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Mon nom est Alan Wake, je suis écrivain.

Au panthéon de la peur et de l’effroi, il est un roi que je ne saurais détrôner : le destin. Si aujourd’hui je parviens à en parler librement, c’est que j’ai pu, en un sens, affronter mes peurs et mes angoisses les plus sombres loin de la civilisation, à Bright Falls.

Mais ne vous-y méprenez pas, cher lecteur : les ténèbres se cachent partout, et peuvent vous guetter patiemment sans que vous ne le deviniez jamais. C’est ainsi que débuta ce nouveau chapitre de mon histoire, dans un monde étranger et plongé dans un tourment que je ne connaissais pas encore.

Le flic frappa de son poing fermé sur la table de la salle d’interrogatoire. Je ne comprenais ni pourquoi je me trouvais-là, ni comment j’y étais arrivé.

Je lui répondis d’un ton plus calme qu’il n’avait semblé vouloir l’accepter :

« Je ne comprends rien à tout ça ! dis-je, perdu.

— Julia n’a pas survécu au coup de couteau que tu lui as porté ! On a tes empreintes sur l’arme et ton ADN sur le lieu du crime, t’es déjà condamné ! hurla le flic en retour, une lueur étrange dans le regard.

— Je vous l’ai déjà dit, inspecteur, je ne sais pas comment vous avez obtenu ces preuves, mais je ne suis pas coupable ! insistai-je sans me démonter.

— Ça ne te suffit pas d’avoir de l’avoir tuer ? Il faut qu’en plus tu te caches derrière la folie ! »

J’essayais désespérément de remettre mes idées en ordre. Je n’avais pas écrit cette histoire et si j’avais réussi à libérer Alice et quitter Cauldron Lake, je n’avais aucune idée de la façon dont je m’étais retrouvé à Washington.

Julia Levinson. Ce nom ne m’était pas inconnu ; je me souvenais parfaitement avoir lu un article sur son enlèvement avant qu’Alice et moi n’arrivions à Bright Falls, mais après…

« Williams, intervint un homme d’une soixantaine d’années en entrant dans la petite salle avant de me toiser sévèrement.

— J’n’en ai pas fini avec toi ! » me promit le flic avant de suivre le plus âgé à l’extérieur de la salle d’interrogatoire.

Le cauchemar ne faisait que commencer. J’avais la sensation d’être piégé dans un esprit qui n’était pas le mien.

Et puis tout me revint, je connaissais ce lieu, ce commissariat et le dénouement de son histoire. Le bois de ma chaise craqua violemment et mes menottes s’envolèrent quand le seul néon de la petite pièce se brisa. Mon reflet disparut dans le miroir sans tain. Les ténèbres grandirent autour de moi, me piégeant à nouveau dans des peurs que j’avais pourtant appris à dompter.

Je vis de justesse la lame du couteau de chasse s’abattre sur la table et le verre du miroir voler en éclat.

L’homme qui me faisait face était inconstant, comme envahi par les ombres et corrompu par leurs pensées. Je devinai à son costume et la plaque portée à la ceinture de son pantalon qu’il s’agissait sans doute d’un autre flic quand sa voix rauque et profondément déformée par l’influence des ténèbres dit :

« La force de tuer, tu te rappelles Alan ? »

Il riait à outrance, un rire insupportable et étouffé venu d’un autre monde qui me glaça le sang. Je me retrouvai à nouveau plongé en plein cauchemar.

Un cauchemar dont je n’étais pas la clé, mais l’un des protagonistes, simple marionnette d’un destin écrit d’avance.

Que devais-je faire alors que ma présence avait altéré son déroulement ? Avais-j modifié sans le savoir son dénouement ?

Sans une hésitation je m’enfuyais par le couloir qui ne pouvait mener qu’au reste du commissariat et, avec un peu de chance, à la civilisation que je n’avais plus envie de perdre.

La lumière intense me brulait les yeux, perturbant mes repères et l’ensemble de mes sens dans une cacophonie bien trop habituelle. Là, au milieu des autres, il s’avança en dégainant son arme, menaçant. Quand les lampes s’éteignirent, il comprit que quelque chose clochait, quelque chose dont je ne pouvais pas être responsable.

« Il se passe quoi ? hurla-t-il à mon attention.

— Ce sont les ombres, où sont mes affaires ? La lampe-torche ?

— Dans la salle des scellés », répondit le flic en désignant de son arme une porte située dans le couloir derrière moi.

Le temps pressait, mais personne n’était encore possédé par l’ombre et si rien ne s’était encore passé, je savais qu’elles sortiraient bientôt pour s’en prendre à nous.

Il n’y avait plus aucun bruit dans le commissariat, comme si tout le monde avait disparu, mais ce que je m’apprêtais à expliquer au seul survivant de ce carnage dépassait l’entendement. Étrangement, il m’avoua que son monde n’était pas si différent du mien que je le pensais.

L’ombre grandissait, se renforçait avec la nuit. Une lutte acharnée pour la survie allait bientôt débuter…


Texte publié par Théâs, 4 juillet 2014 à 19h37
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