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tome 1, Chapitre 14 « La détermination d'un père » tome 1, Chapitre 14

Quelques rayons du soleil matinal, passant par les fenêtres, éclairaient d'une lumière tamisée la chambre dans laquelle dormait Seven. Celui-ci venait tout juste d'ouvrir les yeux. Fixant le plafond de la pièce, il se remémorait les atroces cauchemars qu'il avait faits cette nuit. Des mauvais rêves, dans lequel il se faisait torturer ou tabasser par diverses personnes, telles que des bandits, des collègues du Mortem Regis ou son boss. Le jeune homme n'avait pas vraiment bien dormi à cause de cela.

Voulant changer de position pour se mettre plus à l'aise, il commença à se retourner dans le lit mais sentit quelque chose accrochée à sa main. En regardant sur sa gauche, il remarqua la présence de Shira, dormant à poings fermés, le visage tourné vers lui, et tenant la main de l'assassin dans la sienne. Le plus grand en fut grandement surpris. Avait-il passé toute la nuit ainsi ? Sa main dans celle du jeune prince ? Le tueur ne savait pas comment réagir sur le coup. Un sentiment de surprise mêlé à une certaine gêne l'envahissait en cet instant. Mais cela ne lui procura pas une sensation désagréable pour autant.

« Je pensais que tu dormirais encore un peu... » murmura le jeune Xenois, à l'étonnement de Seven. Visiblement, le prince s'était réveillé avant lui et faisait juste semblant de dormir.

« J'aurais bien voulu me réveiller plus tard, justement, répliqua Seven à voix basse. Par contre, je peux savoir pourquoi on se retrouve comme ça ? »

Le regard de l'assassin se tourna vers leurs mains. En remarquant ce détail, Shira afficha un léger sourire, avant de lâcher la main de son compagnon et de se redresser dans le lit en position assise, l'air penseur. Il réfléchit un certain temps avant de dévoiler sa réponse.

« Tu pleurais et appelais à l'aide pendant ton sommeil. »

Devant cette révélation, Seven afficha un air stupéfait.

« Ça a duré une bonne partie de la nuit. Je ne savais pas quoi faire sur le moment. Je ne voulais pas te réveiller, mais je ne tenais pas non plus à te laisser dans cet état. J'ai donc saisi ta main en priant le dieu Rhaj pour que ça t'apaise. Et tu as fini par te calmer une dizaine de minutes plus tard. »

L'homme aux longs cheveux noirs avait du mal à y croire. Lui ? Pleurer ? Voilà quelque chose qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. De plus, il n'avait pas l'habitude de pleurer devant quelqu'un, même inconsciemment. Il en avait un peu honte. Il s'était d'ailleurs retourné dans le lit pour ne pas laisser l'adolescent voir ses joues rougies par l'embarras.

« Je... hésita-t-il. Je suis désolé, si je t'ai empêché de dormir...

— Ne t'excuse pas pour ça, ce n'est pas grave, assura Shira avec un sourire bienveillant aux lèvres. Par contre, ce mauvais rêve que tu as fait, il était horrible à ce point ?

— Je ne m'en souviens pas. » répondit Seven en serrant ses dents. En vérité, il s'en rappelait parfaitement dans les moindres détails. Mais il n'avait ni la force, ni l'envie de raconter quoi que ce soit. De toute manière, il ne le pouvait pas. En révélant son cauchemar, l'assassin risquait de révéler bien plus à son sujet. Il était hors de question pour lui de prendre un tel risque.

« Vraiment ? demanda tout de même le prince d'un air soucieux. Tu ne te souviens vraiment de rien, au sujet de ce cauchemar ?

— J'ai tendance à rapidement oublier les rêves que je fais. »

Un silence s'ensuivit. Shira ne savait pas quoi répliquer à cela. Mais il n'était pas dupe. Il sentait et savait que Seven lui mentait pour ne rien révéler. Le plus grand avait tendance à cacher ses problèmes, plutôt que de se confier. Le jeune prince avait déjà cerné ce trait de personnalité chez lui. Mais d'un autre côté, il était un peu frustré. Il aurait préféré que son homologue masculin lui fasse un peu plus confiance et qu'il lui laisse le choix de le réconforter. Après, il ne voulait pas non plus le forcer. Si Seven voulait ne rien dire, c'était son droit après tout.

