Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 3 « Nouvelle mission » tome 1, Chapitre 3

Ce fut avec difficulté que Seven émergea de son sommeil, tandis qu'une nouvelle journée débutait. Uniquement vêtu d'un bermuda noir et allongé sur le lit de sa modeste chambre, le jeune homme fixa le plafond. Aucune fenêtre n'était présente au sein du repère du Mortem Regis. Impossible donc de deviner l'heure avec précision. Mais en entendant des voix et plusieurs claquements de pas en dehors de ses appartements, il déduisit que la matinée était déjà bien entamée.

Le garçon se redressa et s'étira pour déraidir ses muscles. Seulement, son visage s'assombrit la seconde suivante. En ce jour, le boss devait lui confier une nouvelle mission dont il ignorait tout pour l'instant. La perspective de revoir son supérieur aussi rapidement ne l'enchantait pas. Malgré sa loyauté envers cette organisation d'assassins, Seven n'avait jamais vraiment apprécié son chef pour plusieurs raisons. Malheureusement pour lui, s'entretenir avec ce dernier était un passage obligatoire. L'homme à la longue chevelure ébène sortit de sa couche en grognant dans sa barbe, avant de se diriger vers sa salle d'eau personnelle pour se rafraîchir, se coiffer et se rhabiller.

Une fois prêt, il sortit de sa chambre, en prenant soin de verrouiller la porte derrière lui. Le chiffre sept figurait sur celle-ci. L'assassin s'engagea ensuite dans les sombres couloirs rocailleux des locaux, dévisageant les divers collègues qu'il croisait. Certains d'entre eux le saluaient brièvement d'un signe de la main, pendant que d'autres se contentaient de le fixer silencieusement. Certains le regardaient avec crainte, d'autres le contemplaient avec respect ou admiration. Il fallait dire que Seven faisait partie des dix meilleurs assassins du Mortem Regis, qui comptait actuellement cent membres, boss y compris. Ce statut privilégié atteint grâce à ses talents en matière d'assassinats, ainsi que son physique plutôt attirant faisaient de lui un homme vraiment populaire au sein de l'organisation. Et si n'importe qui à sa place se sentirait fier et flatté d'être autant admiré, le concerné s'en fichait royalement. S'il avait accepté d'intégrer ce groupe de tueurs, ce n'était certainement pas pour la célébrité. Et encore moins pour se lier d'amitié avec ces gens. De nature discrète, il aurait préféré devenir invisible pour ne pas attirer l'attention de ses camarades sur lui.

« Hé ! Sevy ! » l'interpella tout à coup une voix féminine assez aguicheuse, à la désagréable surprise du jeune homme qui l'avait reconnue. Une femme au teint bronzé et aux cheveux courts blonds, légèrement plus âgée que Seven, s'était approchée de lui en courant. Elle portait une jupe courte noire, ainsi qu'une petite chemise blanche, détachée et nouée juste en dessous de sa poitrine, dévoilant le haut d'une brassière assortie à son bas. Sans même prévenir, elle s'accrocha au bras du plus jeune et le regarda avec un grand sourire malicieux.

« À ce qui parait, tu as tapé fort cette nuit avec le meurtre du souverain de Redfir ! » lui dit-elle joyeusement. Devant un tel enthousiasme qu'il ne partageait pas, Seven afficha un air las sans même prendre la peine de la regarder.

« Lâche-moi, Nineteen. » ordonna-t-il. Mais l'autre n'en fit rien. Au contraire, elle avait resserré son étreinte, n'hésitant pas à y coller sa poitrine assez généreuse, au grand dam de l'assassin en vert.

« Le boss t'a convoqué à son bureau, pas vrai ? demanda la jeune fille sans perdre son large sourire.

— Comment t'as deviné ? l'interrogea l'assassin aux cheveux noirs, toujours aussi fatigué par une telle attitude. 

— Figure-toi qu'il m'a convoquée aussi. D'ailleurs, c'est lui qui m'a demandé de venir te chercher. Tu es en retard ! Il t'attend déjà. »

Seven en fut surpris mais ne le montra pas. D'habitude, le boss s'entretenait avec un seul membre à la fois lorsqu'il en avait besoin. Rares étaient les moments où il en convoquait plusieurs à la même heure. Le jeune homme se disait que la mission à venir devait être vraiment importante.

