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tome 1, Chapitre 8 « Marley » tome 1, Chapitre 8

Je me réveille trempé de sueur, ce n’était qu’un rêve, mais il semblait tellement réel. Il faut que je sorte, que je prenne l’air. J’enfile mon pantalon de toile, une chemise blanche soigneusement posée sur le bord de mon lit ainsi que mes bottes de chasses et sort de la pièce. Depuis mon arrivée ici, c’est la première fois que je sors de la chambre, j’admire la grotte des rebelles ; c’est une immense cavité de pierre de la taille d’un terrain de football. Il semblerait que des chemins ont été également creusés, la grotte doit posséder d’autres pièces immenses comme celle-ci. J’arpente la grande place de long en large en essayant d’y voir plus clair, mais mes idées restent embrouillées, ce rêve semblait si vrai, serait-il possible que j’aie réellement transmuté cette nuit ? Je continue de marcher dans la direction où l’air paraît plus frais, et je tombe enfin devant l’entrée immense de la grotte. Comment personne n’a jamais trouvé l’entrée de cette cachette, comment les casques noirs ont pu passer à côté de ça ?

— N’avance pas où tu risques de griller…

Je me retourne en sursaut pour faire face à mon interlocuteur.

— Oh pardon, je manque à tous mes devoirs. Permets-moi de me présenter, Lucius Corvinus, ton cousin, dit le jeune homme en s’inclinant de façon très caricaturale.

—Mon cousin ? Je croyais que tous mes cousins étaient morts.

—Non pas tous, en tout cas pas moi. Nous venons d’une famille résistante.

—Tu as dit que si je m’approchais plus je grillerais ?

— Oui, l’entrée a été confectionnée par d’anciens ingénieurs de la République, c’est un champ magnétique.

— Un champ magnétique ?

—Oui il représente une paroi de la falaise, et une fois verrouillés les casques noirs pourraient faire une descente en rappel ils penseraient mettre les mains sur de la roche.

— Ingénieux.

— Oui, mais, plusieurs enfants ont trouvé la mort en s’approchant trop, le manque de matériel ne leur a pas permis de sécuriser le champ de force de notre côté. Regarde, l’arc électrique se voit bien la nuit. Tes blessures ont l’air d’aller mieux…

Je passe une main sur mes cotes encore un peu douloureuses, mais il n’y a presque plus de traces.

— Il est temps que je te présente à quelques copains, ils meurent d’envie de te connaître.

Il me saisit par la main et m’entraîne dans l’un des chemins escarpés de la grotte. Il s’empare d’une lampe torche à l’entrée du passage étroit et continue sans me parler. Après une dangereuse descente, nous arrivons enfin dans ce qui semble être une salle de sport.

— Bienvenue dans la salle d’entraînement.

— D’entraînement ?

— Oui tous ceux qui veulent servir la cause de la liberté ont cette salle à disposition pour s’y entraîner, que ce soit du Cardio, de la musculation ou le maniement des armes ou explosifs. Mais la nuit quand nous n’arrivons pas à dormir où quand nos cauchemars nous réveillent nous venons nous réfugier ici, c’est la seule salle qui reste allumée tout le temps.

Nous traversons la grande salle éclairée par des néons au plafond, nous passons sur une piste de course, puis à côté d’un ring et devant un stand de tir. À vrai dire, je ne pensais pas que les rebelles étaient si bien équipés.

— Enfin ! On commençait à trouver le temps long sans toi Lucius…

— Une minute, ma belle, je suis allé chercher une nouvelle venue, dit-il en criant

Je m’approche du fond de la salle et observe les personnes qui se dressent devant moi ; ils sont trois. Le plus près de moi est un garçon qui semble avoir environs treize, peut être quatorze ans, il est assez chétif et pâlichon, ses yeux sont d’un bleu pénétrant et ses cheveux d’un blond presque blanc.

— Les gars, je vous présente Marley Corvinus, ma cousine. Marley, voici Kevin, il est un peu allergique au soleil, mais il est sympa quand il n’a pas les crocs. Lui c’est Ethan, le meilleur tireur de tout Gallia, il ne rate jamais une cible quand il a ses revolvers en main.

Je souris à Ethan, il a l’air assez prétentieux, mais ne semble pas méchant, ses yeux verts adoucissent un peu son côté grosse brute et son teint hâlé me laisse penser qu’il vient de l’île solitaire.

— Bien le bonjour à vous ma chère. dit-il en s’inclinant légèrement

Je suis quelque peu déconcerté par sa façon de parler qui contraste tant avec son physique.

— Ne fais pas attention, Ethan a reçu une éducation très archaïque. Moi c’est Alice.

C’est une fille de mon âge, elle n’est pas très grande, mais semble très agile et rapide, telle une petite sauterelle, elle a de grands yeux dorés qui contrastent avec le noir de ses cheveux coiffés en carré plongeant. Elle s’approche de moi et m’embrasse sur la joue. Cette odeur, je connais cette odeur, les mêmes fragrances que Logan…

— Alice, tu n’aurais pas de la famille dans le quartier Sud de Marsilla ?

— Bien sûr que si, pourquoi ?

— Non pour rien, enfin tu as la même odeur qu’une personne que je connais très bien.

— Possible, tu sais nous sommes beaucoup de Stuart dans le quartier Sud.

Mon cœur se serre et je sens comme un pieu dans ma poitrine, elle a bien dit Stuart.

— Marley tout va bien ? me demande Lucius

— Alice, tu as dit que tu avais de la famille là-bas ?

— Oui mon frère et ma mère sont bloqués dans ce quartier pourri.

— Ton frère je le connais.

— Oui possible Logan est assez connu au quartier Sud.