« Je vois. Quel que soit le rêve que tu as fait, j'espère de tout cœur que tu ne le referas plus. »

Le prince se leva ensuite du lit.

« Je vais nous chercher un plateau pour le déjeuner. Ça va prendre un peu de temps pour le préparer. D'ici là, essaye de dormir encore un peu, d'accord ? »

Seven se contenta de lever sa main en signe d'acquiescement. Ce simple geste fit sourire Shira qui se dirigeait vers la porte pour sortir de la chambre, laissant le plus grand seul. Celui-ci poussa un profond soupir en fermant les yeux. Il savait qu'il ne réussirait pas à se rendormir, mais profita tout de même de ce temps de repos supplémentaire qu'on lui accordait.

*

Quelques heures plus tard, à Rhéa, Ewen et la princesse Aeris s'étaient assises sous un arbre en fleurs de l'une des cours du palais royal. Une légère et douce brise souffla en ce lieu, emportant au passage plusieurs pétales roses qui se déposèrent en douceur au sol, non loin des deux jeunes filles.

« J'envie un peu le paysage magnifique de Vegario, confia la princesse Vopaquine à la plus jeune en souriant légèrement.

— Je n'ai jamais eu l'occasion de visiter votre royaume, dame Ewena. Mais mon frère me racontait qu'il s'agissait d'un beau pays. Il me décrivait Vopaqua comme étant le paradis de Kaärann.

— C'est un peu exagéré, rigola gentiment la bleue. Mon royaume a beau avoir un joli panorama, certains coins là-bas restent tout de même dangereux, notamment le col de Nara que je recommande d'éviter.

— Pourquoi ?

— Parce qu'il y fait très froid et qu'il regorge de monstres étranges, mais dangereux et assez vicieux. Je repense à la colonie de Falglass qui nous ont attaqués l'année dernière, Harvay et moi, alors que nous nous rendions au village Minera, au nord-est de la nation.

— Que sont les Falglass ?

— Ce sont des sortes de grands oiseaux tout en glace. Individuellement, ils ne sont pas si impressionnants qu'on pourrait le croire, et sont même plutôt simples à chasser. Mais en groupe, ils deviennent redoutables. Mieux vaut les fuir rapidement, si on n'est pas bien préparé pour les affronter.

— Et qu'aviez-vous fait, Harvay et vous ? Vous les aviez affrontés malgré tout ?

— On peut dire cela, oui ! répondit Ewen dont le sourire s'était agrandi. Après, je ne vais pas vous mentir : cette bataille a été rude et la basse température ne nous a pas aidés. Mais à force de persévérance, nous sommes parvenus à abattre ces créatures malfaisantes. »

La jeune Aeris observa la plus âgée avec admiration. C'était la première fois de sa vie qu'elle rencontrait une princesse aventurière et combative comme Ewen. La princesse de Vegario aurait adoré pouvoir se défendre comme elle. Si cela avait été le cas, peut-être qu'elle aurait pu protéger son frère Aelan, et empêcher l'assassin de celui-ci de le tuer. En repensant ainsi à son défunt aîné, Aeris baissa tristement la tête, ce qui interpella la plus grande.

« Dame Aeris ? Vous allez bien ?

— Ceux qui m'ont pris mon frère, vous allez les arrêter, n'est-ce pas ? » demanda celle-ci en gardant sa mine maussade. Ewen regardait la jeune fille aux longs cheveux noirs avec compassion et sympathie. Bien qu'elle ne réagissait pas aussi violemment que la princesse Liz, Aeris était quand même profondément touchée par la perte d'Aelan. Encore plus que la reine Alfrid ou le roi Aeren. Pour la rassurer, la princesse Vopaquine posa doucement sa main sur l'épaule de la plus petite, en affichant un air déterminé.