Après avoir mis plusieurs secondes à se libérer de Nineteen qu'il jugeait particulièrement collante, les deux assassins parcoururent une petite section du repère avant d'atteindre les appartements du boss. À peine entré dans la salle, Seven constata avec surprise qu'un autre membre était invité, en plus de Nineteen. Il s'agissait d'une jeune adolescente rousse, avec une chevelure qui lui arrivait au niveau des épaules. Vêtue d'une petite robe rose courte comportant quelques rayures noires, elle portant un arc en bois décoré avec des motifs fleuris derrière son dos, ainsi qu'un carquois contenant une multitude de flèches. Seven reconnut immédiatement Sixty-Nine, la benjamine du Mortem Regis. Âgée tout juste de quinze ans, elle était loin de faire partie des meilleurs assassins de l'organisation, comme le laissait sous-entendre son surnom. Néanmoins, l'assassin en vert connaissait déjà la raison de sa présence : c'était une amie proche de Nineteen, et lorsque ces deux-là faisaient équipe durant une mission, elles se complétaient à merveille, formant un duo redoutable et efficace.

« Seven. » se contenta de dire la plus jeune en guise de salutation. Contrairement à Nineteen qui semblait joyeuse et surexcitée en présence de Seven, Sixty-Nine se montrait plutôt froide avec lui. Chose assez paradoxale puisque la petite rousse était réputée pour être une personne gentille et chaleureuse, envers quasiment tous les membres du Mortem Regis. Mais pas avec Seven, pour une raison que celui-ci ignorait encore. Ce dernier n'y accordait pas une grande importance. Après tout, il n'appréciait pas spécialement la benjamine lui non plus, bien qu'il ne la détestât pas pour autant.

« Où est le boss, Sixty-Nine ? lui demanda Nineteen en souriant.

— Il est parti se faire un thé en vous attendant, répondit la plus jeune en lui retournant le sourire. Il ne devrait pas tarder. Il m'a demandé d'attendre ici.

— Me voici, mesdemoiselles ! » parla une étrange voix avec enthousiasme. Le boss de l'organisation revenait dans ses appartements, une grande tasse de thé à la main. Le masque qu'il portait empêchait quiconque de voir les expressions de son visage. Mais sur le ton de sa voix, on pouvait facilement deviner que de la joie, mêlée à une certaine malice, l'habitait en cet instant.

« Je commençais à croire que tu m'avais posé un lapin, Seven. Tu es en retard ! »

En guise de réponse, le jeune homme croisa les bras, un peu agacé par cette petite moquerie dissimulée. Il aurait bien voulu lancer une réplique subtilement cinglante à son supérieur. Mais n'étant pas vraiment d'humeur à jouer à ce genre de jeu aujourd'hui, il préféra s'abstenir et aller droit au but.

« Qu'est-ce que tu nous veux ? questionna-t-il d'un air froid. Ce n'est pas dans tes habitudes de convoquer plusieurs personnes en même temps. »

Nineteen et Sixty-Nine observèrent Seven avec étonnement. Elles savaient toutes les deux que Seven ne portait pas leur chef dans son cœur, mais sa manière de s'adresser à lui les surprenait à chaque fois. Le boss, de son côté, rit légèrement avant de prendre place à son bureau, déposant en douceur sa tasse devant lui.

« Tu es très observateur, mon grand ! Effectivement, c'est la première fois que je fais venir plusieurs membres de l'organisation à la même heure. Mais si je l'ai fait, c'est parce que je suis sur le point de vous confier une mission de la plus haute importance.

— Seven, Sixty-Nine et moi-même allons donc faire équipe ensemble, c'est ça ? questionna la blonde.

— Vous agirez séparément sur des terrains différents, répondit le masqué. Mais il est impératif que vous réussissiez chacun de votre côté pour que la victoire soit totale.

— Très bien, accepta la benjamine du groupe. Que devons-nous faire ?

