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tome 1, Chapitre 10 « Audience avec la souveraine » tome 1, Chapitre 10

Epon, Link, Iria et Gray arrivèrent à la citadelle d'Hyrule après une heure de marche. Comme à son habitude, les ruelles de cette cité étaient noires de monde et très animées. Des marchands vendaient toutes sortes de choses : de la nourriture, des fleurs, des bijoux, des vêtements, et pleins d'autres articles divers et variés. Ce n'était pas la première fois que les quatre membres du groupe mettaient les pieds dans ce lieu. Mais tous se montraient à la fois enthousiastes et émerveillés, comme si c'était la première fois qu'ils se rendaient dans cette ville.

« La citadelle... fit Epon en s'approchant d'un marchand de tissus pour observer ces derniers de plus près. Toujours aussi vivante et accueillante. J'adore ! »

Iria avait suivi la demi-Zora pour contempler à son tour les étoffes exposées. De son côté, Gray observa les gens passant près de lui et de Link. Tout ce monde ne semblait pas réagir à la présence de ce dernier.

« Je suis étonné de voir que les habitants de cette cité ne te reconnaissent pas, confia l'argenté au plus jeune.

— Ils ne me connaissent que de nom. Dans un sens, ce n'est pas plus mal. Je ne tiens pas spécialement à attirer l'attention partout où je vais, tu vois ? »

Gray comprit parfaitement son point de vue et ne l'embêta pas plus longtemps là-dessus. Quant à Link, il observait Epon et Iria avec un léger sourire. Il était sur le point de les interpeller pour leur rappeler qu'ils n'étaient pas venus à la citadelle pour faire des emplettes. Mais il remarqua le regard méfiant du vendeur de tissus à l'égard de l'hybride. Celle-ci et la Toalienne l'accompagnant le virent quelques secondes après.

« Quelque chose ne va pas, monsieur ? » demanda Iria alors qu'elle échangeait de loin un regard avec Link. Mais en faisant cela, tout le groupe constata que certaines personnes environnantes dévisageaient la demi-zora. Certains avec scepticisme, d'autres avec stupéfaction.

« C'est quoi leur problème ? » murmura le héros à son homologue masculin. Celui-ci ne répondit pas. Il avait une petite idée sur la question mais préféra ne pas s'avancer sans en être sûr. Epon, cependant, savait exactement pourquoi elle était au centre de l'attention. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait. À chaque fois qu'elle se rendait à la citadelle, des regards indiscrets ne pouvaient s'empêcher la détailler. Et tout cela pour une seule raison : la couleur singulière de ses cheveux. Ses cheveux bleus, en plus d'être une caractéristique peu commune, était également la preuve de son hybridité moitié humaine, moitié zora. Forcément, tout ce qui était rare et étrange attirait l'œil.

« Eh bien eh bien ! s'exclama une voix d'homme provenant de l'étalage voisin où étaient exposées des fleurs. J'ignorais que les cheveux bleus avaient autant de succès, ici ! »

Tous se tournèrent vers un jeune homme, humain, ne dépassant pas la vingtaine d'années à vue d'œil. Légèrement plus grand et élancé que Gray, il était coiffé d'une longue queue-de-cheval violette tombant jusqu'au bas de son dos. Il portait une veste blanche pas trop longue, décorée de fourrure noire au niveau des épaules, qui était détachée pour laissé entrevoir un haut noir. Un pantalon gris et une paire de bottines noires complétaient sa tenue assez excentrique mais bien assortie.

« J'en serais presque jaloux, continua cet inconnu en croisant les bras tout en affichant un sourire malicieux. Cette belle demoiselle me vole la vedette ! Par contre, je pense qu'elle n'est pas très à l'aise avec tous ces regards braqués sur elle. »

Il se tourna ensuite vers le marchand de tissus.

« Donc, si vous pouviez éviter de la regarder comme s'il s'agissait d'une bête de foire, je pense que ça les arrangerait, elle et ses compagnons. »

Il observa finalement toutes les autres personnes qui ne pouvaient s'empêcher de détourner leurs yeux de la demi-zora.