« Sur mon honneur de princesse héritière de Vopaqua, je vous promets de retrouver l'auteur de ce crime et de le lui faire payer. »

Face à une telle promesse, Aeris afficha un très léger sourire. Voir Ewen aussi investie dans un tel objectif la réconfortait. Mais d'un autre côté, la princesse Vegarionne se demandait si son homologue aux cheveux bleus était réellement capable d'accomplir une telle mission. Retrouver les meurtriers d'Aelan était une chose, les arrêter en était une autre. Réaliser tout cela était impossible pour une princesse juste accompagnée de son garde personnel. Pourtant, Ewen semblait habitée par une détermination sans faille en cet instant. Aeris désirait lui demander comment elle comptait s'y prendre pour retrouver le meurtrier de son frère. Mais tout à coup, Harvay accourut vers le duo royal. Il s'inclina ensuite de respect devant la plus jeune, avant de s'adresser à la Vopaquine :

« Ewen. Ton père vient tout juste d'arriver au palais. Il est actuellement à la salle du trône.

— Il est déjà là ? s'étonna la concernée.

— Par contre, il semble un peu mal-en-point... » révéla le jeune blond à la stupéfaction des deux princesses qui se mirent soudainement debout, avant de se diriger rapidement vers la salle du trône.

Arrivés là-bas, Ewen demeura stupéfaite en voyant son père blessé à l'épaule, et avec ses vêtements déchirés à certains endroits. Le roi Aeren utilisait son pouvoir de guérison pour tenter de soigner la plaie, sous les yeux de son épouse inquiète et des soldats Vegarions se trouvant dans la salle. Le regard du souverain Vopaquin se tourna vers sa fille qui s'était approchée de lui.

« Papa ! Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?

— Juste une malheureuse rencontre dans la forêt. Rien de très grave. » affirma Othéo avec un léger sourire, masquant la grimace de douleur qu'il affichait quelques instants plus tôt. Malgré l'éprouvant voyage qu'il avait enduré pour arriver jusqu'au Palais Vegarion, le roi aux cheveux azur se montrait heureux de revoir sa fille en bonne santé.

« Vous avez croisé la route d'une tribu ou d'un clan, je suppose ? questionna Aeren en continuant à soigner ses blessures.

— On peut dire ça. Ils m'ont attaqué par surprise. Mais j'ai pu m'en sortir en vie et sans trop de blessures. »

Aeris s'approcha doucement d'Othéo, dans le but d'aider son père à le soigner. À son tour, elle utilisa son pouvoir de soin sur les plaies de leur nouvel invité. Othéo, Ewen et Harvay furent tous trois étonnés en remarquant que la magie dégagée par la princesse s'avérait plus efficace que celle du roi. En quelques secondes, la plus grande blessure du roi de Vopaqua s'était cicatrisée.

« Je savais que la magie de guérison des Vegarions était efficace, mais là, ça dépasse de loin ce que j'ai pu imaginer, admit Othéo, stupéfait.

— Notre fille Aeris, ici présente, est très douée dans le domaine du soin, expliqua la reine Alfrid. Ses pouvoirs dépassent les nôtres et probablement celles de tous les Vegarions maîtrisant cet art.

— Impressionnant ! » s'exclamèrent Ewen et Harvay à l'unisson face à une telle prouesse, pendant que la jeune princesse Vegarionne s'inclinait devant Othéo, avant de se placer aux côtés de ses parents. Aeren reprit place sur son siège royal, et son épouse et sa fille se placèrent de part et d'autre de lui. Tous trois firent ainsi face au roi et à la princesse de Vopaqua, ainsi qu'à leur serviteur Harvay.

« Je ne m'attendais pas à ce que votre Majesté de Vopaqua rejoigne sa jeune fille ici, seul et en prenant autant de risques, confia Aeren d'un air sérieux. Vous auriez pu vous faire tuer, vous savez ?

— Il est raison papa, approuva Ewen en s'adressant à son géniteur. Qu'est-ce qui t'a pris de venir seul dans ce royaume ? Et pourquoi être venu, d'ailleurs ? »

En guise de réponse, Othéo se tourna vers elle en posant doucement sa main sur son épaule.

« Fiona est tombée malade depuis quelques jours, lui révéla-t-il.

— Je vous demande pardon ? fit Harvay avec surprise, à l'entente d'une telle nouvelle.

