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tome 1, Chapitre 20 « Marley » tome 1, Chapitre 20

Le soleil vient me réchauffer la joue, j’ouvre les yeux, la chambre est baignée par la lumière émanant des puis de lumière de la Citadelle. Peter est à côté de moi, il dort. Son corps musclé et halé brille au soleil. Je reste là à le contempler pendant quelques minutes, puis je me lève pour me rafraîchir sous là douche, j’entre dans la minuscule salle de bain et ouvre le robinet pour faire couler l’eau, je commence à entrer dans la douche quand soudain la pièce disparaît et laisse place à un tout autre décor.

Je me trouve dans une sorte de camp de travail. Il fait gris, le jour vient de se lever et la brume de la nuit est encore présente, le sol est boueux et les bâtiments qui se dressent devant moi sont des sortes de gigantesques hangars en tôle. Je déambule dans ce décor désert et cherche une explication à tout ça. Je pénètre dans l’un des hangars ; des dizaines de paillasses sont disposés à même le sol, l’odeur est infecte et toutes les personnes présentent ici sont affublées de combinaison noire, ils ont tous, le crâne rasé et portent tous un numéro de série tatoué à l’arrière du crâne. Les gens ne semblent pas me voir, j’en conclus donc à une vision, mais je cherche toujours son but, mais soudain je me raidis et mon cœur se serre. Mon frère est juste devant moi, allongé sur une petite paillasse dégoûtante. Il regarde le plafond les mains croisées sur son ventre. Je ne l’ai jamais vu aussi maigre, il n’a plus que la peau sur les os, ses yeux sont vitreux et cernés, il a le crâne rasé lui aussi et semble si faible.

— Ryan !

Je l’appelle, mais il ne m’entend pas. Un coup de corne de brume retentit, mon frère se lève, se met un peu d’eau sur le visage, croque dans un morceau de pain rassis qui traîne par terre et sort du dortoir en compagnie des autres personnes présentes, puis ils se dirigent vers un autre hangar. Il prend une pelle et va ensuite vers une tranchée. Je regarde la scène sans pouvoir intervenir. Je regarde mon petit frère creuser le sol et… Mon père est à ses côtés, ils sont toujours ensemble, personne ne les a séparés, mais mon frère semble vraiment faible. Il est blanc comme un linge et je le vois vaciller et tomber à genoux dans la boue. Je cours dans sa direction pour l’aider, mais quand j’arrive à son niveau il me lance un regard apeuré et se protège le visage de la main. Je comprends rapidement pourquoi il se protège, un casque noir que je n’avais pas vu arrive derrière moi, arme son bras et se met à fouetter mon petit frère.

— Non ! Stop ! Reculez ! je hurle, mais en vain.

Je crie même si je sais que je ne peux absolument rien faire. Mon père décide d’intervenir, il retient le bras du casque noir et lui met un bon coup de tête dans le nez.

— Ne touche pas à mon fils ! crache-t-il.

Le casque noir se relève furieux et vexé. Il sort alors son arme et la pointe sur mon père. Non ! Il ne va pas faire ça ! Mon père tourne alors la tête dans ma direction, me regarde droit dans les yeux, sans bouger. Le casque noir arme le chien de son revolver. L’espace d’une seconde, j’ai l’impression que mon père me regarde vraiment et me sourit comme quand j’étais petite et qu’il voulait me rassurer. Puis je peux lire sur ses lèvres « je t’aime ma fille ». Je le regarde dans les yeux comme si j’étais présente puis une détonation déchire le silence, mon père ne sourit plus et le cri de mon frère résonne à travers toute la vallée. Mon père s’écroule dans la boue, Ryan se jette sur son corps sans vie comme pour le protéger. D’autres casques noirs arrivent, frappent violemment Ryan au ventre et l’emportent hors de mon champ de vision, il se débat pour rester auprès de mon père, mais l’un des casques noirs lui donne un violent coup de poing en plein visage ce qui lui fait perdre connaissance. Les autres reprennent le travail et mon père reste inanimé dans la boue. Soudain je me sens comme aspirée, la scène recule et devient de plus en plus petite. Je tente de m’accrocher à quelque chose pour rester auprès de mon père, mais rien n’y fait, je peux juste hurler de douleur.

— Papa !

J’ouvre les yeux, je suis complètement paniqué, je me trouve sur le sol de la salle de bain, trempée de sueur, j’ai une forte douleur derrière le crâne ; j’ai dû me cogner la tête en tombant.

