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tome 1, Chapitre 26 « Marley » tome 1, Chapitre 26

Les mois s’écoulent au rythme des entraînements pour les nouvelles recrues qui sont de plus en plus jeunes, bien sûr nous n’acceptons personne en dessous de quinze ans, mais tous les jours des adolescents viennent tenter leur chance pour être pris dans la résistance active. Il y a trois types d’entraînements différents ; le combat comportant des cours de tir à l’arc, de maniement des couteaux et du tir à l’arme de poing, ensuite il y a les cours de survies et les cours de sabotages. Nous essayons de former au mieux les nouveaux, tous les jours il en vient de tout le pays, j’ai même retrouvé des anciens camarades de classe de Marsilla. Certains plus âgés refusaient au début de me faire confiance et surtout d’être menés par une femme, mais leur jugement a changé au fil des missions dans Lutz. La Citadelle est devenue une véritable ville souterraine avec ses lois et ses obligations, certains parlent de nous comme étant une bande de brigands sans vergogne, mais nous sommes bien plus, nous sommes des brigands qui redonnent l’espoir au peuple Gallien, nous construisons un véritable réseau de résistance et nous avons des contacts dans Gallia toute entière. Le plus dur est de trouver les vivres et les médicaments pour soigner tout le monde, même avec les expéditions, nous n’arrivons pas à subvenir à tous les besoins. Il y a quelques semaines, Ryan a été pris d’une méchante fièvre et nous avons bien cru que nous allions le perdre, mais heureusement Lucius et Will ont réussi à trouver tous les remèdes dont il avait besoin. Peter conduit toujours ses hommes à notre recherche, mais nous ne l’avons vu que deux fois depuis notre arrivée, les deux fois il n’a rien voulu entendre et a encore perdu des hommes, mais nous aussi avons eu des pertes ; depuis que nous sommes rentrés d’Iridia, dix de nos compagnons sont morts et cinq ont été capturés et ont subi le même lavage de cerveau que Peter. Il faut vraiment agir pour que cette folle de Lilith cesse de faire ses expériences sordides.

Chaque nuit nous sortons avec les plus aguerris afin de nous réapprovisionner en matériel, pillons les casernes et des postes de garde des casques noirs, mais nous avons une règle d’or : ne pas s’attaquer aux civils. Malheureusement, j’ai l’impression que certains d’entre nous profitent un peu de la situation pour détrousser les passants. Et je ne suis pas du tout d’accord avec cette pratique. Les messages télévisés du président s’intensifient également afin de renforcer la peur, mais dans toutes les villes de Gallia les pauvres gens se battent, ils se révoltent vraiment. Le soulèvement a enfin commencé et ne cesse d’accroître. Une seule question continue de me torturer l’esprit, jour après jour ; comment sauver Peter et lui faire retrouver la raison ?

— Tu sais que c’est impossible grande sœur.

Aurais-je pensé à voix haute ?

— Tu crois vraiment qu’il n’y a plus aucun espoir ?

— Marley, ton amoureux a perdu son humanité et même si c’est contre sa volonté, il ne redeviendra jamais celui que tu as aimé.

Ryan a tellement grandi, il a acquis tellement de sagesse en si peu de temps, il vient d’avoir quatorze ans et il parle comme un adulte. Il est vraiment étonnant, mais je ne veux pas croire en sa théorie, Peter n’est pas perdu j’en suis sûre, il peut encore être sauvé.

— Je suis sûre qu’il y a encore un moyen Ryan, crois-moi je n’abandonnerai pas !

Depuis quelques jours je supervise les entraînements, mais n’y prend plus part, les autres sont bien plus qualifiés que moi pour dispenser des cours. Je suis assise sur les marches de la place centrale et nettoie l’arc que j’ai reçu pour mes dix-huit ans, il ne me quitte jamais et m’a de nombreuses fois sauvé la vie durant ces derniers mois. Chip vient s’asseoir à côté de moi, cette petite fille apporte tant de joie et de gaieté dans la Citadelle, depuis qu’elle a retrouvé Ryan elle ne cesse de rire et de chanter.

— Tu es triste Marley ?

— Oui Chip, je suis triste.

— Il ne faut pas être triste, regarde mon papa et ma maman sont morts, mais je ne suis pas toute seule, j’ai toi j’ai Lucius et quand je serais grande je me marierais avec Ryan.

— Te marier avec Ryan ? Tu ne penses pas qu’il est un peu vieux pour toi ? dis-je en riant.

— Non il n’est pas trop vieux, un jour moi aussi je serais grande et je me marierais avec lui et il m’a dit oui.

— Tu lui as déjà demandé ?

— Bah oui, quand nous étions au camp, juste avant que je parte dans le bateau il m’a dit qu’il me retrouverait et qu’il se mariait avec moi quand je serais grande. Tu vas me dire pourquoi tu es triste ?

— Ce qui me rend triste c’est que Peter m’a été enlevé et que je ne sais pas comment faire pour qu’il revienne vers moi.

