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tome 1, Chapitre 18 « Marley » tome 1, Chapitre 18

A la Citadelle au même moment

— Marley et Alice resteront toute la semaine afin de mieux comprendre le fonctionnement de la Citadelle, elles prendront part aux tâches quotidiennes et elles nous seront d’une aide précieuse pour le sauvetage de samedi, alors je compte sur vous pour les guider dans la Citadelle afin qu’elles prennent leurs marques, je voudrais aussi que vous leur enseigniez quelques techniques de combats afin qu’elles ne soient pas perdues quand nous mettrons au point notre stratégie d’attaque.

— Sans vous manquer de respect Barbas, je ne pense pas que nous en ayons besoin, nous avons suivi un programme d’entraînement à Marsilla, dit Alice amusée.

— Bien alors, voyons cela. Ralph, veux-tu tester nos invités ?

— Avec plaisir capitaine.

Nous sortons sur le pont, Ralph saisit une épée et appelle son frère Ted.

— Ted vient, le combat doit être équitable, deux contre deux.

Alice et moi nous plaçons côte à côte, nous sommes prêtent. Les deux gaillards foncent sur nous leurs épées à la main, ils ont de la force, mais manque d’agilité. Il nous suffit de bondir pour esquiver leurs coups. Nous renouvelons l’opération plusieurs fois, mais je sens qu’ils perdent patience.

— Vous êtes très agiles, mais vous ne pourrez pas tuer les casques noirs juste avec vos pirouettes ! dit Ralph

Sur ses mots, je saisis mon arc et décoche une flèche qui se plante dans le mât derrière Ralph tout en laissant une belle entaille sur son oreille. Alice lâche quelques boules de feux et bondit sur Ted telle une lionne en chasse, elle sort son poignard, et le place sur le cœur du jeune homme.

— Là tu es mort. dit-elle triomphante

Ralph et moi sommes toujours en combat, il saisit mon arc et le jette plus loin, je brandis alors mon épée noire et les lames s’entrechoquent, faisant jaillir des étincelles, mais Ralph reste un homme plus fort que moi et au corps à corps je suis cuite, je tente alors une chose que je n’ai jamais réussie auparavant ; je me concentre sur mon apparence de louve, mais au détriment du combat. Ralph me donne alors un violent coup de poing profitant de mon inattention. Je pars à la renverse et tombe en roulade arrière, une douleur intense me foudroie de l’intérieur, mais le temps que je termine la réception de ma roulade, ma peau se déchire pour accueillir la fureur de la louve noire. Je n’y crois pas, je n’ai jamais transmuté aussi rapidement, fière de moi, je me remets sur mes quatre pattes et bondis sur Ralph. Il tombe à la renverse et sa tête frappe violemment le pont du navire, je plonge mon regard jaune dans ses yeux apeurés.

« Ne sous-estime jamais une femme, nous avons plus d’une corde à notre arc. »

— Ok ok, j’ai compris, ne fais pas l’imbécile quand même.

Je le libère et me recule afin de reprendre mon apparence humaine, en moins d’une minute ma peau de louve se déchire et je retrouve mon apparence humaine. Je suis très satisfaite de moi, mais je dois encore trouvera le moyen de transmuter sans douleur. Alice m’aide à me relever, je suis prise d’un léger vertige, mais rien à voir avec les nausées qui me submergeait les premières fois. Ma coéquipière et moi regardons les garçons, satisfaites de notre démonstration.

— Très bien, j’ai parlé trop vite, dit Barbas. Vous n’avez pas besoin d’entrainement. Cette semaine, vous apprendrez à connaître les gens qui vivent ici, ne soyez pas étonnés, mais il n’y a pas que des combattants en ce lieu, la Citadelle est avant tout un refuge. Vous participerez à la recherche de nourriture et de médicaments avec les garçons.

Alice et moi acquiesçons d’un signe de tête puis Barbas annonce la fin du conseil et tout le monde se lève et quitte le « Morgan’s Queen » pour vaquer à ses occupations. Ralph nous fait signe de le suivre et il nous conduit jusqu'à une petite maison en pierre au pied de la grande place centrale.

— Les femmes de la Citadelle ont voulu vous offrir cette petite maison. Reposez-vous, le repas est dans deux heures. Profitez de ces quelques heures pour reprendre des forces.

Pendant qu’il nous explique un peu le fonctionnement de la Citadelle, un motard entre par la porte principale et à ma grande surprise je connais cette moto.

