

« Epon ? C'est vraiment toi ? »

La jeune fille, en reconnaissant Finiel, se tourna vivement vers celui-ci alors que ses lèvres s'étiraient en un radieux sourire. Elle était heureuse de le revoir et ne pouvait s'empêcher de courir en sa direction avec l'intention de lui sauter dans les bras. Mais le zora afficha un air sévère en croisant les bras et observa l'hybride en fronçant les sourcils de mécontentement. Epon freina alors sa course tandis qu'elle fixait son garde personnel d'un air ahuri. C'était bien la première fois qu'elle le voyait faire une tête pareille.

« Euh... Finiel ?

— Est-ce que tu as la moindre idée du sang d'encre que je me suis fait pour toi ?! Sa Majesté la Reine, ainsi qu'une grande partie de notre peuple se sont inquiétées pour toi après tu aies précipitamment quitté le domaine sous la pluie, sans m'en dire plus sur tes intentions ! Si Dame Zelda n'avait pas envoyé un message écrit à ta mère pour l'informer de ta présence à la citadelle...

— Désolée, je suis désolée ! s'excusa Epon sans même lui laisser le temps de finir. C'est vrai, j'aurais dû en informer ma mère moi-même. C'est juste que... J'ai été tellement bousculée par les événements que je n'y ai pas du tout pensé !

— C'est tout ce que tu as trouvé comme excuse ? »

Link, Gray et Iria s'échangèrent un regard, à la fois surpris et un peu gênés. Ils n'auraient jamais cru voir la princesse des zoras se faire réprimander de la sorte par l'un de ses soldats. Ils avaient l'impression de voir un père et sa fille plutôt qu'une princesse et son garde. Ce dernier tourna d'ailleurs son regard vers eux.

« Vous êtes qui, vous ? » demanda-t-il en conservant son visage ronchon. Mais avant que les concernés ne puissent répliquer, Epon revint auprès d'eux pour faire les présentations.

« Ce sont mes amis : Gray, Link et Iria. Les gars, je vous présente Finiel. Il est à la fois mon garde personnel et un ami très précieux.

— Attends un peu, fit le zora qui n'était pas sûr d'avoir bien entendu. Link ? Le même Link qui a sauvé Hyrule ?

— Oui, c'est bien lui ! » acquiesça joyeusement l'hybride aux cheveux bleus. Au même instant, Link s'approcha du zora en lui tendant sa main.

« Enchanté de faire votre connaissance, Finiel. »

Ce dernier observa le héros, bouche bée. Il s'en retrouvait tellement abasourdi qu'il n'avait pas pensé à serrer la main du blond. Ce fut un raclement de gorge de la part d'Epon qui le ramena à la réalité. La demi-zora observa son garde d'un air un peu outré, et lui fit comprendre à travers son regard qu'il manquait de respect à son ami en vert en le laissant ainsi en plan. Finiel se ressaisit et finit par serrer la main de Link en lui retournant :

« C'est un honneur pour moi aussi, Sir Link... 

— Le Sir n'est pas nécessaire. » informa le héros sans perdre son sourire. Après ces présentations, Epon demanda à son garde de les escorter à la salle du trône. Finiel s'exécuta en les invitant à le suivre dans un corridor ascendant. Le groupe passa devant plusieurs zoras se trouvant là. Certains êtres aquatiques saluaient leur princesse d'un signe de la main ou en s'inclinant de respect. D'autres se contentaient de les regarder de loin sans rien dire. Soit par timidité, soit par médisance.

Gray avait d'ailleurs remarqué ces quelques regards méprisants dirigés vers l'hybride. En se souvenait de la souffrance d'Epon par rapport à la discrimination qu'elle subissait, une folle envie de remettre ces gens à leur place submergeait l'argenté. Mais il dut faire un effort surhumain pour ne pas se laisser aller à une telle tentation. Agir de façon aussi impulsive n'allait pas arranger les choses, et pouvait même apporter des ennuis à l'élue de Nayru. Il s'abstint donc et se contenta de continuer à avancer en essayant d'ignorer cette poignée de zoras haineux.

Quelques minutes plus tard, le groupuscule arriva à destination devant le trône de corail sur lequel siégeait la reine Rutella. Celle-ci sourit de soulagement à la vue de sa fille. Elle avait été si inquiète pour elle ! La revoir aussi bien portante l'emplissait de bonheur. La demi-zora semblait également heureuse de revoir sa mère en bonne santé, et s'était même précipitée jusqu'à elle pour lui sauter au cou, sous les yeux plutôt attendris de ses compagnons.

« Je suis contente de te revoir enfin, maman. Et... désolée d'être partie comme ça sans vous avoir donné plus d'explications.

— L'essentiel est que tu sois revenue en vie et que tu ailles bien. Par contre, nous ne sommes pas seules ! Il faut que tu te tiennes tranquille en présence d'invités. »

La souveraine lui avait adressé un sourire tendre mais rempli de sous-entendus. Epon, comprenant où sa mère voulait en venir, la lâcha et s'écarta d'elle en s'excusant. Sa réaction provoqua des rires discrets chez Gray et Link. Le regard de Rutella se tourna d'ailleurs vers ce tout dernier.