— Tu sais les histoires de grands moi je ne comprends pas tout, mais je sais que quand tu es partie, il n’arrêtait pas de parler de toi, tous les jours. Et puis un jour il est allé au Dôme et on ne l’a plus jamais revu. Mais il y a quelque chose qui brillait dans ses yeux quand il parlait de toi et je suis sûr que ça brillera encore. Il ne le sait pas, par ce qu’il ne s’en rappelle plus, mais un jour il le verra à nouveau. J’en suis sûre.

— Chip, merci. Tu es la petite fille la plus extraordinaire que j’ai rencontrée.

Nous restons assises un petit moment ensemble, nous discutons de Ryan principalement vu que cette dernière a décidé de l’épouser « quand elle serait grande », nous parlons entre filles quand l’un de nos compagnons pénètre en courant dans la Citadelle, son visage est ensanglanté et son œil gauche est crevé.

— Aidez-moi ! Ils les ont ! Ils ont ma femme et ma fille !

Je fais signe à Chip de ne pas bouger et m’en vais à la rencontre du malheureux.

— Qui a ta fille et ta femme ?

— Marley, Marley il faut m’aider, les casques noirs, ils ont ma femme et ma fille.

— Où sont-ils ?

— Près du pont des âmes, ils nous sont tombés dessus et ils ont dit que ma femme leur plaisait alors ils l’ont prise j’ai tenté de faire quelque chose, mais ils m’ont crevé l’œil. Marley fait quelque chose, je t’en prie, ils vont les tuer !

Sam, Ryan Will et Lucius m’emboîtent le pas avec d’autres rebelles et nous sortons dans les rues de Lutz, je mets mon masque de cuir et encoche une flèche. Nous progressons discrètement jusqu’au pont des âmes en compagnie du pauvre homme.

— Où étaient-ils ? dis-je à voix basse.

— Juste là, droit devant.

Mais nous ne voyons personne, c’est étrange. Nous progressons tout de même jusqu’au pont et sans que nous n’ayons eu le temps de réagir, des casques noirs sortent de l’ombre et pointent sur nous leurs fusils d’assaut. Peter sort de l’ombre en compagnie d’un casque noir qui empoigne une femme et une enfant.

— C’est bien, tu as rempli ta part du contrat, dit-il d’une voix glaciale.

— Contrat ? Quel contrat ?

— Pardonne-moi Marley, il m’a obligé.

— Sale traître ! hurle Ryan

Peter relâche la femme et l’enfant. L’homme serre sa famille dans ses bras et ils disparaissent dans les rues de Lutz.

— C’était à prévoir, la grande Marley Corvinus vient toujours au secours des plus faibles.

Quel salaud, comment peut-il oser ! Il me dégoûte !

— Qu’est-ce que tu veux Peter ?

— Lâchez vos armes, abandonnez cette soif de liberté, rendez-vous et peut-être que vous aurez une mort rapide.

Peter s’avance vers moi d’un pas assuré.

— Alors, que faites-vous de ma proposition, mademoiselle Corvinus ?

Ma seule réponse est de lui cracher à la figure. Vexé il s’essuie d’un revers de manche et m’assène une violente claque. Cette fois c’en est trop, il faut agir, si je dois tuer Peter, ce sera ce soir. Je repousse le casque noir qui me maintien d’un violent coup de pied, un frisson de colère se promène dans le bas de mon dos, mon corps frissonne puis ma peau se déchire pour laisser ma louve intérieure extérioriser sa colère. Je suis devant mes amis, le pelage hérissé, les oreilles baissées, les babines retroussées et un grognement sourd sort de ma gorge. Cette fois c’est terminé, bien qu’il ne soit que l’instrument de tout cela et que ça me fasse mal, Peter va payer pour tout le mal qu’il a fait ces derniers mois ! Si je ne peux lui faire retrouver la mémoire, alors je le tuerais ! L’assaut est lancé par Peter, mes amis commencent à combattre les casques noirs. Mais moi je ne vois que lui !

« Aujourd’hui c’est entre toi et moi Peter Anderson ! »

Il semble surpris d’entendre ma voix dans sa tête, mais réagit et sort son poignard. Nous tournons en rond, je continue de grogner, mais cela ne semble pas l’impressionner. Il fend l’air de sa lame, j’esquive le coup mortel de justesse, je bondis sur le côté et tente de saisir son bras armé, mais il est trop rapide. Nos gestes sont pareils à une danse ; la lame de Peter virevolte et moi j’esquive ses coups par mes sauts périlleux.

— Tu ne t’en tiras pas toujours par des cabrioles !

Son visage est empli de haine et de colère, il veut me tuer c’est indéniable. Mais je repense aux paroles de Chip, son cœur n’a pas pu m’oublier comme ça. Je tente alors de le raisonner.