« Autrement dit : circulez ! Il n'y a rien à voir par ici ! Justes quelques hyliens et humains ordinaires ! »

Suite à ces mots, quelques chuchotements s'élevèrent. Mais des têtes se dévièrent de l'hybride et la majorité des citadins retourna à ses occupations. Le marchand de l'étalage devant lequel se trouvaient Epon et Iria lâcha un « Hmph ! » avant de délaisser le groupuscule pour s'occuper de ses étoffes.

« J'ai pas trop compris ce qu'il s'est passé, mais d'accord... commenta Iria, plutôt abasourdie devant l'attitude de tous ces gens.

— Les cheveux possédant une couleur singulière attirent le regard, répondit le violet pendant que Link et Gray s'étaient rapprochés des filles. Je suis plutôt bien placé pour le savoir.

— Les vôtres sont naturellement comme ça ? questionna Gray, sceptique.

— Effectivement ! Je les ai hérités de mon père, qui lui-même les a eus par sa mère. C'est une couleur rare, mais que les habitants de la citadelle ont déjà vu au moins une fois, contrairement aux cheveux bleus de cette charmante dame. »

En terminant cette phrase, il attrapa une fleur aux pétales blancs sur l'étalage d'à côté pour la tendre à Epon.

« Ne te laisse pas perturber par ceux qui te regardent de la sorte à cause de ta différence, lui conseilla-t-il en lui offrant un clin d'œil charmeur. Le mieux est de faire comme s'ils n'existaient pas. »

La demi-zora regarda son interlocuteur d'un air perplexe. Sur le moment, elle ne savait pas quoi penser de l'intervention de cet inconnu. Sans rien dire et sans rien laisser paraître, elle utilisa sa sensibilité aux énergies pour sonder la sienne. Mais à l'instar de Gray, il lui était impossible de deviner si le cœur de cet homme à la veste blanche était bon ou mauvais.

« Ça commence à faire pas mal de personnes dotées d'une énergie aussi confuse, pensa-t-elle. Est-ce que le problème vient d'elles ou de moi ?

— C'est bien gentil de votre part d'avoir fait partir tous ces gens, intervint Link à l'adresse du violet, mais qui êtes vous ?

— Je me nomme Alvaro, répondit celui-ci sans bouger d'un iota. Et vous, braves gens ? »

Link, Gray et Iria s'échangèrent un regard hésitant. Les deux derniers n'avaient aucun problème à se présenter à un banal citoyen. Mais était-il judicieux de dévoiler l'identité de Link ? Si cet Alvaro avait entendu parlé du héros d'Hyrule, la présence de celui-ci au sein de la capitale s'ébruiterait rapidement. Et ce n'était pas une chose que le groupuscule désirait.

Epon, de son côté, saisit doucement la fleur qu'on lui tendait avec gratitude. Ce n'était pas le genre de cadeau dont elle raffolait, préférant savoir les fleurs s'épanouir dans la nature plutôt que de les voir faner dans un vase. Cependant, elle ne pouvait pas nier qu'elle appréciait la manière dont cet homme l'avait défendue face aux villageois.

« Enchantée, Alvaro. Et merci pour cette intervention osée mais efficace ! Moi c'est Epon. Et eux, ce sont... mes amis. »

S'étant faite la même réflexion que ses compagnons, elle avait décidé de ne pas divulguer leurs noms pour leur laisser le choix de se présenter ou non. Les trois autres s'étaient contentés de saluer le violet. Gray lui avait même révélé son nom afin que la demi-zora ne soit pas la seule à l'avoir fait. Mais Link et Iria préféraient éviter de donner les leurs. Heureusement pour eux, Alvaro ne leur en tenait pas rigueur.

« Vous m'avez tous l'air bien sympathiques et intéressants, parla-t-il en lançant trois rubis vert en direction du fleuriste. Si seulement les habitants de cette ville étaient comme vous, je m'ennuierais moins.

— Vous exagérez un peu, non ? répliqua Iria qui trouvait qu'il en faisait un peu trop.

— Si j'exagérais vraiment, je dirais que la jeune Epon ici présente est la plus belle femme qu'il m'est été donné de rencontrer à Hyrule. Quoi que ça se jouerait avec sa Majesté Zelda, qui est également d'une beauté insaisissable. »

Il avait adressé un sourire aguicheur à l'élue de Nayru qui, bien que flattée, semblait gênée. Non pas par son compliment, mais par son attitude un peu trop entreprenante et séductrice.