— Nineteen, ta mission est d'assassiner le prince du royaume de Vegario. »

Cette simple phrase stupéfia tout le monde dans cette pièce, Nineteen la première.

« Je dois... tuer ce gamin ?

— Attends un peu, intervint Seven à l'adresse du boss. D'abord le roi Moreh de Redfir, et maintenant le prince Aelan de Vegario ? Pourquoi viser directement les familles dirigeantes de Kaärann ?

— J'avoue être surprise aussi, parla à son tour Sixty-Nine. Déjà que la mort du roi Firois a plongé le continent dans la panique, assassiner le prince Vegarion risquerait d'empirer la situation.

— Cela vous pose-t-il un problème, les enfants ? » leur demanda alors le boss, dont la voix n'avait pas perdu sa part de joie et de malice. Le trio d'assassins s'en retrouva fortement troublé. Il ne s'attendait absolument pas à une telle mission. Et encore, il ne s'agissait là que de celle assignée à Nineteen. Qu'allait-on demander aux deux plus jeunes ?

« Sixty-Nine, continua l'individu tout vêtu de noir. Tu ne fais pas partie des meilleurs assassins du Mortem Regis, étant soixante-neuvième sur un classement de quatre-vingt-dix-neuf personnes. Toutefois, lors de tes missions avec Nineteen, tu as prouvé à plusieurs reprises ton efficacité et ta capacité à travailler en équipe. C'est pourquoi ta mission consistera une fois de plus à épauler Nineteen. Vous avez toutes les deux carte blanche sur votre façon de tuer ce cher prince. Vous pouvez également éliminer les gardes ou soldats qui pourraient vous mettre des bâtons dans les roues. Mais n'oubliez pas que notre organisation a des règles à respecter. Vous ne devez tuer que le prince Aelan. Pas le roi, pas la reine, pas la princesse, ni aucune autre figure noble. Juste le prince.

— Compris ! » fit instantanément Sixty-Nine sans poser plus de questions, sous l'air dubitatif de sa collègue blonde. Contrairement à la plus jeune qui acceptait une telle tâche à accomplir, Nineteen ne semblait pas aussi enthousiaste. Elle s'était perdue dans ses pensées, se demandant ce que le meurtre du prince de la nation des forêts apporterait au Mortem Regis. Elle avait beau chercher, elle n'en comprenait pas l'intérêt. Pourquoi abattre le prince au lieu du roi ? D'ailleurs, pourquoi abattre un membre d'une autre famille dirigeante alors que Seven venait de tuer le souverain de Redfir ? Tout ceci semblait étrange pour la jeune femme qui s'était tellement perdue dans ses songes, qu'un raclement de la gorge du boss retentit. Elle revint rapidement à elle et observa son supérieur.

« Un problème avec ce plan, Nineteen ? » lui demanda ce dernier face à son hésitation apparente. Mais la concernée secoua négativement la tête.

« Non, aucun. Comptez sur moi pour le mettre correctement à exécution. »

En disant cela, elle échangeait un regard avec sa collègue rousse qui lui avait adressé un sourire complice. Cette attitude de la part du duo féminin blasa complètement Seven, qui s'attendait à voir ces deux filles un peu plus réticentes devant un ordre pareil.

« Quant à toi, mon petit Seven... parla le boss en ce tournant vers lui. Tu partiras en direction de Redfir, une fois de plus.

— Laisse-moi deviner. Tu vas me demander d'assassiner la reine Nefer ou la princesse Liz, c'est ça ? demanda l'homme aux cheveux de jais avec sarcasme.

— Cela aurait pu, mais ce serait contradictoire avec ce que je cherche à faire. Non, ta mission est toute autre, mon cher. J'ai entendu dire, grâce à des espions envoyés à Vopaqua, que la princesse héritière de ce royaume, Ewena, souhaite se rendre à Redfir pour présenter ses condoléances à la famille royale Firoise. Elle compte en profiter pour mener une enquête concernant l'assassin de Moreh.

— Et... ? fit Seven en attendant et en appréhendant la suite.