« Arrête ça Peter, tout le monde sais que ce n’est pas ta véritable nature, tu n’es pas un homme mauvais, tu ne l’as jamais été. »

Pour seule réponse il arme de nouveau son bras pour me transpercer de sa lame. Ça ne sert à rien, il est perdu et mieux vaut nous replier avant que l’un de nous ne meure. J’hurle à la lune, c’est le signal de repli, tout le monde repousse les casques noirs et nous nous enfuyons. Je galope avec mes compagnons, mais j’entends un coup de feu et je suis stoppée net par une douleur qui naît en moi au niveau de mes reins. On m’a touché dans le dos, je m’écroule au sol et retrouve mon apparence humaine. Je suis seule, les autres ont continué de courir et Peter s’avance vers moi, je me retourne faiblement sur le dos pour lui faire face, c’est lui qui a tiré, son regard a changé, il n’a plus cette lueur de haine dans le regard et semble presque apeuré. Il n’ose pas me toucher, il reste pétrifié, heureusement car Ryan et Sam reviennent vers moi, Sam pointe sur Peter un revolver et mon frère me décolle du sol.

— Tu bouges, t’es mort, dit Sam à Peter avant de se replier pour échapper aux casques noirs.

J’entends au loin la voix de Peter qui ordonne à ses hommes de ne pas nous poursuivre.

***

J’ai mal, affreusement mal, j’ai beau cicatriser vite cette fois la douleur est insoutenable.

— Sam, pourquoi j’ai encore si mal !

— Tu cicatrises de plus en plus vite et la balle est resté à l’intérieur de ton corps, cela fait trois jours, il faut qu’on l’enlève, tu es déjà trop infectée.

Cela fait trois jours que Peter n’a pas hésité à me tirer dessus et je ne peux toujours pas bouger, une forte fièvre s’est emparée de moi et je commence à avoir des hallucinations, la blessure s’est infectée et je ne donne pas cher de ma peau si personne ne me retire cette balle. Sam sort son couteau de chasse qu’il cautérise dans le feu de la cheminée, il me soulève mon tee-shirt, mais la main de Ryan le bloc.

— Tu es complètement fou ! Tu ne vas pas lui ouvrir le dos comme ça sans anesthésie !

— Ryan, nous n’avons rien ici, il n’y a plus de morphine, il ne me reste plus que de l’alcool pour désinfecter.

— Sam, vas-y fais-le ! (J’ai trop mal, il faut nettoyer cette blessure, même si je dois souffrir encore plus) Ryan donne-moi la main !

Mon frère se place près de mon visage et me tient la main, Sam plante le couteau dans ma chair. J’hurle de douleur, je mords mon coussin de toutes mes forces pour tenter d’apaiser cette sensation atroce, mais rien n’y fait. Il continue d’ouvrir afin de pouvoir récupérer la balle logée dans mon dos.

— Sam, dépêche-toi !

— Ne bouges pas Marley, Ryan tiens la fermement !

Mon frère resserre sa prise sur moi pendant que Sam plonge une sorte de pince pour extirper la balle, puis il verse de l’alcool dans la plaie ouverte pour désinfecter. La douleur est telle que je ne la sens presque plus, les brumes de l’inconscience commencent à m’envelopper, je perds peu à peu connaissance.

— Sam, Marley tombe dans les pommes !

— Laisse là, elle souffrira moins comme ça !

***

J’ai mal, je suis allongée dans mon lit, ma blessure est très douloureuse, je passe ma main dessus ; le sang coule encore. J’essaye de me relever, mais c’est impossible. C’est alors que je vois Peter s’approcher de moi, il a les mêmes yeux apeurés que lorsqu’il m’a tiré dessus, il tend sa main vers moi, mais je ne la saisis pas. Je n’arrive pas à savoir si je lui en veux ou si j’ai pitié de lui.

— Marley, je te demande pardon.

Il continue de me tendre la main pour m’aider, mais comment savoir si je peux lui faire confiance, il a déjà fait tant de mal autour de lui.

— Marley, sauve-moi, je suis perdu.

— Tu as voulu me tuer !

— Je t’aime

Je saisis sa main et il me relève, il me caresse la joue et c’est alors que j’aperçois Alice qui court dans ma direction.

— Sauve-toi ! Ma sœur sauve toi !

Mais je ne bouge pas et souris à Peter, mais son regard a de nouveau changé, il est noir de nouveau et empli de haine. Il tient en main sa dague d’argent qu’il me plante dans le cœur. Je tombe à nouveau, mais sans jamais m’arrêter.

— Alice t’avait dit de te sauver quand tu le pouvais encore ! dit-il avec un sourire sadique au coin des lèvres.

— Marley…Marley…

— Marley !

J’ouvre les yeux, je suis dans ma chambre à la Citadelle, Ryan et Chip sont dans la pièce, mon dos me fait encore mal, mais rien à voir avec ce que je ressentais avant. Ryan me prend dans ses bras en me souriant.

— J’ai cru que tu ne te réveillerais jamais grande sœur.

