Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 7 « Prisonnière d'une psysalis » tome 1, Chapitre 7

« Où suis-je ? »

Epon ne savait pas où elle se trouvait en cet instant. Elle ignorait comment elle était arrivée dans cet étrange endroit. Elle se souvenait s'être assoupie alors qu'elle était encore chez Gray. Mais maintenant, elle se retrouvait dans une sorte de forêt. Elle avait d'abord cru à celle de Firone. Mais cette forêt environnante n'était pas aussi dense. Par contre, elle était sombre. Mais pas sombre comme on pourrait qualifier un lieu plongé dans le noir total. C'était comme si les environs étaient éclairés par une douce lumière bleutée. C'était beau à voir, tout en gardant un côté sinistre renforcé par un silence de mort omniprésent. La demi-zora n'entendait aucun bruit autour d'elle. Aucun vent ne soufflait. Epon avait l'impression que le temps s'était figé et qu'elle était la seule à pouvoir bouger.

Tout à coup, la jeune fille sentit un picotement au niveau de sa cuisse gauche. Sa marque divine de Nayru brillait. Et elle n'était pas la seule : tout le corps d'Epon était entouré d'une aura de lumière. La bleue ne comprenait pas pourquoi et ignorait si elle devait s'en réjouir ou s'en inquiéter. Mais dans l'immédiat, elle n'avait pas d'autres choix que de faire avec.

Prenant son courage à deux mains, elle s'avança à travers cette forêt mystique sans vraiment savoir où aller. Il y avait tellement de chemins possibles à emprunter ! Epon se contenta de suivre son intuition. En cours de route, elle croisa diverses statues entourées d'une aura lumineuse identique à la sienne. L'hybride ne savait pas exactement ce que représentaient ces sculptures, mais elles avaient toutes une forme humanoïde et possédaient des armes. De grandes épées pour quelques-unes, deux sabres plus petits pour les autres.

« Qu'est-ce que des statues de ce genre fabriquent dans un endroit pareil ? se demanda Epon. Et pourquoi des statues avec des épées ? »

Alors qu'elle s'imaginait diverses hypothèses farfelues pour trouver une réponse logique à ses interrogations, elle entendit quelque chose. C'était la voix d'une petite fille qui semblait chanter. Les paroles de sa chanson étaient d'ailleurs plutôt tordues :

« Phénix, phénix, tu sembles perdue.

Princesse, princesse, tu ne vivras plus.

Mes amis démembreront ton corps,

Et tortureront ton esprit jusqu'à ta mort. »

Des rires s'ensuivirent. Phénix ? Princesse ? Cette inconnue parlait probablement d'Epon. Mais qui était-elle ? Une chose était sûre : vu le côté malsain et morbide de la chanson, la bleue pouvait s'attendre à croiser une enfant complètement folle dans cet endroit. Mais la chanson ne s'arrêta pas là :

« Jeune fille, jeune fille, comme ton cœur est pur.

Dommage, dommage, tu n'as plus de futur.

Tu n'échapperas pas à ce monde,

Car ce lieu lugubre deviendra sous peu ta tombe. »

L'hybride aux cheveux bleus commençait à en avoir assez de cette mascarade. Elle détestait les gens qui jouaient avec ses nerfs de cette manière.

« Montre-toi, au lieu de te cacher lâchement pour chanter des conneries ! » s'écria-t-elle en observant autour d'elle pour tenter de repérer la silhouette de cette mystérieuse fille. En guise de réponse, cette dernière se contenta de rire sournoisement.

« Je vois que tu n'apprécies guère l'humour noir, élue de Nayru. »

Une jeune fille apparut soudain à quelques mètres devant Epon. Toute vêtue de rose, elle avait également de longs cheveux roses coiffés en queue-de-cheval. Elle tenait une sorte de sceptre, dont l'extrémité possédait un visage humain.

« Qui... qui es-tu ? » demanda la bleue en restant sur ses gardes. La fille en rose se contenta d'afficher un sourire malicieux, avant de lui donner une réponse dépourvue de sens :

« Je suis à la fois tout le monde et personne. Certains me qualifient de gardienne, d'autres de bourreau. Mais si tu veux m'appeler par un nom, appelle-moi simplement Alys.

— Où sommes-nous ? Et qu'est-ce que tu me veux ?