— Cette princesse est très maligne. Je la soupçonne d'enquêter déjà sur l'existence de notre organisation, qui est pourtant censée n'être qu'un mythe. Et cela risquerait de nous poser problème aussi bien pour vous tous que pour moi. C'est pour cela que j'aimerais que tu te postes quelque part dans le palais royal de Redfir, pour l'accueillir comme il se doit. »

Les yeux de Seven s'écarquillèrent sous le choc de cette annonce. Il avait clairement compris où voulait en venir le boss en lui exposant tous ces faits. Et même s'il essayait de garder une apparence stoïque, le septième assassin paraissait véritablement choqué.

« Tu veux que je tue Ewen ?

— Bravo ! Tu as tout compris, mon petit ! » s'exclama l'encapuchonné avec enthousiasme, à la surprise des autres qui n'en revenaient pas. Le trio devait donc réaliser un double assassinat visant le prince de Vegario et la princesse héritière de Vopaqua. Autant dire qu'il s'agissait d'une mission très risquée, surtout que seulement deux jours s'étaient écoulés depuis le meurtre du roi de Redfir. Nineteen et Sixty-Nine s'échangèrent un nouveau regard, cette fois-ci interloqué, avant d'observer Seven qui serrait ses poings.

« Tu sembles bien tendu, mon garçon ! lui parla le chef sur un ton moqueur. Tu me paraissais beaucoup moins silencieux lorsque je t'ai donné l'ordre d'assassiner sa Majesté, le Roi Moreh. Éliminer cette charmante Ewena te dérange? »

Seven ne répondit pas. Mais il observa le boss avec fureur. On pouvait aisément sentir la haine que le jeune homme éprouvait envers son supérieur.

« Sevy... ? » se risqua alors Nineteen, tentant ainsi de briser cette ambiance électrique qui s'installait et qui la mettait assez mal à l'aise. Mais Sixty-Nine lui attrapa discrètement sa main en faisant signe de ne pas s'en mêler, sous peine de s'attirer des ennuis.

« Mesdemoiselles, parla le boss à l'adresse des deux filles d'une voix plus sérieuse que d'habitude. Vous pouvez disposer et partir pour Vegario ! N'oubliez pas de passer à la réserve pour prendre des pierres de téléportation. Je compte sur vous pour mener à bien votre mission.

— Euh... D'accord ? fit la blonde, pas très sûre d'elle sur ce coup.

— Nous ferons de notre mieux. » promit la benjamine en s'inclinant légèrement devant son supérieur en guise de respect et de salutation. Les deux tueuses regardèrent ensuite Seven. Elles savaient pourquoi l'homme vêtu de vert réagissait de cette façon. Elles connaissaient toutes les deux l'histoire de Seven, et le passé commun qu'il partageait avec la princesse Ewena. Elles se doutaient donc que le jeune homme n'allait pas obéir à un tel ordre aussi facilement.

Un peu désorientées par un tel entretien, mais néanmoins déterminées à accomplir leur mission et faire honneur à leur organisation, Nineteen et Sixty-Nine quittèrent la salle, laissant les deux autres seuls. Le boss se leva ensuite, sa tasse en main, puis fit volte-face à son employé restant.

« Je pensais que tu étais devenu le parfait assassin depuis le temps. Mais je me rends compte qu'il y a encore du chemin à faire avec toi. Malgré ce visage sombre que tu arbores à longueur de journée, tu n'arrives pas à passer outre tes sentiments et tes émotions pour faire ton boulot.

— Si tu tiens tant que ça à faire assassiner cette fille, répliqua l'assassin en vert en essayant de garder son calme malgré son énervement, pourquoi m'avoir choisi, moi ? Tu ne pouvais pas demander à quelqu'un d'autre ?!

— Tu t'es déjà rendu au palais de Redfir. Donc, tu connais bien l'environnement. Comme je te l'ai dit, cette mission est très importante pour le Mortem Regis. Je ne veux prendre aucun risque en envoyant là-bas quelqu'un pour qui ce château est un terrain inconnu truffé de soldats. Encore plus si ces derniers se révèlent bien préparés après la disparition de leur souverain.

