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tome 1, Chapitre 4 « Retrouvailles et confrontation » tome 1, Chapitre 4

Ewen et Harvay avaient quitté la cité d'Emerald depuis trois jours. Ils s'étaient dirigés vers le nord, contournant le Col de Nara qui s'élevait au centre de la nation des océans. Ils auraient pu traverser ces montagnes pour gagner du temps, mais celles-ci étaient réputées pour abriter des créatures dangereuses. Et la princesse ne voulait faire courir aucun risque à ses soldats. Après cette première étape, le groupe avait longé un fleuve pour atteindre le village Emico. Cette localité se situait près de la frontière séparant Vopaqua de Redfir. La princesse et son escorte s'y étaient reposés avant de reprendre la route, toujours en continuant vers le nord en direction de la ville de Kalora, leur destination.

La température se réchauffait au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient sur les terres de Redfir. La végétation n'y était pas aussi présente qu'à Vopaqua. Même, elle se faisait plus rare lorsqu'on s'approchait des plateaux de Lavia et du volcan Sena, visibles à l'horizon. Ce dernier était en activité constante. Le groupuscule apercevait un filet de fumée s'élever depuis son cratère jusqu'au ciel.

« Je ne me sentirais pas rassurée de vivre dans une nation comportant un tel volcan dans les parages, confia Ewena à son garde du corps en contemplant ces reliefs depuis son carrosse.

— Le volcan Sena peut faire peur sous cet angle, mais il ne représente aucune menace pour Redfir, expliqua Harvay en souriant. Du moins, pour l'instant ! D'ailleurs, une grande partie des richesses de ce royaume est due à la multitude de pierres précieuses qu'il renferme en son sein. Les Firois le considèrent comme une véritable mine d'or, et sont heureux de posséder un tel volcan en leurs terres. »

Ewen regarda son interlocuteur avec attention et bienveillance. Harvay semblait vraiment fier de ses origines, et n'hésitait pas à valoriser ce territoire qui l'avait vu naître. Revenir ainsi dans son pays lui faisait énormément plaisir, bien que la mort du roi Moreh l'attristât profondément. Cela donnait une raison supplémentaire à la jeune fille d'éclaircir cette affaire, et si possible d'arrêter le meurtrier à l'origine de cette tragédie.

Quelques heures plus tard, l'escorte franchit les portes de Kalora. Le paysage de cette capitale différait grandement de celui d'Emerald, mais n'en était pas moins agréable à contempler. Il n'y avait point d'océan dans les environs, mais les hautes falaises s'élevant à l'extérieur de la ville offraient un panorama singulier et magnifique. Elles donnaient l'impression de protéger cette ville et conféraient, de ce fait, un sentiment de sécurité accrue. Les demeures en pierre ocre et décorées de rubis possédaient un aspect peu commun mais gagnaient en originalité en plus de paraître chaleureuses. Plusieurs torches enflammées se trouvaient accrochées sur les murs des habitations, ou simplement sur des poteaux en bois alignés le long des larges rues menant droit au palais royal Firois. Ce dernier, bien plus décoré en pierre précieuses que les autres bâtisses, se dressait fièrement au centre de Kalora. De cette manière, il imposait sa grandeur sans pour autant paraître envahissant, et exposait à lui seul les richesses que cette nation des flammes renfermait.

Le carrosse de la princesse Vopaquine et son escorte se dirigea vers ce château, sous les yeux étonnés de certains villageois qui ne s'attendaient sûrement pas à une telle visite. Ewen les observa brièvement mais remarqua rapidement la tristesse sur les visages de tous ces Firois, en deuil de leur souverain. Sa tête céruléenne se tourna ensuite vers Harvay, qui se contentait de fixer les falaises extérieures d'un air grave. Les poings du jeune homme se serraient. C'était comme s'il retenait une certaine colère en lui, malgré son tempérament habituellement calme.