— Ralph qui c’est ?

— Eh bien c’est Peter, c’est lui qui vous a conduit jusqu’ici.

— Peter ?

Non c’est impossible, ce serait trop beau pour être vrai, Peter Anderson, le fils du président serait donc des nôtres ? Mais pourquoi me cacher son visage s’il a vu le mien ? Il est toujours sur sa moto et n’a pas retiré son casque. D’un pas bien assuré, je vais à sa rencontre. Il n’aura pas le choix il devra me dire la vérité.

— Attends ! dis-je en le rejoignant. C’est quoi ton problème ?

— Je n’ai aucun problème…

— Tu te fiches de moi.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Maintenant, enlève ce casque et dis-moi la vérité !

— Si je retire ce casque, tu en souffriras.

— Ne dis pas n’importe quoi, nous sommes dans le même camp.

Mais il descend de sa moto et s’en va. Je n’ai pas dit mon dernier mot, Peter me dira la vérité qu’il le veuille ou non. Je lui attrape le bras fermement.

— Marley, laisse-moi, je t’en prie !

— Non, tu me dois la vérité.

— Non.

Je perds patience.

— Enlève-le ou je te l’enlèverai moi-même, Peter Anderson.

Il a un mouvement de recul, surprit il capitule et retire son casque, c’est bien ce que je pensais. Peter Anderson fait partie de la rébellion !

— Marley ?

Un sourire se dessine sur mon visage, j’avais un petit doute, mais mon intuition était la bonne, Peter Anderson est des nôtres. Mais le petit menteur, il m’a caché cela depuis tout ce temps.

— Depuis quand sais-tu pour Alice et moi ?

— Je savais que Marley Corvinus devait venir à Lutz, je ne savais pas qu’il y aurait Alice. Au début, j’étais sûr que Mina Valentino était Marley, mais au fil des semaines tu as tellement bien joué ton rôle que j’ai commencé à douter jusqu'à penser m’être complètement trompé. J’ai même cru que tu allais tout raconter au président après l’incident du restaurant. Et puis vous êtes arrivées tout à l’heure au pont, j’ai eu un doute, mais je n’en étais pas sûr. Et quand tu as retiré ton masque dans la Citadelle, j’ai compris que je m’étais planté sur toute la ligne. Et j’ai alors repensé aux choses horribles que j’ai pu te dire, je m’en voulais tellement que j’ai pensé qu’il serait plus sage de rester dans l’ombre en attendant que tu me pardonnes.

Peter me regarde une dernière fois d’un air navré puis s’en va d’un pas traînant en direction de la grande place. Je le regarde s’éloigner, mon cœur se serre, je ne veux pas qu’il parte, je veux qu’il reste près de moi. En plus maintenant tout est bien plus simple, nous sommes sûrs d’être tous les deux dans le même camp. Je m’élance derrière lui en courant et l’appelle pour qu’il s’arrête.

— Peter !

Celui-ci se retourne, en quelques enjambées je me retrouve contre lui et sans que je m’en rende compte je pose mes mains sur son torse musclé.

— Peter c’est vrai tu m’as vexé, mais la seule chose que tu as blessée c’est mon ego. Je rêve de cet instant depuis tellement de jours.

Nos regards se mêlent, soudain le feu de la passion qui sommeillait en moi jaillit, je passe mes mains autour de son cou et l’attire encore plus près de moi. Nos lèvres se touchent enfin, il passe son bras autour de ma taille et pose son autre main sur ma joue. Cet instant je l’ai imaginé tellement de fois dans mes rêves depuis que je le connais qu’il me paraît presque irréel. Il relâche légèrement son étreinte et se recule pour mieux me regarder dans les yeux.

— J’ai attendu cet instant depuis le jour où nous avons dansé ensemble pour mon anniversaire, dit-il.

Il m’embrasse à nouveau, mais de nombreux rires nous obligent à suspendre cet instant. Nous regardons autour de nous, plusieurs habitants sont dans les rues et se réjouissent pour nous, ils rient et applaudissent. Nous rions à notre tour puis Peter m’attire à nouveau contre lui et m’embrasse une dernière fois, puis, il s’en va en me faisant un petit clin d’œil.

***

Cette nuit, mes rêves sont paisibles, je vois ma mère et Logan, ils se tiennent devant moi et sourient. C’est la première fois depuis des années que mes nuits sont calmes. Deux jours sont passés depuis que j’ai découvert qui se cachait derrière ce masque de cuir et je ne me suis jamais senti aussi libre. Alice et moi sommes confiantes pour l’avenir et nous savons que notre cause prend une nouvelle tournure.

