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tome 1, Chapitre 29 « Marley » tome 1, Chapitre 29

« Mon frère bien aimé,

Les semaines défilent et Peter trouve toujours le moyen de quitter son épouse pour venir se promener avec moi, nous avons exploré toutes les forêts des abords de Lutz, nous nous sommes baignés dans le lac secret des âmes et avons mangé les fruits interdits du président. Je retrouve peu à peu mon Peter, mais il s’affaiblit de jour en jour, je le vois. Cela fait deux mois qu’il ne prend plus le sérum et certes sa mémoire revient, mais ses forces diminuent grandement ; il a maigri sa peau se ternit, des cernes se creusent sous ses yeux, le Docteur Stones m’a dit qu’il n’avait pas fini l’antipoison, mais qu’il était sur la bonne voie, alors je ne désespère pas.

Peter sait aujourd’hui qu’il faisait partie des rebelles, il se souvient de son école et de Sam. Il se souvient aussi de Marley, mais juste en louve. Il ne sait toujours pas que Mina et Marley ne font qu’un. Mais je ne désespère pas il nous reste encore un peu de temps. J’espère qu’à la Citadelle tout le monde va bien, je reviendrais très bientôt vous voir. Vous me manquez tous énormément.

Nous nous reverrons très vite. Je t’aime petit frère.

Marley »

Je glisse la lettre dans l’enveloppe et la donne à Will pour qu’il la porte à la Citadelle.

***

Ce soir le président a organisé un bal en l’honneur de l’anniversaire de mariage de Peter et Fanny, je suis bien entendu invitée et je compte faire grande impression, ce soir Fanny en sera verte de jalousie, Peter ne pourra détourner son regard de moi ! Il doit se souvenir de tout sinon je ne pourrais le sauver entièrement. Je porte une longue robe en satin et mousseline noir et blanche, le bustier est parsemé d’une pluie de diamants jusqu'à la taille, à partir de là le tissu est fluide et vaporeux et traîne légèrement derrière moi, la robe est fendue jusqu'à mi-cuisse afin de donner un côté provoquant à ma tenue. Mes cheveux sont attachés en chignon de tresses, j’ajoute un peu de maquillage et je suis prête pour le bal. Will vient frapper à ma porte et m’accompagne jusqu'à la salle de réception. Comme le premier jour où je suis arrivée ici, je suis en haut des marches de marbres qui donnent sur la grande salle de bal, mais cette fois je suis au bras de Will qui fait un très bel effet dans son costume noir. Le serviteur regarde sa liste et me présente d’une voix claire et posée. Je descends les marches de marbre avec un sourire triomphant, Will connaît tout de mon plan et me tient fièrement le bras. Le président, Peter et Fanny sont au centre de la salle, tous les convives sont sur le côté et laissent arriver la totalité des invités avant de festoyer. J’arrive à hauteur de la famille présidentielle et m’incline devant le président Anderson. Il me prend la main et comme à son habitude y dépose un baiser humide.

— Ma chère, vous êtes radieuse dans cette robe. Mais dites-moi qui est-ce charment jeune homme a votre bras ?

— Je vous remercie monsieur le président, laissez-moi vous présenter Will, mon garde du corps, chauffeur et plus fidèle ami.

Mes yeux se posent sur Peter et cette peste de Fanny, en affichant un sourire faux, je leur souhaite un heureux anniversaire de mariage comme le veut le protocole. Fanny me remercie froidement d’un signe de tête, Peter quant à lui, s’approche m’embrasse sur la joue et me glisse quelques mots à l’oreille.

— J’aimerais me trouver ailleurs croyez-moi.

Fanny qui comprend notre petit jeu me lance un regard furieux et prend le bras de Peter pour l’attirer vers elle. Je m’en vais au milieu des convives en attendant que tout le monde arrive. Tous les Bellãtriens sont là, et dire qu’il y a des années ces gens n’étaient que des paysans. Aujourd’hui, ils sont gras comme des cochons et s’octroient le droit de traiter les véritables Galliens comme leurs esclaves. Mais à dire vrai, les gens qui sont présents ici ce soir me font rire ; ils sont tous affublés de costumes et de robes ridicules très colorés, leurs parfums sentent très mauvais et leurs conversations sont sans queues ni têtes. Je m’aperçois que depuis que je suis revenue au Dôme, les Bellãtriens n’ont vraiment rien dans la tête, ils ne sont que des pantins articulés que le président manipule à sa guise, sans le gouvernement ils ne seraient rien. Certains parlent des rebelles, mais sans trop savoir quoi dire, d’autres parlent de Marley Corvinus en alimentant les légendes, d’autres encore ne parlent pas du tout. Il y en a même qui critiquent le président et le gouvernement. Tous ces invités ne sont que le pâle reflet de la cupidité du monde dans lequel nous vivons. Les derniers invités sont enfin arrivés et le bal est ouvert par Peter et sa femme, le président s’installe dans son fauteuil et regarde d’un air serein la réception se dérouler. Je le rejoins afin que Peter sache bien où je suis et engage la conversation avec le président. Quelques minutes après, Peter vient me chercher sans sa femme, il m’entraîne sur la piste de danse, son étreinte est étrangement forte.

— J’ai peur que votre femme ne soit pas d’accord.