— Marley, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Peter est à côté de moi et me soutient la tête.

— Je les ai vus !

— Qui ?

— Mon père je l’ai vu et mon frère aussi ! J’étais là quand c’est arrivé, et je n’ai rien pu faire !

— Calme-toi et explique-moi.

— Je l’ai vu, il est mort !

— Mais qui ?

— Mon père !

— Calme-toi, il doit y avoir une explication.

— Comment peux-tu me dire de me calmer alors que je viens d’avoir une vision dans laquelle j’ai vu mon père mourir !

— C’était peux être un simple rêve.

— Mon père m’a dit qu’il m’aimait juste avant de mourir, comme s’il me voyait !

Je ne veux plus parler de ça avec Peter, je ne veux plus donner d’explications, je veux seulement partir à leur recherche, je dois savoir si mon père est en vie ou non, car s’il est vraiment mort, cela signifie que mon frère est seul aux griffes de ces monstres et que mon père gît toujours dans la boue, dans le cas contraire ils ont besoin de moi !

— Alice, où est Alice ?

— Elle dort sûrement. Marley, dis-moi ce que tu as vu exactement.

— Je me suis retrouvée dans le camp avec mon père et mon frère et j’ai assisté à… à l’exécution de mon père.

— C’est horrible, mais tu ne peux pas te jeter dans la gueule du loup comme ça…

— Écoutes Peter, je sais que dans notre famille nous avons des dons assez étranges et il est possible que mon père ait voulu que je voie ça afin de sauver mon frère.

— Oui ou c’est juste ton imagination qui te trahit.

— Dans les deux cas, ma famille a besoin de moi et cela fait bien assez longtemps qu’ils sont enfermés là-bas ! Ma décision est prise, je pars !

***

— Alice !

J’entre dans sa chambre comme une furie, il faut que je lui dise, il faut que nous partions.

— Que veux-tu ? dit-elle encore endormie

— Un énorme problème, je pars pour l’Iridia.

— L’Iridia ? Mais tu es folle où quoi ?

—J’ai eu une vision et j’ai vu mon père se faire assassiner, je dois faire quelque chose, je dois aller les chercher.

— Et tu comptes partir seule ?

— Non j’espérais que tu viendrais avec moi.

— Alors, laisse-moi la journée pour tout organiser, nous partirons ce soir.

— Non je veux partir maintenant !

— Marley, me dit-elle en me posant les mains sur les épaules, souviens-toi que nous sommes aussi Mina et Rose Valentino et si nous partons sans en aviser le président alors qu’il nous a promis d’assurer notre protection, nous serons découvertes. Ressaisis-toi ! Trouve un prétexte pour le président, nous demanderons une audience ce soir. — Mademoiselle, le président est prêt pour vous recevoir.

J’entre dans le bureau du président Anderson. C’est une pièce circulaire, les tapisseries sont d’un rouge sang assez effrayant et des fleurs de lys ornent les moulures aux fenêtres. Un fauteuil en velours noir est positionné à côté de la plus grosse fenêtre, prêt d’une énorme bibliothèque et au centre de la pièce se trouve un bureau majestueux en bois de chêne.

— Monsieur le président…

— Mina, je vous en prie, prenez une chaise. Vous vouliez me parler ?

— Oui monsieur. Voilà, ma sœur et moi avons reçu une lettre d’Iridia. Notre père se porte au plus mal il se pourrait qu’il ne tarde pas à succomber, par conséquent ma sœur et moi-même souhaiterions nous trouver auprès de lui.

— Ma pauvre enfant. Vous souhaitez donc nous quitter ?

— Si vous nous l’autorisez bien sûr.

— Bien entendu, voyons quelle question. Nos frontières ne sont fermées que pour les Galliens les Bellãtriens sont libres d’aller où bon leur semble.

— Merci Monsieur.

— Quand voulez-vous partir ?

— Nous souhaitons partir ce soir.

— Sachez que je peux vous faire escorter, avec l’incident de l’usine je vous assure que les routes ne sont pas sûres pour vous.

— Merci monsieur, mais notre chauffeur assura notre protection, c’est un homme qui a notre entière confiance.

— Bien… J’espère vous revoir très vite dans ma merveilleuse cité.

— Merci pour votre accueil, monsieur le président, nous reviendrons dès que nous le pourrons.

Le président se lève et dépose un baiser humide sur ma joue. Ce contact me révulse, mais je souris et me lève à mon tour, effectue une révérence et quitte la pièce.