« Harvay, l'appela alors Ewen en souriant. Nous allons mettre la main sur l'enfoiré qui a tué Moreh. Je te le promets. »

Le blond afficha un air surpris en se tournant vers elle. Il comprit que la plus jeune essayait de lui remonter le moral et cela le touchait énormément. Toutefois...

« Je ne pense pas qu'un tel langage soit approprié pour une jeune dame, rétorqua-t-il en lui rendant son sourire.

— Je sais. Mais c'est sorti tout seul ! Désolée ! »

Le garde du corps ne la réprimanda pas pour cet affront, si l'on pouvait le qualifier ainsi. Un enfoiré. C'était un mot qui correspondait parfaitement au meurtrier du roi de Redfir. Et à l'instar d'Ewen, Harvay était bien décidé à lui faire payer ce crime.

Finalement, une fois le véhicule arrêté, le duo en descendit. La princesse aux cheveux bleus prit soin de ne pas oublier ses armes : deux épées de taille moyenne, aux lames légèrement recourbées pouvant faire penser à deux longues serpes. Nul n'était à l'abri d'une attaque surprise, après tout. Alors Ewen préférait se savoir armée. Harvay, de son côté, possédait également une épée qu'il avait accrochée à sa ceinture, tout comme la jeune fille.

Après s'être échangé un regard, tous deux s'avancèrent vers le château. Deux gardes, portant chacun une armure rouge et dorée, les accueillirent. La princesse s'attarda quelques instants sur leurs tenues qui imposaient le respect et la discipline. Ces armures, aux couleurs de Redfir, étaient décorées de l'emblème de cette nation : une élégante flamme, symbole de beauté, de persévérance et de détermination pour les Firois.

Le duo fraîchement débarqué fut conduit à la salle du trône, là où se trouvait l'épouse du défunt roi : Sa Majesté, la Reine Nefer. Celle-ci était installée sur le siège royal, accoudée de manière nonchalante sur l'un des bras de ce dernier. Sa chevelure rousse, légèrement ondulée, ne descendait pas plus bas que ses épaules. Elle portait actuellement une longue robe noire à la coupe droite, touchant presque le sol. Sa tenue s'avérait élégante, mais demeurait sobre pour une figure royale. D'habitude, Nefer affichait des traits sévères. Elle était d'ailleurs connue pour être une femme autoritaire et confiante, bien que juste et compréhensive. Mais suite au décès de Moreh, c'était un visage envahi par la tristesse et l'amertume qu'Ewen et Harvay découvraient.

« Votre Majesté, la salua la princesse en s'inclinant devant elle en même temps que Harvay.

— Relevez-vous, soupira la reine. De telles formalités ne sont pas nécessaires de votre part. »

Les deux concernés s'échangèrent un bref regard avant de se redresser. C'était bien la première fois qu'ils voyaient cette dame aussi désemparée. Et cela leur faisait beaucoup de peine.

« Ton père m'a prévenue pour ta venue, Ewen.

— Je vous présente mes sincères condoléances pour le roi, madame. » répondit celle-ci. Nefer se contenta d'observer l'héritière du trône Vopaquin avec indifférence. Dans le fond, elle était heureuse de voir cette jeune fille et sa famille compatir à sa douleur. Mais elle ne parvenait pas à le montrer. Elle n'avait pas la force de lui sourire, même si elle l'envie d'un tel geste s'était fait sentir.

« Je n'imaginais pas voir mon époux mourir de manière aussi atroce, confia la reine d'une voix légèrement tremblante. Et la réaction de notre fille en voyant la scène...

— Où se trouve Son Altesse ? demanda alors Harvay d'un air inquiet. Est-ce qu'elle va bien ? »

Devant une telle question, Nefer poussa de nouveau un soupir avant de se lever pour déambuler un peu à travers la salle.

« La mort de son père lui a fait un énorme choc, expliqua-t-elle. Depuis cette tragique soirée, elle n'a pas quitté ses appartements. Et depuis peu, elle ne prononce plus un mot. Elle s'est réfugiée dans un mutisme complet dont je ne parviens pas à la faire sortir.