— Avec tout ce qui se passe aux quatre coins de Kaärann et après votre départ de Vopaqua, sa santé déjà fragile s'est détériorée. Elle avait de la fièvre lorsque je les laissées, elle, Irina et Saya, pour venir ici.

— Tu aurais dû rester à ses côtés, répliqua Ewen, à la fois choquée par l'état de sa jeune sœur, et étonnée que son père ne soit pas resté justement auprès de celle-ci.

— Je suis venu dans le but de te ramener chez nous saine et sauve, fit Othéo. Mais d'un autre côté, j'ai envie d'en apprendre plus sur l'avancement de tes recherches et mieux comprendre ce qui se passe. Je veux t'aider, Ewena. »

Ewen n'en revenait pas. Elle ne pensait pas que son père aurait fait tout ce voyage pour l'aider à retrouver les assassins de Moreh et d'Aelan. Mais savoir qu'il était prêt à l'épauler lui donnait encore plus de motivation qu'elle n'en avait déjà, pour atteindre l'objectif qu'elle s'était fixée.

« Votre Majesté, interpella Harvay à l'adresse d'Othéo. Pour l'heure, je pense qu'il serait plus judicieux pour vous de vous reposer.

— J'approuve les dires de ce jeune homme, mon cher, répliqua Aeren. Après votre épuisant voyage et ces blessures qui vous ont meurtri, vous feriez mieux de vous ménager, ne serait-ce que pendant quelques heures. Nous reparlerons de toute cette histoire lors de votre rétablissement.

— Je vous remercie pour votre accueil et votre hospitalité, Sire Aeren. » répondit Othéo avec un léger sourire. Mais au fond de lui, il ne souriait pas. Depuis qu'il avait appris que ce roi et le président de Grendia restaient en contact constant, une part de méfiance vis-à-vis du souverain Vegarion était née en lui. Le roi Aeren avait beau être une personne respectable à première vue, quelque chose chez lui ne plaisait pas vraiment à l'homme aux cheveux azur.

*

Au palais impérial de Xen, après avoir pris son petit-déjeuner en compagnie de Seven, Shira avait laissé celui-ci seul, le temps qu'il se prépare. L'assassin s'était baigné, coiffé, et avait revêtu sa tunique verte à manches courtes et son pantalon blanc qui avaient été lavés et recousus. Il avait également préparé ses affaires pour son départ, et s'était ravitaillé en munitions pour ses dagues hybrides. Il était à présent prêt à quitter cette chambre dans laquelle il s'était reposé. Il jeta un dernier coup d'œil à la pièce spacieuse et bien décorée. Dormir dans un endroit pareil allait lui manquer. Mais l'heure n'était pas à la nostalgie.

Deux gardes impériaux attendaient le jeune homme devant la porte de la chambre, pour l'accompagner jusqu'à la salle du trône. Seven les suivit silencieusement, admirant de nouveau la belle architecture des grands couloirs du palais. Une fois arrivés dans la grande salle du trône impérial, les deux gardes restèrent debout près de l'entrée, invitant l'assassin aux longs cheveux ébène à avancer. Celui-ci s'exécuta donc, se rapprochant doucement du siège souverain. Edeus y était assis, un grand sourire dessiné aux lèvres. Son épouse Shante siégeait à ses côtés. Quant aux deux princes, Ashur et Shira, le premier se tenait debout à la droite du père, et le second à gauche de la mère.

Mais en posant son regard sur le second prince, Seven remarqua que celui-ci avait délaissé sa tenue de civil pour revêtir une tenue impériale composée d'une tunique rouge, légère mais élégante, avec des motifs blancs et dorés, et d'un pantalon brun. Il portait à ses oreilles une paire de petites boucles en or, incrustées des pierres précieuses rouges. Shira semblait également avoir les cheveux plus courts que la veille. Ces derniers ne descendaient pas plus bas que sa nuque alors qu'ils lui arrivaient jusqu'aux épaules, il y a encore quelques heures à peine. Seven comprenait mieux pourquoi les citoyens de Xenati n'avaient pas reconnu leur prince. Les deux apparences de Shira étaient véritablement opposées. Néanmoins, cette allure royale seyait à merveille au jeune garçon, en plus de lui donner de la prestance et du charisme, à l'image de l'empereur. Voyant la tête presque ahurie de l'assassin face à sa tenue souveraine, Shira lui adressa un grand sourire.