« Doucement quand même, Monsieur le Dragueur ! intervint Gray, blasé devant une telle réplique. Je vois bien qu'Epon vous a tapé dans l'œil, mais nous ne sommes pas venus ici pour lui trouver un petit ami.

— Je ne l'aurais pas dit comme ça, mais il a raison, affirma Link avec un sourire un peu nerveux. Nous avons une destination précise et devons encore marcher pour l'atteindre. »

Ses yeux saphir se tournèrent ensuite vers le palais royal, au nord de la citadelle. En le voyant réagir ainsi, Alvaro comprit :

« Oh, vous désirez donc rencontrer sa Majesté ? Ma foi, ça peut se comprendre. Malheureusement, j'ai entendu dire qu'on ne laissait pas entrer le premier venu, là-bas. Vous risquez de vous faire rembarrer par les gardes si vous vous pointez.

— Nous sommes prêts à prendre ce risque. » confia Epon en rangeant la fleur dans sa sacoche avant de regarder ses amis qui avaient tous acquiescé par des hochements de tête. Le violet parut surpris. Il semblait curieux de connaître la raison les poussant à vouloir une audience avec Zelda. Mais étant donné que cela ne le concernait pas, il ne posa pas la question. Toutefois :

« J'espère que ce n'est rien de grave, parla-t-il alors que son sourire s'était légèrement estompé. À voir vos airs et les risques que vous êtes prêts à encourir, ça m'a tout l'air sérieux.

— Ça peut l'être, affirma Link. Tout dépendra de ce qu'en pense notre souveraine.

— Dans ce cas, je ne vous retiendrai pas plus longtemps. Que les déesses vous bénissent ! souhaita-t-il en leur faisant une révérence bien trop gracieuse. J'espère que nos routes se croiseront à nouveau. »

Les opinions à ce sujet furent mitigées. Si Iria et Gray n'avaient pas spécialement envie de recroiser un tel personnage, Link et Epon, eux, trouvaient cet individu plutôt agréable bien qu'un peu lourd, et aimeraient bien lui reparler à nouveau. En espérant tout de même qu'il arrête de jouer aux séducteurs avec la bleue.

Après l'avoir salué, le groupe quitta Alvaro et partit en direction du château. Ils longèrent la ruelle où ils se trouvaient, slalomant parmi la multitude de passants. Cette route déboucha sur la place centrale de la citadelle. Au milieu de celle-ci s'élevait une grande et magnifique fontaine d'eau claire et limpide. Epon se faisait violence pour ne pas laisser son côté zora prendre le dessus et ne pas plonger dans cette petite étendue aqueuse.

Quelques minutes plus tard, toujours en continuant vers le nord, le groupe atteignit le grand pont en pierre reliant le palais et sa cour au reste de la citadelle. Une immense porte en bois, close, se dressait de l'autre côté. Et en s'en approchant, les quatre jeunes gens virent deux soldats en armure monter la garde, chacun armé d'une hallebarde. Ces derniers leur firent d'ailleurs signe de ne pas aller plus loin.

« L'entrée au palais est interdite aux citoyens sans invitation de la part de sa Majesté ! informa solennellement l'un deux.

— Détendez-vous, messieurs ! C'est justement pour la voir que nous sommes venus. » leur confia Gray en croisant ses bras avec un sourire moqueur aux lèvres. Les soldats de la citadelle, il ne les aimait pas. Il les trouvaient inutiles et lâches pour la plupart, et prenait souvent un malin plaisir à les mener en bourrique lorsqu'il venait à la citadelle. Les deux gardes s'échangèrent un regard dubitatif face à une telle réponse, avant que l'un d'eux ne leur demande :

« Qui êtes-vous ?

— Mon nom est Link, répondit celui-ci d'un air sérieux. Je suis celui qui a combattu aux côtés de sa Majesté la Reine pour vaincre Ganondorf et ses sbires, et débarrasser le royaume des ténèbres qui l'envahissaient. »

Pour appuyer ses dires, il dégaina son épée.