— Jusqu'à présent, elle a gâché une année entière de ma vie en me disant quoi faire, quoi manger, elle m’a empêché de vivre, mais c’est fini, j’ai vingt-quatre ans et il est hors de question qu’une gamine dirige ma vie.

— Vous ne pensez pas ce que vous dites monsieur.

— Je n’ai jamais été aussi sérieux !

Il s’arrête de danser, me tire par la main et m’entraîne jusqu’au fond de la salle. Il passe derrière un grand rideau de velours rouge et ouvre un passage dans le mur.

— Et si nous allions profiter de la vie ce soir au lieu d’être ici.

Nous sortons par la porte dérobée et nous arrivons quelques minutes plus tard dans le grand jardin Nord.

— De l’air ! Je respire enfin.

Peter s’allonge dans l’herbe humide et ferme les yeux.

— Vous imaginez Mina, c’est incroyable, je retrouve la mémoire sur mon passé, mais je sens que mon corps s’affaiblit et je ne comprends pas pourquoi.

— Vous êtes peux être tombé malade tout simplement.

— Non il y a autre chose, je le sens. Mais ne parlons pas de cela maintenant, nous sommes loin du tumulte des Bellãtriens, nous sommes seul et personne pour nous déranger.

Je suis toujours debout contre une statue, je le regarde émerveiller, Peter en se mourant est en train de renaître. Il rouvre les yeux, se rassoit et me regarde.

— Mina, je ressens exactement la même chose quand je suis avec vous que quand je vois…

— Quand vous voyez qui ?

— Non ce ne serait pas correct de ma part de vous dire cela.

— Je peux tout entendre de votre bouche…

— J’ai l’impression que Marley Corvinus et vous êtes plus liées que vous ne l’imaginez. Ce qui est encore plus étrange c’est que maintenant que je connais mon passé, je sais que j’ai sauvé des gens, maintenant que je sais que ma place est avec les rebelles je ne peux m’empêcher de me dire que j’ai connu cette femme et le fait d’avoir tenté de la tuer est pour moi une souffrance insoutenable.

Il se lève et s’approche de moi, passe sa main dans mes cheveux, passe ses doigts sur le contour de mon visage puis m’embrasse timidement la joue.

— Mina dites-moi la vérité sur vous. Vous savez que vous pouvez me faire confiance et c’est grâce à vous si je retrouve la mémoire. Vous êtes mon ange gardien. J’ai des doutes, mais je veux être sûr.

Il dépose un nouveau baiser sur ma joue, juste à la commissure de mes lèvres, son regard est suppliant. Je me résigne et pose ma main sur sa joue. Je continue de scruter ses prunelles flamboyantes et lui montre tous mes souvenirs sur notre histoire, si je dois mourir ici ce soir de sa main alors qu’il en soit ainsi. Je lui montre notre rencontre au pont des âmes, nos discussions dans la citadelle nos missions en communs et surtout notre nuit, notre dernière nuit, je lui montre ensuite nos adieux. Puis je lui montre nos affrontements après mon retour en Gallia. Je suis submergé par l’émotion, revivre tous ces souvenirs me fait gonfler le cœur. Peter et moi ça a toujours été une évidence et aujourd’hui je sais que je dois lui montrer toute la vérité. Je finis par enlever ma main de sa joue, je continue de le regarder en attendant une réponse de sa part. Il relâche un peu son étreinte, mais garde ses mains sur mes hanches, je n’arrive pas à savoir s’il va m’embrasser à nouveau ou s’il va m’étrangler.

— Alors, tu es Marley ? Pourquoi ne pas me l’avoir dit avant ?

— J’avais tellement peur, Peter tu as tenté de me tuer.

— Je sais, je n’ai été qu’un idiot.

Cette fois, c’est sûr Peter est revenu. Je passe mes bras autour de son cou et l’embrasse comme au premier jour, mais mon bonheur n’est que de courte durée, car je sais que si le Docteur Stones ne réussit pas à faire l’anti poison, Peter sera perdu. Nous restons ainsi quelques instants, mais une explosion et des cris provenant de la salle de bal nous ramènent à la réalité. Oh non, pas ce soir, pas de Raid ce soir. Sam, que fais-tu ? Je lâche Peter et cours vers la salle de réception, je bondis en direction des marches, mon corps se déchire et laisse place à la louve noire qui est en moi. Tant pis je suis vulnérable ici, mais je dois les faire partir, le Dôme est trop bien protégé, la mission est vouée à l’échec. J’arrive au galop dans la salle de bal, le président et Fanny ne sont plus là, les corps des invités morts gisent au sol, les casques noirs sont dépassés par le nombre de rebelles et la mission est presque déjà terminé, j’aperçois Ryan et m’empresse d’aller vers lui.

— Marley, nous devions frapper fort ce soir.

« Comment avez-vous osé faire ça sans me mettre au courant ! »

— Nous ne savions pas que tu allais être là.

« Ryan, vous ne sortirez jamais vivant d’ici, les casques noirs sont partout dehors ! »

Peter arrive en courant et tous les rebelles pointent leurs armes en sa direction, je dois faire quelque chose, je reprends forme humaine et me met entre Peter et mes compagnons.

— Attendez, ne tirez pas, Peter a retrouvé la mémoire !