« As-tu passé une agréable nuit, jeune homme ? demanda Edeus à Seven sur un ton jovial.

— Eh bien... Plutôt, oui. Même si elle était un peu agitée à cause... à cause d'un mauvais rêve.

— Un mauvais rêve ? s'étonna Shante.

— Rien de grave, votre Majesté. Ne vous inquiétez pas pour ça... » raconta Seven en souriant nerveusement. Cela se voyait qu'il ne se sentait pas très à l'aise seul face à toute une famille impériale, surtout dans une salle comme celle-ci.

« J'espère que tu es tout de même suffisamment en forme pour croiser le fer avec moi, parla l'empereur. Tu n'as pas oublié ma proposition pour une démonstration de combat, n'est-ce pas ?

— Papa, intervint alors Shira qui jugeait une telle démonstration inutile. Je continue à penser que ce n'est pas...

— Non, je n'ai pas oublié votre proposition, coupa Seven en adressant un sourire rempli de défis à Edeus. D'ailleurs, je suis prêt. »

Alors que Shira regardait Seven avec étonnement, Ashur rit discrètement, avant de rétorquer à l'adresse de son jeune frère :

« Ton ami n'a pas l'air du même avis que toi, sur ce coup ! »

Edeus, quant à lui, affichait un sourire similaire à celui de l'assassin. Ce jeune homme lui plaisait de plus en plus, et il avait hâte de voir ce qu'il valait au combat. Se levant de son trône, il attrapa une grande et grosse épée en or qui était déposée derrière celui-ci et s'approcha de son nouvel adversaire, avant de s'immobiliser en laissant une distance de cinq mètres entre lui et le plus jeune. L'assassin n'était impressionné ni par la carrure imposante du souverain, ni par la taille assez démesurée de son épée. Il se disait même qu'il aurait l'avantage de la mobilité, étant donné qu'une telle arme ne pouvait que ralentir son manieur. Ce fut donc avec confiance que Seven s'arma de ses deux dagues-pistolets avant de se mettre en garde, prêt à combattre.

« Pourquoi le choix de ces armes si petites et singulières ? lui demanda Edeus, sans perdre son sourire.

— Pour mieux surprendre mes adversaires et les mettre à terre en quelques secondes. »

Devant une telle réplique de sa part, l'empereur ne put s'empêcher de rire.

« J'apprécie vraiment ton caractère et ton courage. Je sens que c'est un beau combat qui s'annonce ! Allez ! Montre-moi ce dont tu es capable, jeune Seven ! »

Sur ces mots, Edeus se mit à son tour en position d'attaque, sous les yeux de tous les gens présents dans cette salle, qui étaient curieux de savoir comment un tel duel allait se dérouler. Seven regarda le souverain un instant. Dans les combats comme celui-ci, il n'aimait pas être celui qui attaquait le premier. Mais il fallait bien que quelqu'un démarre cet affrontement. Il accourut alors vers l'empereur Xenois et effectua une succession d'attaques rapides avec ses dagues. L'assassin voulait tout miser sur sa vitesse et son agilité pour en finir au plus vite. Malheureusement pour lui et avec une facilité déconcertante, Edeus parvint à rapidement lever son épée pour parer certaines frappes, avant de se baisser pour esquiver une autre attaque et de donner un coup de coude au niveau du ventre du plus jeune. Ce dernier, par réflexe, avait sauté sur le côté pour éviter cette contre-attaque et observait le père de Shira avec stupéfaction.

« Il arrive à manier une telle arme et à se déplacer aussi facilement ? se demanda-t-il alors qu'Edeus s'était remis en position sans perdre son sourire.