Excalibur, l'épée légendaire dont il s'était autrefois servi pour terrasser le mal.

Les deux soldats furent stupéfaits en voyant l'arme. Ils l'avaient reconnue et savaient par conséquent que Link ne mentait pas.

« Sir Link, c'est un honneur de vous rencontrer, parla le premier garde. Je pense que Dame Zelda sera ravie de vous revoir. Vous pouvez passer. »

Il entrouvrit la porte et s'écarta ensuite pour le laisser passer.

« Par contre, vous trois, vous restez ici, fit le second à l'adresse des trois autres. Nous ignorons qui vous êtes. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser rentrer n'importe qui ! »

Epon esquissa un léger sourire à l'entente de ces phrases. Elle avait vu cette situation venir à des kilomètres et s'y était préparée. Elle lâcha donc la réplique qui assurerait définitivement leur entrée au sein de la demeure royale :

« Dans ce cas Link, lorsque tu verras Zelda, dis-lui que la fille de sa Majesté Zora, la Reine Rutella, se trouve aux portes de son palais. »

Un long, très long silence s'ensuivit. Link afficha des yeux ronds tant il était surpris. Il n'était pas sûr d'avoir bien entendu. On pouvait en dire autant d'Iria et des deux gardes, qui affichaient des airs stupéfaits. Seul Gray, qui connaissait le statut de l'hybride, n'était pas surpris d'une telle révélation. Il se retenait même de rire devant les têtes ahuries des autres.

« Fille... de la reine Rutella ? répéta l'homme vêtu de vert en clignant plusieurs fois des yeux.

— Je me nomme Epon. Princesse du peuple Zora. Je suis la fille hybride de la reine Rutella et du soldat d'élite Ephron.

— EPHRON ?! s'exclamèrent à l'unisson les deux gardes, complètement surpris.

— Vous le connaissiez ? » s'étonna à son tour la bleue. L'un des deux gardes lui répondit qu'Ephron était l'un des soldats les plus respectés d'Hyrule, tandis que l'autre avoua avoir fait partie de son armée quelques années auparavant. Cependant, tous deux ignoraient que ce combattant d'exception avait eu une enfant avec la reine des zoras.

« Nous sommes désolés pour la perte de votre père, Dame Epon !

— Et pardonnez-nous de vous avoir parlé de la sorte ! »

Les deux gardes s'inclinèrent simultanément devant la jeune fille, sous l'air totalement ébahi de Link et d'Iria, et sous les yeux un peu las de Gray. Epon, elle, fut légèrement embarrassée. Elle détestait être vouvoyée et haïssait encore plus qu'on s'incline ou qu'on s'agenouille devant elle.

« Messieurs, relevez-vous s'il vous plaît, leur ordonna-t-elle poliment avec un léger sourire. Ce n'est pas la peine de vous excuser pour ça. En tout cas, merci pour votre soutien. Mais ce qui me ferait vraiment plaisir, c'est que vous me laissez passer avec Link et mes deux serviteurs ici présents. »

En parlant de serviteurs, elle faisait allusion à Iria et Gray.

« Serviteurs ? » murmura la Toalienne à Gray en haussant un sourcil mécontent. Mais l'argenté lui donna un discret coup de coude pour la faire taire.

« Ces gens sont donc vos serviteurs ? demanda l'un des gardes en observant les deux concernés. Ils portent de bien drôles de tenues. Enfin... sans ne vouloir offenser personne !

— Je suis du genre à voyager incognito, répliqua Epon. Et j'apprécie lorsque mes serviteurs en font de même. C'est pour cela que nous adoptons des styles vestimentaires différents et peu royaux. Pour mieux nous fondre dans la masse et ainsi passer inaperçus aux yeux de tous.

— Je vois ! fit le second garde en souriant. C'est plutôt astucieux. Bien ! Je vous escorte tous auprès de Dame Zelda. Suivez-moi, je vous prie. »

Il passa à travers l'ouverture en invitant le groupe à lui suivre. Epon s'avança la première en faisant un clin d'œil complice aux trois autres, suivie par Gray. Link et Iria, eux, s'échangèrent un regard surpris avant de marcher à leur suite.