— Marley, réveille-toi !

Alice me sort de mon sommeil en sursaut, j’ouvre difficilement les yeux et regarde autour de moi. La petite chaumière que nous a offert Barbas aurait bien besoin d’un petit coup de peinture, elle est vraiment très laide et sent le moisi, mais nous nous en contentons pour le moment.

— Marley, le groupe d’assaut part dans dix minutes en mission de ravitaillement, habille-toi vite si tu veux faire partie du convoi !

Mission de ravitaillement ? Mon cerveau met quelques secondes à remettre tous les mots d’Alice dans le bon ordre puis je réagis à ce qu’elle vient de me dire. Je saute du lit et cours à la salle de bain, je plonge mon visage dans la vasque pleine d’eau afin de me réveiller, puis je retourne dans la chambre pour enfiler mon pantalon de chasse et le premier débardeur que je trouve, je prends soin de fixer mon vieux carquois avec quelques flèches et je range ma petite épée dans le fourreau qui est dans mon dos, pour finir j’enfile mes bottes de chasses toutes boueuses et je sors en courant de la petite maison, suivie de près par Alice.

Nous rejoignons l’équipe d’assaut qui se trouve à l’entrée Sud. Quand nous arrivons à leur hauteur, Barbas fait mine d’être impatient et de nous en vouloir.

— Je n’arrête pas de le dire, messieurs, c’est toujours à cause de ces dames que nous sommes en retard, dit-il d’un air amusé.

— Pardonnez-nous Barbas, Marley a eu du mal à sortir de son sommeil.

— Oui, je le constate effectivement, ma chère Marley, tu as encore la trace de ton oreiller sur la joue.

— Ce n’est qu’un détail. Je lui réponds avec mon plus beau sourire.

— Oui un détail qui reste important, tu es la femme loup, tu vas devenir une légende en Gallia et une légende doit marquer les esprits ! Toutes les jeunes filles vont vouloir te ressembler, mais là ça ne va pas du tout

. Tous les membres de l’équipe me regardent de la tête aux pieds et approuvent ce que dit Barbas.

— Et alors, qu’est-ce qui ne va pas ? dis-je un peu vexée

— Disons que le pantalon en toile troué n’est pas sans un certain charme, mais on peut te trouver quelque chose de mieux, dit Peter avec son sourire charmeur

— Oui et tes bottes n’ont rien de glamour, ajoute Ted

— Sans compter cette mine fatiguée ! conclut Barbas

— Très bien, je capitule, vous pourrez faire de moi ce que vous voudrez quand nous reviendrons, maintenant si ça ne vous dérange pas, je croyais que nous avions une petite escapade nocturne à effectuer.

Toute l’équipe grimpe dans la jeep, quant à moi je monte derrière Peter sur sa moto et nous quittons la citadelle non sans une certaine appréhension.

Nous traversons les rues désertes de la ville, les quelques patrouilles qui tournent ne font même pas attention à notre passage. C’est beaucoup trop facile, il y a quelque chose qui cloche. Nous arrivons devant une sorte d’immense manoir en pierre un peu à l’écart de la ville. Aucun casque noir n’en garde l’entrée, aucune lumière n’est allumée, comme si ce lieu était désert depuis des années.

— Barbas, vous êtes sûr de vous ?

— Mon enfant, j’ai travaillé ici pendant plusieurs mois quand les Bellãtriens ont pris le pouvoir, je t’assure qu’il y a tout ce dont nous avons besoin ici.

Il semble sûr à 100%, je me tais et le laisse faire, après tout c’est lui le chef des rebelles ici. Mais je continue de penser que quelque chose ne tourne pas rond ici, ce site est bien trop figé pour que tout se passe bien. Et de toute manière depuis que les Bellãtriens sont au pouvoir plus rien ne se passe bien.

— Ted, Ralph et Peter, vous resterez ici pour couvrir cette entrée-ci. Marley Alice et moi nous entrerons et remplirons les sacs quant aux autres vous couvrirez les accès Nord et Ouest.

Barbas semble avoir tout planifié, mais est-ce suffisant ? Nous nous équipons, Alice Peter et moi masquons notre visage et chacun prend son poste. Alice Barbas et moi pénétrons dans l’immense propriété, un nouveau détail attire mon attention, la grille n’est pas verrouillée et nous n’avons qu’à la pousser pour pénétrer dans le parc du manoir. Inquiète j’agrippe le bras d’Alice et la retient quelques secondes.

