«

»

La rivière Zora, ainsi que toute l'eau présente dans le village aquatique naissait dans la grande fontaine située au cœur du palais du domaine. C'était ce cours d'eau qui alimentait le lac Hylia, situé au sud-est de la région de Lanelle. En amont de ce fleuve, sur une grande parcelle de terre le bordant, un groupe de jeunes zoras s'était attroupé autour d'Epon, qui avait coiffé ses cheveux en deux tresses épaisses, et de Finiel. Les deux avaient déjà débuté leur affrontement.

Le zora enchaînait une multitude de frappes avec sa courte lance. Vif et agile, il parvenait à faire reculer la jeune fille et semblait avoir l'avantage. Mais Epon faisait preuve d'une endurance surprenante. Armée de deux dagues en forme de tonfas, elle faisait appel à toute sa dextérité et son agilité pour bloquer ou esquiver les attaques adverses. Tout en faisant en sorte de ne pas se faire toucher, la bleue analysait les mouvements de son opposant et essayait de repérer la moindre faille susceptible de faire pencher le combat en sa faveur.

« Son Altesse est vraiment douée ! s'extasia une adolescente, admirative.

— C'est vrai qu'il faut être sacrément balèze pour tenir tête à Finiel, approuva un zora mâle plus âgé. Il est quand même l'un des soldats les plus talentueux de notre peuple.

— Je mise cent rubis sur la victoire de Finiel ! s'exclama un garçon avec un grand sourire.

— Parce que tu as autant de monnaie sur toi ? lui demanda un autre.

— J'aurais plutôt parié sur la victoire de Dame Epon, moi ! » répliqua une autre jeune zora. En somme, c'était un joyeux brouhaha qui s'élevait dans l'assemblée. Mais cela ne déconcentrait aucun des deux guerriers, qui donnaient tout ce qu'ils avaient pour gagner.

« Tu retiens tes coups, Epon ! parla Finiel en forçant celle-ci à maintenir une parade. Pourquoi tu ne te sers pas de tes pouvoirs ?

— Ce serait un peu trop facile face à un adversaire qui n'en possède pas.

— Ah, tu me sous-estimes à ce point ? C'est dommage. J'espérais un duel bien plus ardu ! »

Le soldat lui offrit un clin d'œil légèrement moqueur suite à sa réplique. Un peu vexée, la jeune fille le poussa pour se dégager et le faire reculer.

« Si tu tiens tant à ce que j'utilise ma magie... »

Elle tendit sa main en direction de Finiel et un puissant jet d'eau en jaillit pour foncer droit vers lui. Le zora effectua une roulade sur le côté pour esquiver, mais une autre trombe aqueuse vola rapidement vers lui. D'un geste précis, il frappa ce sortilège pour le dissiper. Cela fonctionna mais le força aussi à reculer. En constatant cet instant de vulnérabilité, Epon se précipita vers lui et effectua plusieurs attaques d'affilée avec ses tonfas. Finiel parvint à les bloquer mais pas aussi facilement qu'au début. Epon était en train de prendre l'avantage. La jeune fille se réjouissait déjà à l'idée de pouvoir le vaincre et lui faire regretter sa précédente petite provocation. Cependant, une voix de femme retentit, interrompant leur lutte :

« Dame Epon ! Sa Majesté la Reine désire vous voir à la salle du trône ! »

Tous les regards se tournèrent vers une zora femelle, moins élancée et imposante que Finiel, possédant des épaulières en écailles, ainsi qu'un bijou fait d'argent et de pierres précieuses bleues posé sur sa tête. Alors que les lèvres de cette nouvelle venue s'étiraient en un chaleureux sourire, tous les zoras spectateurs affichaient des mines dépitées.

« C'est dommage, je voulais savoir qui allait gagner ! s'exclama un garçon zora.

— Ils ne peuvent pas terminer leur combat avant ? demanda un jeune mâle adulte.

— Je ne fais qu'obéir aux ordres de notre souveraine. »

Epon, légèrement haletante, afficha tout de même un léger sourire qui fut aussitôt rendu par son adversaire.

« La fin de notre affrontement sera pour une autre fois, on dirait ! constata le soldat en rangeant sa lance derrière son dos. File voir ta mère. »

La princesse rangea ses armes à son tour en acquiesçant, avant de s'approcher de la zora qui était venue la chercher.