Epon, princesse des zoras... S'ils s'attendaient à une telle révélation ! Mais à y repenser, Link savait que ce prénom ne lui était pas totalement inconnu. Lorsqu'il avait rencontré Rutella six mois auparavant, celle-ci avait mentionné l'existence de son enfant. Néanmoins, le jeune héros n'aurait jamais imaginé que cette dernière puisse posséder une apparence humaine.

« Comment ça se fait que la princesse des zoras soit humaine ? chuchota Iria à Link.

— Je n'en ai strictement aucune idée, lui répondit le concerné à voix basse également. Je lui demanderai plus tard. »

Pour l'instant, il y avait plus important : l'audience avec Zelda. En quelques minutes, le groupe avait pénétré à l'intérieur du château. Guidés par le soldat qu'ils suivaient, les quatre compagnons traversèrent une petite portion du palais avant d'atteindre la salle du trône.

Ce n'était pas la première fois que Link y mettait les pieds. Il en était de même pour Epon, qui était déjà venue en cet endroit avec sa mère lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant. Mais pour Gray et Iria, c'était une expérience nouvelle. Tous deux se montrèrent impressionnés par la grandeur et la beauté des lieux. Les murs de la salle étaient d'un blanc éclatant, tout comme le carrelage au sol sur lequel on pouvait voir son reflet presque comme dans un miroir. Un long tapis rouge s'étendait au milieu de la salle depuis l'entrée jusqu'au trône majestueux, sur lequel était assise la souveraine de ce royaume : Zelda. Vêtue de sa robe royale blanche et rose décorée de plusieurs bijoux en or, la reine se leva à la vue de Link et de ses compagnons.

« Votre Majesté, s'exprima le soldat à son adresse en s'inclinant. Messire Link, héros de ce royaume, et Dame Epon, fille de la reine Rutella, ont souhaité vous voir.

— Très bien, répondit Zelda avec un léger sourire. Vous pouvez disposer. »

Le soldat s'exécuta et adressa un sourire au groupe avant de s'en aller. Epon s'approcha un peu plus de la souveraine avant de s'incliner à son tour, en guise de respect. Afin de passer pour des serviteurs crédibles, Gray et Iria l'imitèrent en se positionnant symétriquement derrière elle.

« Cela faisait longtemps, Zelda, affirma la demi-zora en se redressant alors que ses lèvres s'étiraient chaleureusement.

— En effet, approuva celle-ci en lui rendant son sourire. C'est un réel plaisir de te revoir, Epon. Tu as bien grandi depuis notre dernière rencontre. Le petit diablotin du domaine zora est devenue une bien jolie jeune femme, à ce que je vois ! »

Devant un tel compliment, le rouge monta légèrement aux joues d'Epon tandis qu'elle détournait son regard en se grattant nerveusement la joue. Le regard de Zelda se tourna ensuite vers Link.

« Je suis bien heureuse de te revoir toi aussi, Link.

— Moi de même, Majesté. Malheureusement, je ne viens pas avec de bonnes nouvelles, aujourd'hui. »

L'hylienne suzeraine en était visiblement consciente. En vérité, elle connaissait la raison de la venue de Link et d'Epon : la disparition de certains habitants du royaume et l'apparition inexpliquée d'agents du Crépuscule un peu partout dans la nation.

« J'ai ordonné à mes troupes de soldats de se poster à différents endroits d'Hyrule, expliqua la souveraine. Je leur ai demandé de m'informer s'ils apercevaient quelque chose d'étrange, comme l'apparition d'un portail reliant notre monde à celui du Crépuscule. Hélas, ils n'en ont aperçu aucun. Sachant le miroir des ombres brisé, plus rien ne devrait relier les deux royaumes. Mais ces créatures des ombres deviennent de plus en plus nombreuses chez nous pour une raison que nous ignorons tous.

— Est-ce qu'il n'y aurait pas un autre artefact permettant de passer d'un monde à l'autre ? Comme par exemple un second miroir des ombres, ou une réplique de celui-ci ? » demanda alors Link, à la fois plein d'espoir et prudent. Mais la jeune femme répondit négativement par un signe de tête. À sa connaissance, seuls le miroir des ombres et les portails mentionnés plus tôt pouvaient servir de passage entre les deux dimensions.