— Alice, j’ai un mauvais pressentiment, tous mes sens sont en alertes.

— Marley, Barbas sait ce qu’il fait, il connaît les lieux, ne t’inquiète pas.

Je vois bien que personne ne comprend ce que je ressens, pourtant je suis sûre de mon sixième sens, ce frisson qui parcourt ma colonne vertébrale ne me trompe pas. Nous pénétrons dans la grande maison par la porte principale, je m’attends à ce qu’une alarme se déclenche, mais non, aucun sifflement, aucun projecteur braqué sur nous. Barbas constate mon inquiétude et pose une main bienveillante sur mon épaule.

— Ne t’inquiète pas Marley, c’est normal d’être stressé.

Quand nous passons le pas de la porte, nous entrons dans ce qui semble être une salle de réception, les plafonds sont hauts et ornés de moulures splendides, les parquets sont en bois massif. Mais aucune trace d’une quelconque production de médicaments. Sans dire un mot, notre chef nous conduit à travers les couloirs étroits de la grande maison puis nous arrivons au fond du couloir face à un mur. Barbas pose sa main sur un pavé numérique et tape un code sur le clavier tactile qui se trouve devant lui, le mur s’ouvre alors et nous découvrons une série d’escaliers qui s’enfonce dans les entrailles de la maison. Je ne suis toujours pas rassurée, mon arc est bandé prêt à décocher une flèche si la moindre occasion se présente. Nous descendons toutes les marches et nous entrons dans le cœur caché de la maison. Cela n’est pas croyable, la maison a disparu, il n’y a plus de moulure au plafond ; un épais carrelage blanc immaculé recouvre l’espace du sol au plafond, l’immense pièce est éclairée par de nombreux néons blancs. L’usine existe bel et bien, mais elle n’est pas visible de l’extérieur. À chaque poste de travail se trouvent des robots automatisés qui fabriquent ou empaquettent de nombreuses pilules de toutes les couleurs.

— Mesdemoiselles, je vous présente l’avenir. Ne traînons pas ici, prenez le plus de pilules que vous pouvez, chaque couleur soigne quelque chose de précis alors prenez de tout.

Je range mon arc et nous chargeons un maximum de médicaments dans nos sacs et nous apprêtons à remonter quand j’entends une détonation suivie d’un hurlement. Je sors mon épée de son fourreau et remonte les escaliers quatre à quatre. Je le savais ! Barbas aurait dû m’écouter ! La porte s’ouvre, nous traversons le couloir et arrivons dans la salle de réception nez à nez avec un escadron entier de casque noir. Ces derniers nous braquent avec leurs fusils d’assaut. Peter, Ralph et Ted sont à genoux, les mains liées dans le dos. Barbas n’en croit pas ses yeux, il n’a pas l’air de réaliser que nous sommes tombés dans un piège. Les casques noirs s’écartent légèrement pour laisser passer un homme, leur chef sûrement. Ce dernier me regarde fixement puis me salut d’un signe de tête.

— Mademoiselle Corvinus, si on m’avait dit un jour qu’un traîne-misère du quartier Sud de Marsilla entrerait dans la confrérie des rebelles de Lutz, je ne l’aurais jamais cru, mais vous m’avez fait changer d’avis.

Cette voix, je la reconnais sous son casque et ses lunettes noires. C’est le chef Flink, cet homme qui a assassiné ma mère, cet homme qui est la cause d’un grand nombre de mes malheurs. J’ai envie de le tuer, et pourrais le faire en une fraction de seconde, mais tout son escadron tuerait mes amis et ça je ne le permettrais pas, je dois donc être plus maligne et entrer dans son jeu.

— Monsieur relâchez mes hommes et nous disparaîtrons de votre vue, dit Barbas

— Vous laissez partir ? Après la jolie prise de ce soir, non impossible. D’autant plus que j’ai des projets pour mademoiselle Corvinus.

Je reste impassible, il ne doit pas voir que j’ai envie de le tuer, mais une chose m’embête, comment m’a-t-il reconnu sous mon masque ?

— Vous souvenez-vous, mademoiselle Corvinus, des cris d’agonie de votre mère quand j’ai pris un plaisir jouissif à lui infliger son châtiment.