— Nous sommes plongées au plus profond de ton esprit, Epon. Dans un endroit où seuls toi et trois autres personnes pouvez accéder. Tu es dans un lieu qu'on appelle psysalis. C'est grâce à la déesse Nayru qui t'a élue que tu peux venir ici. En ce qui concerne ce que je veux... »

Le sourire d'Alys prit un air sadique en cet instant précis.

« Je veux te tester pour voir si tu mérites la marque que tu portes sur ta cuisse. »

Sur ces mots, elle pointa son arme vers le ciel et le visage présent sur celui-ci se mit à hurler d'un cri strident, tandis que des larmes de sang coulaient le long de ses joues. Ce hurlement avait littéralement tétanisé la demi-zora sur place. Mais ce qui arriva ensuite était encore plus terrorisant. Le ciel, jusqu'à présent sombre, avait prit une teinte rouge sanglante. Et les statues inertes présentes un peu partout s'étaient mises à bouger. Toutes semblaient avancer ou voler vers Epon.

« Qu'est-ce que ça signifie ?! s'écria l'hybride en se tournant vivement vers Alys.

— J'ai juste réveillé les gardiens de cette psysalis. Par contre, ils n'ont pas l'air d'apprécier ta présence. Si j'étais toi, j'essaierais de leur échapper, vu que tu es privée de tes armes et de tes pouvoirs ici. »

Pensant que cette fille se moquait d'elle, Epon regarda en direction de sa ceinture, là où elle rangeait habituellement ses tonfas. Malheureusement, ces derniers n'étaient plus là. Elle tenta alors de balancer un jet d'eau vers l'un de ces fameux gardiens, mais constata avec effroi qu'Alys ne mentait pas. L'hybride était sans défense et attaquée de toutes parts par des gardiens armés. L'un d'eux, doté d'une grande épée, attaqua la jeune fille d'une attaque verticale. Par réflexe, Epon sauta sur le côté pour l'esquiver.

« Tu ferais mieux de surveiller tes arrières, princesse ! parla Alys d'un sourire sournois. Un seul coup reçu de la part des gardiens d'une psysalis entraîne la destruction brutale de ton corps et de ton esprit. Autant dire qu'il s'agit d'une mort plutôt horrible et douloureuse. »

Epon grogna. Elle ne pouvait pas combattre et ne devait pas se laisser toucher par les frappes de ces gardiens. Seulement, il en arrivait de partout ! En restant plantée à sa position, la princesse risquait d'être rapidement submergée et de ne pas tenir longtemps. Jetant un coup d'œil haineux à Alys, la demi-zora courut aussi vite que ses jambes le permettaient, afin de s'éloigner de tout ce monde. C'était la première fois qu'elle courrait aussi vite et qu'elle ressentait une peur pareille.

Oui. À cet instant, Epon avait sérieusement peur. Peur de se faire tuer de la sorte dans un endroit dont elle ignorait tout. Et tout cela pour quoi ? Juste pour cette stupide marque divine sur sa cuisse.

« Bordel ! Qu'est-ce que j'ai fait à la déesse Nayru pour mériter un destin pareil ? pensa-t-elle sans stopper sa course. Pourquoi il a fallu que je sois l'une de ces soi-disant élus ? »

Epon en voulait aux déesses d'Hyrule. Elle ne les aurait jamais cru capables d'une telle cruauté envers les porteurs de leurs emblèmes. Après avoir couru pendant plusieurs longues minutes, elle s'était finalement cachée dans une petite caverne creusée dans une falaise. Elle avait réussi à semer ses poursuivants. Mais pour combien de temps ? L'hybride profita de ce laps de temps afin de reprendre son souffle. Hélas, elle ne pouvait même pas se le permettre. Avec frayeur, elle remarqua qu'un gardien volant, armé de deux sabres, avait traversé une paroi de la caverne tel un fantôme.

« Merde ! »

La demi-zora fut forcée de se précipiter hors de ce refuge temporaire et de fuir à vive allure.

« Si seulement je pouvais mettre la main sur quelque chose qui pourrait faire office d'arme... » imagina-t-elle. Mais il n'y avait rien de tel dans cette forêt. En résumé, Epon était condamnée à fuir des gardiens meurtriers, sans savoir quoi faire ni où aller. Tandis qu'elle continuait de courir, elle entendit à nouveau une voix. Néanmoins, ce n'était pas la voix d'Alys mais celle d'un homme. Et elle semblait plutôt familière aux oreilles de la jeune femme.