— C'était bien tenté ! affirma-t-il. Nombreux ont déjà essayé de m'avoir de la sorte, par le passé ! »

Seven fronça légèrement les sourcils, s'en voulant d'avoir sous-estimé cet homme. Le fait que l'empereur pouvait se mouvoir et se défendre avec une arme pareille rendait ce combat plus compliqué que prévu. Mais ce n'était pas pour déplaire à l'assassin, qui aurait été déçu si un tel affrontement se terminait aussi rapidement. Affichant un sourire en coin, Seven attaqua de nouveau Edeus, essayant de viser divers points de son corps avec ses armes. L'assassin tentait, de temps en temps, de tromper la vigilance du plus âgé, et avait fini par passer derrière celui-ci pour le piéger. Hélas, le souverain, qui s'attendait à une attaque de ce genre, réussit à éviter cette frappe au dernier moment et riposta avec un coup de pied dans le ventre de Seven. Celui-ci grimaça de douleur en reculant de quelques pas.

« Merde... pensa-t-il tandis qu'Edeus le regardait d'un air inquiet.

— Désolé pour ce coup, j'aurais dû y aller plus doucement ! Je ne t'ai pas fait trop mal ?

— Vous avez de la force... répondit le plus jeune, haletant légèrement. Mais j'ai connu pire... »

Tandis qu'il se remit en garde, l'empereur de Xen afficha de nouveau un sourire. Il était surpris par la rapidité et l'endurance dont faisant preuve Seven. La plupart des adversaires qu'il avait affrontés avaient été vaincus, ou préféraient abandonner suite à un coup pareil au ventre. Mais cela n'avait pas l'air d'être le cas de cet homme en vert, qui n'avait pas l'intention d'abandonner cette lutte aussi facilement.

« Mon petit Shira a dégoté un combattant vraiment coriace ! » pensa le Xenois alors que son sourire s'était élargi. Puis, il fonça à son tour vers l'assassin, pour l'attaquer. Maintenant qu'il avait vu de quoi le plus jeune était capable au niveau offensif, il voulait découvrir ce qu'il valait lorsqu'il s'agissait de se défendre. Faisant danser sa lame, le plus imposant des deux effectua une multitude d'attaques à la fois rapides et puissantes sur l'autre. Seven choisit d'esquiver chacune des frappes dans un premier temps, tantôt en sautant ou en effectuant des sauts périlleux sur les côtés, tantôt en se baissant. Étant donné la différence de taille entre ses dagues et la grande épée d'Edeus, parer de telles attaques serait une manœuvre très risquée. Mais il ne pouvait pas non plus éviter les enchaînements de l'empereur indéfiniment, car celui-ci possédait une vitesse de frappe impressionnante. Il allait finir par toucher le plus jeune à un moment ou à un autre, si les choses continuaient ainsi. En retrait, l'impératrice et les princes de la nation des sables assistaient au duel, tous stupéfaits par le répondant dont faisait preuve leur invité.

« Shira n'exagérait pas lorsqu'il vantait le talent de Seven au combat, commenta Ashur.

— Il est vraiment fort et très courageux, en plus d'être adorable et incroyablement beau ! s'extasia Shante. Si je n'étais pas mariée et si j'avais une vingtaine d'années en moins...

— Tu exagères, maman ! » la coupa son plus grand fils, un sourire un peu gêné aux lèvres. Shira, quant à lui, n'avait même pas réagi aux commentaires de sa mère ou de son frère. Il était pleinement concentré sur ce combat opposant son père à son ami. En temps normal, il aurait déjà encouragé son géniteur. Mais en voyant les prouesses dont faisait preuve Seven, il souhaitait le voir sortir victorieux de ce face-à-face.

« Papa a clairement l'avantage pour l'instant, pensa-t-il alors qu'il ne lâchait plus l'assassin du regard. Mais Seven a ses chances, surtout avec les armes dont il dispose. Il faudrait juste qu'il pense à... »

Mais un coup de feu éclata, faisant sursauter tout le monde et tirant Shira de ses pensées. Tous les regards étaient rivés sur les deux combattants, et tous avaient les yeux écarquillés de stupéfaction devant la scène qui se déroulait sous leur nez. Au moment où Edeus allait effectuer une frappe à la verticale, Seven avait visé son épée avec sa dague hybride et tiré une balle. L'impact du projectile contre la lame avait freiné la frappe de l'empereur, et l'avait obligé à reculer d'un pas. L'assassin avait profité de cet instant de vulnérabilité pour se précipiter vers lui, et l'immobilier en pointant son autre dague à quelques centimètres de sa gorge. Le souverain Xenois ne bougea plus et qui déglutit difficilement.