« C'est un réel plaisir de te revoir parmi nous, Link. Je ne pensais pas que ma fille se serait liée d'amitié avec celui qui a autrefois sauvé notre domaine.

— Nous nous sommes rencontrés à la source de Firone, répondit l'homme en vert en souriant. D'ailleurs, Epon est vraiment surprenante, tant par ses origines que par ses pouvoirs et son talent au combat. Ça ne fait pas très longtemps qu'on se connaît mais je trouve que c'est une fille courageuse et formidable ! »

Gray et Iria observèrent Link d'un air étonné. Tous deux ne s'était pas attendus à cette succession de compliments de sa part envers l'hybride. Epon, elle, se gratta l'arrière de la tête en rougissant légèrement face à tout cet éloge. En remarquant cela, le blond se rendit compte qu'il embarrassait la bleue plus qu'autre chose en révélant tout cela de cette façon. Souriant à présent nerveusement, le héros détourna son regard de tout le monde. Il se sentait un peu idiot sur ce coup. Rutella rit alors gentiment :

« Je vois que vous vous entendez bien ! Je suis heureuse que ma fille se soit enfin fait des amis. »

Son regard émeraude se tourna ensuite vers les autres compagnons de son enfant.

« Vous êtes également des amis d'Epon, n'est-ce pas ?

— C'est vrai, répondit Iria en s'avançant de quelques pas pour s'incliner devant la souveraine. Je m'appelle Iria. Je suis une amie d'enfance de Link. C'est par son intermédiaire que j'ai rencontré Epon.

— Eh bien, ravie de faire ta connaissance, Chère Iria. »

Gray observa la mère de l'hybride un instant avant de se présenter à son tour.

« Moi c'est Gray. J'ai rencontré Epon il y a quelques jours et elle m'a proposé de voyager à ses côtés. Proposition que j'ai acceptée.

— Je vois, répliqua la reine Zora sans perdre son sourire qui s'était même agrandi. Si ma fille t'a fait une telle proposition, c'est qu'elle doit avoir confiance en toi. »

L'homme en noir ne répondit pas et dévia son regard en souriant légèrement. Autant il était capable de parler à Zelda sans gêne et de façon presque désinvolte, autant il semblait légèrement intimidé par Rutella malgré lui.

Les présentations des compagnons d'Epon étant faites à sa mère, celle-ci parla au groupe du message qu'elle avait reçu de Zelda. La souveraine d'Hyrule avait tenu Rutella au courant des récents événements dramatiques, y comprit l'attaque orchestrée à la citadelle trois jours plus tôt. Elle avait également précisé qu'Epon, Link, Iria et Gray étaient chargés d'inspecter la région des Pics Blancs pour trouver l'origine de cette menace, et éventuellement l'enrayer.

« Je suis déjà allé dans cette région enneigée par le passé, raconta Link. Seulement, c'est un endroit particulièrement dangereux. Il y règne un froid polaire et nombreux sont les monstres hantant le coin. Il va falloir bien nous préparer avant de nous y aventurer.

— Je comprends, répliqua Finiel en se tournant vers eux. Par contre, je suis au regret de vous informer qu'il ne sera pas possible de vous y rendre pour le moment. 

— Pourquoi ? s'étonna Gray.

— La température à drastiquement baissé là-bas, expliqua la reine zora. Et les tempêtes semblent trop puissantes en ce moment. La grotte reliant notre domaine aux massifs est complètement bouchée par de la glace qui s'est formée à son extrémité. Ce n'est pas la première fois qu'un tel phénomène nous arrive. Des soldats de l'armée d'Hyrule affectés ici tentent de régler ce problème. Il vous faudra patienter un moment.

— Dans combien de temps les massifs des Pics-Blancs seront de nouveau accessibles ? demanda Link.

— La dernière fois que c'était arrivé, ça leur a pris trois jours environ, répondit Epon.

— Cela fait deux jours que les soldats travaillent dessus, informa Finiel. Je pense que d'ici demain après-midi, vous pourrez accéder à cette région.

— Ce qui nous laisse donc une bonne journée pour bien nous préparer, en conclut Gray en croisant les bras. On est large ! Comment on va faire passer le temps ?

— En faisant un tour complet du domaine zora, voyons ! » répondit Iria avec un grand sourire aux lèvres. Apparemment, la Toalienne ne voulait pas passer à côté d'une occasion de pouvoir visiter un village aussi paradisiaque. Sa réaction fit gentiment rire Rutella, qui ne semblait pas contre une telle idée.

« Je vous propose de séjourner dans notre domaine, le temps que la caverne menant aux Pics-Blancs soit de nouveau franchissable. Je vais demander à quelques serviteurs de vous préparer des chambres, ainsi que de quoi vous baigner si l'envie vous prend de vouloir nager avec nos semblables !

— Quant à moi, je vous propose une visite guidée à travers tout le village, si vous le désirez ! » proposa sa fille avec entrain. Les trois autres ne mirent pas longtemps à accepter. Après tout, ils n'avaient rien à faire d'autres à part attendre. Quitte à perdre du temps, autant l'utiliser de manière utile. Ils en profiteraient également pour rassembler tout ce dont ils avaient besoin pour leur futur voyage à travers la province enneigée.


Texte publié par Kamryn Allister, 4 mars 2023 à 18h40
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