« Epon ? Epon ! Tu m'entends ?! »

C'était étrange pour la bleue, persuadée d'avoir déjà entendu une voix semblable. Mais celle qui venait de s'adresser à elle se voyait déformée. C'était la raison pour laquelle elle ne la reconnaissait pas sur le coup.

« Si tu es dans une psysalis, reprit cette voix mystérieuse, tu dois trouver la larme de Nayru ! Laisse-toi guider par un faisceau de lumière s'élevant dans le ciel !

— Un faisceau de lumière ? »

Toujours en maintenant sa course, Epon observa l'horizon. Effectivement et à sa grande surprise, une colonne lumineuse de couleur bleue était visible à quelques centaines de mètres. L'hybride ne savait pas si elle pouvait faire confiance à cette voix, mais c'était la seule alternative viable qui se présentait à elle. Se dirigeant à présent vers ce fameux faisceau, elle observa de temps en temps derrière elle. Les gardiens la poursuivaient toujours. Epon devait donc faire vite ! Mais à un moment, elle entendit la voix d'Alys résonner à travers toute la psysalis.

« On dirait bien qu'un intrus essaye de t'aider, jeune fille ! Mais à ta place, je me méfierais. Imagine : s'il s'agit d'une personne malintentionnée qui veut te voir courir à ta perte ?

— Tu es très mal placée pour me dire ça, sale garce ! » répliqua vivement Epon à son adresse. Alys ne répondit rien suite à cela.

La demi-zora était à présent proche de son but. Elle apercevait enfin la fameuse larme dont lui avait parlé la mystérieuse voix. Il s'agissait d'une gemme bleue en forme de larme. C'était elle qui dégageait l'énergie responsable du faisceau qui l'avait guidée jusque-là. Malheureusement, trois gardiens, armés chacun d'une grande épée, firent barrage à la jeune fille.

« Grr... Je suis si près du but ! se dit-elle. Je ne peux pas me faire avoir maintenant ! »

Epon ne pouvait peut-être pas attaquer ou se défendre, mais elle pouvait se servir de sa mobilité et de son agilité pour éviter leurs attaques. Les trois gardiens se ruèrent sur elle, afin de la frapper simultanément avec leurs armes. La demi-zora effectua un salto arrière afin de les éviter, puis sauta sur l'épée de l'un des gardiens, afin de bondir par-dessus celui-ci et d'atterrir juste derrière eux. Elle profita de cette esquive pour se précipiter vers la larme, qu'elle saisit de ses deux mains.

Mais après avoir touché ce joyau, plusieurs images défilaient dans sa tête : les déesses fondatrices d'Hyrule qui étaient au nombre de quatre... Le symbole de la triforce attribuée à trois élus destinés à faire régner la paix... Les différentes marques des déesses attribuées à quatre élus destinés à faire régner le chaos... Des guerres... Des cadavres se comptant par centaines... Hyrule qui était en feu... Les éléments qui se déchaînaient sur le royaume... C'était un véritable cauchemar qu'Epon visualisait dans son esprit. La princesse ne désirait qu'une chose : que tout cela s'arrête. Elle souhaitait sortir de ce mauvais rêve. Elle ne voulait plus avoir ces visions d'horreur.

« Epon ! Hé, Epon ! »

Encore cette voix d'homme ? Cette fois-ci, l'hybride l'entendait clairement. Elle savait qui c'était. Et grâce à cette personne, elle était enfin revenue à elle.

Elle s'était réveillée, allongée sur un grand lit, et la silhouette de Gray se trouvait assise sur le bord de celui-ci. L'argenté eut l'air nerveux au moment où la jeune fille avait repris connaissance, mais finit par afficher une mine soulagée.

« Bon sang ! J'ai cru que tu allais mourir dans mon lit ce soir ! Tu n'arrêtais pas de crier et de gigoter dans tous les sens. Ta marque s'était également mise à luire. »

Intriguée, Epon se redressa pour observer son emblème de Nayru sur sa cuisse. Celle-ci ne s'illuminait plus. La bleue observa ensuite autour d'elle. Gray l'avait conduite dans ce qui ressemblait à une chambre. Probablement de la sienne, vu qu'il avait précisé que c'était son lit.

