Jamais je n’aurais pu croire que les habitants de Marsilla se soulèveraient un jour, ils sont tellement faibles et n’ont pas d’autre but que la survie. Mais les effusions de sang que nous avons vues à la télé nous montrent bien que la situation du pays est fragile, le gouvernement ne maîtrise pas tout et certaines choses lui échappent. Mon père a toujours été du côté des insurgés, mais il ne veut pas nous entraîner dans cette vie de hors-la-loi, il ne se le pardonnerait jamais s’il devait nous arriver malheur à Ryan ou à moi.
Mon frère entre en trombe dans la maison, mon père et moi le regardons perplexe.
— Un spot du gouvernement ! Il faut allumer la télé vite.
Mais nous n’avons pas besoin de le faire, le téléviseur s’allume tout seul et un premier spot de propagande défile sur l’écran, on y voit de jeunes soldats du gouvernement ; ils sont tous beaux et sans défaut. Leurs mèches brunes ondulent au vent et leurs uniformes impeccables brillent au soleil. Un peloton passe devant la caméra, sourire aux lèvres, puis, un jeune homme d’environ vingt ans s’arrête devant l’objectif et scande une réplique très mal jouée.
« Toi ! Oui toi le jeune garçon du Sud de Gallia, tu ne sais plus comment nourrir ta famille ? Tu ne sais plus comment occuper utilement tes journées et tu aimerais servir une noble cause ? Viens donc nous rejoindre à la capitale, viens à Lutz pour devenir l’un des défenseurs de la liberté et de la paix ! Allez lève-toi et rejoins-nous ! Gloire aux Bellãtriens ! »
Le spot se termine par le drapeau bellãtrien et s’en suit un message du chef de l’état ; le président Anderson. Il s’assied et prend la parole :
« Chers habitants de Gallia, nous n’avons pu nous empêcher de remarquer que certaines régions commencent à sombrer dans le chaos le plus total. La ville de Marsilla a connu des jours meilleurs. Nous vous avons apporté la paix, la nourriture et la sécurité, et comment nous remerciez-vous ? En provoquant des émeutes et des bains de sang. Sachez que nous ne sommes pas là uniquement pour vous aider, si nous constatons que les populations ne sont pas assez reconnaissantes, nous avons le devoir de punir ceux qui doivent être punis et redonner confiance aux autres. Il y a eu beaucoup de pertes humaines et l’armée noire ne pourra pas indéfiniment se battre contre les fauteurs de trouble, aussi j’ordonne à tous les habitants de Marsilla de se rendre demain sur leurs places centrales respectives. Je vais demander aux bureaux d’ordre de chaque quartier de choisir un homme ou une femme considérée comme indigne de notre société afin que des leçons soient tirées de ces fâcheux évènements. Que chacun de vous prennent bien en considération ce que je viens de dire, et que les sacrifiés puissent servirent d’exemple ! »
La télé se coupe, et nous restons tous les trois perplexes. Que voulait-il dire quand il a parlé des sacrifiés ? Il ne va quand même pas… Mais mon père, mon frère et moi comprenons ce qui se trame.
— Il veut nous abattre comme des chiens pour que l’on serve d’exemple, dit mon frère d’un air de dégoût.
— Il n’oserait pas ?
— Marley, ne sois pas idiote. Tu as déjà vu ce gouvernement faire preuve de compassion ? dit mon frère d’un ton grave.
Ryan a raison, demain un pauvre habitant sera choisi et sera sacrifié sans que nous ne puissions faire quoi que ce soit.
Comme cette annonce ne doit pas nous influencer dans nos activités quotidiennes je m’en vais cet après-midi m’entraîner avec Logan. Nos entraînements ont commencé quand nous avons compris qu’un jour prochain il faudrait choisir de se battre ou de mourir. Alors depuis un an et demi, trois fois par semaine, nous nous retrouvons afin que nous familiariser avec les techniques de combat.
— Non Marley, ton bras doit être plus haut pour parer mon attaque.
Chacun essaye de corriger l’autre, mais aujourd’hui je n’y suis pas. Cette annonce me travaille, que va-t-il se passer demain ? Est-ce la dernière fois que nous nous voyons ?
— Logan, tu as vu l’annonce à la télé ?
— Oui …
— Et tu en penses quoi ?
— Marley, ton bras plus haut ! Je ne veux pas y penser…
Je m’arrête brusquement et Logan manque de tomber sur moi.
— Tu ne veux pas y penser parce que tu as peur que nous soyons séparés ?
Il plonge alors son regard dans le mien et passe ses bras autour de ma taille, je pose ma tête sur son torse et soupire.
— Oui, j’ai peur qu’ils nous fassent une entourloupe et que tu me sois enlevée.
— Je te l’ai dit, je suis à toi ici, maintenant et à jamais.
Je me pends à son cou et l’embrasse, ses lèvres sont chaudes et légèrement acidulées. Après cette petite pulsion de romantisme, nous nous remettons au travail. Mes gestes sont précis, mon ouïe surdéveloppée peut entendre chaque attaque et mon incroyable sixième sens peu anticiper le moindre de ses mouvements, quand je pense que je dois ces capacités extraordinaires à la consanguinité de mes parents.
Nous rentrons à la nuit tombée après avoir chassé quelques poules sauvages et quelques mulots. Logan me raccompagne jusque chez moi et m’attrape la main pour me dire bonne nuit.
— À demain jeune demoiselle.
— Dors avec moi cette nuit, on ne sait pas ce que nous réserve demain.
Alors il me prend dans ses bras et me porte jusque dans l’écurie. Je récupère des couvertures et les dispose sur la paille, ce n’est pas très confortable, mais ça fera bien l’affaire. Logan me prend à nouveau dans ses bras, je me sens vraiment en sécurité avec lui. Tendrement, il vient coller son visage contre le mien, je sens son souffle dans mon cou puis sur ma joue et enfin ses lèvres viennent se poser sur les miennes. Ses mains se promènent le long de mon dos puis dans le creux de mes reins. Je passe les miennes dans ses cheveux et observe ses yeux, ils sont si beaux, si envoûtants. Nos souffles commencent à se mêler et la main de Logan commence à descendre le long de ma cuisse. Mais je ne suis pas prête, je ne veux pas le faire par obligation, alors ma main arrête la sienne. Avec compréhension, il remonte sa main et la pose sur le haut de ma hanche. Il me regarde à nouveau, me sourit, dépose un tendre baiser sur mon front brûlant, passe l’un de ses bras sous ma tête et reste près de moi sans bouger, sans se vexer.
— Jamais je ne te ferais du mal, j’attendrais le temps qu’il faudra pour avoir le droit de goûter au plaisir de ta chair. Je veux mériter ce privilège et je m’en montrerais digne.
Je suis surprise du respect qu’il a et je sais maintenant pourquoi je me sens en sécurité à chaque seconde que je passe à ses côtés… Je l’aime, je l’aime d’un amour tendre et sincère, comme je n’ai jamais aimé personne d’autre. Je regarde par la fenêtre la lune se dessiner, puis lentement je ferme les yeux, et m’endors.
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