— Il a quand même fait tuer nos amis ! dit une jeune recrue

— Mes amis, faites-moi confiance, je vous en prie. Si vous voulez sortir vivant de ce lieu nous aurons besoin de lui. Peter, il doit bien y avoir un passage secret qui mène dehors.

Peter est pétrifié, tous ces souvenirs dans sa tête en si peu de temps l’ont chamboulé, mais il doit nous aider.

— Peter, aide-nous, rappelle-toi dans quel camp tu es !

Il reprend ses esprits et nous conduit jusqu'aux cuisines qui sont désertes, il ouvre un autre passage qui conduit à la fontaine des vœux.

— Marley, rentre avec nous grande sœur, me dit Ryan d’un ton suppliant.

— Non, j’ai une mission ici, je dois le sauver.

— Mais il a retrouvé la mémoire, venez tous les deux.

— Ryan, si je pars il va mourir.

— Alors nous attendrons que tu viennes nous voir pour détruire le laboratoire.

J’embrasse mon frère qui suit les autres rebelles dans le passage secret.

***

L’attentat a beaucoup fait parler dans les journaux ainsi qu’à la télé les jours qui ont suivi. Peter redevient l’homme que j’ai connu, il me demande sans cesse de lui montrer mes souvenirs d’Iridia pour mieux comprendre, mais il s’affaiblit vraiment et le Docteur Stones doit se dépêcher. Je n’ai toujours pas trouvé le courage de dire à Peter que c’est Lilith qui depuis le début l’a manipulé, j’ai peur de sa réaction. Les quatre mois qui viennent de passer ont été les plus beaux de ma vie, Peter a annoncé à son père qu’il ne voulait plus de Fanny pour femme, il lui a dit qu’il voulait être libre, et qu’il n’avait jamais aimé cette jeune femme. Nous avons fêté ensemble ses vingt-cinq ans et mes vingt ans. Peter est retourné à la Citadelle plusieurs fois, il tente de se racheter pour tout le mal qu’il a commis, certains lui ont pardonné, d’autres auront besoin de plus de temps, Peter est de retour, mais pour combien de temps ? Aujourd’hui, notre pire ennemi est le temps, et c’est une course contre la montre qui a démarré.

***

Ce soir je suis dans ma chambre au Dôme, seule et complètement effondrée. Si jamais Peter m’est encore enlevé, je crois que je ne me relèverais pas. Je n’arrive pas à trouver le sommeil je tourne dans mon lit, les questions se bousculent dans ma tête, et je n’arrive à trouver aucune solution. Quelqu’un frappe à la porte, j’ouvre et le Docteur Stones me fait face.

— Mademoiselle, j’ai terminé !

— Votre produit fonctionne docteur ?

— Et bien au niveau moléculaire l’antipoison que j’ai créé anéanti bien le sérum, mais il faut l’injecter directement dans le cœur, c’est le seul moyen pour que le produit se diffuse assez vite et que votre sang soit accepté par son corps.

— Merci Docteur, Peter est sauf grâce à vous.

— J’ai participé à son sauvetage, mais c’est à vous de le lui injecter, dites-lui toute la vérité, il a recouvré entièrement la mémoire aujourd’hui, mais j’ai peur de ne pouvoir assister à sa guérison, Lilith est revenue et elle a vu mes travaux. Elle a ordonné que l’on détruise mon labo, les casques noirs me recherchent afin de m’exterminer. Mais j’ai pu sauver une seule fiole de sérum que je vous donne, cachez-le jusqu’au moment venu.

Le Docteur Stones me remet une fiole, à l’intérieur il y a un liquide de couleur rouge.

— Allez à la Citadelle Docteur, vous y serez en sécurité.

— Merci, Mademoiselle, mais je crois que mon chemin s’arrête ici. N’oubliez pas, méfiez-vous de Lilith, elle est très puissante et cruelle. Adieu mademoiselle Corvinus.

Le Docteur Stones me salut et quitte le couloir sans se retourner, je baisse les yeux vers cette fiole, c’est la seule clef que je possède pour sauver Peter.

***

Peter est de plus en plus faible, il faut trouver le bon moment pour agir et lui injecter l’antidote. Je n’ai pas croisé Lilith depuis son retour et je n’en ai vraiment pas envie, je veux juste profiter du temps qu’il me reste à passer avec Peter. Aujourd’hui je l’emmène sur les hauteurs de Lutz. Les collines sont verdoyantes, l’herbe y est fraîche et le paysage est resté tel que nos arrière-grands-parents l’ont connu ; à l’état sauvage. Nous marchons main dans la main, Peter ne cesse de me poser des questions sur l’Iridia. Il veut tout savoir ; à quoi ressemblent les paysages, comment avons-nous fait pour détruire le camp… Voilà près d’une heure que nous marchons à travers les champs, Peter semble exténué et peine à reprendre son souffle.

— Peter, asseyons-nous…

— Non tout va bien, je t’assure.

— Peter, j’ai envie de me reposer un peu dans l’herbe.

Contrarié, il s’assoit avec moi, je le regarde en me disant que le temps nous est compté.

— Que se passe-t-il ? demande-t-il

— Je n’ai pas envie de te perdre à nouveau

— Pourquoi voudrais-tu me perdre ?