— Comment ça ?

— Tu es restée inconsciente presque une semaine, tu avais de la fièvre et tu délirais complètement.

Une semaine durant laquelle Peter a peut-être envoyé un escadron à notre recherche.

— Des nouvelles des casques noirs ?

— Non, nous savons juste que Peter a démissionné de son poste de général.

La chance me sourit à nouveau, se pourrait-il que Peter ait quitté son poste après m’avoir blessé, peut être qu’une partie de son cerveau se souvient de moi après tout. Il faut absolument que je tente quelque chose pour le sortir de là ! Je ne peux pas le laisser comme ça. C’est décidé, quand le moment sera venu, je retournerai au Dôme pour sauver Peter et lui faire retrouver la raison, même si ça doit être au péril de ma vie.

« Ma chère Alice,

Je t’écris cette lettre dans le but que ton esprit me vienne en aide pour cette nouvelle mission. Voilà un an et demi que nous sommes revenus d’Iridia, nous avons fait beaucoup à la Citadelle, mais je ne peux m’empêcher de penser que Peter a besoin de mon aide. Certes, il a voulu me tuer, mais il y a quelques mois quand j’ai vu son visage si inquiet de m’avoir blessé, je me suis dit que tout n’était pas perdu. C’est pourquoi j’ai pris la décision de retourner au Dôme afin de comprendre pourquoi il n’est plus le même. Depuis que Peter a quitté son poste de général, l’armée noire est sens dessus dessous. Le gouvernement s’ébranle et c’est peut-être la pièce qui permettra au peuple de se libérer. Alice, mon Alice, j’ai besoin de ton aide dans cette épreuve, apporte-moi la force nécessaire pour retourner aux côtés du Président Anderson.

Je t’envoie mille baisers tu me manques.

Marley »

Je termine ma lettre, la plie et la passe au-dessus d’une bougie, le papier s’embrase et les cendres s’envolent dans les cieux. Alice procédait toujours ainsi pour communiquer avec les esprits défunts de sa famille. J’ai besoin de son aide, je n’y arriverais pas seule cette fois. La semaine a été longue et éprouvante. Nous avons épuré les quartiers la nuit afin de trouver tout ce dont j’avais besoin pour mon retour au Dôme. Nous n’avons que peu dormi et la présence permanente des patrouilles de casques noirs n’aide en rien nos déplacements.

Lucius fait irruption dans ma chambre. Cette année lui a permis de se relever, mais il n’est pas guéri pour autant, il gardera une blessure à tout jamais dans la poitrine, la même que je garde depuis la mort de Logan.

— Marley, c’est le moment de partir, la sœur de Peter est partie une semaine en Sybria pour rallier les Sybriens au gouvernement. Peter et le président sont seuls au Dôme. Vite, prépare-toi, sois belle comme la première fois qu’ils ont rencontré Mina Valentino. Will t’attend dans la voiture vers l’entrée sud.

Il sort de ma chambre et me laisse ainsi seule. Je revêts une robe victorienne en satin rouge et blanc, les manches tombent sur mes épaules et le décolleté laisse apparaître ma poitrine, je remonte mes cheveux en chignon et me pare d’un maquillage très léger ; un peu de poudre pour me faire un teint de porcelaine, un peu de mascara et un rouge à lèvres des plus rouges qui soient. Quelques minutes plus tard, je descends sur la grande place parée comme une princesse. Sam m’attend avec plusieurs membres du groupe.

— Surtout, n’oubliez pas de dire à tout le monde que je ne trahis personne.

— N’aies crainte mon enfant, ils le savent déjà.

Je regarde autour de moi et constate que tous les rescapés sont aux fenêtres et me sourient. Chip arrive en courant vers moi en souriant.

— On dirait une vraie princesse !

— Merci, ma chérie, veille bien sur mon petit frère pour moi.

— Promis. Ramène-nous Peter !

Alors elle lève son petit poing fermé au-dessus de sa tête et s’écrit :

— Pour la liberté !

Tous les rebelles lèvent leur poing ensemble et commencent à scander mon nom, ce qui me met assez mal à l’aise.

— Je vous ramènerais Peter et je découvrirais ce qu’ils font à nos amis, je vous le promets !

J’embrasse tous mes amis et m’en vais retrouver Will près de la limousine. Je revois le jeune homme qui nous a conduits au Dôme la première fois : teint basané, épaules larges et musclées, cheveux courts, costume noir, lunettes de soleil et grand sourire.

— Votre voiture est avancée, madame.

Ryan m’embrasse sur la joue et me serre une dernière fois dans ses bras.

— Sois prudente grande sœur, reviens vite.

Je monte à l’arrière de la limousine et nous partons en direction du Dôme.

— Aller c’est parti ! Comme la première fois que l’on s’est rencontré.

— C’est exact Will, en avant.

***

Nous arrivons devant le Dôme, je regarde sans étonnement la multiplication de la sécurité à l’entrée.