— Mademoiselle Valentino, un instant !

Je me retourne et le président me tend deux parchemins sur lesquels son sceau est apposé.

— Voilà ce sont des laissés passer, avec ceci vous pourrez circuler encore plus librement n’importe où en Iridia ou en Gallia. Nos chemins se recroiseront, mademoiselle Valentino.

— J’y compte bien monsieur le président.

Je fais une nouvelle révérence, puis quitte le bureau en fermant la porte. Ce soir, je serais parti et demain je serais en Iridia, auprès de ceux que j’aime.

***

Will a insisté pour nous accompagner quand nous sommes allées voir Barbas et que nous lui avons expliqué la situation. Personne n’est très enchanté de nous voir partir, mais nous leur avons promis de revenir afin de terminer ce que nous avons commencé ici dès que notre travail en Iridia sera achevé.

Alice est assise sur le lit de notre chambre du Dôme et songe aux gens que nous laissons derrière nous.

— Marley… Que va-t-il advenir de la petite Chip ?

— Elle est en sécurité à la Citadelle.

— Et Peter ?

— Nous devons prendre des routes différentes pour le moment, mais je sais que nous nous retrouverons un jour.

Un bruit de pas à l’entrée de la chambre me fait me retourner, Peter est dans l’encadrement de la porte, ses yeux sont cernés.

— Marley … Restes…

— Mon père et mon frère ont besoin de moi.

— Moi je ne peux vivre sans toi.

— Alors, viens avec moi !

— Tu sais qu’ils ont besoin de moi ici…

— Alors nous nous retrouverons quand ma mission sera remplie.

— Marley, tu vas tellement me manquer !

— Tu me manqueras aussi Peter !

— Promets-moi de ne pas m’oublier …

— Jamais !

Je pose ma tête sur son torse puissant, je le quitte, je quitte ses bras, son visage, ses lèvres, sont odeurs. Je le quitte, mais je sais que ce que nous vivons est éternel et ne s’éteindra jamais. Il prend mon menton entre ses doigts et relève mon visage, mes yeux emplis de larmes se plongent dans son regard de braise.

— Tu es la femme la plus incroyable que j’ai rencontrée, tu es entrée dans mon cœur pour ne plus jamais le quitter.

Je voudrais que cet instant ne finisse jamais, mais Will fait irruption dans la chambre.

— Marley, il est temps de partir.

À contrecœur je prends mon sac sur mon épaule et quitte la chambre. Nous sortons devant le Dôme, la voiture nous attend. Je monte à bord et Will démarre, nous commençons à rouler dans la grande allée, quand j’ordonne à Will de s’arrêter. Je sors de la voiture et cours en direction de Peter. Arrivée à sa hauteur je me serre une dernière fois contre lui, j’entends son rythme cardiaque qui s’accélère.

— N’oublie jamais Peter… Je reviendrais, dans une semaine, un mois ou un an, je reviendrais.

— Je ne t’oublierais jamais Marley Corvinus, dit-il à mon oreille.

Nous nous embrassons une dernière fois, il passe sa main dans mes cheveux puis essuie l’une de mes larmes.

— Pars maintenant, ta famille a besoin de toi.

Je me sépare de lui et retourne à la voiture. Will démarre et nous nous éloignons peu à peu du Dôme. La silhouette de Peter devient de plus en plus petite jusqu'à disparaître complètement dans la nuit.

***

Nous avons roulé toute la nuit et au petit matin nous sommes enfin arrivés à Calum pour monter à bord du Ferry qui nous conduira en Iridia. Nous sommes dans le restaurant du bateau et prenons un petit déjeuner pendant que nous parlons de notre stratégie d’approche.

— Quand nous serons en Iridia, il faudra être subtil, nous ne devons pas trahir notre couverture, dit Alice entre deux bouchées de croissant.

— Comment trouver le camp ? On dit qu’il est sur une petite île bien gardée par les casques noirs, s’interroge Will.

Mais Alice ne nous regarde plus, elle n’est plus avec nous. Elle semble sous le choc, je me retourne pour voir ce qui la met dans un tel état et à ma grande surprise, Lucius se tient derrière moi tout sourire. Alice se lève manquant de renverser la table, lui saute dans les bras et l’embrasse passionnément tout en pleurant de joie. Mais que fait-il ici ? Et comment a-t-il su ?