Je dois lui dire, il a le droit de savoir.

— Peter, je connais la raison de ta santé précaire.

Je n’arrive pas à trouver les mots, c’est trop dur, je lui prends la main et lui montre le souvenir de ma discussion avec le docteur Stones. Plus les images s’enchaînent, plus son visage se durcit.

— Te rends-tu comptes que ce docteur et toi accusez ma sœur de trahison.

— Je sais que c’est dingue, mais c’est pourtant la vérité, tu as bien vu les signatures de ta sœur sur les contrats de fabrication du sérum.

Il ne parle plus, son esprit est embrouillé, il comprend que sa propre sœur l’a trahi et qu’il ne lui reste plus très longtemps à vivre.

— Et tu penses que l’antidote pourrait marcher ?

— Je n’en sais rien, mais nous devons essayer.

— Alors, injecte-le-moi maintenant.

— Je ne peux pas, il faut attendre que ton corps soit au plus faible et que tu aies éliminé tout ce sérum de malheur de ton corps, où cela pourrait te tuer encore plus vite.

— Donc tu es revenue pour me sauver, malgré les risques ? Tu n’as donc jamais cessé de m’aimer ?

— Je te l’avais promis ! Je t’aime tant Peter et je ne peux vivre sans toi !

Il plonge ses grands yeux noirs dans les miens, sa main gauche glisse dans mes cheveux, sa main droite vient se loger dans le creux de mes reins. Ses lèvres se posent sur les miennes, son baiser est tendre. Il relâche légèrement son étreinte, me regarde et sourit, il me bascule en arrière et nous tombons dans l’herbe. Ses baisers s’intensifient, ils sont plus brûlants que jamais, ses lèvres glissent parfois le long de mon cou, alternant baisers et légères morsures. Le désir monte et l’imagine déjà en moi. Ses mains glissent le long de mon corps et s’attardent sur le lacet de ma robe qu’il défait sans aucune difficulté. Délicatement, il me retire le vêtement de soie que je porte. Je me trouve pour la première fois à moitié nue devant Peter, mon cœur s’accélère, je suis complètement déstabilisée, je ne me suis jamais donnée à un homme et je ne sais vraiment pas comment m’y prendre.

— Marley, je t’avais promis de ne jamais te toucher si tu ne me le demandais pas…

Ma peau est brûlante de désir, je sais que je suis prête et je le veux en moi.

— Peter, je te le demande ! Prends ma vertu, je suis à toi corps et âme.

Il se redresse et quitte sauvagement ses vêtements. Il me regarde avec désir, ses mains glissent tout le long de mon corps, ses doigts s’attardent sur mes nombreuses cicatrices ainsi que celle qu’il m’a faite avec son Colt il y a maintenant plusieurs mois. Je ne sais toujours pas ce que je dois faire, mes mains tremblent, mon être tout entier tremble à vrai dire. Tendrement, la main de Peter glisse entre mes cuisses brûlantes, je ne contrôle plus rien ; mes lèvres se promènent dans son cou, sur son épaule et sur son torse. Il me sourit pour me rassurer et cela marche, la plupart de mes craintes s’envolent. Je le laisse me guider sur ce chemin qui m’est encore inconnu. Doucement, il s’enfonce en moi, c’est alors un mélange de sensation qui m’envahit. J’ai mal quelques secondes, mais rapidement cette douleur se transforme en une sensation plus agréable. Nos corps sont connectés, il n’y a plus rien autour de nous, plus de guerre, plus de peine, que la passion brûlante qui nous enveloppe de ses bras. Ses va-et-vient accélèrent et parfois ralentissent, ses doigts se promènent le long de mon dos, il m’embrasse avec ardeur. Plus il me guide et plus je sens le plaisir accroître en moi, c’est comme une boule dans mon ventre qui m’envoie des décharges électriques et qui ne demande qu’à exploser. Je ne sais pas combien de temps cela a duré, mais nous avons partagé ensemble l’esquisse du plaisir. Je ne me suis jamais sentie aussi bien, je ferme les yeux pour mieux savourer cet instant si merveilleux. La main de Peter me caresse la joue, et il m’embrasse le front. Je rouvre les yeux et lui sourit, nous restons ainsi enlacés, nus dans l’herbe de la colline durant plusieurs minutes. Nous avons repris notre promenade et nous n’avons jamais été aussi bien, même si je sais que Peter se meurt un peu plus chaque minute.

— Marley, je te demande pardon pour tout ce que j’ai fait, j’espère que tu pourras un jour me pardonner.

Je me hisse sur la pointe des pieds et l’embrasse.

— Je t’ai pardonné pour tout ça depuis bien longtemps.

Cette fois, c’est lui qui m’embrasse, mais ce moment magique s’écourte quand nous entendons le bruit de deux aéronefs de l’armée noire se rapprocher.

— Cours ! me dit Peter en me tirant par la main.

Nous tentons de regagner la forêt pour nous cacher, mais il est trop tard, l’appareil est déjà au-dessus de nous et une dizaine de casques noirs descendent en rappel, ils pointent tous leurs armes sur nous et nous intiment l’ordre de ne pas bouger. Une femme également en rappel, comme pour faire une entrée spectaculaire, elle se détache puis s’approche de nous en souriant.