— Ça ne va pas être facile d’entrer, me dit Will

Will s’approche de la première grille, les casques noirs braquent le véhicule avec leurs fusils d’assaut. Ils ont peur, ça se sent dans leurs yeux, le vent tourne et ils le savent.

— On ne bouge plus!

— Eh du calme mon ami, la comtesse Valentino souhaite s’entretenir avec le président.

— L’accès est interdit aux civils !

Je baisse alors ma fenêtre et intime l’ordre au garde de venir vers moi, puis le lui présente mon passeport en mettant bien en évidence le laissez-passer du président.

— Je suis une amie très proche du président et…

— Silence !

Le casque noir m’arrache le passeport des mains, il inspecte le document avec minutie. Puis il me le rend tout penaud, me salut et ordonne que l’on nous ouvre le premier portail.

— Pardonnez mon ignorance, bonne journée, madame, dit-il d’une voix tremblante.

Au deuxième portail, notre coffre est fouillé de fond en comble par une petite brune un peu grassouillette. Celle-ci commence à ouvrir ma valise et à tout mettre par terre. Je sors alors du véhicule agacé.

— Remontez dans le véhicule madame !

— Vous allez vite remettre ma valise à sa place. Sinon vous le regretterez amèrement.

— C’est une menace ?!

Soudain le chef de poste qui m’a laissé passer quelques secondes plus tôt s’approche de nous.

— Un problème Comtesse ?

— Oui, ma valise est retournée, savez-vous combien coûtent ces robes ?

— Non-madame je l’ignore, mais croyez-moi cela ne se reproduira pas. Sergent, remettez immédiatement les effets de madame dans son coffre…et proprement !

— Mais…

— Exécution !

La petite boule remet tout en place, je la défie du regard avec un rictus.

— Allez-y madame, bonne journée.

Nous avançons en traversant la Grande Allée de peupliers qui nous conduit au Dôme principal, Will me dépose devant.

—Tu veux que je t’accompagne ?

— Assurément, j’ai besoin d’un garde du corps, lui dis-je en souriant.

Il gare la voiture et nous entrons dans le hall qui a beaucoup changé. Maintenant, une petite hôtesse est positionnée derrière une banque d’accueil.

— Bonjour, madame, puis-je vous aider ?

— Je souhaiterais voir monsieur le président Anderson, pouvez-vous lui annoncer que la comtesse Valentino est ici ? lui dis-je en présentant mon passeport.

À la vue du laissez-passer présidentiel, le teint de la jeune fille change, et je commence à sentir la peur dans son regard. Elle décroche son combiné de téléphone et compose un numéro.

— Monsieur le président, dit-elle au téléphone. Pardonnez-moi de vous déranger, mais la comtesse Valentino est ici et souhaiterait vous voir…Oui bien sûr elle se trouve devant moi…très bien je lui dis.

La jeune fille raccroche le téléphone et se retourne vers moi.

— Comtesse, le président descend dans une minute.

— Je vous remercie.

J’observe les lieux qui ont tant changés, à chaque angle, positionnés dans des nacelles suspendues se trouvent des tireurs prêts à intervenir à tous moments. Je m’attarde alors sur une odeur qui m’est familière, mais particulièrement désagréable ; celle du président. Je me tourne et lui fais face, il est en haut du grand escalier de marbre.

— Mina, quel plaisir de vous revoir mon enfant, cela fait si longtemps.

Il descend les marches difficilement à l’aide d’une canne.

— Monsieur le président tout le plaisir est pour moi, dis-je en souriant.

Ces dernières années m’ont appris à mentir avec un certain aplomb. Le président termine de descendre les marches puis me prend dans ses bras, son odeur est vraiment à vomir, mais je continue de sourire.

— Vous êtes devenue une femme splendide ma petite. Où étiez-vous donc passée, le roi d’Iridia m’a prévenu il y a au plus d’un an de votre retour, où diable étiez-vous donc ?

— Hélas monsieur, après le décès de mon père et de ma sœur en Iridia, je suis revenu à Lutz le cœur empli de peine. J’avais fait l’acquisition d’esclaves et à peine arrivée en ville je me suis faite dépouiller par les rebelles, ils m’ont laissé la vie sauve, mais ont volés mes affaires et mon chargement. J’ai eu tellement honte que je ne pouvais revenir à dans votre palais complètement ruiné, j’ai voulu disparaître de la cour pendant quelque temps. Je devais me reconstruire et il m’a fallu du temps.

— Je suis sincèrement navré ma chère.

— Monsieur le président, les rebelles ont détruit ma maison et mon domaine, ils ont pris mes esclaves, je n’ai plus aucune attache mise appart Will qui veille sur moi. C’est pour cela que je suis venue vous voir, même Peter m’a oublié.

