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tome 1, Chapitre 15 « Marley » tome 1, Chapitre 15

Voilà une semaine que nous sommes en mission et j’ai l’étrange impression que nous sommes inutiles Alice et moi. Sam ne nous a toujours rien envoyé et je commence à tourner en rond. Heureusement, mes journées sont bien remplies avec les visites de Peter. Il vient me chercher tous les matins et nous partons nous promener dans les rues de la ville, nous faisons jaser toutes les bouches jalouses de Lutz et cela m’amuse. Chaque soir, il nous emmène Alice et moi dîner dans des restaurants très mondains, bien qu’elle soit méfiante Alice semble aimer autant que moi être chouchoutée. Les nombreux présents de Peter me mettent à chaque fois très mal à l’aise surtout quand il me tend les grandes boîtes avec un sourire radieux, j’en viendrais presque à me demander s’il est vraiment un Anderson, cela me semble très étrange de dire ça, mais il paraît différent des autres. Il ne parle jamais de dominer les Galliens, il passe son temps à contourner les règles et je l’ai même surpris à être tout autant outré que moi devant le comportement des casques noirs face aux serviteurs du Dôme. J’en mettrais ma main à couper, Peter est différent de son père, cela ne fait aucun doute.

Je suis dans le jardin Sud du Dôme, sous un arbre où je m’ennuie, Peter n’est pas venu me chercher aujourd’hui, et hier non plus d’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi il ne m’a pas prévenu. Une autre chose me tracasse, nous avons appris que cette nuit il y avait eu une offensive des rebelles de Lutz, ils ont attaqué l’une des plus grosses banques de la ville. Pourquoi Sam ne nous a pas mises au courant, nous aurions pu y participer ! Je commence à croire que Sam ne veut pas nous envoyer au combat Alice et moi et qu’il a inventé cette mission pour nous écarter des combats. Toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête ne m’aident pas non plus à me concentrer pour transmuter, depuis que nous sommes arrivées je n’ai pas réussi à me changer en louve à nouveau, pourtant j’applique tous les conseils d’Alexandre Corvinus, mais en vain. Résignée à attendre que la journée se termine, je ferme les yeux et commence à m’endormir quand une voix grave et calme me sort de mes rêveries.

— Quel plaisir de vous retrouver.

Je me retourne vois son visage souriant, mais fatigué.

— Peter ! Mais grand dieu ou étiez-vous passé ?

— Vous étiez inquiète pour moi ?

— Bien sûr. (Mes joues s’empourprent) Plus de nouvelles pendant deux jours, et vous m’aviez promis une promenade à cheval, je l’attends toujours.

Peter semble aussi amusé que moi par ma piteuse imitation de la jeune Bellãtrienne effarouchée.

— Vous êtes très belle dans cette robe mademoiselle. (Il change complètement de sujet comme s’il ne voulait pas que l’on parle de son absence) Que diriez-vous si je vous proposais de sortir dans Lutz ce soir pour me faire pardonner ce manque de civisme envers vous ?

— J’en serais très heureuse. Mais promettez-moi de me dire ce qui vous a retenu ces deux derniers jours.

— Nous verrons cela. Je vous retrouve dans une heure dans le grand hall en bas des marches.

— J’y serais.

***

— Le fils Anderson doit être de retour pour t’être faite aussi jolie, dit Alice arborant son habituel sourire.

— Alice…

— Quoi, tu lui plais il te plaît et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai changé d’avis à son sujet, il m’inspire confiance.

— À toi aussi ?

— Oui, je ne saurais pas dire pourquoi, mais sa façon d’être est naturelle, il n’y a pas de faux semblant dans ce qu’il fait et je pense qu’il a le cœur bon, tout l’inverse de son père. Il pourrait nous être utile par la suite qui sait.

— Tu voudrais l’utiliser ?

— Imagine, le fils chouchou du président qui rallie la cause des rebelles, ça ferait un superbe coup d’éclat.