— Soit, fit Seven en croisant les bras et en détournant le regard. Mais j'ai quand même l'impression que tu te paies ma tête. Et ce, depuis un moment.

— Malheureusement, tout ceci est uniquement dû à un concours de circonstances. Si ta chère Ewen, comme tu l'appelles, s'était rendue ailleurs, j'aurais pu envoyer quelqu'un d'autre à ta place pour la tuer. Mais elle a choisi de se rendre au palais Firois. Étant donné qu'elle a décidé d'enquêter sur la mort de Moreh et qu'elle semble avoir des soupçons concernant l'existence de notre organisation, je ne peux pas prendre le risque de la laisser vivre plus longtemps. Si tu dois en vouloir à quelqu'un par rapport à tout ça, c'est à elle. Elle s'est mise en danger elle-même, mon garçon. »

Seven ne savait pas quoi répliquer. En cet instant, il bouillonnait de rage. Une puissante envie d'abattre le boss pendant que celui-ci lui tournait le dos, traversa furtivement son esprit. Mais il la réprima aussitôt, conscient qu'il ne pouvait pas faire une chose pareille. Ce serait un acte de trahison envers le Mortem Regis et de toute façon, s'il devait livrer un combat contre son supérieur, il savait pertinemment qu'il n'aurait aucune chance de l'emporter. Un petit rire moqueur de la part de la personne masquée se fit alors entendre.

« Quelle ironie, quand j'y pense ! C'est pour sauver cette princesse que tu as accepté de faire partie de cette organisation. C'est à cause d'elle si tu es devenu l'assassin que tu es aujourd'hui. N'est-ce pas là une belle occasion pour toi de lui faire payer cette culpabilité en la tuant ?

— Va bien te faire foutre, enfoiré... murmura Seven, toujours le regard détourné du boss et les poings serrés.

— Toujours aussi poli que d'habitude ! J'apprécie ! rétorqua ironiquement le boss avec un certain amusement dans la voix en se retournant vers lui. Toutefois, bien que cela te semble vraiment cruel de ma part, je ne te laisse pas le choix. Tes deux collègues sont déjà parties pour abattre leur cible. Tu devrais en faire de même. Tu sais ce qui arrive à ceux qui désobéissent à mes ordres, n'est-ce pas ? »

L'autre ne répliqua pas. Cela ne servait à rien de discuter plus longtemps avec le boss. Il n'avait pas d'autre alternative viable. Il devait se rendre à Redfir et tuer Ewen. Cela ne l'enchantait pas mais le boss s'était montré clair à ce sujet : il n'avait pas intérêt à échouer. Seven toisa son supérieur du regard, avant de lui tourner le dos et de s'en aller sans même prendre la peine de le saluer. Devant une telle réaction, le boss émit un rire amusé en s'asseyant à nouveau.

« Tu as encore beaucoup de choses à apprendre de la vie, mon cher et tendre Seven. » pensa-t-il, souriant derrière son masque.

*

Pendant ce temps, au palais de Vopaqua, le roi venait de convoquer Ewen, ainsi qu'Harvay à son bureau. Après maintes réflexions et concertations avec son épouse, Othéo avait finalement décidé de laisser partir sa fille pour Redfir en compagnie de son serviteur. Mais non sans certaines conditions :

« J'ai réuni plusieurs de mes soldats qui vous serviront d'escorte, durant votre voyage.

— Papa, ce n'était pas nécessaire, tu sais ? contesta la princesse aux cheveux bleus dont l'enthousiasme demeurait malgré tout.

— Pour moi, ça l'est. Et pas qu'un peu ! insista son père. Après l'assassinat de Moreh, je ne veux prendre aucun risque, Ewena. »

La concernée soupira discrètement de dépit, mais finit par sourire à l'adresse de son père. Même si elle aurait préféré faire le trajet uniquement avec Harvay, elle était tout de même heureuse de constater que ses parents lui faisaient suffisamment confiance pour accepter de la laisser entreprendre ce périple.

« Je vous promets de vous donner régulièrement de mes nouvelles, assura la princesse héritière.

— Je veux surtout que tu me promettes de rester prudente, et de revenir saine et sauve.