— Oui, je m’en souviens parfaitement, mais vous, vous souvenez-vous, monsieur, de l’unique cri d’agonie de madame Roseline Blate, quand je lui ai arraché les cordes vocales ?

Il commence à serrer les poings, son sang bouillonne en lui. Je dois continuer de le piquer à vif.

— Quel dommage, vous sembliez proches, mais peut-être aimeriez-vous la rejoindre ?

— Mademoiselle, vos pirouettes pour me faire perdre pied sont très bonnes, mais laissez-moi vous poser une seule question, dit-il avec un sourire pervers. À votre avis, comment ai-je pu connaître l’endroit exact de votre mission et comment suis-je au courant que la gamine cachée sous son petit masque est Marley Corvinus ?

Non il bluffe !

— Allez un peu de réflexion, très bien je vais vous aider.

Il sort un petit hologramme comme celui que Sam nous a donné et envoi le dernier message. Le visage de Ted apparaît et sa voix résonne dans le petit appareil :

« Ils sont entrés, monsieur, la fille Corvinus est avec eux comme je vous l’avais dit, elle porte un masque de cuir noir, vous pouvez intervenir ».

Choqué Ralph se tourne vers son frère.

— Comment as-tu osé nous trahir !

— Pardonne-moi mon frère, pardonnez-moi tous, mais ils ont menacé de tuer ma femme et mon fils si je ne les aidais pas.

Flink se rapproche de Ted qui supplie son frère de le pardonner.

— C’est tragique d’avoir un traître dans ses rangs. Mais le problème avec les traîtres c’est qu’on ne sait jamais quand ils vont recommencer. Je pourrais enrôler ce jeune homme dans mon armée, mais qui me dit qu’il ne me trahira pas par la suite ?

Flink pointe le canon de son Colt 1911 sur la tête de Ted. Le pauvre Ted est paniqué et pleure de peur.

— Flink si vous faites ça vous déclarez la guerre ! dit Barbas.

— Mais la guerre n’a jamais cessé, monsieur.

Il arbore son plus grand sourire et appuie sur la détente, Ted s’effondre au sol dans une flaque de sang.

Ralph est choqué par la mort de son frère et ne peut bouger, contrairement à moi qui entre dans une colère folle. Je tremble de rage la douleur est là, mais cette douleur est presque une bénédiction, je sens l’instinct sauvage se réveiller et en quelques secondes mon corps se déchire pour laisser place à la louve en furie qui sommeille en moi. Je bondis sur le chef Flink, mais déjà des casques noirs tentent de me transpercer de leurs balles, je me recule afin de resserrer les rangs auprès de mes amis. Alice lance plusieurs boules de feu dans l’espoir de faire reculer l’escadron le temps de libérer Peter et Ralph, mais Barbas s’engage seul dans un combat perdu d’avance, il fonce tête baisser dans la mêlée, fend l’air avec son épée et ouvre le poitrail du premier soldat qui se trouve sur son chemin. L’homme tombe à genoux et regarde ses entrailles se déverser sur le sol. Ce premier mort est le signal du départ, je bondis sur les casques noirs, ne leur laissant pas le temps d’appuyer sur la détente de leurs armes, je mords le premier à la carotide ; un jet de sang éclabousse quelques soldats ce qui me permet de tirer avantage de leur surprise, mes coups de griffes sont mortels à présent et je n’hésite pas à en distribuer plusieurs pour me rapprocher de Flink. Quand j’arrive enfin à sa hauteur, ce dernier m’attend avec son célèbre fouet dans une main et un long sabre aiguisé comme une lame de rasoir.

— Tu crois que tu me fais peur sale monstre ! Si vraiment tu es si courageuse qu’on le dit alors, affronte-moi dans ton véritable corps, ne te cache pas derrière ce loup abominable !

C’est sûrement un piège, mais j’ai tellement envie qu’il voie la colère au fond de mes yeux quand je le tuerais.

— Tu n’es qu’une lâche !

Une lâche moi ! Je contracte tous mes muscles et reprends ma forme humaine dans un éclat de lambeaux de chairs et de poils que Flink se prend dans le visage. Je me relève, mon épée noire à la main.

— Je vais vous tuer, Flink ! Je vais vous tuer comme vous avez tué ma mère !

— Mais approche petite louve, je t’en prie. Viens goûter à la morsure de mon fouet !

Je ressers la prise sur mon épée et tourne autour de lui comme un prédateur tourne autour de sa proie.