— Restez auprès de moi mon enfant, vous savez que je vous considère presque comme ma propre fille, je vous promets que vous aurez ma protection, j’ai tant espéré votre retour, votre sourire redonnera de la joie à cette demeure devenue si sombre depuis que les rebelles pillent la ville. Pour Peter ne le blâme pas, il a changé contre sa volonté.

— Ah bon, mais pourquoi cela ?

— Il a été victime d’un grave accident d’hélicoptère il y a bien deux ans maintenant, il a oublié presque toute sa vie d’avant l’accident. Le travail a été long et nous avons réussi à lui faire recouvrer la mémoire sur certains points, mais pas sur toute sa vie. Heureusement que sa sœur était là.

— Sa sœur ?

— Oui ma fille Lilith, elle est de deux ans son aînée. Elle est rentrée de son voyage peu après votre départ. Quand mon fils a eu son accident, elle est restée auprès de lui jour et nuit et c’est elle qui l’a aidé à retrouver la mémoire.

— Quelle femme remarquable…

— Oui, mais Fanny son épouse l’a également beaucoup aidé.

— Son épouse…

— Je sais que vous étiez très proches tous les deux et j’espère ne pas vous blesser en vous apprenant cette nouvelle ?

— Non bien sûr, je suis très heureuse pour lui...

— Tenez là voilà, je vais vous présentez. Fanny ! Venez par ici mon enfant.

Une jeune femme s’approche de nous timidement, elle a encore un visage d’enfant ; sa peau de porcelaine, ses joues roses, sa chevelure de blé et ses yeux bleus lui donnent un air innocent.

— Fanny, je vous présente la comtesse Valentino, c’est une amie de la famille.

Elle me salut timidement sans me regarder dans les yeux.

— Pardonnez-moi monseigneur, mon époux m’attend.

La jeune femme tente de s’esquiver, mais le président la retient par le bras.

— Parfait, nous vous suivons, Peter se souviendra peut-être de la comtesse Valentino.

Nous suivons la jeune femme, elle porte une longue robe de mousseline rose, elle ne doit pas avoir plus de seize ans et semble vraiment mal à l’aise. Nous sortons du Dôme principal et nous nous rendons dans le grand jardin Nord ; un espace vert merveilleux, les fontaines sont splendides, les jets d’eau dansent au rythme d’un fond musical classique. Le lieu est vraiment paradisiaque et dans ce halo de lumière qui se reflète dans l’eau des fontaines, j’aperçois son visage. Il est toujours aussi beau, mais son regard est dur et malgré tout le mal qu’il nous a fait cette année, je suis décidé à le sauver.

Non Marley à quoi joues-tu ? N’oublie pas qu’il a essayé de te tuer et qu’il a presque réussi !

Mes pensées se fracassent dans ma tête sans que je puisse les contrôler. Sa femme s’approche de lui et il dépose un baiser sur le front de celle-ci.

— Bonjour mon fils,

Le président tente d’étreindre Peter, mais celui-ci recule d’un pas et reste de marbre. Je peux sentir la déception du président qui pourrait presque me faire de la peine. Comme pour ne pas se laisser submerger par la tristesse, le président me prend la main et m’attire vers Peter.

— Tu te souviens bien sûr de Lady Valentino…

Peter me regarde avec insistance, il s’attarde sur mes yeux, il fronce les sourcils l’air inquisiteur.

— Non navré

— Mais si souviens-toi, Mina et sa sœur sont venue ici il y a environ trois ans, elles ont vécu avec nous quelques mois. Vous…vous étiez assez proche tous les deux…

— Navré je ne me souviens pas, dit-il d’un ton détaché de toute émotion.

Il ne joue pas la comédie, il ne se souvient vraiment pas de moi, je peux le lire sur son visage, il est vraiment très mal à l’aise. Je ne crois pas à cette histoire d’hélicoptère, ils lui ont lavé le cerveau et je découvrirais comment et je le sauverais, même si c’est au péril de ma vie, le Peter que j’ai connu n’est pas très loin j’en suis sûr ! Je peux le ramener, c’est une certitude. Je le sens troublé par mon sourire, comme s’il savait qu’il me connaissait, mais sans savoir qui je suis vraiment. Il me prend la main et y dépose un baiser.

— Appelez-moi Peter, madame.

Sa femme me fusille du regard, elle est jalouse, elle n’aime pas la façon dont je lui souris, elle le tire par le bras pour le faire s’éloigner de moi.

— Venez mon époux, vous devez vous reposer, c’est le médecin qui vous l’impose. Rentrons maintenant.

Cette petite peste ne semble pas être très partageuse, en quittant le jardin elle me lance un regard empli de haine, mais elle ne sait pas ce dont je suis capable. Je me retrouve alors seul avec le Président et Will.

— Je suis navré mon enfant, vous vous entendiez si bien…

— Si vous m’y autorisez, monsieur je pense pouvoir l’aider à retrouver la mémoire…

— Bien sûr que je vous y autorise je donnerais n’importe quoi pour retrouver mon fils.