« Tu étais dans une psysalis, pas vrai ? » questionna l'homme en noir. Son homologue féminin était trop choqué sur le moment pour formuler une réponse orale. Elle se contenta alors de hocher lentement la tête pour répondre affirmativement à sa question.

« Je le savais... répliqua l'élu de Din. C'est une épreuve très dangereuse que tu viens de traverser. Je suis étonné que tu t'en sois sortie. Tu aurais pu te faire salement tuer.

— Une épreuve... ? demanda alors Epon, étonnée.

— Les psysalis sont des lieux spirituels créés par les déesses pour mettre à l'épreuve les élus portant leurs marques. Lorsque notre esprit est entraîné dans une psysalis, il n'existe que deux solutions pour en sortir : réussir l'épreuve ou mourir. Si on réussit, on est alors reconnus comme étant dignes de porter les marques divines, et d'accomplir la mission confiée par les déesses. Dans le cas contraire, l'élu meurt et les déesses en choisissent un autre pour le remplacer. Des élus de Nayru ou de Din, il y en a sans doute eu plein avant toi et moi. »

En comprenant mieux le fonctionnement de ces psysalis, Epon eut un frisson de terreur. Toute cette histoire prenait une tournure sordide. Combien de personnes les déesses avaient-elles élu jusqu'à maintenant pour semer le chaos dans le monde ? Et surtout, combien avaient péri à cause de ces psysalis ?

« C'est... flippant, murmura la jeune fille en détournant son regard du jeune homme.

— Je ne te le fais pas dire. J'ai déjà subi une psysalis moi aussi, alors je comprends ce que tu ressens. »

Epon se sentait perdue et complètement déboussolée par toute cette histoire. Cette épreuve spirituelle qu'elle venait de subir l'avait terrorisée. Le fait d'être au milieu de gardiens armés sans aucune défense... Le fait de se faire tuer si on se faisait toucher, ne serait-ce qu'une seule fois... Non. La demi-zora ne voulait pas revivre une telle mésaventure une seconde fois.

« T'as dû en baver, affirma alors Gray en la regardant avec un léger sourire. La nuit a eu le temps de tomber pendant que tu dormais. Tu ferais mieux d'en profiter pour te reposer et de te remettre de tout ça. »

L'homme en noir s'apprêta à se lever pour quitter la chambre, afin de laisser Epon dormir. Mais d'un geste, celle-ci l'attrapa par le poignet pour le faire rester assis.

« Gray... Reste. S'il te plaît. »

L'argenté fut complètement surpris par cette proposition. L'hybride elle-même était étonnée par son propre comportement. Cela ne lui ressemblait pas. Mais elle n'avait pas envie de rester seule pour le moment. Pas après avoir vécu une telle expérience.

« C'est grâce à toi si je m'en suis sortie vivante de cette psysalis, confia la jeune fille. Si je n'avais pas entendu ta voix m'appeler, je n'aurais jamais su ce qu'il fallait faire. Je te remercie et te dois la vie pour ça. Mais je voudrais que tu restes avec moi pour cette nuit. Ta présence me rassure... en quelque sorte. »

Gray l'avait écouté sans rien dire et demeurait quelques secondes silencieux suite à la requête d'Epon. Mais finalement, un sourire bienveillant étira ses lèvres.

« Je te pensais bien plus courageuse que ça. Mais si ça te permet d'être rassurée, alors je veux bien rester. Par contre, ne prends pas ça pour une habitude ! Je ne serai pas éternellement avec toi. Il faudra que tu parviennes à vivre avec tout cela par toi-même. »

 La demi-zora s'en doutait bien. Mais pour l'heure, elle avait besoin de quelqu'un auprès d'elle. Et même si Gray était un homme qu'elle ne connaissait que depuis peu, elle sentait au fond que c'était une personne de confiance. Soulagée de le savoir dans la chambre, Epon se rallongea dans le lit en fermant les yeux, dans l'espoir de s'endormir à nouveau sans refaire de cauchemar.


Texte publié par Kamryn Allister, 15 février 2023 à 20h34
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 7 « Prisonnière d'une psysalis » tome 1, Chapitre 7
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2628 histoires publiées
1176 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Defghard
LeConteur.fr 2013-2024 © Tous droits réservés