« Au lieu de chercher le problème au niveau de ces portes qui lient les royaumes entre eux, intervint alors Gray, pourquoi ne pas chercher au niveau des habitants d'Hyrule ? »

Tous furent surpris par cette proposition. Sur le coup, ils n'en comprenaient pas l'intérêt.

« Je ne connais pas grand-chose de l'origine de l'ère du Crépuscule, continua l'homme en noir. Juste quelques trucs que Link nous a raconté à l'arrache quelques heures plus tôt. Mais à mon avis, s'il n'y a aucune trace du royaume du Crépuscule dans notre monde, c'est que l'origine de l'apparition de ces monstres ne vient pas de là.

— Dans ce cas, d'où pourrait-elle provenir ? » demanda Iria, un peu perdue entre toutes ces explications ou suppositions. Seulement, Gray ne répondit rien. Une théorie germait dans son esprit à ce sujet mais il ne voulait pas la révéler à tout le monde. Il avait prévu d'avoir une discussion avec Epon là-dessus après cette audience. Il observait d'ailleurs discrètement la jeune hybride.

« Il existe sans doute plusieurs possibilités qui expliqueraient ce phénomène, parla alors Zelda pour briser le silence qui s'installait. Mais je vous avoue me sentir impuissante face à tous ces événements, pour le moment.

— Je suis sûre qu'on va finir par trouver l'origine de ce fléau et l'arrêter ! répliqua Epon. Par contre, au sujet des personnes mystérieusement disparues, est-ce qu'on sait quelque chose ? Je suppose que ça et l'apparition de les bêtes noires sont liés. Mais tous ces gens ont disparu comme ça ? Sans laisser la moindre trace pour les pister ? »

Pour la seconde fois, Zelda secoua négativement la tête. Les personnes disparues ne laissaient généralement aucun indice permettant de les retrouver. C'était comme si elles s'étaient tout à coup volatilisées.

« Je vois... fit Link d'un air pensif. On peut donc écarter le fait qu'ils se soient faits capturés par des agents du Crépuscule. À moins que ces monstres possèdent une astuce très furtive pour parvenir à les avoir sans laisser la moindre empreinte derrière eux ?

— Ça m'étonnerait, contredit Epon. Vu la tronche et le comportement bourrin et grossier de ces créatures, je ne pense pas que la furtivité fasse partie de leur méthode.

— Tu as peut-être une explication plus plausible ? » lui demanda le blond en croisant les bras avec un sourire légèrement taquin. Il savait pertinemment que la demi-zora n'en avait pas. En quelques secondes, il constata sans surprise qu'il avait raison en voyant la jeune fille silencieuse.

« Quoi qu'il en soit, reprit la souveraine d'Hyrule, certains de mes soldats continuent d'enquêter sur cette affaire. J'en ai envoyé d'autres dans les différents villages du royaume pour assurer leur protection. Toal, Cocorico, le domaine Zora et même la montagne de la mort sont désormais entre de bonnes mains.

— Tss ! Tous ces villages sous la protection des vaillants soldats d'Hyrule... se moqua Gray avec sarcasme. Je paierais cher pour voir ça. »

Ses compagnons furent étonnés d'une telle réplique de sa part. Sur son ton employé, tous comprirent qu'il ne prenait pas l'armée royale au sérieux. Et cela vexa légèrement la reine, bien qu'elle ne le montrait pas.

« Je ne me souviens pas t'avoir vu auparavant, affirma Zelda à l'adresse de Gray avant de se tourner vers Iria. Et toi non plus, jeune fille. Qui êtes-vous ? »

Iria s'apprêta à lui répondre en souriant, mais Gray fut plus rapide :

« Nous sommes les humbles serviteurs de Dame Epon, fit-il, toujours avec un sourire moqueur aux lèvres. Moi c'est Gray. Et cette petite se nomme Iria.

— Petite ? » répéta à voix basse la Toalienne qui observait l'argenté d'un air blasé, n'appréciant visiblement pas cet adjectif pour la qualifier. Zelda les observa d'un air sceptique, en particulier Gray qu'elle jugeait un peu louche.