— Possible, mais nous devons vraiment nous assurer qu’on peut lui faire pleinement confiance.

— Je te laisse jauger cette situation, aller dépêche-toi ton prince ne va pas tarder.

Je sors de la chambre toute âpreté, Alice m’a obligé à porter l’une des robes que m’a offert Peter, mais je ne suis vraiment pas à l’aise dedans ; la robe est tellement longue que je risque d’y marcher dessus et de tomber, le tissu est tellement vaporeux que je risque de m’emmêler les pieds dedans et de tomber aussi. Je préfère de loin mon pantalon de chasse, mais voilà je n’ai pas le droit de le porter dans cette fichue ville. Je descends les grands escaliers de marbre en faisant très attention à ma robe et à mes pieds, Peter m’attend en bas appuyer contre une colonne, il rit tout en s’approchant de moi. Il me prend la main et y dépose un baiser.

— Vous n’étiez pas obligé de vous torturer à ce point ma chère.

— Vous ne me trouvez pas jolie ?

— Si très, mais j’ai cru comprendre que les grandes robes de princesses et les talons très hauts ne sont pas vos amis.

— Oui c’est vrai, mais il n’est pas convenable pour une jeune fille de porter des pantalons.

Il me prend par le bras et nous sortons ensemble du grand hall. Son 4x4 est déjà stationné devant l’entrée, il m’aide à monter dedans et nous quittons le Dôme.

Nous passons devant les grands monuments de la ville, tous merveilleusement éclairés, la musique qui résonne dans les rues est si mélodieuse et envoûtante que je pourrais descendre de la voiture pour danser une valse. Je ne cesse de le regarder, mes yeux ne peuvent se détacher de lui.

— Que regardez-vous ? demande-t-il.

— Rien.

— Dommage, l’espace d’un instant j’ai cru que c’est moi que vous admiriez.

— Votre vanité vous perdra monsieur, dis-je en riant.

Nous entrons dans une immense propriété, le cadre est magnifique. Une grande allée de cèdres nous conduit jusqu'à un château de pierre entièrement illuminé. Nous nous arrêtons devant l’entrée du château, un voiturier est déjà prêt à prendre la voiture de Peter, celui-ci m’aide à descendre et nous commençons à nous avancer vers la porte, quand Peter s’arrête, me retient par le bras et me rapproche de lui.

— Mina, nous ne nous connaissons pas depuis longtemps, mais depuis que nous avons dansé ensemble pour mon anniversaire, je ne cesse de penser à vous. Vous hantez mes rêves, et mes journées sont rythmées au son de votre rire. J’ai passé les plus belles journées de toute ma vie en votre compagnie et ces deux derniers jours sans vous ont été une torture.

Il me rapproche de lui encore plus, nos lèvres se rapprochent dangereusement !

— Peter nous ne pouvons pas…

Son bras s’enroule autour de ma taille !

— Peter, je vous en prie…

Son étreinte devient plus pissante, j’ai envie de lui céder, j’ai envie de m’abandonner dans ses bras. Nous ne sommes plus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, mais l’apparition du visage de Logan me ramène à la réalité.

— Peter, non ! Je vous en prie.

Nous nous écartons brusquement. Peter me regarde l’air navré quant à moi je ne sais plus où me mettre, il m’attrape maladroitement la main et nous nous dirigeons vers la porte du château.

— Mina, sachez que je ne vous veux aucun mal et je n’aurais pas dû. Veuillez me pardonner.

Le majordome qui nous attend à l’entrée du château, nous installe à une table dans un espace privé sur un balcon avec vue sur le parc, le cadre est vraiment merveilleux, mais la tentative de Peter me perturbe. Ses yeux croisent les miens, je sens qu’il s’en veut, mais il n’y a rien de grave.

— Peter, ne soyez pas navré, je ne vous en veux pas pour tout à l’heure, c’est juste que je suis encore amoureuse d’un homme qui m’a été enlevé et je ne peux pas le trahir.