— Bravo mon frère, je savais que tu me servirais un jour.

— Qu’est-ce que cela signifie Lilith ? demande Peter en me protégeant

— Je savais qu’il y avait quelque chose de pas net chez cette Valentino, trop de similitudes et puis quand j’ai pu observer via les caméras de surveillance la transformation de la fille loup le soir du bal, j’ai découvert une chose étonnante… Marley Corvinus, portait exactement la même robe de bal que vous très chère et elle vous ressemblait trait pour trait. Que de similitudes !

— Sorcière ! dis-je en me rapprochant d’elle.

La fille du président me décroche une violente claque en plein visage.

— Je n’ai pas fini, tu parleras quand je t’en donnerai l’occasion. Et si tu tentes quoi que ce soit, mon frère sera exécuté devant toi.

—Lilith, comment nous as-tu retrouvés ? demande Peter.

—Rien de plus facile, il m’a suffi de t’implanter un traceur GPS pendant que tu étais dans le coma suite à l’accident et je n’avais plus qu’à vous suivre à la trace. Vous étiez si prévisible.

—Tu avoues avoir orchestré le crash de l’hélicoptère ?

—Peter, tu comprendras que quand j’ai du mauvais sang je me le fais tirer, et toi mon frère tu es une épine dans le pied du gouvernement.

— Tu te rends compte que Fanny aurait pu mourir !

— Oui, elle aurait été un dommage collatéral, mais grâce au ciel elle va bien et toi tu m’as mené tout droit au noyau de la rébellion. Quant à vous mademoiselle Corvinus vous allez nous suivre sagement au Dôme et vous goûterez à l’hospitalité de nos cellules.

— Tu ne me fais pas peur ! Je vais t’arracher le cœur sorcière !

Peter tente de me retenir, mais il s’écroule par terre. Il se met à cracher du sang et a du mal à respirer. Je me rue sur lui pour l’aider, mais il me repousse et me demande de fuir.

— Peter, je ne veux pas te laisser !

— Va-t’en, nous nous retrouverons. Cours va-t’en !

Je laisse Lilith s’approcher au plus près de moi et je transmute, la force de la transformation la projette quelques mètres plus loin, un casque noir l’aide à se relever. Je me jette sur elle et lui arrache un morceau de joue que je recrache au sol. Elle tombe à la renverse sous l’effet de mon poids.

« Tu as peut-être gagné cette fois, mais la guerre est loin d’être finie ! »

Je bondis sur mes pattes et m’enfuit au travers des collines verdoyantes. Au loin, j’entends sa voix qui ordonne à ses sbires de ne pas me pourchasser. Je galope aussi vite que je le peux pour rejoindre la Citadelle, et mes amis, ma couverture est tombée, je suis en danger, ils sont en danger.

***

J’ai arpenté les rues de la ville tout l’après-midi prudemment pour éviter de me faire repérer, je ne sais pas si Lilith a lancé un avis de recherche à mon encontre et je préfère ne pas prendre de risque. Maintenant que la nuit est tombée je peu plus aisément me déplacer sans être vue. J’arrive au souterrain de la Citadelle, la sentinelle me reconnaît de suite et m’ouvre la porte, je me dépêche d’aller voir mon frère et Sam. Je fais irruption dans la chambre de mon frère, il est avec Chip et lui lit une histoire. À ma vue, elle bondit hors de son lit et vient se blottir contre moi.

— Marley, tu es revenue !

— Oui je te l’avais promis.

Mon frère m’embrasse et me prend dans ses bras. Chip s’ajoute à notre étreinte en arborant un air vexé.

— Tu aurais pu revenir avant, dit-elle bougon.

— Pardonne moi Chip mais j’avais beaucoup à faire, maintenant au lit, le soleil est couché depuis longtemps contrairement à toi.

— Oui chef ! Tu sais, je suis vraiment contente que tu sois revenue, c’était trop long sans toi.

Je lui dépose un baiser sur le front, la borde et nous quittons la chambre de mon frère. Ryan me suit jusqu'à la taverne où nous trouvons Lucius et Sam qui boivent une bière. Mon cousin en me voyant arriver se lève de la table, court vers moi et me soulève du sol.

— Tu nous as manqué !

— Je sais je suis impardonnable.

Je fais également une bise à mon oncle et nous nous asseyons tous autour de la table.

— Will est prévenu de ton retour il ne devrait pas tarder à nous rejoindre, me dit Sam.

Nous commandons une tournée et Sam attend que je commence à parler avec impatience.

— Mes amis, j’ai échoué dans ma mission.

— Peter ? me demande Ryan.

— Oui, je n’ai pas réussi à le ramener

— Il est mort ? s’interroge Lucius.

— Non, mais ça ne va pas tarder, il a retrouvé la mémoire, mais Lilith nous est tombée dessus et je n’ai pas eu le temps de lui administrer l’antidote.

— Marley, Lilith sait qui tu es ? demande Sam

— Oui, elle sait tout, mais elle ne m’a pas poursuivi quand je me suis enfuie.

— Elle a un plan, il ne faut pas retourner là-bas, s’inquiète Ryan.

— Nous devons détruire le laboratoire et surtout neutraliser le docteur Van Garden, il est l’inventeur du sérum.