— La pauvre... pensa Ewen en entendant cela.

— Si vous me permettez... hésita Harvay, un peu gêné de le demander de cette manière. Puis-je aller la voir, pour tenter de l'aider ?

— Je peux toujours vous conduire jusqu'à elle, répondit la souveraine rousse. Mais si Liz ne me parle plus, cela m'étonnerait grandement qu'elle vous adresse la parole. »

Quelques instants plus tard, la reine Firoise emmena Ewen et Harvay devant la chambre de sa fille. D'abord hésitante, elle inspira un bon coup avant de toquer à la porte.

« Liz, ma chérie. Son Altesse, la Princesse Ewena et son serviteur Harvay sont venus de Vopaqua pour te rendre visite. »

Mais aucune réponse ne lui parvint depuis l'autre côté. Nefer ouvrit doucement la porte et entra à l'intérieur, avec les deux autres à sa suite. La chambre de la princesse de Redfir était vaste et belle, bien qu'enfantine malgré son âge adulte. Un grand lit trônait en son centre, avec quelques peluches d'animaux en tous genres posés dessus. Des peintures de paysages sublimes se trouvaient accrochées aux murs. On pouvait également voir un chevalet dans un coin avec une toile posée dessus, ainsi que quelques pinceaux et de la peinture non loin. Toutes ces choses démontraient la passion de Liz pour les animaux et l'art. Néanmoins, la jeune princesse, aux cheveux châtains lâchés et vêtue d'une simple robe de chambre rose, était assise près d'une fenêtre, semblant fixer l'extérieur. Elle n'avait pas réagi à l'intrusion de sa mère, d'Ewen et de Harvay dans la pièce.

« Dame Liz ? » se risqua la bleue, non sans flottement. Le regard de la princesse Firoise se tourna alors vers eux, dévoilant son visage ravagé par les larmes.

« Oh, ma chérie... » fit Nefer en se précipitant vers elle pour la réconforter. Ewen et Harvay observèrent la scène d'un air désolé. Voir Liz dans cet état à cause de la mort de son père leur faisait un pincement au cœur. La princesse Vopaquine pouvait imaginer sa douleur. Elle aurait probablement réagi de la même manière si elle venait à perdre un membre de sa famille dans des circonstances aussi désastreuses. De son côté, son serviteur s'était également approché de Liz pour l'aider à se calmer.

Ewen poussa alors un léger soupir. Beaucoup de personnes étaient affectées par l'assassinat du roi Firois. Il fallait que le meurtrier paye ! Elle avait fait ce voyage pour enquêter sur lui et était à présent déterminée à le retrouver.

D'un coup d'œil, elle balaya du regard l'ensemble de la chambre de Liz. Elle trouvait cette pièce agréable et chaleureuse, mais un détail étrange attira son attention lorsqu'elle se tourna vers le chevalet. Quelque chose était peint sur la toile. Ewen s'en approcha pour l'observer de plus près. Cette peinture, contrairement aux autres, se montrait sombre et sanglante. La silhouette d'un personnage, debout et de dos, y était dessiné. Les vêtements de cet individu paraissaient flous, mais on distinguait parfaitement une longue chevelure noire attachée en queue-de-cheval, ainsi que des dagues maculées de sang entre ses mains. Aux pieds de cette mystérieuse personne se trouvait une autre silhouette, plus obscure et abstraite, qui gisait dans une mare de sang. Cette toile dégageait quelque chose de vraiment violent et sinistre. Ewen sentit des frissons parcourir son corps à sa simple vue.

« Majesté ? Harvay ? les appela-t-elle. Vous avez vu cette toile ? »

Les deux concernés se tournèrent de concert vers la peinture en question. Harvay afficha un air surpris pendant que Nefer détourna le regard, l'air atterré.