— Je comprends Mina, c’est très noble de votre part (comme pour changer de sujet il me sourit et lève son verre). Levons nos verres…

— Très bien, mais à quoi trinquons-nous ?

— A notre rencontre !

Nous levons nos coupes de champagne et trinquons ensemble.

— Peter, j’aimerais tellement en savoir plus sur vous…

— Je vois, vous voulez que je me livre à vous ?

— C’est exact dites-moi tout.

— Bien si vous le souhaitez. Je suis né ici à Lutz, ma mère est morte quand j’étais enfant ; elle a été emportée par la grande crue du « Pont des âmes ». J’ai toujours vécu avec mon père et ma sœur…

— Votre sœur ?

— Oui, elle est en voyage pour le moment, mais vous ferez sa connaissance peut-être dans quelques mois quand elle reviendra, elle s’appelle Lilith, elle est de cinq ans mon aînée, mais nous avons toujours eu des points de vue différents sur la vie. Toujours est-il que mon père ne pouvait pas s’occuper de son pays et nous élever en même temps alors il nous a envoyés en pension, ma sœur était dans un établissement au nord de la Sybria, vous savez cette terre recouverte de glace et neige. Quant à moi, j’étais dans une institution très stricte et très spéciale en Arcadia…

— Vous avez grandi en Arcadia ?

— Oui, j’étais dans une école de chasseurs, c’est ainsi qu’ils appellent leurs soldats là-bas. Je suis resté dans cette école pendant dix ans j’avais dix-huit ans quand j’en suis sorti.

— Parlez-moi de ce pays, est-il si dangereux qu’on le dit ?

— Oui, ce pays est régi par la magie, c’est difficile à croire, mais tout le monde est un peu magicien là-bas. Mais le gros souci de ce pays reste les sangsues.

— Les sangsues ?

— Oui, ce sont des immortels qui s’abreuvent de sang et qui se délectent du chaos, les chasseurs sont là pour assurer la protection de la population, mais ils ne sont pas assez nombreux, enfin c’est le constat que j’ai pu faire quand je vivais là-bas.

— Cela a dû vous soulager de revenir ici.

— À vrai dire pas vraiment, je suis revenu il y a déjà deux ans et mon père s’obstine à me mettre à la tête de ses armées, mais je m’y refuse et il sait très bien pourquoi. Alors pour éviter un scandale, il me laisse vaquer à mes occupations.

— Un scandale ? Je ne comprends pas ?

— Je n’ai pas les mêmes idées que mon père, vous avez dû le constater et il le sait. Je lui ai dit que si jamais il tentait de me mettre à la tête de son armée, je m’en servirais pour libérer ce pays des Bellãtriens.

Ai-je bien entendu ? Il est vraiment sérieux ? Nos espoirs se fondent, serait-il possible que Peter Anderson puisse un jour servir la cause des rebelles ? Mais je ne dois pas montrer ma joie où il saura tout, je dois rester dans ce personnage qui méprise les peuples du Sud.

— Vous savez je pense que vous feriez un très bon commandant et votre père a permis au pays de ne pas sombrer dans le chaos.

Je me dégoûte de prononcer ces mots, je n’aime pas ça et pourtant je dois parler comme une Bellãtrienne.

— Vous n’êtes pas sérieuse j’espère ? me demande-t-il surpris

— Si bien sûr que je suis sérieuse, je pense que les gens qui ont souhaité renverser le pouvoir n’ont eu que ce qu’ils méritaient.

Les mots qui sortent de ma bouche me brûlent la langue telle des charbons ardents. Je ne supporte pas de dire de telles atrocités, mais je n’ai pas le choix. À ma grande surprise, le fils du président me dévisage avec un air de dégoût.

— Non c’est impossible, vous ne pouvez pas dire des choses pareilles ! Non pas vous ! Non c’est impossible, je n’ai pas pu me tromper de personne ! Vous n’êtes pas celle que je pensais.

— Qui pensiez-vous que j’étais ?