Là c’est le coup de grâce, elle n’est pas au courant du tout. Je tombe au sol, mes jambes ne me tiennent plus.

— Marley, j’ai dit quelque chose qui ne fallait pas.

— Depuis quand n’as-tu pas vu ta famille ?

— L’hiver dernier, Sam m’a interdit de retourner au quartier Sud, mais Marley, tu sembles tourmentée ?

— Ton frère ne t’avait jamais parlé de moi ?

— Non, il ne parle pas beaucoup de la vie au quartier. Comment va-t-il ?

Je lève les yeux vers Alice l’air incrédule. Elle n’a donc pas vu la télé le jour de l’exécution ?

— Alice, tu n’as pas regardé la télé le jour du tirage au sort.

— Non je crois que ce jour-là j’étais en opération…

Lucius s’interpose dans la discussion et commence à attraper Alice par le bras.

— Marley, ce n’est pas utile de parler de cela.

— Je te demande pardon ? Ce n’est pas utile ! As-tu regardé la télé ce jour-là toi aussi ?

Je suis dans une rage folle, Lucius semble au courant, mais n’a rien dit à Alice, son frère est mort et elle ne le sait même pas, elle n’a même pas pu lui dire au revoir.

— Marley, pourquoi te mettre dans une telle colère, calme-toi, ça va aller. (Alice s’accroupit près de moi et me caresse la joue) Nous avons tous perdu des êtres chers et la perte de ta famille ce jour-là doit être terrible pour toi, mais nous sommes là à présent, tu es des nôtres.

— Alice, tu ne comprends pas, le jour du tirage on ne m’a pas pris que ma famille, on m’a aussi enlevé l’être que j’aimais le plus sur cette terre, mais ma douleur n’est rien comparée à celle que tu vas devoir surmonter.

— Marley, je ne comprends pas. Quel est le rapport avec mon frère ?

— Si Alice, je crois que tu as compris. Logan a été désigné par le bureau de quartier.

— Et ils l’ont envoyé où ?

— Au peloton d’exécution …

Mon cœur se déchire une énième fois en devant annoncer à Alice la mort de son frère, de plus je revois la scène comme si c’était une seconde fois. Alice s’assied à côté de moi, me regarde dans les yeux pendant quelques secondes, personne autour de nous n’ose parler.

— Pourquoi ?

— Pour servir d’exemple…

— Et ma mère ?

— La dernière fois que je l’ai vu, elle était en vie, Logan a eu une très belle cérémonie.

— Tu étais donc son amie ?

— Plus que ça.

— Ses cendres ?

— Ta mère les a laissées s’envoler dans la brise du matin, comme il le voulait.

Sans un mot, Alice se lève et regarde un à un ses amis.

— Qui était au courant ?

Personne ne répond.

— Qui était au courant ?

— Moi, répond simplement Lucius.

— Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?

— Mon père me l’a interdit. Pardonne-moi.

Alice se jette dans les bras de Lucius et fond en larmes. Tout en lui caressant les cheveux, il lui murmure des paroles pour la réconforter.

— Je m’en veux, si tu savais comme je m’en veux de ne pas te l’avoir dit.

— Ton père savait pour Logan ? Il voulait que ce soit cette fille que je ne connais pas qui m’annonce la mort de mon frère !

Je me relève et pose ma main sur son épaule.

— Alice, pardonne-moi. Je n’aurais pas dû te parler de Logan.

Elle me repousse et me lance un regard rempli de haine et de désespoir.

— Ne prononce plus jamais le nom de mon frère devant moi ! Tu l’as aimé, tu crois être déchirée par le chagrin, mais tu n’étais même pas digne de lui. Si tu l’avais été, tu te serais sacrifié pour lui et tu serais morte à sa place ! Moi c’est ce que j’aurais fait ! Va-t’en, tu n’as pas ta place ici !

— Pardon d’avoir perturbé votre nuit.

Je me lève et quitte la salle en courant. Je sors de la salle et m’engage dans un des tunnels, mais je ne connais pas cette grotte et je finis par m’égarer. Cela fait au moins une heure que je cherche à remonter vers la grande place, mais je suis complètement perdue, je n’ai pas de lampe torche et mes sens de louve ne veulent pas m’obéir. Je finis par me cogner la tête contre un rocher et tombe au sol. Je passe ma main sur mon front, quelque chose de chaud coule le long de mon visage, je saigne et ce n’est pas un petit filet. Je renonce à me relever et reste coucher dans ce boyau sinistre et froid.

***

—Marley ? Où es-tu ?

J’aimerais que l’on me laisse en paix, je ne veux plus que l’on me parle de Logan ou de sa famille, je veux juste le rejoindre au milieu des anges, ma tête continue de saigner, mais je m’en fiche, je veux que mes forces m’abandonnent et que la mort m’enveloppe dans ses bras. J’ai froid, j’ai faim et je suis vidée de tout espoir. J’ai causé tant de tristesse en l’espace d’une nuit. Je voudrais le rejoindre et lui dire encore combien je l’aime, combien il compte pour moi… Au lieu de cela je suis seule dans cette caverne, livrée à moi-même sans ma famille et complètement dépourvue d’espoir.

— Marley ! Aller réagit bon sang !

Je reconnais la voie de Lucius, il passe sa main sur mon front.

— Papa, il faut la ramener à la maison, elle est brûlante !

— Tu peux t’en sortir seul ?

— Oui, va rassurer Alice.

Alice ? Pourquoi faut-il rassurer Alice ?

— Marley, tu m’entends ? Aller remue toi, je t’interdis de te laisser mourir !

Lucius me prend dans ses bras et mon esprit bascule rapidement dans l’inconscience.


Texte publié par Chipper2907, 18 juillet 2022 à 11h24
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