« Je te suis, Loqa. »

Celle-ci hocha la tête avant de marcher en direction du domaine avec elle. Le trajet jusqu'au palais pouvait durer entre quelques dizaines de secondes et plusieurs minutes, en fonction du chemin qu'on empruntait. Il était bien plus rapide de s'y rendre en nageant et en remontant la cascade culminante du village. Mais Epon avait choisi la voie terrestre, voulant profiter du somptueux paysage qu'offrait son lieu de vie. Ainsi, la zora et l'humaine montèrent plusieurs escaliers et empruntèrent quelques corridors ascendants.

Durant leur montée jusqu'à la salle royale, elles croisèrent d'autres zoras aux âges variés. Tous s'inclinèrent de respect à la vue de la femme aux cheveux bleus. Mais si les plus jeunes d'entre eux se montraient sincères dans ce geste, les aînés semblaient regarder leur princesse d'un mauvais œil. On pouvait même entendre quelques murmures médisants s'élever :

« Se coltiner cette bâtarde en tant que princesse... Notre peuple est tombé bien bas, ces dernières années !

— Que pensait donc sa Majesté en s'éprenant d'un humain ?!

— En plus, Epon est son unique enfant, ce qui signifie qu'elle est l'héritière de la couronne zora.

— Nous aurons donc une sang-mêlée en tant que prochaine souveraine. Quel désastre pour notre espèce ! »

Bien que ces gens se voulaient discrets, Epon les entendait. Elle ne répondit rien et ne se retourna pas. Mais ses poings serrés et la désagréable grimace qu'elle affichait montrait que ces remarques l'affectaient.

« Ne vous préoccupez pas d'eux, Dame Epon, la réconforta Loqa qui n'avait pas été sourde à ce torrent de dénigrement non plus. Même si nos doyens ne vous portent pas de leurs cœurs, la nouvelle génération voue un grand respect à votre égard. Les mentalités changeront au fil du temps. La totalité de notre peuple finira par vous accepter. »

Face à la bienveillance de son accompagnatrice, la jeune hybride retrouva son sourire. Il ne servait à rien de se lamenter. D'ailleurs, elle avait appris à passer outre ces remarques désobligeantes à force de les entendre depuis son enfance. Et si elle grimaçait à chaque fois qu'elle apercevait ces aînés, ce n'était pas parce qu'elle était lasse de les écouter répéter ces mêmes paroles : elle se retenait de leur dire ce qu'elle pensait d'eux de manière cinglante. Mais en tant que princesse zora malgré son physique humain, elle ne souhaitait pas s'abaisser à ce genre de méthode.

« Après tout, l'ignorance est la meilleure arme face à la bêtise, comme le disait papa lorsqu'il était encore là. » se dit-elle alors qu'elle et Loqa venaient d'entrer dans la salle du trône du domaine. Celle-ci était toujours aussi majestueuse et enchanteresse. Un vaste bassin profond s'étendait en son centre et on pouvait apercevoir plusieurs zoras s'y baigner. Ces derniers étaient, pour la grande majorité, au service de la famille royale. À l'opposé de l'entrée se trouvait le trône zora, fait essentiellement d'écailles et de coraux. Une zora particulière y siégeait : elle était encore plus élancée que Finiel et possédait une peau dans des tons roses. Contrairement à ses semblables, elle était dotée d'une chevelure coralline ondulée mais paradoxalement figée. Malgré sa singularité, elle lui donnait une certaine prestance. À première vue, cette souveraine inspirait à la fois charisme et respect.

Tandis que ses yeux émeraude se posaient sur les deux nouvelles arrivantes qui s'étaient arrêtées à quelques mètres devant elle, Loqa s'inclina poliment :

« Dame Rutella. Je vous ai conduit Dame Epon jusqu'ici, comme vous me l'aviez demandé.

— Je t'en remercie, ma chère Loqa ! répondit la reine en souriant. Tu peux disposer. »

La zora se redressa pour s'incliner devant Epon, avant de s'éloigner des deux femmes pour les laisser entre mère et fille. L'hybride se rapprocha alors de sa génitrice avec un léger sourire aux lèvres.

« J'étais à deux doigts de vaincre Finiel en duel, tu sais ?