— C’est du suicide Marley ! hurle Will qui vient d’arriver.

Will n’a rien, quel soulagement !

— Où étais-tu passé Will ?

— J’étais bloqué au Dôme, mais j’ai eu le temps de terminer le passage.

— Tu es le meilleur, lui dis-je en souriant

— Quoi quel passage ? demande Ryan.

— Vous ne croyiez tout de même pas que j’ai demandé à Will de venir avec moi juste pour le plaisir de m’accompagner ? Je lui ai demandé de creuser un passage qui pourrait relier les sous-sols du Dôme avec un parc de la ville, et il la fait.

Tout le monde est admiratif du travail qu’a fait Will mais nous n’avons pas le temps de nous confondre en félicitations. Nous devons détruire ce laboratoire au plus vite et surtout tuer le docteur Van Garden, c’est une trop grande menace pour notre peuple, et si je peux retrouver Peter et le sauver je le ferai sans aucune hésitation.

— Marley, que proposes-tu ? m’interroge Sam

— Nous devons intervenir dès cette nuit, c’est primordial pour la survie de notre pays, et celle de Peter. Nous devons nous introduire dans les sous-sols par le tunnel, ensuite certains feront diversion pour que les autres puissent pénétrer dans le laboratoire. Lucius, il reste des explosifs ?

— Oui, il doit rester au moins cinquante kilos.

— Parfait, plus de dégâts il y a, mieux c’est ! Donc Ryan et Will, vous sécuriserez le périmètre, tuez tous les casques noirs que vous croisez, pas de quartier. Sam, tu vas créer la plus grande pagaille avec les garçons. Quant à Lucius, tu viendras avec moi pour les explosifs.

— Marley, tu sais que Lilith va t’attendre de pied ferme, elle a gardé Peter dans l’espoir que tu viennes le chercher.

— Oui Sam je le sais, mais je suis prête à affronter mon destin, elle ne me fait pas peur. Sa famille m’a pris tout ce que j’avais de plus cher, et même Peter elle a réussi à me l’enlever, alors je vais la détruire moi aussi. Messieurs, êtes-vous avec moi pour le salut de notre cause ?

Je suis dans ma chambre, mon arc est posé sur mon lit, mon carquois est à ma hanche, mes flèches sont prêtes, mes lames sont dissimulées dans mon blouson et sur mon pantalon de chasse, deux Colts 1911 sont chargés dans mes holsters, mon épée noire est fixée à mon dos et mon brassard d’avant-bras est fonctionnel. Je suis prête à faire face à mon destin. Aujourd’hui, je ne transmuterais pas, c’est la femme que Lilith aura en face d’elle. Je me regarde une dernière fois dans le miroir, qui sait demain matin je ne serais peut-être plus de ce monde, j’aurais peut-être rejoint tous les gens que j’aime. Ryan entre dans la chambre et s’approche de moi.

— Tu es si belle grande sœur…

Il me prend dans ses bras et me caresse les cheveux.

— Avant, c’était toi qui me caressais les cheveux pour me rassurer, aujourd’hui c’est mon tour de te rassurer grande sœur.

— Je t’aime Ryan, tu n’imagines pas à quel point.

— Non Marley, ne parle pas comme celle qui me dit au revoir, tout va très bien se passer, j’en suis sûr. Aller en route.

Nous quittons la pièce et rejoignons le reste de la troupe devant la grande porte. Tout le monde est prêt et nous pouvons sortir. Nous passons le pas de la porte et déjà nous entendons les pirates et les rebelles nous applaudir généreusement. Après dix minutes, nous arrivons au parc de la « Tour Nouvelle », le tunnel est creusé dans le tronc d’un arbre creux, Will a vraiment fait du bon boulot. Nous pénétrons dans ce boyau de terre, il faut progresser en rampant. Après quinze minutes dans le noir, nous arrivons enfin au bout du tunnel. Will qui est en tête, sécurise le périmètre et nous fait signe d’avancer. Nous sortons tous et nous nous retrouvons dans un placard à balais.

— Bon vous vous souvenez, faites-le plus de bazars possibles, il faut qu’on ait le temps de placer les charges explosives.

Chacun sort de son côté en compagnie de son binôme. La mission finale peut commencer ! Je sors dans le couloir, j’encoche deux flèches que je loge dans les deux caméras de vidéosurveillance. Au même moment, l’alarme retentit dans tout le bâtiment.

— Ils ont été plus rapides que je ne le pensais, dit Lucius d’un ton sarcastique.

— Aller il ne faut pas traîner, suis moi cousin je sais où se trouve le labo.

Nous courrons dans les couloirs déserts. Rapidement, les casques noirs font leur apparition, ils nous bloquent le passage, j’encoche une nouvelle flèche en direction du casque noir le plus prêt, le trait mortel se loge dans sa gorge. Lucius a déjà engagé ses deux « Glock 19 » et les casques noirs tombent un à un. Ils commencent à riposter, nous n’avons plus d’autre choix que de nous mettre à l’abri un instant, puis saisissant la seconde de répit qu’ils nous laissent, nous effectuons un tir parfait. Tous les hommes de Lilith gisent au sol, morts.

— Allez viens Lucius, nous sommes tout prêt.