— Je vais vous tuer !

— Vous êtes trop arrogante ma cher, cela vous jouera des tours.

Il bondit, son geste est si vif que j’ai du mal à le parer, mais il ne me touche pas.

— Je les aimais et vous me les avez tous pris !

— Ainsi vont les choses, très chère.

Cette fois, c’en est trop, je glisse au sol et passe entre ses jambes, ma lame entaille l’intérieur de sa cuisse et un abondant filet de sang se met à couler le long de sa jambe. Je me redresse et savoure cette douleur qu’il semble ressentir.

— Si tu veux me tuer Marley, tu vas devoir faire mieux que ça !

Et comme s’il n’était pas blessé il s’élance vers moi, son bras s’arme et me frappe au niveau de l’épaule. J’étouffe un cri de douleur, mais il ne me laisse aucun répit et son fouet vient me mordre dans le bas du dos.

— Comme je le disais, tu es pitoyable !

La colère ainsi que la folie envahissent tout mon être, mon instinct de louve a de nouveau fait surface. Flink semble quelque peu déstabilisé.

— Tes yeux, comment se fait-il que…

Cette fois Flink voit le corps de l’adolescente, mais c’est le loup qui contrôle tous mes gestes. Je tire avantage de ce moment de panique de sa part pour me rapprocher de lui et lui enfoncer mon épée dans le cœur. Il plonge dans mon regard tout en tombant sur moi. Son agonie est pour moi un soulagement, mais un sourire se dessine peu à peu sur son visage.

— J’avais tort, tu es à la hauteur pour affronter les Bellãtriens, mais cela te sera plus difficile avec ça !

Je le regarde incrédule quand j’entends le bruit d’une lame qui sort de son fourreau suivi d’une atroce douleur. Flink a utilisé ses dernières forces pour me poignarder lâchement. Il a fermé son poing et une lame est sorti de sa manche, dans un ultime effort, il me les a plantés dans l’avant-bras, je hurle de douleur et recule de quelques pas avant que Peter ne lui brise la nuque une bonne fois pour toutes. Les soldats ont battu en retraites, et nous devons quitter les lieux au plus vite avant que d’autres casques noirs ne se ramènent. Peter retire la lame étrange de mon avant-bras, laissant un amas de chairs déchirées et un trou dans mon bras. Il arrache un morceau de son tee-shirt et fabrique un bandage de fortune pour que je ne me vide pas de mon sang. Il me prend dans ses bras et m’aide à grimper sur la moto. Sur le chemin du retour, les images se brouillent, Flink avait raison, mon arrogance aurait bien pu me coûter la vie. J’ai été idiote de pouvoir penser que j’étais invisible. Le ronronnement de la moto me berce et me plonge dans une sorte d’état second, que m’arrive-t-il ? Comment une simple blessure peut à ce point m’affaiblir ?

***

J’ouvre les yeux, Peter me caresse tendrement la joue, Alice est assise de l’autre côté de mon lit et me tient la main.

— Ma chérie, enfin tu émerges, me dit Alice d’un ton rassurant

— Mais je ne me souviens pas m’être endormi ?

— Ta guérison t’a pris beaucoup d’énergie, me répond Alice.

— Ce que dit mon ancêtre est vrai alors ? Je peux cicatriser toute seule ?

— Oui, mais cela te prend de l’énergie et il y a par autre chose que tu dois savoir, quand tu guéris, tes plaies se referment, mais les cicatrices ne disparaissent pas, ajoute Peter.

Je regarde mon avant-bras droit, celui-ci est encore bandé.

— Pourquoi m’avoir bandé le bras si je cicatrise ?

— Ton bras est soigné, mais les lames que Flink a utilisées étaient empoisonnées et nous n’avons rien pu faire, ce n’est pas très joli à voir…

Comment pas très joli ? Je retire le bandage de mon bras, le tissu colle sur la plaie et je grimace en dévoilant cette blessure. Je suis dégoûté par ce que je vois ; mon bras ne saigne plus, mais ma peau est complètement boursouflée et irrégulière, cela ressemble plus à une sale brûlure, des morceaux de chair ont noirci sous l’effet du poison et des croûtes immondes commencent à se former.

— Cachez-moi ce truc dégueu, s’il vous plaît !

Alice refait mon bandage, mais Peter me tend déjà une petite boîte en souriant.


Texte publié par Chipper2907, 18 juillet 2022 à 11h39
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