— J'ai eu vent de votre affrontement, affirma Rutella dont le sourire s'était agrandi. À en croire ce que l'on m'a raconté, il était très difficile de vous départager. Certains m'ont tout de même avoué que Finiel avait un léger avantage. »

En apprenant cela, sa fille fit mine d'afficher une moue boudeuse en croisant les bras.

« Ceux qui t'ont dit ça t'ont menti. Comme je te l'ai dit, j'ai failli l'envoyer au tapis. »

La souveraine ne put s'empêcher de rire gentiment devant cette attitude puérile de sa part. Elle aurait voulu la taquiner en lui faisant croire qu'elle n'était pas encore de taille face à un guerrier aussi expérimenté que Finiel, rien que pour voir sa réaction. Mais là n'était point la raison de cette entrevue.

« Peu avant votre duel, parla Rutella d'un air plus sérieux. Finiel m'a rapporté qu'un vent étrange à soufflé sur notre domaine alors qu'il apercevait une émanation t'entourer, lorsque tu méditais sous une cascade.

— Une... émanation qui m'entourait ? » s'étonna Epon qui ne comprenait pas sur le coup. Mais en songeant à son moment de méditation, elle se souvint avoir ressenti une étrange sensation. Cependant, elle ignorait ce que c'était.

« Je pense que cette espèce d'aura doit avoir un lien avec cette marque de Nayru que tu portes.

— Je ne vois pas ce que ça pourrait être d'autre, confia la demi-zora alors que son regard se posait sur sa cuisse portant l'emblème divin. Plus j'essaye de comprendre les mystères entourant ce symbole que je porte depuis ma naissance, plus ceux-ci s'ajoutent, j'ai l'impression. J'ai beau avoir mené des études là-dessus, aucune d'entre elles n'aboutit à une explication logique.

— J'ai moi-même effectué quelques recherches à ce sujet. Je n'ai rien trouvé de concret, mais j'ai néanmoins réfléchi à une théorie. »

Une théorie ? Sur cette marque ? Epon était curieuse de la connaître.

« S'il existe une personne portant la marque de Nayru sur son corps, il doit forcément y avoir deux autres personnes portant respectivement les marques de Farore et de Din.

— J'y avais déjà pensé, expliqua l'hybride. C'est d'ailleurs l'une des premières choses à laquelle j'ai songé. Mais s'ils existent vraiment, ce sera vraiment difficile de les retrouver. Et quand bien même, est-ce que les retrouver nous permettrait d'en savoir plus sur ces marques ?

— Il sera impossible de répondre à cette question s'ils restent introuvables. Quoi qu'il en soit, je pense que la région de Firone serait un bon point de départ pour en savoir plus là-dessus.

Epon parut étonnée. Pourquoi Firone plus que les autres provinces ? Surtout qu'il s'agissait là d'un lieu où la jeune fille n'était jamais allée auparavant. Elle connaissait bien Lanelle et Ordinn, mais les régions méridionales de Firone et de Latouane lui étaient totalement inconnus.

« Est-ce que le nom de Link te parle ? demanda alors Rutella en souriant légèrement.

— Celui qui a sauvé notre domaine, puis Hyrule de l'invasion des ombres quelques mois plus tôt ? Oui, tu m'as révélé l'avoir rencontré en personne pendant que j'étais... dans le coma. »

Epon se rappelait du jour où les ombres avaient envahi Lanelle. La température avait drastiquement chuté au domaine zora, provoquant le gel des eaux. La demi-zora s'était brusquement fait attaquée par d'étranges monstres difformes noirs à ce moment-là. L'assaut avait été si brutal que la jeune fille s'était faite blessée et avait demeuré inconsciente pendant plusieurs jours.

« Si Link n'était pas intervenu, reprit la souveraine, nous et notre peuple ne serions plus là, aujourd'hui.

— Je me doute, acquiesça la bleue en détournant le regard avec un sourire amer aux lèvres. J'aurais bien voulu le rencontrer. Du peu de ce que tu m'as raconté à son sujet, il m'a l'air d'être un chic type.

— Vous vous seriez bien entendus, à mon humble avis ! affirma sa génitrice en lui faisait un clin d'œil alors que son sourire s'agrandissait.

— Sinon, pourquoi me parler de lui ? Quel est le rapport avec ma marque ?