Nous continuons notre chemin et nous pouvons entendre au loin, les coups de feu tirés par Sam et Will. Nous ne sommes plus qu’à quelques mètres du labo mais de nouveaux casques noirs nous barrent le passage ; sans arme cette fois. Nous sortons nos lames et fonçons droit sur eux. Je tranche la gorge du premier, Lucius étrangle le second et nous terminons les deux derniers chacun une balle dans la tête. C’est un véritable carnage, il y a du sang partout et les corps des casques noirs sont tous sans vies où en train d’agoniser. Durant toute notre progression dans les couloirs nous posons les charges explosives aux murs avec un compte à rebours de cinq minutes. Nous continuons et arrivons devant la porte sécurisée du labo, Lucius place un premier explosif sur la porte qui cède en une fraction de seconde. Nous entrons dans cette pièce blanche et aseptisée, le docteur Van Garden est sur sa paillasse, il travaille sur le sérum.

— Bonsoir docteur…

Il lève la tête et surprit il nous regarde.

— Mais qui êtes-vous, vous n’avez pas le droit d’être ici ! Sortez d’ici immédiatement où sinon…

— Sinon quoi ? Vous appelez les casques noirs ? Ou Lilith ?

— Qui êtes-vous ?

— Marley Corvinus.

— Alors c’est donc cela, vous venez anéantir mon travail…

— Votre travail ?! Votre poison devrait-je dire !

— Vous savez je ne voulais pas le tester sur monsieur Peter, mais elle m’a obligé, c’est elle qui m’a demandé de le tester sur son frère je devais obéir, je n’avais pas le choix.

— On a toujours le choix !

J’encoche une nouvelle flèche qui se loge dans la cuisse du docteur, celui-ci hurle de douleur.

— Vous voyez docteur, cette douleur Peter la ressent maintenant qu’il va mourir.

— Il ne va pas mourir… Pas si nous lui injectons à nouveau le sérum…

— Pour qu’il redevienne le jouet de Lilith ! Non pas question, je préfère le voir mort qu’à nouveau sous l’emprise de ce produit !

— Lilith l’a ramené ici dans le but que je lui injecte à nouveau le sérum, mais je ne l’ai pas encore fait …

— Il est un peu tard pour les lamentations vous ne croyez pas ?

— Je sais que ce que j’ai fait est abominable et je mérite de mourir, mais par pitié, ne détruisez pas mon travail.

— Votre travail va tuer beaucoup trop de gens, c’est terminé docteur.

Je pointe une autre flèche en direction de son cœur quand j’entends un gémissement dans la pièce d’à côté.

— Lucius garde le, deux secondes je vais voir.

— Marley, on n’a pas le temps les charges sont placées, il nous reste moins de cinq minutes.

— Je fais vite.

Je progresse dans la pièce voisine, il est là, allongé sur un lit d’hôpital plus faible que jamais. Il respire avec difficulté et il est aussi froid qu’un cadavre. Non c’est impossible, il ne peut pas mourir maintenant !

— Marley, vite les explosifs !

— Lucius contacte les autres par radio dis leur de se replier, on décampe !

— Et le docteur ?

Pour seule réponse, je décoche ma flèche dans son cœur. Le docteur porte sa main à sa poitrine et s’écroule dans la seconde.

— Va en enfer !

Lucius me tire par le bras pour que nous sortions au plus vite, mais je ne peux me résoudre à bouger sans Peter.

— Il faut l’emmener !

— Marley, tu es folle ! Son sort est scellé, il va mourir de toute façon.

— Non il reste encore un moyen, mais il faut faire vite.

Je sors la seringue d’antipoison de mon blouson d’une main tremblante. Il faut lui injecter le produit directement dans le cœur, je n’ai qu’une seule chance, je ne dois pas échouer ! Je me place au-dessus de son torse nu et glacial, j’arme mon bras et transperce sa peau avec l’aiguille. La seringue s’enfonce jusque dans son cœur, alors je presse le piston et le liquide rouge disparaît dans le corps de Peter.

Réagis ! Réagis !

— Marley, il faut partir !

Je n’ai pas le temps de voir si je sérum agit, nous sortons en poussant le lit d’hôpital. Le calme règne dans les couloirs, et nous devons slalomer entre les corps sans vie des casques noirs. Après avoir traversé le labyrinthe de couloirs, nous prenons l’ascenseur et nous remontons au rez-de-chaussée.

— Lucius, tu sais qu’ils doivent tous nous attendre là-haut.

— Je sais, si je meurs ce soir ça sera avec dignité et à tes côtés.

Nous nous prenons la main et les portes de l’ascenseur s’ouvrent. Effectivement les casques noirs nous attendent avec Lilith, mais personne ne fait feu, car nous sommes avec Peter.

— Bravo Marley, tu es venu chercher Peter comme je l’espérais. Tu as vu comme mon frère est mal en point. Que ressens-tu ? Ce n’est pas la première fois que tu ne peux pas sauver celui que tu aimes, comme c’est dommage.

— Oui, tu as raison, j’ai déjà perdu deux hommes que j’aimais plus que tout au monde, mais même si je perds Peter, moi je l’aurais aimé jusqu’au bout. Il faut vraiment être un monstre pour laisser mourir son propre frère sans lui venir en aide, tout ça pour capturer une pauvre rebelle.