« Liz a peint cette toile le jour ayant suivi l'assassinat de mon époux. C'est avec une grande frayeur que je l'ai découverte. Je n'avais jamais vu ma fille peindre de telles atrocités auparavant. Mais je pense que la personne représentée est l'assassin de Moreh. Avant de se murer dans son mutisme, Liz m'a raconté qu'elle avait aperçu le tueur. Elle était parvenue à distinguer de longs cheveux noirs et les couteaux qui ont servi à commettre son homicide.

— Ce qui concorde donc avec cette peinture, conclut Ewen sans lâcher celle-ci du regard.

— Si Liz a peint ce criminel de dos, c'est peut-être parce qu'elle n'a pas vu son visage, supposa Harvay.

— C'est un miracle si cet assassin n'a pas tué ma fille dans la foulée... » murmura Nefer en regardant à présent sa fille, qui avait de nouveau rivé ses yeux vers la fenêtre. Ewen réfléchit à ce sujet : pourquoi le meurtrier de Moreh n'avait pas tué Liz, qui était pourtant un témoin de l'assassinat ? En le faisant, il aurait probablement réduit à néant les chances de le retrouver. Mais il avait choisi d'épargner la princesse. Avait-il eu un soupçon d'humanité à ce moment-là ? Peut-être qu'il ne voulait, ou ne pouvait éliminer que le roi Moreh ? De nombreuses questions traversaient l'esprit de la princesse Vopaquine en cet instant.

Plusieurs heures s'écoulèrent, pendant lesquelles Ewen, Harvay et Nefer tentèrent de réconforter Liz, et de la sortir de son mutisme. En vain, malheureusement. La fille du défunt roi Moreh demeurait muette comme une carpe et était en proie à plusieurs crises de larmes. Harvay jugea bon de ne pas insister et de la laisser se reposer pour le moment. Tous, sauf la princesse Firoise, sortirent donc de la chambre.

La nuit tomba progressivement les heures suivantes. Nefer avait convié ses deux invités à dîner en sa compagnie, avant de les conduire dans leurs appartements respectifs, où ils pouvaient se reposer. Ewen et Harvay avaient besoin de reprendre des forces après la longue route qu'ils avaient empruntée pour venir. Ils se devaient d'être en pleine forme le lendemain, afin de débuter enfin leur enquête pour élucider le meurtre du souverain Firois.

C'était une nuit calme qui s'annonçait ce soir-là. Le palais de Redfir avait éteint la plupart de ses lumières, et de nombreux gardes royaux étaient déployés sous ordre de la souveraine, qui avait renforcé la protection de cette demeure depuis le soir de la disparition de son époux. La sécurité était particulièrement accentuée auprès des appartements de la reine, de la princesse, mais également de leurs invités.

Malgré cela, il était quand même parvenu à s'infiltrer là où se trouvait sa cible...

La chambre où dormait Ewen était éclairée par une bougie posée sur une table de chevet, à proximité du lit. Avançant à pas lents vers ce dernier, Seven s'arma de ses armes. Ses dagues-pistolets, qui avaient tué Moreh de sang-froid quelques jours plus tôt. Le jeune homme se posta juste à côté d'Ewen, qui semblait plongée dans un profond sommeil paisible. En la voyant ainsi, de nombreux souvenirs se mirent à défiler dans la tête de l'assassin aux cheveux d'ébène. Cela faisait plusieurs années qu'il n'avait pas approché la princesse de Vopaqua d'aussi près. La revoir ainsi lui procura un sentiment étrange. D'un côté, il était heureux de se retrouver à ses côtés après toutes ces années de séparation. Mais d'un autre, il paraissait terriblement frustré de devoir la tuer alors qu'il la retrouvait enfin. Seven se disait que les six divinités de Kaärann continuaient de s'acharner sur lui.

« Non, je ne dois pas me laisser me déconcentrer, se dit-il en gardant un air sérieux. J'ai une mission à accomplir ! »

Seulement, comment allait-il s'y prendre pour l'achever ? Lui tirer une balle en pleine tête serait la solution la plus simple, la plus rapide et la moins douloureuse pour Ewen. Mais en employant une telle méthode, il risquait d'attirer l'attention des soldats Firois dans cette chambre. Et même s'il avait les moyens de s'enfuir avant qu'ils ne rappliquent, Seven ne désirait pas spécialement qu'on découvre cet assassinat aussi rapidement.