— Je ne pouvais pas vous laisser vous amuser sans moi. (Il regarde Alice et l’embrasse à nouveau) Et je dois avouer que ces quelques mois sans pouvoir te serrer dans mes bras ont été les plus longs de toute mon existence mon Alice.

— Lucius !

Je le prends dans mes bras

— Comment as-tu su ?

— Tu as sans doute lu les écrits d’Alexandre Corvinus, alors tu devrais savoir que quand l’un des membres proches de notre famille est en danger de mort nous le sentons, et c’est mon instinct qui m’a guidé jusqu’à ce Ferry.

— Le conseil est au courant ?

— Il n’y a plus de conseil Marley, les membres de Marsilla ont été arrêtés pour la plupart, et ceux qui ont réussi à fuir font route vers Lutz. Mais ne parlons pas de cela ici. Vous m’avez tant manqué toutes les deux !

***

La traversée s’est passée sans encombre, Lucius nous a raconté tout ce qui s’était passé à Marsilla durant notre absence et cela ne présage rien de bon. Nous arrivons au port, mais au moment du débarquement il y a des casques noirs partout. Ils fouillent les sacs, les bagages, ils semblent chercher des rebelles.

— Même en Iridia ils sont partout, s’inquiète Will.

— Et oui, ils ont pris le contrôle de ce pays aussi. Nous sommes cuits, rétorque Lucius.

— Lucius calme toi, nous ne craignons absolument rien. N’oubliez pas que nous sommes Mina et Rose Valentino. (Je sors de mon sac les deux laissez-passer rédigés de la main du président) Quand je suis allée le voir dans son bureau, le président ma remit ces laissez-passer et m’a assuré que nous pourrions circuler où bon nous semble avec ces documents. Will, Lucius tenez-vous droit derrière nous, comme si vous étiez nos gardes du corps.

Nous descendons du ferry et arrivons devant la ligne de casque noir, les soldats contrôlent nos papiers et commence à fouiller dans nos sacs quand je leur tends les deux laissez-passer. Ils observent attentivement le document puis nous demandent de les suivre tous les quatre. Merde qu’est-ce qui se passe, nous étions censés passer sans problème. Nous arrivons dans le bureau de garde du port, devant nous un homme est assis derrière un ordinateur, à en juger par la forme de ses galons, il doit être sergent. Il nous invite à nous asseoir toutes les deux, Lucius et Will restent plantés derrière nous le regard froid. Le soldat remet les deux laissez-passer à l’homme assis en face de nous, ce dernier les examine puis lève les yeux vers nous.

— Mesdames, il est assez rare de rencontrer sur cette île des personnes assez proches du président pour qu’elles soient en possession d’un tel document. Vous devez être des dames influentes à Lutz. Que venez-vous faire ici ?

— Nous sommes venus voir notre père, il est mourant, mais avant nous aurions aimé acheter quelques esclaves. (Les mots sont sortis comme ça de ma bouche, à croire que je commence à devenir une bonne actrice).

— Quel type d’esclaves cherchez-vous, mademoiselle.

— De bons travailleurs qui ne se plaignent pas des coups de fouet. Il paraît que vos esclaves de Kilmoon sont de bons travailleurs.

— Kilmoon ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, madame.

— Sergent, ne faites pas l’idiot, vous savez aussi bien que moi ce qui se passe sur cette île et croyez bien que le président lui-même m’a proposé de venir me servir ici.

Un peu décontenancé le sergent bredouille quelques mots tout en faisant mine de chercher quelque chose dans son registre.

— Bien… C’est parfait... Alors je vais vous faire conduire au camp, mais sachez que ce n’est pas un endroit très reluisant pour les dames.

— Nous nous y accommoderons, de toute façon nous ne comptons pas rester très longtemps.

— Bien, alors suivez-moi, une navette va bientôt partir.

Le sergent me rend les laissez-passer et sort confus de son bureau.

— Ma chérie tu as été brillante, je n’aurais jamais trouvé mieux, dit Alice tout bas.