Je n’y arrive plus, je ne peux plus trahir mon peuple, je ne dirais plus rien contre Gallia. Peter ne semble pas disposé à penser comme un Bellãtrien, il frappe du poing sur la table et se lève d’un coup.

— Peu importe, je me suis trompé sur vous et cela m’écœure ! Venez, je vais vous montrer qui sont vraiment les rebelles dont mon père vous rabâche les oreilles, nous verrons bien s’ils représentent une menace pour vous !

Peter laisse une liasse de billets sur la table, m’attrape par le bras et me lève avec une force incroyable. Quand nous sortons la voiture est déjà devant l’entrée, il m’oblige à monter à bord et démarre en trombe. Je ne sais pas où nous allons, je ne sais pas ce qu’il va se passer, mais je commence à paniquer, Peter n’aime pas les Bellãtriens, il ne les a jamais aimés et à présent il croit que je fais vraiment partie des leurs.

***

Nous roulons depuis environs vingt minutes et nous nous éloignons de plus en plus du centre de Lutz, devant nous commence à se dresser des immeubles en béton complètement délabrés et à moitié en ruine. Peter arrête la voiture dans une petite ruelle, ici la situation est aussi délicate qu’à Marsilla. Une odeur de pisse embaume tout le quartier, les enfants déambulent dans les rues avec des chaussures trouées et ont la peau sur les os. Je sens la tristesse m’envahir, je voudrais les aider, je voudrais tant faire pour eux, faire ce que je n’ai pas pu faire pour Logan. Les émotions sont trop fortes je vais pleurer, non il ne faut pas que je pleure !

— Pourquoi ? Pourquoi m’avoir conduit ici ?

— Vous trouvez qu’ils ont l’air dangereux ? Vous croyez que mon père a empêché le chaos ?! Maintenant, vous savez ce qu’il y a derrière les murs de la capitale, les serviteurs des Bellãtriens vivent ici, dans des conditions de vie que vous ne connaîtrez jamais !

S’il savait, s’il savait ce que j’ai vécu, tout ce que ces gens éprouvent, je l’ai éprouvé aussi et je l’éprouve encore.

— Ne pleurez pas ! Mina vous n’avez aucun droit de pleurer ! Vous voyez en eux un danger ? Vous voyez en eux des rebelles ? Non ils n’ont que la peur, la peur de mourir, la peur de perdre un enfant, un parent … Eux ont le droit de pleurer, pas vous ! Regardez ces enfants, jamais vous ne ressentirez ce qu’ils ressentent ! dit-il en saisissant mon visage entre ses doigts pour que je les regarde tous.

— Détrompez-vous ! J’ai…

— Mina vous êtes une gamine ignorante et stupide, je voyais en vous une personne intelligente, mais je me trompais vous n’êtes pas celle que je pensais et je regrette presque de vous avoir rencontré.

Mon rôle était trop bien joué, Peter pense vraiment que je suis comme ces filles de Lutz ?

— Peter, je ne suis pas celle que vous dites…

— Vous pourriez me dire que vous êtes la meilleure des femmes, je ne vous croirais plus maintenant. Vous m’avez abusé pour que je vous livre mon cœur, je vous ai avoué que je détestais mon père. Maintenant qu’allez-vous faire ? Vous allez vous empresser de prévenir le président ? Peux être sera-t-il clément avec son fils.

— Voyons Peter jamais je ne vous trahirais !

— Ça suffit ! Je vais vous ramenez au Dôme vous pouvez y rester tout le temps qu’il vous plaira, mais je ne veux plus jamais avoir à faire à vous ! Restez loin de moi, ne venez plus me voir et surtout n’attendez plus rien de ma part.

— Ne vous donnez pas cette peine Monsieur Anderson, je rentrerai seule !

Je descends de la voiture, mais il a le temps de me rattraper par le bras.

— Mina, ne soyez pas stupide, vous n’allez pas rentrer seule, vous ne savez même pas où nous sommes et je ne vois pas comment je pourrai expliquer à votre sœur votre disparition.