Nous continuons de marcher dans le jardin en parlant de choses et d’autres, puis le président regarde sa montre, s’incline et me sourit.

— Je dois vous quitter ma petite, j’ai une réunion.

Il fait appeler un serviteur et lui donne l’ordre de me conduire dans l’un des appartements. Nous suivons le majordome qui nous fait traverser un autre jardin et nous passons devant une petite maison en toit de chaume, c’est celle de Peter ; son odeur emplit ce lieu. Ils sont sur la terrasse, elle prépare son thé tout en débitant un tas de choses à l’égard de Peter, mais celui-ci est assis droit comme un « I » et ne bouge pas, son esprit est ailleurs. Il tourne la tête dans ma direction et nos regards se croisent, je lui souris et lui me rend ce sourire. Nous continuons d’avancer et quelques mètres plus loin je perçois son odeur dans mon dos.

— Madame…

Je me retourne le plus naturellement possible.

— Monsieur Anderson, dis-je en m’inclinant.

Peter me prend délicatement la main et me demande si nous pouvons parler ensemble quelques instants.

— Pardonnez ma froideur, madame, mais mes souvenirs sont plus que confus et je suis navré de ne pas me souvenir de vous.

— Nous nous sommes connus il y a presque trois ans maintenant, nous étions…de très bons amis.

Peter semble troublé, il aimerait se souvenir, c’est une certitude, mais quelque chose l’en empêche.

— J’aimerais vraiment me souvenir de vous… Votre visage m’en agréable et m’inspire confiance.

— Je vous aiderai si vous le souhaitez.

Sur mes mots, je m’incline et rejoins Will et le serviteur, Peter m’appelle au loin.

— Vous m’aideriez ? Vraiment ?

— Si c’est là votre souhait monsieur.

Je souris une dernière fois et m’en vais vers Will sans me retourner. La première approche est un succès, Peter doute et souhaite se rappeler, c’est bon signe.

***

Nous sommes installés dans l’appartement, le président a souhaité que nous soyons dans le même appartement que la dernière fois, il espère sûrement que si Peter entre cela ravivera ses souvenirs. La nuit est tombée et la lune est pleine, Will est dans sa chambre, il nettoie ses deux Glock 17, j’en profite pour transmuter en louve, l’appel de la lune est trop fort. Mes muscles se délient, le déchirement de ma peau laisse sortir mon pelage noir. Je hume l’odeur de la nuit, j’écoute ce silence presque parfait, puis je sors par la fenêtre pour disparaître dans la nuit. Si Peter se souvient encore de ses vieilles habitudes d’enfants, il va sur le pont des âmes à chaque pleine lune pour jeter une rose d’argent pour sa mère défunte, emportée par la plus haute crue de l’histoire de Gallia, je pourrais en profiter pour honorer la mémoire de Logan aussi. Si je ne peux ramener Peter, je dois veiller sur lui. Lutz est déserte ce soir, seuls quelques couples marchent dans les rues. Je saute de toit en toit au clair de Lune sans bruit jusqu'à voir le pont des âmes, ce pont si célèbre, autant de par son histoire que dans ma mémoire, c’est ici que Peter a bien failli me tuer. J’observe les passants depuis maintenant de nombreuses minutes, quand deux enfants sûrement de la Citadelle passent devant moi, en se tenant par la main.

— Regarde Tom, Marley veille sur nous … dit la petite fille à son frère.

— Chut, Lisa, si les casques noirs t’entendent nous sommes morts !

— Non, Marley viendrait à notre secours.

Alors je descends du toit et les rejoins dans une ruelle un peu plus loin. Je vais à leur rencontre et approche ma tête au plus près d’eux. La petite fille me sourit et tend sa main pour me caresser.

— Lisa non !

Je plonge mon regard dans celui de la petite Lisa.

« Ne crains rien, je suis là pour veiller sur vous. »

— Je le savais, tu nous protégeras toujours…

« Je ferais de mon mieux, mais maintenant vous devez rentrer à la Citadelle sinon je vais me fâcher, c’est très imprudent de vous promener comme ça dans Lutz »

La petite fille me serre alors dans ses bras et enfouit son visage dans ma fourrure.

— Tu reviendras nous voir quand ?

« Rapidement, je te le promets »

Puis je plonge mon regard dans les yeux de Tom.

« Allez ramène vite ta sœur à la Citadelle, vous n’êtes pas en sécurité ici. »

Le petit garçon bombe le torse comme s’il était investi d’une mission importante, prend sa sœur par la main et ils s’en vont en me faisant un immense sourire. Je m’apprête à regagner mon perchoir quand je reconnais son odeur si douce, Peter est là. Je reprends forme humaine au fond d’une ruelle à l’abri des regards et des caméras de vidéosurveillance. Je m’approche de lui, les cheveux au vent dans ma robe de soie blanche, je m’engage sur le pont des âmes.

— Bonsoir Peter…

Il se retourne et me sourit tristement.

