Depuis que Kurogane avait sauvé le magicien, en faisant de lui un vampire, Fye agissait de manière étrange. Il était devenu encore plus distant que d’habitude. Il avait même cessé peu à peu de donner des surnoms loufoques qui avaient le don d’insupporter Kurogane. Jusqu’à ce qu’il arrête complètement et ne l’appelle plus que par son nom.
Le ninja ne se serait jamais douté que, au moment où le clown blond arrêterait de faire le pitre et ne lui donnerait plus ses surnoms douteux, cela le peinerait autant. Car, si Fye avait mis fin à tout cela, il se montrait également plus distant. Il nourrissait de la rancœur auprès de Kurogane, qui l’avait sauvé contre sa volonté.
Contre toute attente, le ninja aurait souhaité que le magicien demeure inchangé, qu’il continue à l’embêter comme avant, mais surtout, qu’il s’ouvre plus à eux. Certes, ses compagnons et lui connaissaient désormais le passé difficile de leur mystérieux camarade de voyage mais, d’un autre côté, ce dernier s’était éloigné d’eux.
D’ailleurs, Kurogane ne savait pas s’il fallait toujours l’appeler “Fye”, car, en réalité, il s’agissait du nom de son frère jumeau, de son miroir, tandis que son véritable nom était Yui. Le magicien avait abandonné son nom à la mort de son frère et avait pris le sien, par culpabilité, par honte. Car il se sentait responsable de sa mort.
Et quand il se tournait vers son passé, Fye, Yui, ou peu importe comment on choisissait de le nommer, le magicien ne pouvait s’empêcher de penser que les superstitions de son peuple étaient justes. Les jumeaux apportaient le malheur, partout où ils passaient. Mais elles n’étaient pas totalement justes non plus. Car, dans sa tête, il était le seul à porter malheur, et c’est lui qui aurait dû mourir et non son frère.
Et, à cause de cela, il s’interdisait tout bonheur, car il ne pensait pas le mériter. Pas alors que, par sa faute, son défunt frère ne pourrait jamais y goûter. Surtout qu’il était aussi persuadé d’être responsable de la folie à la fois de son père, le roi de Valéria qui a massacré son propre peuple avant de mettre fin à ses jours, et d’Ashura, le roi qui l’avait recueilli après la mort de son frère et qui lui avait donné son patronyme, Flowright, ainsi que l’immense honneur du D placé avant son nom qui est la marque du magicien le plus puissant de son royaume. Le roi Ashura qui, dans sa visible folie, avait décimé son propre peuple.
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