Nous montons à bord de la petite navette qui doit nous conduire sur l’île de Kilmoon, le trajet n’est pas très long, nous arrivons à quai en moins de trente minutes. Le sergent a baissé les yeux pendant toute la durée de la traversée, comme s’il se sentait mal à l’aise en notre présence. Nous montons dans de grosses jeeps et quelques minutes plus tard, nous arrivons devant un immense portail de fer forgé enroulé de fil de fer barbelé, la clôture s’étend à perte de vue. Les portes s’ouvrent et nous entrons dans un décor à peine croyable, c’est pire que dans ma vision ; le camp est un immense tas de boue formé par les fortes pluies, il y a des dizaines de hangars complètement rouillés, les officiers et gardiens se déplacent fouet à la main sur des petites passerelles montées sur pilotis, des cadavres jonchent le sol et les corbeaux se battent pour becqueter les corps de ces pauvres malheureux. Les prisonniers portent tous la même combinaison noire, ont le crâne rasé et portent tous un code-barres tatoué dans le bas de la nuque. Les hommes entretiennent le sol et continuent la construction du camp sous les coups de fouet, les femmes et les enfants déambulent dans le camp en portant de l’eau aux travailleurs. Le pire de tout reste l’odeur ; de partout, on peut sentir un mélange de boue, de sueur, de maladies et de morts. Même la peur peut se sentir. Plus nous avançons et plus nous constatons que les prisonniers ont perdu une part d’humanité ; leurs yeux sont haineux et colériques, certains ont même un regard vide de tout espoir. Ils nous regardent comme si nous étions des monstres, mais à leurs yeux, pour le moment, dans cet accoutrement, c’est ce que nous sommes. Je scrute tous les prisonniers en espérant voir mon petit frère, mais il n’y a qu’une vingtaine d’hommes et de femmes ici, Ryan est autre part, mais où ?

— Pardonnez-moi sergent, mais où sont les autres prisonniers ? demande Alice

— Nous n’avons pas de travail pour tout le monde ici alors les détenus sont aux champs, ou dans les mines de schiste. Ils ne reviennent au camp qu’à la nuit tombée pour manger un peu et dormir, et puis comme, ça si l’on a des morts, ils ne polluent pas le camp cela évite de les laisser pourrir ici.

— Mais vous ne brûlez pas les corps afin d’éviter les maladies ?

— Si bien sûr, mais nous attendons d’avoir un tas assez haut pour tout brûler en même temps sinon nous ferions des feux de joie tous les soirs, répond-il en ricanant.

Cet homme me donne envie de vomir, je m’imagine lui arracher les cordes vocales de mes crocs, mais je dois garder mon calme. Nous arrivons devant le quartier des officiers, ce sont des petites cabanes en bois qui leur servent d’appartements. Alors que le sergent nous invite à entrer, un cri déchire le silence juste derrière les cabanes. Mon Dieu Ryan ! Alice me saisit discrètement, mais fermement le bras, elle sait que si je bouge nous sommes mortes, mais je dois savoir si c’est mon petit frère que l’on torture.

— Sergent, pourquoi cri-t-on ?

Ma voix est tremblante et je ne sais pas si je pourrais me maîtriser si jamais c’est Ryan que l’on torture.

— Oh un des prisonniers a sûrement fait une bêtise, et comme pour les enfants qui font des bêtises il faut les punir.

— Je n’ai jamais vu de châtiment corporel, peut-on aller voir ?

— Ce n’est pas un spectacle pour les dames.

— Sergent, j’aime l’aventure, s’il vous plaît, dis-je en abordant un sourire charmeur.

Le sergent me prend fièrement le bras et me conduit jusqu'à une estrade de bois, plusieurs hommes sont ici punis ; certains sont pendus par les poignets à des chaînes, d’autres sont dans des cages métalliques recouverts de leurs déjections et d’autres encore sont attachés à de gros poteaux de bois, la chair à vif de leur dos laisse présumer qu’ils ont été fouettés. Je m’approche un peu plus de l’homme fouetté, il est si jeune, il pourrait être Ryan.

— Sergent pourquoi est-il puni ? je demande tout en connaissant la réponse.

Le sergent fait suspendre le châtiment, il saisit le jeune homme par le crâne et lui fait relever la tête, quand je découvre son visage je suis un peu soulagé, ce n’est pas Ryan qui est là.

— Alors, mon gars, dis à la dame ce que t’as fait.

Le jeune homme crache du sang par terre, lève à nouveau son regard vers moi.

— J’ai essayé de m’enfuir, m’dame

Le sergent lui lâche la tête et ordonne au bourreau qu’il reprenne le châtiment.

— Vous voyez Lady Valentino, ici l’ordre règne, vous trouverez des esclaves dociles et fiables. Rentrons maintenant, allons-nous restaurer.


Texte publié par Chipper2907, 18 juillet 2022 à 11h43
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