— Je vais finir par croire que vous me suivez.

— Non monsieur, mais les vieilles habitudes ont la vie dure. Vous offrez toujours une rose d’argent à votre mère à chaque pleine lune ?

— Oui madame, mais comment le savez-vous ?

— Vous me l’avez dit la première fois que nous nous sommes rencontrés ici, je me débarrassais d’un objet très spécial, et c’est ce jour-là que nous sommes devenus amis.

— C’est étrange madame, mais votre regard me rappelle vaguement quelqu’un.

Il veut sûrement parler du regard qu’il a vu à travers le masque de cuir.

— C’est que votre mémoire n’est pas totalement effacée, dites-moi Peter, pourquoi avoir quitté le poste de général des armées ?

Peut-être aurais-je une réponse.

— C’était une idée de ma sœur, mais je dois vous avouer que je ne me sentais pas à l’aise à ce poste, je n’ai jamais aimé tuer des innocents, je le faisais pour la gloire des Bellãtriens, mais je ne pouvais plus supporter ce fardeau et puis cette nuit-là quand je l’ai vu se vider de son sang, quelque chose s’est passée en moi. J’avais comme l’impression de l’avoir trahi, comme si j’avais fait la pire chose au monde.

— De qui parlez-vous, monsieur ?

— Marley Corvinus, je l’ai blessé, je ne sais même pas si elle vit encore, personne ne l’a revu après cette nuit. Mais c’est étrange quand la balle a transpercé son dos, j’ai eu aussi mal qu’elle. Comme si nous étions liés, et quand elle m’a regardé, j’ai compris que j’avais fait une bêtise.

— Vous avez été très noble de la laisser s’en aller.

— Oui, mais je ne saurais jamais pourquoi j’ai ressenti cela.

— Qui sait un jour peut-être vous comprendrez.

Son regard se pose sur moi plus attentivement, il semble captivé par mes paroles.

— Mina, pourquoi êtes-vous partie si nous étions amis ?

— Je devais…je devais régler une affaire familiale urgente en Iridia.

— Je vous ai blessé alors, une femme ne part pas ainsi quand elle est heureuse.

— Non jamais vous ne m’avez fait du mal, sauf…

— Sauf quoi ?

— Sauf quand j’ai appris que vous aviez épousé une autre que moi sans même vous rappeler que j’avais un jour existé.

Cette phrase sort du plus profond de mon cœur, une boule se forme au creux de mon ventre et je ne peux retenir mes larmes, j’ai vraiment mal, il me manque, le vrai Peter me manque. Je baisse les yeux pour qu’il ne me voit pas pleurer, mais à ma grande surprise, il se rapproche de moi, me caresse la joue, je relève les yeux vers lui.

— Vos yeux… Je les vois en rêve chaque nuit depuis mon réveil. Je ne peux pas l’expliquer, mais vos yeux hantent mes nuits. J’aimerais tant me souvenir de vous. J’aimerais ne jamais vous avoir oublié, comment peut-on oublier une femme aussi belle que vous ? Mina, je veux réapprendre à vous connaître, vous m’intriguez, vous êtes différente des autres femmes.

— C’est aussi ce que vous avez dit avant que je parte… Je vous aiderais à vous souvenir, monsieur.

Nous sommes toujours l’un en face de l’autre, très près, trop près, mon cerveau fonctionne à deux cents à l’heure, je dois trouver un moyen de l’éclairer… C’est alors que mon instinct animal prend le dessus, je l’attire vers moi et l’embrasse. Mes lèvres s’écrasent contre les siennes, ma main saisit la sienne et c’est alors qu’un phénomène étrange se produit ; je concentre mes pensées sur notre rencontre, nos promenades dans Lutz, le fiasco du restaurant, et nos moments passés ensemble. Il semble réceptif aux images que je lui montre, mais ma tristesse prend part sur ma concentration et je lui montre le jour de nos adieux malgré moi.

« N’oublie jamais Peter… Tu es entré dans mon cœur pour ne jamais en sortir. Nous sommes unis pour l’éternité.

— Je ne t’oublierais jamais Mar…. »

Oh non ! Il va entendre mon nom. Comme je le craignais, il me repousse fermement.

— Peter je…

Il semble vraiment tourmenté par ce qu’il vient de voir, avec un peu de chance il n’y a que moi qui ai vu ces images, et comment se fait-il que j’ai cette faculté ?

— Je dois partir…

Il me laisse en plan sans se retourner, il monte dans son 4X4 et démarre le moteur. Je ne veux pas le perdre, je ne veux pas non plus qu’il me dénonce.

— Peter !

Il baisse la vitre teintée et me regarde tristement.

— Quand je suis partie, vous m’avez fait une promesse.

— Laquelle.

— Celle de ne jamais m’oublier…


Texte publié par Chipper2907, 18 juillet 2022 à 11h57
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tome 1, Chapitre 26 « Marley » tome 1, Chapitre 26
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