« Je te trouve bien arrogant et irrespectueux pour un serviteur d'une princesse.

— C'est vrai qu'on me le dit souvent. » rétorqua Gray en positionnant ses mains sur ses hanches, sans lâcher la princesse du regard et toujours avec son sourire espiègle. Link et Epon ne savaient pas comment réagir face à ses provocations envers Zelda. Néanmoins, pour éviter que cette conversation ne dégénère, la demi-zora se décida à intervenir :

« Gray peut paraître un peu... spécial au premier abord. Mais je vous assure qu'il est vraiment sympathique en réalité. N'est-ce pas Gray ? »

Elle observa celui-ci d'un regard noir pouvant aisément se traduire par : « Ferme ta grande gueule et contente-toi de suivre le mouvement. »

Gray, qui avait parfaitement compris le message, se contenta d'approuver les dires de la plus jeune par un bref hochement de la tête. Zelda haussa un sourcil d'étonnement devant une telle justification, mais préféra laisser couler pour cette fois. Reprenant son sérieux, elle s'adressa à l'ensemble du groupe.

« Nous pensions Hyrule en paix, mais il s'avère que c'est encore loin d'être le cas. Avec ces agents du Crépuscule qui rôdent un peu partout et ces disparitions qui surviennent, inutile de vous conseiller de rester prudents. Si j'ai du nouveau concernant l'origine de ces phénomènes, je vous enverrai un messager pour vous en tenir informés.

— Merci Majesté, la remercia Link en souriant. Nous en ferons de même de notre côté, si nous découvrons quelque chose d'intéressant là-dessus. »

Le jeune blond s'inclina en même temps que les autres, afin de la saluer la souveraine. Celle-ci appela ensuite deux gardes et leur ordonna de les escorter jusqu'aux portes du château. Ce fut de cette façon que le groupe quitta cette demeure suzeraine pour se retrouver, quelques minutes plus tard, à la place centrale de la citadelle.

« Bon... fit Iria en regardant les autres. Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?

— J'avais prévu de me rendre à la taverne de Telma, répondit Link. J'aimerais parler aux membres de la Résistance, au sujet de toutes ces histoires.

— La Résistance ? s'étonna Epon.

— C'est un groupe composé de quelques personnes qui œuvrent chaque jour à la protection d'Hyrule, lui répondit le blond avec un léger sourire. Ils ont pour habitude de se réunir dans une taverne du quartier sud. Si tu veux, je peux te les présenter.

— Ce sera avec plaisir, intervint Gray en attrapant la princesse par le poignet, mais il faut que je parle à Epon d'un sujet personnel. Allez-y ! On vous rejoindra un peu plus tard. »

À peine avait-il achevé sa phrase, qu'il entraîna la bleue loin du duo Toalien en direction d'une rue adjacente.

« Okay... ? fit alors Link, un peu abasourdi.

— Entre Alvaro et lui, on est servis, niveau rencontres étranges, soupira Iria.

— Tu exagères un peu, Iria. En attendant, allons-y. Ces deux-là finiront par nous rejoindre. Je l'espère, du moins ! »

Tandis que les deux amis se dirigeaient vers le sud de la citadelle, Gray avant entraîné Epon dans une ruelle vide du quartier ouest. Après s'être assuré que personne ne les avait suivis et que personne ne les écoutait depuis une quelconque cachette, l'homme en noir lâcha la princesse zora. Celle-ci le regarda d'un air blasé en croisant ses bras.

« Dis donc, c'était quoi ce numéro que tu nous as fait avec Zelda ? lui demanda-t-elle. Et puis qu'est-ce qui te prend de nous isoler de cette manière ?

— Je voulais te parler de quelque chose en privé. »

Epon afficha un air surpris. Mais elle avait déjà une idée du sujet qu'ils étaient sur le point d'aborder. Si Gray l'avait isolée de cette façon, cela devait forcément concerner leurs marques divines de près ou de loin.

« Tu te souviens de notre conversation au sujet des personnes élues par les déesses pour semer le chaos ?

— Comment l'oublier ? Ça m'a carrément traumatisée, toutes ces révélations soudaines !