— Comme vous l’avez si bien dit, monsieur, je n’attends plus rien de vous. Vous savez Peter, votre problème c’est que vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez ! Un jour peut-être vous comprendrez que je ne suis pas celle que vous dites. Maintenant bonne nuit !

Je lui mets un coup de coude dans les côtes pour qu’il me lâche et m’enfuis en courant. Je cours jusqu'à pénétrer dans une ruelle, mais je dois m’arrêter. Une douleur me transperce la poitrine, je tombe à genoux. Ma gorge est en feu et j’ai l’impression que mes yeux vont sortir de leurs orbites. Je suis en train de transmuter ! J’essaye de me concentrer comme je l’ai lu dans le journal de mon ancêtre, j’essaye de calmer la colère en moi pour que la douleur diminue, mais ce n’est pas tâche facile. Mes os se brisent un à un, je serre les dents pour ne pas hurler et tente de respirer de façon régulière. La douleur reprend là-dessus et me plaque à nouveau au sol. J’ai l’impression d’être en plein coeur d’une histoire d’horreur ; ma peau se déchire, mes dents tombent, mon pelage pousse sous les lambeaux de chair, je dois redoubler de concentration pour ne pas m’évanouir. Je ne contrôle plus ma respiration, j’ai l’impression de suffoquer, je dois me libérer de ce corps humain, je griffe je mords je pousse et soudain ma peau humaine se déchire et je suis enfin libérée. Je ne ressens plus aucune douleur, plus aucun signe de fatigue, je sens mes muscles se délier et mes griffes se planter dans la terre battue, quel plaisir de retrouver ce corps animal. J’ai besoin de courir, de me défouler, de m’évader, Peter m’a fait trop mal et je ne veux plus l’entendre, il pense tout connaître de mon peuple sous prétexte qu’il a un peu de compassion ! Je cours et traverse le ghetto, j’ai juste envie de penser à moi pour une fois, je veux oublier toute cette pression qui pèse sur nous, toute cette horreur qui nous entoure, tous ces faux semblants ! Je ne veux plus me faire passer pour cette gamine arrogante que je ne suis pas ! Je ne veux plus ! Soudain, j’entends un bruit de voiture derrière moi, mon odorat ne me trompe pas et je reconnais l’odeur de Peter…oh non il m’a pris en chasse, me prenant pour un loup sauvage ! Bon, calme-toi et réfléchis, cache-toi dans la forêt ! Je bifurque à gauche et pénètre dans la forêt. Je suis en sécurité dans le sous-bois et il n’y a plus de voiture derrière moi. Je reprends ma route calmement au milieu de la nuit, quand devant moi, le canon de son « colt 1911 » pointé sur ma tête, Peter se dévoile à la nuit.

— Que fais-tu si loin du Territoire des loups ?

Je n’arrive pas à savoir s’il va me transpercer la tête ou s’il va baisser son arme, je laisse alors mes yeux scintillants l’envoûter, en espérant qu’il baisse son canon. Je me rapproche un peu et tout en prenant garde je pousse légèrement le canon de son arme sur le côté.

— Tu es intelligent pour un loup.

Puis je baisse la tête afin qu’il y dépose une caresse, ce qu’il fait sans la moindre crainte. Il s’assoit alors à côté de moi et continue de me caresser la tête.

— J'espère qu’elle n’a rien...

Je lève alors la tête.

— J’ai été le plus stupide des hommes. Je l’ai traité plus bas que terre et je l’ai laissé filer, maintenant je ne sais pas où elle est, elle est peut-être en danger, tu ne l’aurais pas vue par hasard ? Comme si tu allais me répondre...

Malgré moi, je lui réponds par un non de la tête.

— Tu comprends ce que je dis ?

Au diable ! Si vraiment il est contre les Bellãtriens il ne me tuera pas.

— Incroyable, mais attends ne serais-tu pas la femme loup dont tous les rebelles parlent ?

Il est vraiment sérieux ? Où a-t-il bien pu entendre parler de Marley Corvinus ?

