Pourquoi vous inscrire ?
«
»
tome 1, Chapitre 9 « Marley » tome 1, Chapitre 9

Une main se pose sur mon front, j’ouvre les yeux et d’un geste vif je la repousse.

— Oh tout doux Marley.

Lucius est à mon chevet.

— Salut cousine, enfin tu sors de ton coma.

— Un coma ? Mais cela fait combien de temps ?

— Tu as dormi trois ou quatre jours

— Et tu es resté là tout le temps ?

— Non, mon père est venu et puis Alice aussi.

— Alice ? Elle n’est plus fâchée contre moi ?

— Non, elle ne pensait pas ce qu’elle a dit, sa peine est très grande et elle ne s’attendait pas à cette triste nouvelle, mais elle va se relever, comme nous tous.

Je tente de me relever pour sortir de ce lit, mais mon corps tout entier me fait atrocement souffrir, comme si tous mes os étaient brisés.

— Doucement, ne t’agite pas, tes os ne sont pas tous guéris.

Guéris ? Mes os ? Il ne me semblait pas m’être rompu les os quand je me suis perdu.

— Lucius, que s’est-il passé ?

— Disons que durant ces quatre jours tu as subi quelques changements corporels…

— Quoi ?

— Tu avais de la fièvre et une nuit tu m’as carrément fait flipper, tu te tordais de douleur, tes os se sont mis à craquer et puis tout est allé si vite, mais tu es resté endormi. Marley, j’ai vraiment cru que tu allais mourir.

J’observe mon corps qui me fait tant souffrir ; mes bras sont couverts d’ecchymoses, et il en est de même pour mes côtes et mes jambes.

— Lucius ! Que m’avez-vous fait ?!

Je commence vraiment à paniquer, comment se fait-il que je sois couverte de bleus et que mes os aient été brisés ?

— Nous ne t’avons pas touché je te le jure, mais tu as subi beaucoup de changements ces dernières 48h.

— Ne t’approche pas de moi !

Lucius semble inquiet et appelle son père qui pénètre immédiatement dans la chambre, il s’assied sur le bord du lit, me regarde dans les yeux et passes sa main sur mon front.

— Tu ne devrais pas t’agiter comme ça mon enfant, tu n’es pas encore soignée.

— Je veux que vous m’expliquiez ce que vous m’avez fait !

— Rien du tout, la seule responsable de ton état c’est toi-même.

— Moi-même ? J'espère que tu plaisantes ?

— Non, je ne plaisante pas, tu as hérité de la guérison miraculeuse de nos ancêtres, ta blessure au front à disparue en quelques minutes en revanche tes os sont plus lents à se ressouder et cela est dû à la transmutation.

— La transmutation ?

— Oui, ton corps change et tu commences à pouvoir transmuter.

— Et c’est pour cela que vous avez été obligé de me briser les os ?!

— Non, nous n’y sommes pour rien, c’est ton corps qui les brise tout seul afin de pouvoir changer.

— Et cela durera encore longtemps ?

— Je ne sais pas, j’imagine que quand le processus de transformation sera achevé tu souffriras moins.

— Tu imagines ?!

— Reste couché pour le moment, repose-toi, nous veillons sur toi, tu ne crains rien ici. Et quand tu seras prête, tu te lèveras.

Il me caresse toujours les cheveux, mais je suis si fatigué que je sombre à nouveau dans le néant.

***

Cela fait presque une semaine que je suis en convalescence, mon corps commence à me laisser un peu de répit, mais mes mouvements sont encore réduits. Alice doit m’aider pour m’habiller et aussi pour tous mes déplacements, je ne veux plus rester enfermé dans cette chambre, j’ai besoin d’air et de soleil. Depuis deux jours, les rebelles sont en mission de reconnaissance afin de jauger l’état de Marsilla, Lucius et Sam en font partie, Alice quant à elle, est restée pour veiller sur moi bien que je lui ai dit qu’elle pouvait me laisser seule. Nous nous sommes beaucoup rapprochées et nous passons beaucoup de temps à parler de Logan, un certain lien s’est créé entre nous, je ne sais pas si Logan en est la cause unique, mais notre complicité grandit de jour en jour.

Nous sommes au réfectoire sur la place centrale en train de prêter main-forte aux femmes pour le banquet du soir quand Sam et Lucius reviennent avec le convoi. Alice a les yeux qui pétillent, elle se lève d’un bon et court embrasser son bien-aimé. Je les rejoins au centre de la Grand-Place, Lucius m’embrasse sur la joue et mon oncle me serre dans ses bras.

— Mes enfants, vous revoir emplit mon cœur de joie.