Il pouvait également la poignarder en plein cœur, ou lui trancher la gorge comme il l'avait fait pour Moreh. Ces deux alternatives étaient plus discrètes mais douloureuses, et la mort en serait plus lente. Le jeune homme n'avait pas envie de voir une connaissance comme Ewena mourir dans une telle souffrance. Mais pour le coup, il n'avait pas le choix. Inspirant profondément, il approcha l'une de ses dagues de la poitrine gauche de la jeune fille, visant l'organe vital qu'était son cœur. Il n'avait plus qu'à abaisser la lame d'un coup sec pour la tuer. Cela avait l'air simple à réaliser, et Seven l'aurait probablement déjà accompli s'il n'avait pas connu Ewen. Mais étant donné le passé commun qu'il partageait avec celle-ci, une telle tâche s'avérait extrêmement compliquée pour lui.

Le tueur décida alors de fermer les yeux, se disant qu'il serait ainsi plus aisé de la poignarder. Malheureusement, son bras tremblait. Il ne parvenait pas à l'abaisser. Il n'arrivait pas à tuer sa cible. Poussant un discret soupir, l'assassin ouvrit ses pupilles en baissant lentement son arme.

« Bordel ! Pourquoi je n'y arrive pas ?! » se demanda-t-il en fronçant les sourcils et en détournant le regard d'Ewen. Mais tout à coup, la bleue gigota sur son lit et ouvrit légèrement les yeux. En remarquant la présence de Seven non loin d'elle, elle les ouvrit complètement et se redressa vivement sur le lit, sans doute pour utiliser un sortilège aqueux contre lui. Mais l'assassin avait, par réflexe, pointé ses armes vers elle.

« Si tu bouges ou si tu cries, je tire. » rétorqua-t-il froidement à voix basse. Ewen n'eut donc pas d'autre choix que de rester immobile. Elle ne pensait pas que quelqu'un s'en prendrait à elle de cette façon au beau milieu de la nuit. Elle dévisagea alors l'homme lui faisant face. En remarquant ses longs cheveux noirs et ses armes, elle se souvint de la peinture de Liz. Elle fit rapidement le rapprochement et écarquilla ses yeux de stupeur.

« L'assassin de sa Majesté Moreh... C'était toi, pas vrai ? » murmura-t-elle.

Seven ne répondit pas. Il se contenta de garder Ewen en ligne de mire avec ses armes.

« Si c'est vraiment toi le coupable, pourquoi avoir fait ça ? Et pourquoi revenir dans ce palais pour m'attaquer de la sorte ?

— Je me le demande moi-même... » répondit simplement le garçon aux dagues, au grand étonnement de la bleue qui ne comprenait pas cette réaction.

« Attends. Tu n'avais aucune raison particulière de l'assass...

— Tu ne me reconnais pas ? » la coupa Seven avant même qu'elle n'ait pu achever sa phrase. Ewen en fut abasourdie.

« Je t'ai demandé si tu me reconnaissais, répéta-t-il en constatant le silence de la princesse.

— Parce qu'on est censé se connaître ? »

Devant une telle question, Seven demeura quelques instants sans rien dire, avant de finalement baisser ses armes hybrides en détournant son regard de la jeune fille.

« Alors, tu ne te souviens pas de moi... » murmura-t-il, la déception se lisant facilement sur son visage. La princesse Vopaquine n'était pas sûre de tout comprendre. Mais elle savait une chose : elle devait mettre cet homme hors d'état de nuire avant qu'il ne tue un autre innocent. Profitant du moment d'inattention de l'assassin, Ewen fit apparaître un puissant jet d'eau entre ses mains qui fonça droit vers lui, le touchant et le propulsant vers une armoire qu'il percuta de plein fouet. Le meuble s'effondra sous son poids et Seven se retrouva au sol, un peu sonné.