— Dans ce cas, tu n'as peut-être pas fini de l'être.

— Gray... Tu me fais peur, là. Crache le morceau ! Qu'est-ce que tu essayes de me dire ? »

L'homme en noir plongea ses yeux bleus dans les iris bruns de la plus jeune pendant un instant. Il réfléchit aux bons mots à choisir pour lui expliquer sa pensée. Finalement, il reprit :

« Nous sommes quatre élus à posséder chacun la marque d'une déesse. Ces symboles divins nous confèrent des pouvoirs différents. Le pouvoir du feu et la téléportation pour moi, le pouvoir de l'eau et la sensibilité aux énergies pour toi, le pouvoir de la terre et une force surhumaine pour l'élu de Lato, et le pouvoir du vent et la transformation pour l'élu de Farore.

— Oui, ça je le sais. Et alors ? »

Mais tout à coup, Epon eut un tilt. À l'entente des mots « vent » et « transformation », non seulement elle voyait où Gray voulait en venir mais en plus, elle se rendit compte que l'un des élus restants ne lui était peut-être pas totalement inconnu.

« Alors ce serait quelqu'un comme nous qui serait à l'origine de ce qui se passe ?

— C'est une possibilité, affirma l'homme en noir. Quelqu'un qui possède le pouvoir de transformer les habitants de ce royaume en agents du Crépuscule, ça expliquerait pas mal de choses. Déjà, ça prouverait que le royaume du Crépuscule n'est pas impliqué, mais ça expliquerait aussi pourquoi il y a de plus en plus de disparus, au profit de tous ces monstres qui voient leur nombre s'agrandir. »

La demi-zora était sonnée. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elle se sentait bête de ne pas être arrivée à une telle conclusion bien avant. L'hypothèse de Gray tenait complètement la route ! Et si Epon faisait le parallèle avec la mystérieuse rencontre qu'elle avait faite au Temple Sylvestre, il était plus que probable qu'il s'agisse là de la vérité. Cependant...

« Peut-être que ce que j'avance est faux, tempéra l'argenté. Le pouvoir de transformation de cet élu peut être complètement différent de ce à quoi on pense. Mais il faut quand même envisager la possibilité qu'on voit juste.

— Je vois. » approuva Epon qui n'avait rien à ajouter. Elle comprenait mieux pourquoi son compagnon l'avait éloignée de Link et d'Iria pour lui dire cela : révéler l'existence de ce potentiel élu reviendrait à parler de leurs marques divines et de leur signification. Et ce n'était pas spécialement ce qu'Epon et Gray désiraient, de peur de passer pour des monstres aux yeux du héros d'Hyrule et de son entourage. L'hybride échangea de nouveau un regard avec l'argenté, sans rien dire.

« On n'est pas obligé de retourner auprès de Link et d'Iria, tu sais ? lui dit l'homme en noir. On peut très bien enquêter de notre côté, et mettre fin à toutes ces conneries par nous-mêmes.

— Peut-être mais en faisant ça, Link, Iria et même Zelda risqueraient de trouver notre comportement suspect. »

Pour le coup, Gray était forcé de l'admettre : Epon avait raison. Et puis, rien ne prouvait qu'il s'agissait là de l'œuvre de l'élu de Farore. Avancer en se basant uniquement sur des hypothèses était risqué. Ils devaient en avoir le cœur net avant d'agir. Les deux n'avaient donc pas d'autre alternative que de rejoindre le duo Toalien à la fameuse taverne de Telma.

« On y va ? proposa Gray avec un léger sourire. Je sais où se trouve cette taverne. On y sera en quelques minutes.

— Je te suis. » répondit Epon qui ne souriait pas. Elle se sentait un peu mal. Elle n'aimait pas cacher des choses à ses amis et encore moins leur mentir. Mais avec Link et Iria, elle était forcée de le faire. Ce fut avec un certain poids sur le cœur que la demi-zora suivit Gray, qui entamait déjà sa marche en direction du quartier sud de la ville.


Texte publié par Kamryn Allister, 20 février 2023 à 16h09
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tome 1, Chapitre 10 « Audience avec la souveraine » tome 1, Chapitre 10
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