— Nous aussi Sam, nous sommes heureuses de vous revoir entier tous les deux.

Mon oncle m’aide à m’asseoir sur l’une des caisses de vivres qu’ils ont ramenées puis me prend les mains.

— Tu as l’air d’aller mieux ?

— Oui, Alice a bien pris soin de moi et je commence à marcher seule, et la douleur commence à être supportable.

— Le processus est donc bientôt achevé.

— Tu crois que je pourrais me transformer en loup après ?

— Possible, seul le temps pourra le dire.

— Oncle Sam, parle-moi de Marsilla, comment se porte le quartier Sud ?

— Pas très bien malheureusement. Nous avons pu voler une grosse quantité de nourriture aux casques noirs pour tout distribuer aux pauvres gens, mais c’est de pis en pis. Le bureau d’ordre a encore diminué les rations de nourriture, les salaires aussi ont été diminués et les quotas à l’usine ont été augmentés. La ville est au bord de la destruction, les gens n’ont plus d’espoir auquel se raccrocher. Nous avons essayé de les aider, mais ils sont trop nombreux, nous ne pourrons pas continuer ainsi très longtemps.

— Et mes amis ? La mère de Logan et d’Alice ?

— Le bureau d’ordre en la personne de madame Blate a fait détruire ta maison puis elle a fait exécuter la mère d’Alice pour s’y être opposé.

L’information met quelques secondes à monter jusqu'à mon cerveau, mais une fois assimilé, la colère m’envahit, une colère comme je n’ai jamais ressenti auparavant. Je me lève d’un bon en oubliant mes membres meurtris, pousse mon oncle qui essaye de me retenir, je commence à courir en direction de la grande porte quand une douleur atroce me plaque au sol. Je ne peux plus respirer, je ne peux plus bouger, ma tête brûle, c’est comme si on me passait dans un mixeur, je tente de me relever, mais en vain. Je me traîne jusqu'à la fontaine qui se trouve juste à côté de moi et aperçois mon reflet dans l’eau cristalline. Mes yeux ont changé, ils sont devenus jaunes, tous les os à l’intérieur de mon corps bougent et se fracassent entre eux, la douleur est insupportable, tout mon être brûle. Mes dents tombent une à une et laissent place à des crocs acérés, mon nez s’allonge et se transforme en un long museau. Tout mon squelette change et se transforme, ma peau se déchire peu à peu laissant apparaître un pelage noir comme la nuit. Je me tords dans tous les sens, je veux que ça s’arrête ! Mon supplice se termine enfin quand les derniers fragments de chair humaine se déchirent pour laisser place au loup qui sommeillait en moi depuis si longtemps. Je me mets sur mes quatre pattes, et me secoue afin de retirer les derniers lambeaux de chair pris dans mon pelage. Je suis devenu une véritable louve noire, mais légèrement plus grande que la normale, je suis terrifiée, je ne sais pas quoi faire, je ne comprends pas comme fonctionne ce nouveau corps, je n’arrive même pas à me souvenir précisément où je me trouve.

— Marley, regarde-moi !

Je me retourne apeurée et tente de remettre une odeur sur cet homme que je connais.

— Marley, tu dois garder ton esprit d’humain éveillé ! Le loup n’est qu’une enveloppe !

Garder mon esprit humain éveillé ! Garder mon esprit humain éveillé ! Ça y est cela me revient, cet homme est Sam, c’est mon oncle ! Tous mes souvenirs remontent à la surface, je me souviens où je suis, avec qui et pourquoi j’ai transmuté. Roseline Blate, elle a tué la mère d’Alice et de Logan ! Mes babines se retroussent, et sûr de moi je me dirige vers la sortie afin d’assouvir ma vengeance. Avant de m’élancer hors de la grotte, j’entends une voix dans ma tête, c’est Lucius.

« Marley ne fait pas de bêtise, la vengeance ne te ramènera pas les êtres que tu as perdus !»

Sam m’ouvre le passage et je bondis hors de la grotte, je hume l’air frais autour de moi, quelle sensation de liberté ! Le monde s’éveille à moi sous un jour nouveau. Je perçois le moindre mouvement, la moindre vibration et le moindre son est capté par mes oreilles. Je galope dans la forêt, les premières neiges sont tombées et je suis la première à fouler le sol de cette forêt figée dans la perfection de l’hiver. En quelques minutes, j’arrive aux portes du quartier Sud, cette fois je me calme et réfléchis, je dois uniquement atteindre Blate et ses gardes du corps. Mais aucun innocent ne doit être blessé. Le soleil commence à décliner, je reste tapi dans un bosquet en attendant que la nuit tombe, mais surtout que la garde soit relevée et que leur vigilance soit moins accrue. Je n’ai pas à attendre bien longtemps, car la porte s’ouvre et le casque noir quitte son poste. J’en profite pour me glisser dans l’enceinte de la ville. Je grimpe en silence sur les toits des petites maisons du quartier pour ne pas me faire repérer, puis je passe devant mon ancienne maison, je m’approche et constate avec horreur qu’elle n’est plus que cendres et gravas. Puis je distingue une affiche sur ce qu’il reste de la porte d’entrée.