« Eh merde... » grogna-t-il alors qu'Ewen en avait profité pour attraper ses deux épées. Elle se précipita ensuite vers son opposant, et l'immobilisa en pointant l'une de ses armes vers lui.

« Je te conseille de ne plus bouger ! » prévint-elle sur un ton menaçant. Cela n'eut que pour seul effet de faire sourire l'assassin, dont le corps venait de s'entourer d'une aura pourpre.

« Qu'est-ce que... ? » fit la jeune femme en haussant les sourcils de surprise. Mais avant qu'elle n'eut le temps de bouger et sans savoir comment il s'y était pris, Seven disparut en une fraction de seconde, pour se retrouver juste derrière elle.

« Sinon quoi ? » la nargua-t-il avant de lui mettre un coup de pied au dos. Ce n'était pas une attaque spécialement violente. Mais étant donné l'aura active de Seven, sa force s'en retrouvait décuplée. Le coup avait donc envoyé Ewen s'écraser sur une table, de l'autre côté de la chambre. La princesse aux cheveux bleus mit plusieurs secondes à se relever, non sans quelques bleus et courbatures. Mais elle semblait stupéfaite par cette force incroyable dans une telle frappe.

« C'est quoi cette puissance titanesque ? T'es qui, au juste ?!

— Cherche dans tes souvenirs, répliqua Seven.

— Mais je ne sais pas qui tu es, espèce d'idiot ! » s'écria la princesse en fonçant vers lui avec ses épées pour l'attaquer directement. Elle enchaîna une multitude d'attaques rapides avec ses lames. Néanmoins, Seven se montra tout aussi vif et parvint, tantôt à parer avec ses dagues, tantôt à esquiver les frappes de son adversaire.

« J'ignorais que tu avais appris à te battre, toi aussi, admit l'homme à la tunique verte alors qu'il bloquait à nouveau une attaque de la jeune fille.

— Sérieusement, qui es-tu ? grogna Ewen en fronçant les sourcils, commençant à perdre patience. Si on se connaît vraiment, dis-moi au moins qui tu es ! »

Alors que Seven s'apprêtait à répondre, des bruits de pas se firent entendre dans le couloir, et se rapprochèrent de plus en plus de la chambre. C'était des gardes, probablement alertés par le boucan de leur bagarre.

« Merde... » pensa l'assassin en poussant violemment Ewen en direction du lit. Il se servit ensuite de sa vitesse surhumaine pour disparaître. La vitre de l'une des fenêtres de la chambre éclata en morceaux, alors qu'on venait de défoncer la porte de la chambre. Harvay et Nefer, accompagnés de quelques gardes, débarquèrent et constatèrent avec effroi les dégâts.

« Par tous les dieux... murmura Nefer.

— Ewen ! » s'écria Harvay en se précipitant vers sa princesse, allongée sur le lit. Il l'aida à se relever en lui demandant si elle n'avait rien de cassé.

« Je vais bien, assura la jeune fille aux cheveux bleus. Mais l'assassin de Moreh, il était là ! Et il vient de s'échapper ! » expliqua-t-elle en montrant la fenêtre brisée. Nefer se tourna aussitôt vers ses soldats.

« Déployez les troupes dans le château et dans toute la ville ! Que personne n'entre ou ne sorte de Kalora jusqu'à nouvel ordre !

— À vos ordres, Majesté ! » s'exclamèrent à l'unisson les gardes, s'exécutant aussitôt. Ewen s'approcha de la fenêtre par laquelle était passé Seven pour s'enfuir. Elle ne s'attendait absolument pas à vivre une chose pareille dès son arrivée au château de Redfir. Mais quelque chose l'intriguait véritablement : qui était ce jeune homme qui se disait être l'une de ses connaissances ? Il fallait qu'elle y réfléchisse sérieusement. Peut-être que cela l'aiderait dans son enquête.


Texte publié par Kamryn Allister, 7 février 2023 à 15h12
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