— Ne vous inquiétez pas pour cela, votre Majesté, intervint Harvay avec un léger mais tendre sourire. Je veillerai sur Ewen et la protégerai au péril de ma vie.

— Voilà des paroles qui me rassurent. Harvay, je te suis très reconnaissant pour tout ce que tu accomplis pour mes filles. J'apprécie ton côté protecteur envers Ewen. Et j'ai remarqué qu'elle l'apprécie énormément aussi. »

Le ton amusé du père en prononçant cette dernière phrase laissait supposer qu'elle était pleine de sous-entendus. Et le clin d'œil qu'il offrait au même moment à la plus grande de ses filles embarrassa grandement celle-ci.

« Papa... murmura-t-elle en détournant le regard, aussi rouge qu'une cerise.

— C'est pour cela, Harvay, que je te demande d'être très prudent, toi aussi, reprit le souverain d'un air plus sérieux. Ta perte nous serait vraiment douloureuse. »

Le blond fut touché par de tels mots de la part d'Othéo, et cela se voyait sur son tendre sourire qui s'était joyeusement agrandi.

« Je le serai. » répondit-il ensuite, déterminé à la fois à protéger sa princesse et à survivre.

Quelques instants plus tard, Ewen et Harvay furent accompagnés jusqu'aux portes du château, où attendait leur escorte. Une quinzaine de soldats endossant de magnifiques destriers blancs étaient disposés autour d'un carrosse bleu ciel qui pouvait transporter jusqu'à quatre personnes. Ce véhicule était tracté par autre cheval blanc, lui-même dirigé par un garde. Le roi, son épouse Saya, ainsi qu'Irina et Fiona, s'étaient réunis pour leur dire au revoir.

« Ça va faire un vide sans vous au palais, parla Fiona d'un air triste.

— C'est vrai ! On va s'ennuyer, nous ! enrichit Irina, qui n'était pas non plus joyeuse par rapport au départ de sa sœur aînée.

— Ne vous inquiétez pas, je reviendrai vite ! les rassura la plus grande. Ou du moins, je ferai tout pour revenir au plus vite. Vous deux, ne faites pas de bêtises pendant notre absence !

— On ne fait jamais de bêtises ! » s'exclamèrent à l'unisson ses deux jeunes sœurs, ce qui fit rire leur mère de bon cœur. Cette dernière s'adressa ensuite à Ewen et à Harvay.

« Les routes à Kaärann sont dangereuses. Elles sont remplies de bandits et de créatures malfaisantes. Faites attention à vous.

— Nous serons sur nos gardes, Madame, assura Harvay en souriant.

— Vous aussi, faites attention à vous, leur conseilla Ewen. Après ce qu'il s'est passé à Redfir, personne n'est à l'abri d'une tragédie. Encore moins les autres familles dirigeantes du continent.

— Ce n'est pas pour rien que j'ai renforcé la sécurité au palais et à Emerald, lui rappela Othéo en souriant. Ne t'inquiète pas pour nous. Préoccupe-toi surtout de ta sécurité. »

En guise de réponse, la jeune fille hocha la tête pour acquiescer, avant de saluer une dernière fois toute sa famille. Une fois les embrassades faites, Harvay ouvrit la porte du carrosse et invita Ewen à monter, avant de l'imiter en refermant derrière lui. Lorsque le duo fut installé, l'escorte commença à avancer, et franchit en quelques secondes les portes du château. Ewen venait de quitter sa demeure pour un long voyage. Elle était à la fois heureuse de se rendre à Redfir, et déterminée à découvrir la vérité derrière le meurtre de son défunt roi, et potentiellement les tueries ayant touché de nombreuses victimes de sang ou de rang noble à travers le continent. Ce qu'elle ignorait cependant, c'était qu'un tel périple se révélerait très éprouvant pour elle.


Texte publié par Kamryn Allister, 5 février 2023 à 14h17
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 3 « Nouvelle mission » tome 1, Chapitre 3
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2451 histoires publiées
1082 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Amecaïl
LeConteur.fr 2013-2023 © Tous droits réservés