« MARLEY CORVINUS A QUITTE LA VILLE SANS AUTORISATION PRÉALABLE. ELLE A DÉCIDÉ DE NE PAS SE SOUMETTRE AUX ORDRES DU GOUVERNEMENT ET A PRIS LA DÉCISION DE FUIR COMME UNE HORS LA LOI. AFIN QUE TOUT LE MONDE N’OUBLIE JAMAIS QU’IL EST INTERDIT DE QUITTER LE QUARTIER SANS AUTORISATION, LA DEMEURE DE CETTE HORS-LA-LOI A ÉTÉ RÉDUITE EN CENDRES. DE PLUS, LA DÉNOMMÉE MARLEY CORVINUS EST OFFICIELLEMENT RECONNUE COMME HORS LA LOI TOUTE ASSOCIATION AVEC ELLE SERA CONSIDÉRÉE COMME DE LA TRAHISON ET SERA PUNIE DE MORT !

VIVE LES BELLÃTRIENS ! »

Cette affiche me donne froid dans le dos et renforce ma colère. Je dois entrer dans le palais de justice où réside Roseline Blate ! Je m’approche doucement de la grande bâtisse et en fais le tour. La chance me sourit, une des fenêtres est ouverte, juste assez pour que je m’y faufile. Je saute alors jusqu'à l’entrebâillure comme si j’avais toujours été une louve. Je m’engouffre dans le bâtiment de brique. Par chance, il n’y a aucune caméra dans les couloirs et je peux me faufiler sans problème à travers la grande habitation. Je marche avec prudence quand mon attention est attirée par des voix dans une pièce voisine. Elle déguste du champagne et des petits fours pendant que d’autres meurent de faim dans les rues ! La colère me reprend…je dois la contrôler pour ne pas faire de bêtises. Affalée dans un fauteuil de velours noir, elle festoie avec un ami, celui-ci s’absente de la pièce un instant, la laissant ainsi seule et vulnérable. C’est le moment d’agir, un coup de croc dans la carotide, et l’affaire sera réglée. J’entre dans ce qui semble être un petit salon, le feu crépite dans une grande cheminée d’époque, le champagne et les petits fours sont bien exposés sur la table basse et Blate est assise dans son fauteuil face au feu. Je me glisse sans bruit derrière elle et me mets à grogner dans son coup. Elle se retourne et reste pétrifiée de terreur. Ainsi donc, voilà la grande madame Blate morte de peur devant un loup.

« Je viens t’aider à laver tout le sang que tu as sur les mains ! »

—Je n’ai pas de sang sur les mains !

Incroyable ! Je peux communiquer avec elle, elle m’entend quand je plonge mon regard dans le sien. Mais je ne lui laisse pas le temps d’en dire davantage, je bondis sur elle et mes crocs se plantent dans le creux de son cou, arrachant au passage un énorme morceau de chair. Le sang gicle partout et elle tombe sur le plancher qui se teinte de rouge. Blate s’éteint en gardant ce regard terrorisé. Je suis bien, je l’ai fait, je l’ai tuée… Mais est-ce suffisant ? Est-elle la seule à faire du mal à notre chère Gallia ? Mon oncle a raison, je dois me joindre à la cause pour sauver notre pays de l’oppression, la vengeance ne réglera jamais le véritable problème. Il est temps pour moi de rentrer avant que les choses ne dégénèrent et que je ne me fasse remarquer. Je m’enfuis alors dans la nuit, Blate est morte ! Logan est à moitié vengé !


Texte publié par Chipper2907, 18 juillet 2022 à 11h25
© tous droits réservés.
«
»
tome 1, Chapitre 9 « Marley » tome 1, Chapitre 9
LeConteur.fr Qui sommes-nous ? Nous contacter Statistiques
Découvrir
Romans & nouvelles
Fanfictions & oneshot
Poèmes
Foire aux questions
Présentation & Mentions légales
Conditions Générales d'Utilisation
Partenaires
Nous contacter
Espace professionnels
Un bug à signaler ?
2451 histoires publiées
1082 membres inscrits
Notre membre le plus récent est Amecaïl
LeConteur.fr 2013-2023 © Tous droits réservés