« Il y a pensé ! s'enthousiasma intérieurement Shira face à ce dénouement. Bien joué, Seven ! »

Edeus, en constatant qu'il ne pouvait plus riposter, baissa son arme et recula pour s'éloigner de la petite lame de Seven.

« J'ai gagné, lui sourit celui-ci en abaissant sa dague à son tour.

— Ma foi... fit l'empereur qui n'en revenait pas de s'être fait avoir de la sorte. Je ne m'attendais pas à un coup pareil. Ma méconnaissance de tes armes a eu raison de moi, cette fois ! En tout cas, tu es un redoutable combattant, c'est indéniable ! »

Sur ces mots, l'empereur de Xen s'approcha de Seven et lui tendit la main en souriant.

« C'était un honneur de t'affronter, Seven. J'espère que nous aurons l'occasion de croiser le fer à nouveau, une prochaine fois. »

L'assassin observa cette main tendue d'un air étonné, avant de finalement la serrer en adressant un léger sourire à Edeus. Il était plutôt content de sa victoire mais ne prenait pas pour autant la grosse tête. L'homme devant lui était vraiment très fort. Si ses dagues n'étaient pas hybrides, Seven n'aurait peut-être pas pu gagner, face à lui. Shante, Ashur et Shira félicitèrent les deux hommes pour ce beau combat qu'ils avaient livré. Le jeune garçon en vert venait, en quelques minutes, de gagner le respect et l'admiration de toute une famille impériale. Il n'aurait jamais cru que ce genre de chose lui arriverait un jour, mais il en était tout de même content et plutôt fier.

Hélas, l'heure était venue de délaisser tout ce petit monde. Ce séjour au palais Xenois lui avait fait du bien, mais il lui restait encore sa mission à accomplir. À cette pensée, le visage de Seven s'assombrit légèrement. Malheureusement pour lui, les choses étaient faites ainsi et il n'avait pas le choix. Shira lui proposa de l'accompagner jusqu'aux portes de Xenati, proposition que l'assassin accepta.

Après avoir salué et remercié la famille impériale pour l'accueil et l'hébergement, Seven quitta le château en compagnie du second prince. Contrairement à la veille où le duo passait inaperçu en traversant les ruelles de la cité, en ce jour, tous les yeux étaient rivés sur Shira. Chaque citoyen croisant sa route s'inclinait de politesse devant lui alors que le jeune homme, suivi par l'assassin, se dirigeait vers les portes de la ville en arborant une fière allure, et un sourire aussi radieux que le soleil trônant au milieu du ciel dégagé.

Toutefois, ce sourire n'était qu'une façade qui cachait en réalité une profonde tristesse. Le jeune prince devait se séparer du seul ami qu'il s'était fait, et il n'en était pas vraiment enchanté. Finalement, après une dizaine de minutes de marche, le duo arriva à l'entrée de la cité. Une charrette attachée derrière un chameau se trouvait là, avec deux soldats Xenois.

« La traversée du désert étant éprouvante la journée, j'ai demandé à deux de mes soldats de t'escorter jusqu'à Vegario avec cette charrette, expliqua le prince en se tournant vers le plus âgé.

— C'est sympa, répliqua Seven avec un léger sourire. Merci pour ça et pour tout le reste.

— Ce serait plutôt à moi de te remercier, pour tout ce que tu as fait pour moi !

— Il me semble que tu l'as déjà fait, ça. »

Shira lui adressa un sourire sincère en se rendant compte qu'il n'avait pas tort. Il s'approcha ensuite du plus grand et saisit la main de celui-ci dans les siennes.

« Je sais que je t'ai déjà posé une telle question par le passé, mais est-ce qu'on se reverra un jour ? »

L'assassin prit le temps de réfléchir à sa réponse. D'ordinaire, il aurait répondu négativement à cette question, estimant qu'il était mieux pour les deux de ne plus jamais se revoir. Mais d'un autre côté, en repensant à leur conversation de la nuit dernière, Seven se doutait que cette séparation était douloureuse pour Shira, malgré la bonne humeur de ce dernier. Il ne voulait donc pas rendre ce moment plus pénible qu'il ne l'était déjà d'autant plus qu'au fond de lui, l'assassin aurait choisi de séjourner plus longtemps à Xenati si les circonstances avaient été différentes. C'est alors que l'homme à la longue chevelure corbeau se rendit compte d'une chose.