— De toute façon, je sais que si tu étais cette femme tu ne me le dirais pas, c’est tellement évident.

Nous restons assis là presque une heure durant, il me raconte en boucle le fiasco de ce soir et il m’avoue à quel point il s’en veut, puis il se lève et je comprends qu’il doit partir.

— Si vraiment tu es celle que je pense, sache que je ne te ferais aucun mal.

« Merci »

— Quoi qui as parlé ?

« Je suis Marley Corvinus et si tu es vraiment contre les Bellãtriens, alors tu ne me tueras pas et tu pardonneras à ton amie sa maladresse. »

Je me lève et m’enfuis pour qu’il ne puisse pas me rattraper.

***

Je suis de nouveau seule dans la forêt. Je suis morte de fatigue et il faut absolument que je rentre. Je ferme les yeux et me concentre, la douleur est moins forte, mais toujours présente. Mes os retrouvent peu à peu forme humaine en se fracassant les uns contre les autres, mes dents humaines réapparaissent, et je finis par m’extirper de ma peau de louve en la déchirant, c’est une vision fort déplaisante, mais je n’ai pas encore trouvé d’autre solution pour changer d’apparence. Je sors du sous-bois et cherche un moyen de partir d’ici. Je déambule dans les rues boueuses depuis bientôt une heure, tout espoir est perdu, je me suis vraiment égarée, je n’ai pas d’argent, ma robe est pleine de boue, je suis épuisée j’ai froid et il n’y a pas une seule voiture. Je finis par m’asseoir sur le trottoir en attendant qu’une voiture passe. Je m’assoupis quelques instants quand j’entends un klaxon tout près de moi. La vitre de la grosse limousine se baisse et j’aperçois le visage de Will notre chauffeur.

— Mademoiselle Valentino, enfin je vous trouve !

— Vous me cherchiez Will ?

— Évidement, Monsieur Peter m’a dit que vous vous étiez disputés et qu’il fallait que je vous retrouve, il m’a donné un sacré billet pour venir jusqu’ici. Mais que faites-vous dans un quartier si peu fréquentable madame ?

— C’est une longue histoire.

— Ah! Ne m’en dites pas plus, je préfère ne rien savoir.

Will sort de sa voiture et m’aide à m’y installer, il sort une couverture du coffre qu’il m’enroule autour des épaules.

— Voilà, ne vous inquiétez pas, je vais vous ramener madame.

— Merci Will.

Je m’enroule encore plus dans la couverture et m’endors tout le long du trajet.

— Mademoiselle Mina, nous sommes arrivés.

Quoi déjà, le trajet m’a paru durer une seconde, je sors difficilement de ce court sommeil. Je tente de me relever, mais j’ai si froid que mes forces m’ont abandonnée.

— Merci Will, je t’en suis reconnaissant.

Cette voix, c’est celle de Peter.

— Pas de problème monsieur.

La portière s’ouvre et je vois Peter le visage décomposé qui me soulève de la banquette. Je passe mes bras autour de son cou et m’y accroche de toutes mes forces. Il traverse la grande cour du Dôme et me monte jusqu'à ma chambre.

— Mina je voudrais vous demandez pardon pour ce soir...

— Je ne veux pas vous parler ce soir, monsieur, vous m’avez méprisé et vous m’avez blessé. Alors quand vous aurez compris que je ne suis pas celle que vous pensez, revenez me voir pas avant.

— Mais ?

Soudain, je vois Alice courir vers nous dans le couloir.

— Ma chérie, tu n’as rien ?

— Non elle n’a rien.

— Monsieur sauf votre respect, je ne vous ai pas posé de question. Aller viens Mina on rentre dans notre chambre.

Alice me libère de l’étreinte de Peter et me conduit dans la chambre.

— Mina pardonnez-moi !

Mais je n’ai pas envie de lui pardonner, pas ce soir en tout cas !


Texte publié par Chipper2907, 18 juillet 2022 à 11h33
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