— L'épée de légende qu'il maniait pour combattre Ganondorf... C'est dans la région de Firone qu'il l'a obtenue. Il a également découvert là-bas l'existence d'un temple renfermant un artefact ancien aux pouvoirs étranges qui, apparemment, lui aurait permis de se rendre dans une cité perdue dans les cieux.

— Carrément une cité dans les cieux ? fit Epon d'un air stupéfait, tant elle avait du mal à y croire.

— Ce jeune homme a vécu des aventures que tu n'imagines même pas ! En tout cas, s'il a obtenu ces objets mystiques dans ce temple de Firone, cela ne m'étonnerait pas qu'il y ait là-bas quelque autres objets ou informations en rapport avec des choses divines, dont la marque que tu portes. Cela ne te coûte rien d'aller y jeter un œil. Et puis... »

Rutella se leva de son siège suzerain pour se rapprocher d'elle et poser sa main sur son épaule :

« Pour une fille comme toi qui rêve d'aventure et de voyage, ce serait l'occasion pour toi d'en vivre. Surtout que tu es adulte désormais. Je pense que tu es devenue suffisamment forte et mature pour partir du domaine seule.

— Sérieux ?! »

De la joie se ressentait dans l'exclamation d'Epon. Passionnée d'exploration et de découverte, elle avait toujours voulu voyager à travers le royaume par elle-même. D'habitude, lorsqu'elle s'absentait du domaine Zora pour se promener ou se rendre à la capitale, elle était toujours accompagnée de Finiel ou d'un autre garde zora. Mais aujourd'hui, sa mère lui donnait la permission de partir seule pour mener ses recherches sur le terrain.

« Après tout, cette marque ne concerne que toi, lui confia la Reine. Je pense que c'est à toi, et à toi seule de découvrir sa signification.

— Oh, merci maman ! »

Epon avait sauté au cou de Rutella, plus heureuse que jamais. Elle avait toujours rêvé de voyager par elle-même et là, sa mère lui en donnait enfin l'occasion.

« Doucement Epon ! tempéra la souveraine. Je te rappelle que tu es une princesse. Même si nous sommes entre nous, tu te dois de contrôler tes émotions et de bien te tenir.

— Désolée. » s'excusa la jeune fille en lâchant sa mère et en se reculant d'elle avec un sourire un peu gêné. Malgré son statut royal, Epon n'hésitait pas à montrer son affection à son entourage, surtout lorsqu'elle était heureuse comme en cet instant.

« Ce n'est pas grave, assura Rutella en souriant tendrement. Je comprends ton enthousiasme. Néanmoins, je te demande d'être prudente lors de ton départ. Hyrule a beau avoir retrouvé la paix, il demeure néanmoins dangereux de s'y aventurer sans y être préparé.

— Je comprends. C'est promis, je ferai attention. »

Devant ces mots rassurants, la zora acquiesça par un signe de tête. Elle faisait confiance à sa fille et savait qu'elle était indépendante et pleine de bon sens.

Après avoir salué sa mère, Epon quitta la salle du trône pour se rendre dans ses appartements. Les murs de cette chambre spacieuse étaient recouverts d'écailles dont les couleurs rappelaient celles d'un océan. Des dalles d'un blanc éclatant tapissaient le sol. Un grand lit à eau trônait dans un coin de la chambre, et juste en face se trouvait une petite mais belle fontaine. Des meubles tels qu'une armoire, un bureau et un miroir se trouvaient également là. Il y avait également une harpe exposée au centre de la pièce. Epon s'approcha de cet instrument et fit glisser ses doigts sur les cordes. Plusieurs notes mélodieuses s'élevèrent. La jeune fille voulut s'asseoir pour en jouer. Mais en se disant qu'elle devait se préparer pour son départ, elle se ravisa. Elle aurait tout le temps de se détendre en jouant de sa harpe à son retour.

Après s'être déshabillée, elle se dirigea vers son placard et en sortit une autre tenue qu'elle enfila. Celle-ci se composait d'une brassière verte sans bretelles, d'un short blanc comportant une ceinture en tissu rouge, de chaussettes montantes vertes et d'une paire de chaussures de voyage assortie. Ses bras étaient recouverts de manches aux couleurs rappelant ceux de son short, tandis que des bracelets dorés décoraient ses poignets. Enfin, elle portait un collier tribal sur lequel était dessiné l'emblème de Nayru. Ses cheveux étaient toujours coiffés en deux tresses. L'ensemble dégageait un certain charme tout en étant adapté aux éprouvants voyages. La jeune fille s'observa alors dans le miroir en souriant légèrement.