— Pas une simple rebelle, le symbole de la révolution, la Louve noire.

— Nous y voilà alors, je suis le symbole de la révolution, cela veut dire que tu as peur, plus peur que moi. Que vas-tu faire, tirer sur ton frère et moi ? De toute façon, ton sérum n’existe plus, le docteur Van Garden est mort.

Lilith se décompose alors et nous ordonne de sortir de l’ascenseur.

— Marley, plus que deux minutes, me dit Lucius à l’oreille.

Nous traversons le hall d’entrée en poussant le brancard sur lequel est toujours allongé Peter et sortons dehors sur la pelouse juste devant les portes du grand hall. Je veux qu’elle voie son précieux Dôme exploser en mille morceaux.

— Mon père a été très déçu d’apprendre que tu nous avais bernés durant ces trois années.

— Cela prouve à quel point ton père est candide pour un président. Lilith, tu pourras me faire ce que tu veux, me torturer, tuer tous les gens que j’aime leur faire du mal, il y a une chose que tu ne pourras jamais faire.

— Ah oui et laquelle.

— L’espoir, tu ne pourras jamais nous l’enlever !

Lucius me saisit la main pour me faire comprendre que les détonateurs vont exploser, nous nous jetons au sol en même temps que le Dôme tout entier explose. Les flammes s’élèvent à plus de cinquante mètres dans la nuit, tous les résistants vont savoir que nous avons ébranlé le gouvernement. Le souffle de l’explosion a fait tomber les hommes de Lilith et les débris en ont écrasé quelques-uns au passage. Je me relève, mais Lucius me retient par le bras, je le regarde et constate avec effroi que son cœur est transpercé par un énorme morceau de métal.

— Lucius, attends ce n’est rien, je vais t’arranger ça.

Mais il me sourit et pose sa main sur mon visage.

— Je pars rejoindre mon Alice, je la vois elle m’attend. Ne renonce pas cousine, dis à mon père que je l’aime et que l’on se reverra… Mais pas de suite…

Sa main devient molle, il ferme les yeux et un sourire se dessine sur ses lèvres. Mon cousin, encore un ami qui m’a quitté, encore un ami qui m’est arraché. Les yeux embués de larmes je me relève droite comme un I et fais face à Lilith. À ma grande surprise, Peter est debout aux côtés de sa sœur, il a retrouvé son teint hâlé et sa musculature est à nouveau dessinée.

— Bravo, tu as détruit le Dôme, mais un bâtiment se reconstruit, alors que les souvenirs, c’est tellement plus dur de les reconstruire. Tu ne croyais quand même pas que j’allais laisser mon frère mourir ! Non il est bien trop important au gouvernement. Quand tu as fui lâchement je suis retourné voir le Docteur Van Garden et lui ai ordonné de lui injecter à nouveau le sérum. J’ai en quelque sorte sauvé mon frère. Mais malheureusement pour toi, il ne se souvient plus de rien. Tout ton travail réduit à néant. Mais peut être que je me trompe Peter, mon frère te souviens-tu de Marley Corvinus ?

Peter ne bouge pas, il me regarde d’un air perplexe puis s’avance vers moi.

— Peter, tu me reconnais, je t’en prie, dis-moi que tu me reconnais.

— Oui, dit-il en chuchotant.

Il passe son bras autour de ma taille et m’embrasse passionnément. Nos lèvres se séparent un instant, je plonge mon regard dans ses magnifiques yeux, une larme se met à couler sur sa joue.

— Pardonne-moi…

À cet instant, je sens quelque chose de froid se planter en moi au niveau de mon abdomen. Je baisse les yeux et constate avec effroi qu’il vient de me planter une dague en argent dans le ventre. Il retire la lame de mon ventre, je pose ma main sur la blessure qui saigne abondamment, le sang commence déjà à ruisseler le long de mes vêtements. Je tombe au sol, mais Peter me retient la tête. Il me regarde, l’air désoler, puis se penche à mon oreille et me dit en chuchotant :

— C’est le seul moyen pour que tu continues de vivre, je viendrais te chercher, quoiqu’il arrive je viendrais, mais pour l’instant tu ne dois plus faire de bruit et tu dois me laisser gérer cette guerre. Tu seras à jamais le grand amour de ma vie, mais ton combat s’arrête ici pour l’instant. Je t’aime Marley, je garderais dans ma tête tous les souvenirs que tu m’as transmis par ton sang. Je viendrais te chercher, je te le promets.

J’ai froid, le sang coule entre mes doigts, sans que je ne puisse l’arrêter. Les larmes coulent en masse sur mes joues. Je ne comprends pas, pourquoi a-t-il fait cela s’il m’aime, pourquoi vouloir me tuer à nouveau ?

— Je t’ai sauvé la vie… lui dis-je dans un sanglot

— Je sais mon amour, mais je n’ai pas le choix.

Alors un mélange de douleur, de tristesse et de rage m’envahit, j’entends le rire de Lilith qui s’éloigne petit à petit et le visage de Peter devient de plus en plus flou. Je suis en train de mourir, tuée par la main de l’homme que j’aime. Je ferme les yeux et m’abandonne aux ténèbres de la mort.


Texte publié par Chipper2907, 18 juillet 2022 à 12h10
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