« La peluche que tu m'as achetée hier... Je l'ai laissée dans la chambre.

— Oh... fit Shira, un peu étonné par ce fait. Tu veux que j'aille te la chercher ?

— Non, répondit Seven en posant sa main libre sur l'épaule du plus petit. Je la récupérerai moi-même, le jour où je reviendrai. D'ici là, j'aimerais que tu en prennes soin pour moi. »

Le plus âgé afficha un tendre sourire. Shira le regarda silencieusement pendant un instant, avant de hocher la tête en lui rendant ce sourire.

« Compte sur moi ! J'espère que tu reviendras vite ! »

Seven ne savait pas s'il remettrait les pieds à Xenati aussi vite que ce que le jeune prince espérait. Mais il ne pouvait pas nier qu'il désirait réellement revenir dans cette cité, pour rendre visite à l'adolescent dans les jours à venir.

Ce fut un peu à contrecœur que l'adolescent relâcha la main de son ami, pour permettre à celui-ci d'avancer en direction de la charrette qui l'attendait. Seven s'apprêta à monter dans le véhicule, quand Shira l'interpella en s'approchant de lui.

« Sois prudent pendant ton voyage. »

L'assassin, après s'être immobilisé, se retourna vers lui en le regardant, l'air grave.

« Ce serait plutôt à toi et à ta famille de faire attention, Shira. Avec tout ce qui se passe, les familles dirigeantes ne sont plus à l'abri de rien. »

Il avait raison sur ce point et Shira le savait. De plus, étant donné que son père était la première personne qu'on accusait pour le meurtre du prince Aelan de Vegario, il n'était pas impossible qu'on attente à ses jours ou à ceux de son entourage proche. Le jeune prince, conscient du danger, adressa un sourire pour rassurer son ami.

« Nous resterons sur nos gardes. Ne t'inquiète pas. »

Voyant que le Xenois savait à quoi s'attendre avec tous les événements tragiques récents, Seven sourit légèrement. Mais il ne pouvait pas partir totalement tranquille. Pas en sachant qu'on avait envoyé Nineteen et Sixty-Nine pour capturer le jeune prince, ni en sachant que Four se trouvait peut-être encore dans cette capitale. Alors qu'il était en train de réfléchir sur tous ces faits, Shira s'approcha timidement de lui pour l'enlacer doucement.

« Sh-Shira ? » fit Seven en sursautant, tant il ne s'attendait pas à un tel geste. Celui-ci demeura dans cette position sans rien dire, profitant de ce dernier instant avec l'assassin avant son départ. Puis, il le lâcha et se décolla de lui, avant de le regarder en souriant.

« C'est... ma façon de dire au revoir à un ami. »

Le plus grand ne savait ni quoi dire, ni quoi faire en cet instant. Il ne s'attendait pas à une telle étreinte de la part de celui qu'il avait escorté depuis Vegario jusqu'à la capitale de Xen. Et puis, il fallait dire qu'il n'était pas vraiment habitué à recevoir une telle marque d'affection de la part de quelqu'un. Mais en soit, il ne trouvait pas cela désagréable. Après avoir tendrement ébouriffé les cheveux de l'adolescent, Seven monta sur la charrette en même temps que les deux soldats qui devaient le conduire jusqu'à la nation des forêts. L'un de ces derniers prit ensuite les rênes du chameau qui se mit à marcher, faisant avancer le véhicule dans le désert. L'assassin observa une dernière fois Shira qui le saluait par un signe de la main, avant de le saluer à son tour en l'imitant. Puis, il observa l'étendue désertique devant lui, l'air grave. L'heure n'était plus à la détente. Il était temps pour le jeune homme de se rendre à Rhéa et faire ce qu'il avait à faire.

S'il pouvait le faire.


Texte publié par Kamryn Allister, 17 mars 2023 à 15h11
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tome 1, Chapitre 14 « La détermination d'un père » tome 1, Chapitre 14
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