« Ça devrait le faire, comme ça ! » se dit-elle, satisfaite. Elle devait à présent préparer ses affaires. Firone n'étant pas la porte d'à côté, l'hybride savait qu'elle en aurait pour quelques jours. Il lui fallait prendre ce qui lui était nécessaire sans pour autant s'encombrer. Dans deux sacoches vertes qu'elle accrocherait à sa taille, elle rangea quelques potions de soin, des pansements et des bandages. Elle avait également pris un grappin, qu'elle s'était acheté quelques années plus tôt. Dans une région qui lui était encore inconnue, cet objet pourrait sans doute lui servir. Bien évidemment, pour avoir de quoi se défendre, elle avait rangé ses fidèles lames en forme de tonfas derrière sa ceinture. Enfin, elle s'empara d'une bourse remplie de rubis, ainsi que d'une carte, d'une boussole et d'une gourde remplie d'eau.

Elle était à présent prête ! Prête à faire un voyage en quête de réponses aux questions qu'elle se posait au sujet de sa marque. Prête à découvrir de nouveaux lieux dans lesquels elle n'avait jamais mis les pieds. Prête à affronter les créatures et les bandits qui allaient lui barrer la route, car il ne fallait pas se voiler la face : elle risquait fortement d'en croiser. D'ailleurs, elle avait déjà vécu une mauvaise expérience avec un groupe de brigands qui l'avaient capturée pour une raison qu'elle n'avait jamais connue. Par chance et en faisant des choses qu'elle aurait préféré éviter, elle s'en était sortie. Mais repenser à cela lui faisait remonter des souvenirs désagréables.

« Non, je ne laisserai pas une telle chose m'arriver encore. » se dit-elle pour s'encourager. Tout à coup, quelqu'un frappa à sa porte, la tirant ainsi de ses sombres pensées.

« Epon ? l'appela la voix de Finiel. Je peux entrer ?

— Bien sûr ! »

Le zora accéda donc dans la chambre. Dans un premier temps, il parut surpris de voir la princesse prête à quitter le domaine. Mais il lui adressa un tendre sourire quelques secondes plus tard.

« Alors ça y est ? Tu t'absentes seule du domaine ?

— Ouais. Mais je reviendrai assez rapidement. Je ne pense pas qu'un tel voyage me prendra plus d'une semaine.

— Je ne te cache pas que j'aimerais t'accompagner. En tant que garde personnel et ami, c'est mon devoir de veiller sur toi et de te protéger.

— Je comprends ton inquiétude à mon égard, Finiel. Et j'en suis sincèrement touchée. Mais parfois, il faut que je me débrouille seule pour atteindre mes objectifs. Surtout que je suis capable de me défendre correctement, à présent. Tu l'as bien vu par toi-même, tout à l'heure ! »

Elle faisait allusion à leur affrontement interrompu. Même si aucun des deux n'en était sorti vainqueur, le duel était très serré. Finiel était réputé pour être l'un des meilleurs soldats du domaine, mais Epon parvenait à lui donner du fil à retordre, chose qu'elle n'arrivait pas à faire avant. Elle avait énormément progressé au combat, et semblait avoir gagné suffisamment de maturité pour comprendre dans quoi elle s'engageait en effectuant ce voyage en solitaire. Même s'il se doutait que sa protégée s'en sortirait, il ne put s'empêcher de se soucier d'elle et d'avoir un petit pincement au cœur en la voyant s'absenter du village. Et l'hybride le comprit à travers cet air maussade qui avait remplacé le sourire du zora.

Epon s'approcha alors de lui pour l'enlacer tendrement. La différence de taille entre elle et son garde était grande, mais cela ne la dérangeait pas.

« Je ferai attention et reviendrai vite. Arrête de te faire autant de mouron, okay ?

— Je vais essayer. » assura Finiel en caressant le dessus de sa chevelure bleue avant que les deux ne se décollent.

« Prends soin de toi et de notre peuple, Finiel.

— Et toi, pas d'imprudence. »

Les au revoir étant dit, le duo se sépara. Même si quitter le domaine attristait un peu Epon, l'aventure qui l'attendait la réjouissait. Il était temps pour la jeune princesse d'accomplir sa quête personnelle.